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Full text of "La Capsa ancienne: la Gafsa moderne"

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Pierre BODEREAU 



LA CAP SA AÎSCIE.A.NE 



LA (iAISA MODKRXF. 




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LA CAPSA ANCIENNE 

LA GAFSA MODERNE 



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Pierre BODEREAU 

Docteur d'université de la Faculté des Lettres de Paris 



LA CAPSA ANCIENNE 



LA GAFSA MODERNE 



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PARIS 

Augustin CHALLAMEL, ÉoiTEra:-/' *" - "^- 
Rue JACOB, 17 :-' r/^^\ :\ 



LIBRAIRIE COLONIALE 

1907 



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ASTOR, LFNOX AND 

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AVANT-PROPOS 



Nous nous sommes efforcé, dans celte thÚse : la Capsa 
ancienne la Gafsa moderne^ d'Ă©tablir dans quelles con- 
ditions géographiques s'est développée cette oasis et 
quelles influences ont déterminé les habitudes séculaires 
de ses habitants. 

Le sujet nous a semblé intéressant et nouveau, car, si 
les documents sur l'oasis et la région de Gafsa sont nom- 
breux, ils sont Ă©pars dans des publications diverses : il 
n'existe pas de monographie complĂšte du pays. L'oasis 
de Gafsa et les plaines voisines nous ont paru former, au 
nord du Djerid proprement dit, une région géographique 
bien dĂ©terminĂ©e oĂč se trouvent rĂ©unis tous les Ă©lĂ©ments 
qui concourent Ă  la vie Ă©conomique d'un canton de l'A- 
frique du Nord. En outre, la prospérité du pays sous la 
domination romaine, sa décadence sous la domination 
arabe et turque, son relĂšvement sous le rĂšgne de la paix 
française, nous ont permis de constater et d'exposer 
Pinfluence qu'ont eue sur son Ă©tat Ă©conomique l'industrie 
ou l'incurie des hommes, l'utilisation intelligente ou l'in- 
souciance des ressources naturelles offertes Ă  la vie par le 
sol et le climat gafsiens. 



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6 AVANT PUOPOS. 

Nous avons ajouté, en appendice, à cette étude géogra- 
phique et Ă©conomique les notes que nous avons pu re- 
cueillir sur l'ethnographie et l'histoire politique et mi- 
litaire de Gafsa et de ses environs et qui forment le 
complément de notre travail. 

Nous avons eu principalement recours, pour les parties 
archéologiques et historiques de cette thÚse, au texte de 
Salluste (la guerre de Jugurtha), au Corpus inscriplionum 
(t. VIII), Ă Tceuvre fondamentale de Tissot et aux ouvrages 
et articles de MM. GagnĂąt et Saladin, Toutain, Diehl, du 
Paty de Clam, Carton, etc. Nous avons extrait des histo- 
riens et géographes arabes tout ce qui se rapportait à 
Gafsa. Nous nous sommes Ă©galement servi des ouvrages 
géographiques et économiques généraux de Vivien de 
Saint-Martin, de J. Bruhnes, des articles de MM. du Paty 
de Clam, Sweinfurt, Minangoin, des récits de voyage de 
MM. Baraban, Blanc, Claretie, des substantiels rapports 
de M. Paul Bourde sur TĂ©levage du mouton et la culture 
de Tolivier, des notes météorologiques de M. Ginestous, 
de \ Indicateur tunisien. Nous avons en outre mis Ă  con- 
tribution les documents officiels publiés par la Régence 
de Tunis et les documents inédits mis libéralement à 
notre disposition par M. Charles Brice, ministre plénipo- 
tentiaire, ancien chef des services tunisiens au ministĂšre 
des Affaires Ă©trangĂšres, et par M. de Pages de la Tour, 
ingénieur en chef des ponts et chaussées, directeur géné- 
ral des travaux publics de la RĂ©gence, auxquels nous 
adressons tous nos remerciements pour leur gracieux ac- 
cueil et leurs avis éclairés. Enfin nous avons consulté 
fréquemment le Manuel de l'agriculteur algérien de Ri- 



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AVANT-PROPOS. 7 

viĂšro et Lecq pour contrĂŽler et appuyer nos renseigne- 
ments personnels, et nous avons illustré notre texte de 
photographies du pays. 

Nous tenons Ă  exprimer ici toute notre reconnaissance 
à M. Marcel Dubois, professeur de géographie coloniale 
à la Sorbonne, qui n'a cessé de nous aider de ses encoura- 
gements les plus bienveillants et de ses précieux conseils, 
et c'est pour nous un devoir particuliÚrement agréable 
d'associer Ă  cet hommage d'affectueux respect notre an- 
cien maßtre, M. Lucien Lanier, inspecteur de l'Académie 
de Paris, dont les leçons nous ont donné, dÚs le lycée, 
le goût de la géographie. 

Nous serons heureux si ce travail peut ĂȘtre utile Ă  
quelques chercheurs et Ă  quelques colons et contribuer Ă  
leur faire connaĂźtre et aimer Gafsa et le sud de la Tunisie. 



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La Capsa ancienne 

La Gafsa moderne 



INTRODUCTION 



C*est par la route de Sfax qu'il faut arriver Ă  Gafsa. La piste 
suit les derniers contreforts du dj. Orbata : Ă  gauche, la mon- 
tagne, ravinée et sÚche; çà et là quelques broussailles, quel- 
ques touffes de driss ou d alfa ; depuis TOgla Mohammed jusqu'Ă  
TAiounet Melah, pas d'eau, mĂȘme stagnante, pas un betoum 
isolé ; depuis les misérables gourbis de Mzara Sidi bou Schmeld, 
pas un campement. A droite la dune de sable, le bled. Paysage 
désolé sous un soleil brûlant, sous une lumiÚre crue qui noir- 
cit les ombres et tue les demi-teintes, qui fait les contours 
tranchants et l'horizon trop net. 

Aux environs de l'AĂŻounet Melah, la montagne devient plus 
abrupte, la piste abandonne la voie ferrée qui s'engage dans 
un ravin. Puis soudain, une corbeille de verdure apparaĂźt : 
Gafsa; contraste saisissant. Ce n'est pas un mirage : Teau 
coule au milieu du lit de l'oued, parmi des lauriers roses, des 
femmes y battent le liage la gandoura troussée, un troupeau 
de chameaux descend y boire, la forĂȘt de palmiers s'Ă©tend au 
loin. Comment ce jardin peut-il exister dans le désert? 

PrÚs des murs de la ville, un camp, des soldats; à l'intérieur 

LA CAFS\ ANCIENNE. 2 



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10 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

dominant les terrasses des maisons, plusieurs mosquées ancien- 
nes, la masse vénérable de la Kasbah, un arc de triomphe 
romain; témoins de la séculaire importance de Toasis dont To- 
rigine se perd dans la légende, bien avant Texpédition fameuse 
de Harius et l'occupation romaine. 

Regardez la carte d'Ă©tat-major : vous la verrez couverte, 
aux environs de Gafsa, d'indications de ruines, d' « henchirs » : 
fermes, barrages, aqueducs, thermes et mausolées ; les indi- 
gĂšnes vous conduiront les visiter. Consultez l'histoire et la 
lĂ©gende : au dĂ©but du moyen Ăąge, une immense forĂȘt couvrait 
la terre d'Afrique, « de Tripoli à Tanger » : Gafsa était au car- 
refour de ses routes les plus fréquentées. 

Comment le bled a-t-il pu se peupler et se dépeupler ainsi, 
sembler un pays neuf quand il est un vieux pays? Comment 
Gafsa fut-elle créée, comment parvint-elle à se développer dans 
cette province aujourd'hui désolée? Quelles sont les causes 
géographiques et historiques, naturelles et humaines, de sa 
prospérité, de sa décadence successives? 



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CHAPITRE PREMIER 

aÉOaRAPHIE PHTSiaUE 



L'oasis tunisienne de Gafsa est située par 7"* 17, de longitude 
orientale et 38^ 2ky de latitude septentrionale, Ă  120 kilomĂštres 
du golfe de GabĂšs et 40 kilomĂštres du chott El-Djerid, au milieu 
des arĂȘtes montagneuses et des hautes plaines qui prolongent 
vers Test le massif de TAurĂšs. 

Les couches sédimentaires qui composent le sol de cette 
région ne sont pas trÚs anciennes : nulle part on ne rencontre 
de terrains antérieurs à la fin de la période secondaire; Tétage 
jurassique est inconnu ; la série crétacée commence par les 
termes moyens et ceux-ci ne sont pas reliés entre eux par des 
passages insensibles; ils reposent souvent en discordance les 
uns sur les autres ; leur succession présente des lacunes. Ces 
caractÚres et la composition gréseuse de nombreuses couches 
secondaires du sud, déterminent nettement la formation géolo- 
gique particuliÚre de la Tunisie méridionale : ils indiquent 
tantĂŽt le voisinage d'une cĂŽte, tantĂŽt des mers peu profondes, 
tandis que la continuité des dépÎts dans le nord et leur carac- 
tĂšre vaseux attestent un plus grand Ă©loignement des cĂŽtes et 
des mers dont le fond s'affaissait au fur et Ă  mesure que les 
sédiments se déposaient ^ 

D'une façon générale, les terrains crétacés du sud couvrent 
les parties montagneuses de la rĂ©gion : ils revĂȘtent des massifs 
jurassiques, forment des dÎmes à plusieurs auréoles concentri- 

1. E. Haug, R. g. Se, 1896, p. laiO. 



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12 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

ques, des chaĂźnons anticlinaux qui ne laissent affleurer que 
sur de faibles surfaces les couches inférieures ou sont couverts 
d'une couche tertiaire : ainsi le dĂŽme senonien du dj. M'sila, 
au nord de Tamerza, le dj. Jeilabia et le dj. Rosfa sont en 
grande partie revĂȘtus d'une enveloppe tertiaire de TĂ©tagc 
suessonien. 

La valeur de ces différents terrains est faible ; les couches 
inférieures gréseuses et gypseuses sont sÚches; les calcaires, 
sont arides : il n'y a pas une source, entre TAĂŻn Guettar et la 
haute vallée alluvionnaire de Toued Kebir, sur 50 kilomÚtres 
de pentes crétacées exposées pourtant aux pluies du nord-est 
et profondément ravinées. 

Au pied de ces chaßnes secondaires l'érosion a accumulé 
des couches tertiaires : argile, marnes, calcaires Ă  lumachel- 
les, calcaires coquillers, gypses et poudinques d'aspect nette- 
ment iagunaire. Les couches de TĂ©ocĂšne moyen sont Ă  la base 
mĂȘme dos soulĂšvements secondaires et forment deux longues 
bandes au nord et au sud de la chaĂźne du Seldja, de Tamerza 
au dj. Stah; ils affleurent Ă©galement au voisinage du Bir 
M'raboth, du dj. Jeilabia, et d'AĂŻn MoularĂšs. 

Des couches plus récentes de pliocÚne lacustre occupent la 
haute plaine du Seldja, les pentes du dj. Atra et du dj. Jeila- 
bia, la partie élevée du bled Tarfaoui. Ils devaient former 
autrefois tout le fond des bleds et des cuvettes synclinales 
laissées entre les plissements crétacés, couverts aujourd'hui 
par des dépÎts quaternaires supérieurs*. 

Des phosphates sédimentaires se trouvent à un niveau par- 
faitement déterminé dans ces terrains d'alluvions tertiaires; 
sur les marnes gypseuses brunes du terme suessonien, Ă  l'af- 
fleurement des terrains éocÚnes et séparés en plusieurs cou- 
ches par des marnes et des calcaires à lumacbelles, couronnés 
de bancs de calcaire coquillier et de gypse. Ils se rencontrent 

1. E. lUr»:, H. C. X., lĂź^!)G. p. K^VJ ots(|. — Les travaux publics de la rĂ©gence 
de Tunis, 111, p. 87 t't sq. — RiviĂšre ot Lecq, Manuel de l'agriculteur algĂ©rien^ 
p. 55. — AucEKT, Carte gĂ©ologique de la Tunisif\ 



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CÉOGKAPHIE PHYSIQUE. i:i 

en tables puissantes, horizontales ou inclinées, tout autour 
delĂ  plaine duSeldja, sur les flancs des dj. Redeyeff, Seldja, 
HetlaouĂź, Stah et Trel, Ă  AĂŻn HoularĂšs; aux dj. Bellil Tabaga et 
Bou Dinar, leur trace est encore trĂšs visible, ainsi qu'aux dj. 
Jellabia, Sehib et Rosfa, sur le flanc nord du dj. Berda, dans 
la chaßne méridionale du Cherb et les dj. Heheri et Zebbeus, à 
mi-chemin entre Gafsa et Sfax. 

Les phosphates du Seldja se présentent sous Taspect d'une 
roche gréseuse, souvent friable, riche en fossiles et dont la 
couleur varie du gris au brun verdĂątre, ou sous la forme de 
gros nodules perdus dans les couches de marne. Les dépÎts 
de phosphates seraient dus Ă  Taccumulation de dĂ©bris d'ĂȘtres 
organisés et de carapaces d'algues inférieures du groupe des 
Diatomées. « Sur remplacement de le chaßne actuelle, écrit 
M. L. PervinquiĂšre, existait une lagune trĂšs peu profonde, qui 
pouvait mĂȘme s'assĂ©cher entiĂšrement, ce qui donnait nais- 
sance aux petits lits de sel et de gjpse qu'on observe. Dans 
cette lagune oĂč pullulaient les DiatomĂ©es la vie animale n'Ă©tait 
pas moins exubérante. Tous ces animaux dont nous ne con- 
naissons qu'un trÚs petit nombre, par les débris qui en ont 
subsisté sous forme de dents de poissons ou de vertÚbres de 
reptiles, contenaient une certaine proportion de phosphate de 
chaux, aussi bien dans leurs tissus mous que dans leurs os. 
AprÚs leur mort, ce phosphate était mis en liberté, entrait 
en solution grùce à la présence de carbonate d'ammoniaque 
provenant delà décomposition des tissus, puis était précipité 
de nouveau par attraction autour d'un grain de calcaire ou 
d'une particule de matiĂšre organique, peut-ĂȘtre de ces algues 
microscopiques dont nous constatons l'abondance*. » On au- 
rait donc là une sorte de « boue de Diatomées » , un « véri- 
table tripoli phosphatisé ^ ». Leur teneur en phosphate triba- 
sique de chaux oscille entre 50 et 65 %. En 1896, M. Haug 
évaluait à 5.000.000 de tonnes d'une teneur supérieure à 

1. L. PervinquiÚre, La Tunisie au début du A'.V* siÚcle, p. 5<>.j7. 

2. /d., p. 57. 



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i4 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

52 % la valeur des seuls gisements situés au sud de la chaßne 
du Seldja, Ă  30.000.000 de tonnes la valeur totale des gise- 
ments du Seldja (sans les gisements d'Ain HoularĂšs). 

A la fin de 1905, la compagnie de Gafsa avait déjà extrait 
plus de 2.120.000 tonnes d*une teneur moyenne de 60 % des 
tables de Lousif et de Metlaoui; elle Ă©valuait Ă  12.000.000 de 
tonnes d une teneur de 63,68 (6j^,5 %) les gisements du Re- 
deyeff, et Ă  18.000.000 de tonnes ceux d'Ain HoularĂšs K 

Les terrains tertiaires du sud de la Tunisie, indépendam- 
ment mĂȘme de la valeur industrielle des phosphates, ont beau- 
coup plus de prix que les terrains secondaires : une longue 
ligne de sources, de redirs et d'oglats suit la ligne d'affleure- 
ment des calcaires avec les marnes suessoniennes, imper- 
méables et phosphatées : sources de Tamerza, Ras el-Aloun, 
Ain el-Berka, Ain Tfel, Ain MoularĂšs, Ain Amda, AĂŻn Zimra, 
Aïn Mtahalga, Ain Jellabia ; et les maigres cultures de céréales 
des indigĂšnes coĂŻncident avec les couches suessoniennes dans 
la haute plaine du Seldja et au seuil de Bir Marbot^. 

Dans le fond de la plupart des vallées et des hautes plaines 
entourées parles chaßnes secondaires, des dépÎts quaternaires 
se sont formés et recouvrent souvent les couches lagunaires 
de Tépoque tertiaire : ainsi dans toute la vallée de Foued Oum 
el-Ksob, le fond du bled Tarfaoui, le bled Segui, et les ter- 
rasses qui descendent du Seldja au chott El-Rharsa. Ces dépÎts 
quaternaires se retrouvent dans tout le sud de la Tunisie; ils 
comprennent toujours plusieurs couches ^. A Touest de Gafsa, 
la colline connue sous le nom de poste n^ 1 est formée d*un 
travertin jaune pùle, criblé de loges et d'alvéoles, riche en 
coquilles, et parsemé de graviers, reposant sur un poudingue 



1. Rapports de la O* des Phosphates et du chemin de fer de Gafsa, 1906. L. Per- 
viNQuiÈRE, La Tunisie au XX* siÚcle, p. 54 et sq. E. Haug, op. cil. Les Travaux 
publics, op. cit. — Ph. Thomas, Notes sur la dĂ©couverte de Ph.de Ca, dans le sud 
de la Tunisie, C. R. Ac. Se, 7 septembre 1885, p. 1184, 1187; irf., 9 mai 1887, 
p. 1121, 112^4. Du Paty de Clam, Bull, géogr. comm., 1896, p. 120. 

2. Carte d'Ă©tat-majory Gafsa, El-AyaĂŻcha. 

3. Albert, Carte géologique. 



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GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. 15 

grossier dont les parties sont mal agrégées : cette formation 
elle-mĂȘme a pour base une forte assise de poudingue quartzeux 
Ă  grain fin et trĂšs dur, de mĂȘme nature que les poudingues du 
seuil de GabĂšs. Sous Faction de TĂ©rosion, ces trois couches ont 
été presque partout arrachées ou couvertes de débris allu- 
Yionnaires, ne laissant paraĂźtre Ă  la surface, outre le poste 
n"" i , que quelques mamelons dispersés dans le pays. La colline, 
dite poste n^ 3, sur la rive gauche de Toued Baïach, présente 
la mĂȘme formation, mais une couche de lƓhm argileux est 



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Gafsa 

Poste I. 

A. Poudingue quartzeux fin G. Travertin 

B. Poudingue quartzeux grossier D. LƓhm fin (alluvions rĂ©centes) 

intercalée entre le poudingue quartzeux et le poudingue supé- 
rieur^ ; de mĂȘme, la berge de Toued BaĂŻach, Ă  2 kilomĂštres 
au nord de Sidi Hansour, est formée par trois couches de 
graviers, d^une hauteur apparente de 6 Ă  10 mĂštres, sur- 
montées d*une couche d'argile compacte de 2 mÚtres, et d'un 
dépÎt d'alluvions ^. Au pied du djebel Salah, entre la mon- 
tagne et Sidi Hansour, le terrain est profondément raviné; la 
couche argileuse apparaĂźt Ă  nu, sous la forme de buttes 
isolées 3. Le sol quaternaire des plaines du Sud tunisien semble 
donc généralement constitué de poudingues quartzeux, plus 
ou moins bien agglomérés, et surmontés d'une épaisse couche 
d'argile qui tantĂŽt parait Ă  la surface, tantĂŽt est recouverte 
de calcaires légers ou d'alluvions récentes. 

1. CoLLiGNON, Les Ăąges de la pietr-e en Tunisie, p. 8. 

2. CouiLLAULT, VAnthr., 1894, p. 531. 

3. COLLIONON, loC, cil. 



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16 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

Dans les thalwegs, les bas-fonds, les vallonnements, ces 
alluvions occupent une place prĂ©pondĂ©rante : sol lĂ©ger oĂč 
domine le sable, mĂȘlĂ© d'une forte proportion de chaux, sou- 
vent teinté de rouge par Toxyde de fer; sols maigres, renfer- 
mant beaucoup de potasse mais peu d'humus, d'azote et d'acide 
pbosphorique *. 

La formation de ces terrains quaternaires semble s'expliquer 
par des phénomÚnes de sédimentation lacustre, par le ruissel- 
lement des pluies et de l'eau courante ^, comme la formation 
de la plaine saharienne et de la dépression des chotts dont les 
fossiles, coquilles d'HĂ©lix, de Melania, de Melanopsis, de Car- 
dium mĂȘme, appartiennent tous Ă  des espĂšces terrestres d'eau 
douce ou saumĂ tre ^ . 

Aujourd'hui encore le bled se transforme : les orages arra- 
chent aux roches de la montagne les pierres et les sables que 
charrient les oueds débordés : en 1859, l'oued Balach en 
couvrit 50 hectares de l'oasis de Gafsa *. Le sol, piétiné par les 
troupeaux, devient meuble, le vent chasse le sable, le heurte 
aux broussailles, aux cultures qui font obstacle, l'entasse au 
pied de chaque touffe de driss et de retem ; les palmeraies mal 
défendues d'El-Guettar et d'El-Hamma sont envahies, celle de 
Gafsa est menacée; des sources sont aveuglées ^; les bords des 
garaats Ed-Douza et El-Oglat et de la Sebka d'El-Guettar sont 
incertains, mouvants. Dans le bled El-Hamra, dans le bled 
Souenia, dans le bled Cheria mĂȘme, de vĂ©ritables dunes se 
forment ; de chaque cÎté de la piste de Metlaoui à Tozeur, le sol 
est plissé de petites vagues de sable. Ailleurs au contraire, 
dans la vallée plus abritée de loued Oum el-Ksob, le sol ferme 
est nivelé sur de grandes étendues, comme par des cultures 
séculaires Ÿ. 

1. P. Bourde, La culture de l'Olivier, p. 15. 

2. Ceoisv et Rolland, Xote sur la mission dirigée au sud de V Algérie , p. STK). 

3. L. PervinquiĂšre, loc, citato, p. 65. 

4. Baraban, a travers la Tunisie, p. 1 11. 

5. Id,, p. 56et sq. 

6. P. Bourde, op. cit. 



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GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. 17 

Les dĂ©pressions boueuses et salines paraissent ĂȘtre les restes 
des lagunes tertiaires et quaternaires et former lentement de 
nouvelles couches sédimentaires analogues sans doute à celles 
des époques antérieures. 

La valeur des terrains quaternaires est trĂšs variable : Taf- 
fleurement de la couche argileuse fait sourdre des sources 
nombreuses : TAĂŻn Oum el-Ksob, les sources du bled Tarfaoui, 
les sources souterraines d'El-Guettar; il forme des redirs, des 
oglats, entourés de quelques arbustes et de betoums isolés; 
des puits sont creusés jusqu'à son niveau. 

Les alluvions supérieures cooservent bien Teau, peuvent 
supporter la végétation épineuse arborescente, et dans cer- 
taines régions relativement bien arrosées au voisinage de la 
garaat de Sidi Alcb, de Bir Harbot, de Ras el-Aloun, les indi- 
gÚnes cultivent quelques céréales; prÚs de Toued Goulla vivent 
quelque oliviers; çà et là dans les thalwegs, poussent des 
lauriers roses. Mais le long de l'oued Melah et de Toued Tar- 
faoui, dans les bleds les plus pauvres, le sable ne porte que des 
tamarins, des touffes de retem, de driss et d'alfa K 



La forme du relief, dans le sud de la Tunisie, paraĂźt assez 
compliquée au premier examen de la carte : la chaßne algé- 
rienne de TAtlas méridional tourne vers le nord-est avant d'ar- 
river Ă  la frontiĂšre tunisienne et passe au nord-ouest de FĂ©- 
riana, Ă  100 kilomĂštres de Gafsa; elle ne se prolonge vers Test 
que par des plissements irréguliers bien différents du massif 
compact de l'AurÚs et sensiblement moins élevés : le dj. Bou 
Djelal et le dj. Faoua, Ă  l'ouest de Feriana, ont encore 1.440 et 
et 1.498 mĂštres, tandis que les chaĂźnes gafsiennes ont une alti- 
tude moyenne de 600 Ă  800 mĂštres; les points culminants, le 
dj. Bou Ramli et le dj. Orbata, n'y dépassent pas 1.200 mÚtres 
(1.200 et 1.170 m.). 

1. Infra, p. 33 et sq. 



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i8 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

Cependant un aspect général assez net se dégage de Ten- 
chevétrement des chaßnes, des dÎmes, des gorges profondes 
et des vallonnements : le pays est formé d'une série de hautes 
plaines, cerclées de montagoes, communiquant entre elles par 
des gorges profondes, et descendant progressivement, en mar- 
ches successives, de FĂ©riana Ă  Gafsa et au chott Rharsa; Cha- 
cune forme un bled, « un pays ». 

La haute plaine de Toued Oum el-Ksob commence au pied 
du plateau de Msila (893) et de FĂ©riana (801 m.), descend en 
pente douce jusqu'au dj. Nadour (752 m.) qui la sépare en 
deux cantons de grandeur égale, et conduit au lit desséché 
de Toued Oum el-Ksob, les thalwegs arides de ses affluents. 
Elle a 720 mĂštres encore Ă  THenchir Saf, ^52 mĂštres seule- 
ment au Bir MekkidĂšs. Au sud-ouest, sur la rive droite de 
Foued Oum el-Ksob, elle se heurte Ă  la longue et haute mu- 
raille des dj. Serraguia, Jellabia (i .000 m.) et Gafsa (885 m.) qui 
roulent leurs torrents jusqu'Ă  Toued et forment une double 
terrasse au voisinage de TAĂŻn Guettar; elle s'enfonce par la 
vallée de loued Lesfer jusqu'au dj. Bou Ramli. Au nord-est, 
elle s'arrĂȘte Ă  l'oued FĂ©riana et au dj. Sidi AĂŻch (1.089 m.) : au 
delĂ  commencent d'autres plateaux. 

L'oued Sidi AĂŻch marque la limite orientale de la plaine de 
rOum Ksob. Sur sa rive gauche commencent la garaat Sidi 
AĂŻch, puis le bled Souenia qui s'enfonce aux creux du dj. 
Souenia (680 m.), du dj. Hajorah, et communique par des rou- 
tes faciles avec les plaines semblables du nord et de l'ouest. 

Au sud du bled Souenia, séparé de lui par d'épaisses dunes 
de sable, s'Ă©tend le bled El-Hamra jusqu'au dj. Goussah, et 
aux dj. Biadah et Orbata (1.170 m.), i)eaucoup plus élevés et 
plus Ă  pic que les chaĂźnes plus septentrionales. 

Cette haute muraille de TOrbata et du Biadah prolongée, 
au sud du bled Haknassy, vers l'est, par le dj. Bou Bellel et le 
dj. Bou Hedma, marque la limite septentrionale d'un inextri- 
cable chaos de montagnes et de roches, de collines pierreuses, 
sillonnĂ©es d*Ă©rosions profondes, de prĂ©cipices abrupts, oĂč s'en- 



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GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. 19 

gorgent les vallées encaissées qui descendent vers le long cou- 
loir du bled Thala et la Sebkba en-Nouall : ravins de Sakket 
et de Sened, presque inabordables, mĂȘme pour les piĂ©tons ^ 
sentiers de Mech, de Bon Hedma, d'El-Hafay, d'EUAyalcha, de 
Bou Amrane. Le dj. £1-Ayaïcba, composé de plusieurs murail- 
les parallÚles séparées les unes des autres par des crevasses 
trÚs profondes^, est la limite méridionale de ce massif tour- 
menté, pays des embuscades et des surprises, et domine de 
toute sa hauteur la grande et basse plaine de Segui (79 m.) 
qui s'Ă©tend jusqu'au Cherb et sert de route naturelle entre 
Gafsa et GabĂšs. En effet par le seuil de Bir Harbot, entre 
le dj. Ayaïcha et le dj. Berda, le chemin gagne la dépres- 
sion occupée par le bled Atra et la Sebkha d'El-Guettar, 
au pied de l'Orbata, et la vallĂ©e de Toued BaĂŻach oĂč s'Ă©lĂšve 
Gafea. 

C'est par l'étroite vallée de l'oued Baïach, formée de l'oued 
Sidi Aich et de l'oued Oum el-Ksob et creusée à travers le cal- 
caire de la chaĂźne secondaire, que la haute plaine de l'Oum e1- 
Ksob, dont nous parlions tout Ă  l'heure, communique avec le 
pays situé au sud de Gafsa. La descente est rapide : entre le Bir 
MekkidĂšs (khi m.) au nord, et le bled Cheria (20i m.) au 
sud, la différence d'altitude est de UO mÚtres, le niveau de 
l'oued BaĂŻach baisse de 175 mĂštres (370 m. Ă  174^) en 25 kilo- 
mĂštres. La plaine quaternaire et sablonneuse de Cheria est Ă  
peu prÚs exactement limitée par les lits de Foued Baïach et de 
l'oued Helah et parla garaat El-Oglat; au delĂ  de ces thalwegs 
commencent les premiĂšres terrasses, tertiaires et secondaires, 
du dj. Rosfa, du Jellabia (i^lO) et du dj. Tfel (800) ' . 

Par un passage assez Ă©troit, connu sous le nom de Gourbata 
(137 m.), le lit de l'oued Baïach et de l'oued Helah réunis s'en- 
gage dans le bled Tarfaoui, vaste plaine qui descend jusqu'au 



1. Privé, BulL arch, corn, tr, HitL et Se, 18^, p. 110. 

2. Privé, loc, cit., p. ^. 

3. Bahirt Meguessen, Chebket, Oued Djcmel, Bled Amil Es-Stab, Ilcnchir 
Tfel. 



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20 LA GAFSA ANCIENxNE ET MODERNE. 

chott (17 m.) en terrasses successives * : le bled Tarfaoui reçoit 
les eaux trop rares de la longue chaĂźne du dj. Seldja (790 m.). 
Formé, comme les autres plaines, de dépÎts lacustres et d'allu- 
vions torrentielles, il semble lancien fond du chott El-Rharsa 
envahi peu Ă  peu par le sable. Il faut sans doute attribuer Ă  
cette cause et au travail postérieur de Térosion l'aspect carac- 
téristique de fond de mer, et le faciÚs particulier de la chaßne 
du Metlaoui et du Seldja qui semble la falaise abandonnée d'un 
golfe disparu. 

Au nord de cette chaĂźne du dj. Zimra (700 m.), du dj. Seldja 
et du dj. Stah (600 m.), s*Ă©tend la large plaine tertiaire de 
Toued Seldja (500 m.), riche en phosphates, et la dépression 
de la garaat Ed-Douza. Fermée au nord par le dÎme strié et 
Ă©tage du dj. Bou Ramli (1.200 m.), par le massif chaotique du 
dj. Bellil et du Bou Dinar (800 m.), mĂȘlĂ© de hautes plaines 
et d'étroites vallées, cette plaine est dominée à l'ouest par le 
dj. Mrata (1.006 m.) et le haut plateau algérien de Nemencha 
(600 Ă  800 m.) qui va rejoindre TAurĂšs. Elle communique avec 
les plaines voisines et Gafsa par des sentiers de montagnes 
incommodes et par la gorge du Seldja taillée à pic dans le 
roc sur une longueur de 8 kilomĂštres. 

La ville de Gafsa est bĂątie au sud et au pied mĂȘme de dj. 
Ben YounĂšs (915 m.) et de son contrefort le dj. Assalah 
(600 m.), sur un petit plateau de la rive droite de Toued 
Baïach (315 m.) abrité par ces hautes montagnes. 

« La pointe mĂ©ridionale du dj. Assalah, — Ă©crit M. du Paty 
de Clam, qui a donné des environs de la ville une description 
trùs exacte, — s'avance jusqu'à moins de 2 kilomùtres de Gafsa 
et ses pentes sud-ouest, excessivement ravinées, arrivent jus- 
qu'au camp... Entre les dj. Ben YounĂšs et Assalah s'ouvre 
une gorge de 1 kilomĂštre de large dans laquelle passe la 
route de FĂ©riana...Surla rive gauche de l'oued BaĂŻach s'Ă©lĂšve 



1. Chebket el-Amara, Chcbkel cl-Khcntas, Chobkol ol-IIanok (1(30 m.), Blod 
cl-Ouatia, Oouifla (79 ni.). 



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GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. 21 

une succession de petites collines couronnées d'éminences, 
courant de Touest Ă  Test au milieu de la plaine et venant 
mourir au pied du djebel Orbata, dont elles ne sont séparées 
que par le ravin profond de l'oued Tazfa. » Cette position sur 
loued Baïach en travers d'un étroit défilé, au carrefour des 
grandes routes de l'Oum el-Ksob vers Fériana et l'Algérie, d'El- 
Guettar vers GabĂšs, de Gourbaba vers Tamerza et le Djerid, 
de SĂźdi AĂŻch vers le nord, est le centre et la clef du sud de 
la Tunisie. 



Les chaßnes gafsiennes, moins élevées que les massifs algé- 
riens et tunisiens du nord, ont cependant une altitude trĂšs 
supérieure à celle des plateaux du centre de la Tunisie : nulle 
part l'altitude ne dépasse 730 m. (dj. Khechem Artsouma), 
dans tout le pays situé entre la haute muraille du dj. Serra- 
guia (1.000 m.), Orbata (1.170 m.) et Biadah, au sud, le littoral 
Ă  l'est, et la ligne des chaĂźnes et hauts plateaux de l'Atlas 
tunisien au nord-ouest (dj. Nouba, 1.269 m., dj. Sbeitla, dj. 
Hsilah, 1.374 m., dj. Ousselet, 1.000 m.). Dans ce grand trian- 
gle dont la cĂŽte est la base et Gafsa presque le sommet, le 
vent du nord-est, le vent de la mer, souffle sans obstacle, 
attiré par la zone de pressions basses située au-dessus des 
chotts et du désert. 

Ce vent du nord-est est le vent dominant pendant toute 
Tannée : 30^ en hiver, 26^ au printemps, 31,3^ en été, 
3ĂŻ% en automne. 

Les vents secondaires ne sont que ses déviations : vent du 
nord (17,2 %, 21 %, 16,6^, lt,8^), vent du nord-ouest 
(U, 17 %, 16,8 %, 34,2 %, 16,1^), qui vient de la mer par 
l'Algérie et le couloir de l'oued Oum el-Ksob et dont la vi- 
tesse atteint 30 mĂštres en hiver. 

Les vents de la terre sont beaucoup moins constants : 36 % 
en hiver, 31 ^ au printemps, 12^ seulement en Ă©tĂ© oĂč la 
pression atmosphérique est minima dans le désert, 33 % en 



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22 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

automne. Le vent du sud-ouest qui s'engouffre dans le bled 
Tarfaoui et le bled Cheria est le plus fréquent; le vent du 
sud-est le plus violent*. 



Les masses d air apportées par les vents de mer et char- 
gées de la vapeur d'eau méditerranéenne se heurtent à la 
muraille des chaĂźnes gafsiennes : elles s'Ă©lĂšvent, se refroi- 
dissent, en hiver, Ă  mesure qu'elles montent, et se condensent. 
Mais « en été la température est trop élevée pour que les 
conditions favorables à la condensation soient réalisées. Alors 
mĂȘme que l'Ă©vaporation est trĂšs forte au-dessus de la MĂ©di- 
terranĂ©e, alors mĂȘme que les masses atmosphĂ©riques sont 
violemment entraßnées vers le sud, elles rencontrent des cou- 
ches atmosphériques en contact avec des régions de plus en 
plus surchauffées et la condensation a des chances de se pro- 
duire de plus en plus faibles et de plus en plus rares' ». 

Aussi les mois pluvieux sont-ils les mois d'hiver (décembre, 
janvier, février), le début du printemps et la fin de l'automne : 
la moyenne des pluies (1886-1900) est de 62mm. pour l'hiver, 
87 mm. pour le printemps, 15 mm. pour l'été, 48 mm. pour 
l'automne (1885-1900), soit 212 mm. pour l'année entiÚre 3. 

Mais ces moyennes ne représentent pas une quantité d'eau 
tombée à peu prÚs réguliÚrement chaque année : d'une année 
à l'autre les écarts sont trÚs grands : il est tombé moins de 
102mm. pendant l'année 1900 entiÚre et plus de 1^91 mm. en 
1890 S 233"*'°,8 pendant l'hiver 1889-90 et 17 mm. seulement 

1. GiNESTOUS, Bulletin agr, el comm., 1902, p. 60, 211, 366. IndiceUeur tuni- 
sien, 1905, p. 496-497. 

2. Jean Brunhes, L'Irrigation, p. 151-152. 

3. Indicateur tunisien, 1905, p. 513. —M. Ginestous (op. cit., 1901, p. 198,299» 
410; 1902, p. 99, janvier) donne comme moyennes des pluies Ă  Gafsa de 1885 Ă  
1895 : annĂ©e : ^11»"ℱ, 5; — hiver : 78°»ℹ, 7; — printemps: 92 "»», 1 ; — Ă©tĂ© : 
14»»ℹ, 7; — automne : 50 mm. 

4. Vivien de St-Martin et Rousselet, Dictionnaire de GĂ©ograp.y art. Gafsa, 
supplément. Nous indiquons d'aprÚs cet ouvrage certains chiffres se ri^por- 
lant à des périodes déjà anciennes, n'ayant pu retrouver les documents ori- 



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GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. 23 

pendant Thiver 1899-1900; 144^^,8 pendant Tautomne 1885- 
1886 et 11mm. pendant l'automne 1894^-1895 ^ 

D'ailleurs les pluies réguliÚres du nord de la Tunisie sont 
inconnues Ă  Gafsa : les pluies y tombent soudainement et en 
quelques heures, par trombes ; les jours d'orage y sont si 
peu nombreux qu'un simple coup de vent parait une tempĂȘte 
aux habitants du pays. Le nombre de jours de pluie est de 
ik par an : 15 en hiver, H au printemps, 3 en été, 11 en 
automne^. La presque totalité de Teau tombe en quelques 
heures seulement 

La quantité de pluie précipitée dans la région de Gafsa n'est 
pas la mĂȘme que dans l'oasis; elle est rĂ©partie trĂšs inĂ©gale- 
ment : la position et l'importance relative des sources, des 
oueds, des redirs et des dayas le montrent bien. Le versant 
septentrional des dj. Serraguia-Orbata-Biadah qui reçoit le 
premier choc des vents de mer est plus arrosé que la chaßne 
du Seldja; cette chaĂźne elle-mĂȘme et la haute plaine du Seldja 
le sont davantage que le massif des dj. Jellabia et Sehib, et 
la chaßne du Cherb. Les dépressions profondes : le bled El- 
Hamra, le bled Cheria, le bled Segui, le bled Atra, le Tar- 
faoui, reçoivent moins d'eau encore : les couches d'air char- 
gées d'humidité, en descendant les pentes de leurs chaßnes 
bordiĂšres, deviennent de moins en moins susceptibles de se 
condenser, et de plus en plus capables d'absorber la vapeur 
d'eau ; et ces cuvettes fermées et basses restent arides, assé- 
chées par l'évaporation de leurs oueds et de leurs lagunes, 
garaats et sebkhas^. 

ginaux qui ont servi de base aux Ă©valuations de Vivien de St*Martin et Uous- 
selet. A Gafsa, pour les mois de décembre 1889, janvier, février, mars et 
avril 1890, on constata une pluie totale de 412°*ℱ, 5 quantitĂ© triple de celle qui 
tombe normalement pendant la mĂȘme pĂ©riode {Indicateur iunUieny 1905, p. 513). 

1. GiNESTOUs, op. ci7., 1902, p. 83 et 427. — Indicateur tunisieny cf. p. 404- 
495, 1905, tables de nébulosité. 

2. Id., 1901, p. 198,229, 410; 1902, p. 99. Ces chiffres, comme ceux des 
moyenne de pluies, sont trĂšs variables d'une annĂ©e Ă  Tautre. — Indicateur tu- 
nisien, 1905, p. 508 et sq. 

3. D'aprĂšs VIndicateur tunisien, la plaine de Toued el-Ksob recevrait 300 Ă  



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24 TA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

Cependant malgré son irrégularité et son iasufBsance, ce ré- 
gime des pluies n'est pas un des plus pauvres de la Tunisie. En 
effet, grùce à l'élévation du systÚme montagneux gafsien, il 
pleut Ă  Gafsa presque autant qu'Ă  Sfax (250*^,7) et plus qu'Ă  
GabĂšs (leO"*"",?) sur la mer, presque autant qu'Ă  Kairouan 
(275"^, 9) situé 175 kilomÚtres plus au nord*. La région de 
Gafsa est d aspect beaucoup moins aride et sec que les envi- 
rons de Sfax, de GabĂšs et de Gralba, oĂč les lits d'oueds sont 
moins nombreux, la vĂ©gĂ©tation sponlanĂ©e plus rare. MĂȘme la 
proportion du nombre de jours de pluie d'été (1/7 pour mai, 
juin, juillet, août, moyenne de 1889) à Gafsa est trÚs supérieure 
Ă  celles de Sfax (1/21), de GabĂšs (1/19), de Sousse (1/16), de 
Tunis (1/11) et sensiblement Ă©gale Ă  celles de Kairouan (1/6) du 
Kef (1/6), et d'Aïn Draham (1/8) le point le plus arrosé delà 
Tunisie 2. 

Fort heureusement d'ailleurs le rayonnement nocturne est 
assez intense; la quantité moyenne de vapeur d'eau contenue 
dans 1 mĂštres cube d'air est de6gr. 084^ en hiver, de 11 gr. 194. 
à l'automne, tandis que la quantité saturant 1 mÚtre cube est de 
6gr. 246 et 11 gr. 815 ^ : il en résulte des rosées bienfaisantes 
pour les pĂąturages des steppes. Le matin, le brouillard s'Ă©lĂšve 
parfois de l'oasis de Gafsa et se dissipe lentement au lever 
du soleil. 

Gafsa n'est pas encore dans la zone dĂ©sertique oĂč la chute 
annuelle de l'eau est inférieure à 20 millimÚtres et la rosée 
rare : c'est une oasis tellienne. Seulement le désert commence 
Ă  ses portes. 



En effet la violence des vents du sud est extrĂȘme (30 mĂštres 



400 mm.de pluie par an; la région de Senedel Maknassi, 200 à 300; Mctlaoui, 
au sud du massif du Soldja, 200 Ă  300; los oasis du Djerid, 100 Ă  150 (1905, 
p. 517-518). 

1. 2. De la Blanchkhe, V Aménagement des eaux, p. 16 et 18. 

3. GiNESTOLs, Bull. Dii\ Agr, et Comm.^ 1902, p. 09 et 421. 



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GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. 25 

à la seconde au printemps), et le déplacement de sables qulls 
entraßnent énorme. « Au mois de mars 1857, écrit Charles 
Tissot, une colonne tunisienne chargée de lever l'impÎt dans 
les oasis et que nous accompagnions, fut assaillie entre Karsa 
et Tozeur, par une tempĂȘte qui dura soixante-douze heures. Le 
matin du troisiĂšme jour, la force du vent Ă©tait devenue telle 
que quelques-uns de nos cavaliers furent reuversés. Les che- 
vaux les plus vigoureux étaient obligés de s'arcboufer sur 
leurs jarrets pour résister à la rafale. D'épais tourbillons de 
sable, emportant des débris de palmes sÚches et des osse- 
ments de chameaux, obscurcissaient le jour Ă  tel point que 
j'avais peine à distinguer le guide qui me précédait. Notre 
infanterie, errant au hasard au milieu de ces demi-ténÚbres, 
dut marcher ou plutÎt piétiner sur place pendant 20 heures 
pour n'ĂȘtre point ensevelie ^ » ATozeur, plusieurs centaines 
de dattiers furent enterrĂ©s jusqu'aux palmes par cette tempĂȘte 
de 1857. A El-Guettar, « les sables viennent comme les flots 
de la mer battre la lisiÚre des palmiers protégés contre cette 
marée envahissante par des levées de terre ^ »; les deux vil- 
lages d'EI-Guettar et de Nechiou ont été bùtis à l'abri, au nord 
de l'oasis. Dans les bleds, les sources, les puits, les redirs 
sont aveuglés, les ruines romaines sont couvertes; des dunes 
se forment '^ 

Cette violence des vents de terre, du siroco chargé de sable 
mobile, avide de vapeur d'eau, est une nouvelle cause de sé- 
cheresse pour le pays : ce vent du sud active l'Ă©vaporation 
dans les dĂ©pressions profondes oĂč le vent du nord lui-mĂŽme, 
pourtant humide, absorbe déjà l'eau courante et stagnante, 
et dans les plaines favorisĂ©es oĂč la pluie qui tombe plus sou- 
vent resterait volontiers Ă  la surface du sol ^. 



1. Ch. TissoT, Géogr, comparée de la province romaine d'Afrique, 1, p. 217. 

2. Pkivé, Bull. Arch. corn. hisL el se, 1895, p. 93. 

3. Baraban, op. cit., p. 56 et sq. 

4. Le siroco souffle Ă  Gafsa de 3 Ă  5 jours en hiver, de 4 Ă  12 au printemps, 
de 5 à 30 en été, de 2 à 13 en automne. Indicateur tunisieny 19(X>, p. ICKß. 

Li G aĂŻs A ANCIENNE. 3 



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26 [A GAFSA ANClEiNNE ET MODERNE. 

Ces conditions géologiques, orographiques et atmosphé- 
riques rÚglent le régime des eaux de la région de Gafsa. 

Les nécessités locales, la composition variée du sol, les ca- 
prices du relief accentuent dans chaque vallée, son irrégularité 
générale et naturelle . 

La vapeur d'eau apportée parles veots du nord et du nord- 
est se condense brusquement sur le massif gafsien; Teau 
ruisselle, le torrent se rue des pentes de la montagne, roulant 
les pierres et le sable dans les lits profonds des oueds creusés 
par l'érosion séculaire et brutale. La descente est si rapide 
que Teau pénÚtre à peine le sol aride des djebels dénudés ; 
elle lui arrache jusqu'aux derniÚres traces de végétation épi- 
neuse. Par les ravins aux ramifications innombrables, elle 
s'engouffre dans les déversoirs communs, les lits des grands 
oueds : l'oued Oum el-Ksob, prolongé par l'oued Baïach et 
l'oued Tarfaoui, l'oued Seidja, Toued El-Leben, situé loin de 
Gafsa au pied du dj. Biadab et du dj. Zebbeus. Au voisinage 
de Metlaoui le lit sablonneux de l'oued Seidja est creusĂ© Ăč 
plus de 10 mÚtres de profondeur. En 1859 l'oued Baïach dé- 
bordé submergea d'alluvions sablonneuses 50 hectares de 
l'oasis de Gafsa *. 

Ces crues terribles durent quelques heures seulement 
comme les pluies orageuses qui les ont produites : l'eau cou- 
rante, chargée de débris pierreux, perd sa force et sa vitesse 
en plaine, aprĂšs quelques kilomĂštres de cours, sans atteindre 
la mer trop éloignée : elle pénÚtre dans les crevasses des lits 
d'oueds asséchés par de longues chaleurs, dans les sables fins 
des dépressions quaternaires; l'évaporation ^ achÚve de l'ab- 
sorber; elles thalwegs redeviennent jusqu'au prochain orage 
les routes préférées des caravanes et des troupeaux. 

Cependant, au fond de toutes les plaines fermées et sans 
Ă©coulement vers la mer, Ă  l'est, au point le plus bas ou le 



1. BarabaN) op. cil., p. 144. 

2. Indicateur tunisien, p. 505. 



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(;Ă©o(;kaphie physĂźuue. 27 

moins perméable, les eaux s'accumulent, trop abondantes 
pour disparaĂźtre si rapidement : mais elles s'Ă©vaporent peu 
Ă  peu et laissent Ă  la surface des lagunes la couche chaque 
année plus épaisse des dépÎts minéraux et salins qu'elles con- 
tiennent : ce travail des eaux stagnantes produit les garaats, 
les sebkhas, les chotts : la garaat Ed-Douza, la garaat El- 
Oglat, la sebkha d'El Guettar, la Sebka en-Nouatl, le choit 
El-Rharsa, le chott El-Djerid. Ailleurs, Teau reste sur le sol 
piendant quelque temps, sans laisser d^autre trace qu'une lé- 
gÚre poussiÚre blanche et salée. Entre Lalla et EI-Guettar, au 
passage de l'oued Tarfa et de l'oued Fouar el-Kram, oĂč l'ar- 
gile quaternaire est voisine de la surface, la route et maréca- 
geuse aprÚs les pluies K « AuprÚs de la koubba de Sidi Ali ben 
Aoun, et dans un lit d'oued sablonneux oĂč poussent de nom- 
breux lauriers-roses, on trouve de l'eau stagnante en trĂšs 
grande quantité, mais qui se perd par infillration à la sortie 
des montagnes 2... », oĂč sans doute l'Ă©tage argileux s'enfonce 
plus profondément. 

Dans les poches argileuses superficielles, l'eau séjourne plus 
longtemps encore, parfois une année entiÚre, et forme un cer- 
tain nombre de mares, redira et oglats, oĂč les troupeaux vien- 
nent boire et qui sont entourés d'un peu de végétation, comme 
les sources-^ : redirs de Majen Sinaoui (Ă  39 km. au nord-est 
de Gafsai entourĂ©s de jujubiera, de genĂȘls et d'une excellente 
eau dans la saison des pluies ; redirs nombreux de Thalah et 
de l'oued Serg, entourés de gommiers ; redirs de la chaßne du 
Cherb, du dj. Zitouna, du dj. Tarfaoui, de la haute plaine ter- 
tiaire du Seldja et du massif des dj. Jellabia et Sehib; oglats 
dispersés sur tout le territoire de Gafsa. 

Quant aux eaux absorbées par les terrains sablonneux et qui 
ont échappé à l'évaporation immédiate, elles sont encore ex^ 
posées aux influences atmosphériques; elles remontent pou h 

1. Jlinéraircs mUiiaireSf 1881-8.J, p. lOi). 

2. Paul ii\L(;KLEK, EnquĂȘte sur les installations hydrauliques^ i*ic., I, |>. i^"ĂŻp 

3. Itinéraires inilHaires y ISSi, p. 12. 



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28 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

peu par capillarité, attirées par Tair sec et chaud ; à une pro- 
fondeur plus grande, elles demeurent en suspension dans le 
sol; aux environs de Sfax, le terrain trÚs perméable, analogue 
Ă  celui des plaines de TOum cl-Ksob, ne contient pas d'eau Ă  
la surface; mais il en contient jusqu'Ă  6 % h 0"','20 de profon- 
deur, 10 ^ Ă  0",50, 14 ^ Ă  1 mĂštre : lolivier et les cultures 
arbustives peuvent y prospérer sur de grandes étendues et les 
puits y fournissent une quantité d'eau relativement considé- 
rable ^ 

Le surplus de cette eau, filtrante travers le sable, vient s'ac- 
cumuler au-dessus des couches imperméables du loehm argi- 
leux quaternaire dont l'affleurement produit une série de 
sources : un simple relĂšvement de ces couches suffit Ă  faire 
réapparaßtre à la surface l'eau souterraine qui chemine en 
profondeur sous le lit des oueds ou qui s'est accumulée dans 
des poches; le filet d'eau de l'oued BaYach Ă  Gafsa est dĂ» sans 
doute à un phénomÚne de ce genre ainsi que TAïn Oum cl- 
Ksob, les sources souterraines des puits d'El-Guettar, proba- 
blement l'AĂŻQ Guettar et les sources de Zenati qui fournissent 
un peu d'eau courante, en toute saison, à la vallée supérieure 
de l'oued El-Leben^, et les sources qui alimentent le chemin 
de fer de Sfax Ă  Gafsa. 

L'Ain Oum cl-Ksob coule pendant 1 kilomÚtre en été, 5 ki- 
lomĂštres en hiver : la nappe aquifĂšre qui la forme est assez 
voisine du sol pour favoriser une végétation abondante de 
joncs, d'iris et de plantes aquatiques dans la région voisine ^. 

De mĂȘme, Ă  l'oglat Merelhbat, l'eau souterraine est abon- 
dante, en toute saison, Ă  0'",50 de profondeur; le bois et 
l'alfa poussent dans les environs*. Le Bir Gouifla, dans le bled 
Tarfaoui, est « un simple trou creusĂ© dans le sable oĂč l'eau 



1. Paul Bourde, op. cit., p. 15. 

2. Privé, Bull. Arch. Corn. tt\ fiisL ci se, 1893, p. 110-111. Du Paty de Clam, 
/?. géog.y nov.-déc. 1889. 

3. Gauckler, EnquĂȘle sur les travaux hydrauliques^ etc., 1, p. 189-190. 

4. Itinéraires militaires, 1882, p. 12. 



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GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. 29 

se trouve seulement Ă  O^^SO, et assez abondante, mĂȘme au 
cƓur de TĂ©tĂ©^ ». La mĂȘme nappe parait alimenter les puits de 
Toued Seldja inférieur et l'Aïn Abdou : depuis le kilomÚtre 4,5 
aprĂšs l'Ain Abdou, jusqu'Ă  Gouifla, la route de Tozeur traverse 
des ce marais trÚs difficiles » parsemés de tamarins vigoureux; 
« il y a lieu, aprÚs la saison des pluies, d'avancer avec de 
gt*andes précautions ^ ». 

Les sources d'Ain MoularĂšs, Ain Mrata, Ras el-Aloun, sem- 
blent dues Ă  un arfleurement analogue des marnes tertiaires. 

Les sources de Gafsa, les plus importantes de toutes, « à en 
juger par leur température (aS"* à 30*^), écrit H. Rolland, vien- 
nent d*une assez grande profondeur sous la surface ; elles sont 
évidemment dues à l'émergence de nappes artésiennes circu- 
lant dans les terrains crétacés et éocÚnes qui constituent les 
montagnes environnantes ainsi que l'ensemble des monts s'Ă©- 
levant vers FĂ©riana et Tebessa^ ». Peut-ĂȘtre sont-elles dues 
simplement, comme l'Ain Abdou et les eaux de Gouifla, Ă  l'af- 
fleurement d'une couche argileuse et d'une nappe des terrains 
quaternaires. 

L'importance de ces sources est d'ailleurs assez variée. L'Ain 
Oum el-Ksob n'a qu'un débit de 2 litres à 2 litres et demi à la 
seconde, la source de Sidi Ahmed Zarroung un débit de 10 li- 
tres*, tandis que la source thermale de BouHaddÚge a un dé- 
bit de 70 litres et coule pendant plus de 5 kilomĂštres ^. 

Les sources de la Kasbah et de l'intérieur de Gafsa ont un 
débit de 5.000 mÚtres cubes par jour ^; avec celles de Sidi 
Mansour et du lit de l'oued Baïach^, elles arrosent réguliÚre- 
ment plus de 40.000 palmiers, 75.000 oliviers; 1.400 bas. de 
jardins irrigués suffisent largement aux besoins d'une popu- 



1. Carton, Oa^is disparues, R, Tun., I8Ăź>5, p. 209. 

2. Itinéraires mililaires, 188M885, p. 120. 

3. Gaucklek, op. cit., p. 189-190. 

4. Gauchery. — Les richesses thermominĂ©rales de la Tunisie^ p. 59. 

5. Gauckler, op. cit. y p. 197. 

6. Gauchers, op. cit., p. 59. 

7. Itinéraires militaires, 1884-1885, p. 110. 



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30 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

lation de 5.000 ou 6.000 habitants et fournissent constam- 
ment de Teau Ă  Toued sur un parcours de 2 kilomĂštres*. 



Le débit tolal des sources, et surtout Thumidité du sous- 
sol, le nombre et la répartition des affleurements, des re- 
dirs, des oglais et des puits, feraient des environs de Gafsa 
une région relativement bien arrosée, dans un pays aussi 
sec que T Afrique du nord, si la qualité de Teau n'était pas 
trÚs variable et souvent défectueuse. 

Ainsi dans le bled TarfaouĂŻ, l'eau de FAĂŻn Tfel, de Bir el- 
Hanek, des redirs de Metlaoui, et de Chakmou, des oglet 
Amara, est bonne; celle du Khanguet Seidja et saumĂ tre; 
celle de TAĂŻn Abdou, de Bordj Djedid, de Mzira et Alima, 
des oglet El-Hacha, du Bir Chakmou est salĂ©e ^ peut-ĂȘtre Ă  
cause du voisinage plus immédiat des lagunes. Pourtant aucun 
de ces points n'est isolé de plus de 10 ou 15 kilomÚtres; cer- 
tains sont trĂšs voisins les uns des autres. (Bir Chakmou, re- 
dir de Chakmou.) 

Enfin, une partie des eaux de Gafsa sont thermales, ainsi 
que nous l'avons déjà indiqué; c'est un des caractÚres parti- 
culiers de l'hydrographie du pays. 

L'Aïn Thermßl, au sud de la Kasbah de Gafsa (débit : kh litres 
par seconde), TAĂŻn el-Bordj Kasbah, TAĂŻn Sidna qui affleure 
dans la piscine du Dar el-Bey (VI, 5 et 113 1.) sont Ă  30"* tandis 
que les sources d'AĂŻn Mansour sont trĂšs fraĂźches. L'AĂŻn Sidna 
est chlorurée, sodique, plus magnésienne que sulfatée. Au 
contraire la source de Sidi Ahmed Zarroung (27Âź, 10 1.) Ă  



1. DlPaty de Ci^vm, Élude sur le Bled Tarfaoui; Bull. GĂ©ogr, Com. Ir.hist, et 
se, 1897, p. 408- aM. 

2. CĂźAucHERY, op. cit., p. 59. Composition des eaux de l'AĂŻn Sidi Ahmed Zar- 
roung : 

Chaux 1,232 

Acide sulfurique l,57t> 

Magnésie 1,373 

Chlore 1,352 



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GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. 31 

5 kilomÚtres de Gafsa sur la route de Tozeur, « présente le 
phénomÚne de blanchiment propre aux sulfurées dégénérées 
et possĂšde une odeur sulphydrique trĂšs nette : elle est trĂšs 
gazeuse : Tacide carbonique se dégage en abondance à sa 
surface et sur les parois ». Elle possÚde des qualités thérapeu- 
tiques appréciables : ses eaux, trÚs excitantes, guérissent la 
gale bédouine, éruption sudorale qui affecte les Arabes en été ; 
elles sont réputées dans les dermatoses, la syphilis, le rhuma- 
tisme, les affections chroniques des voies respiratoires. Le Ma- 
rabout miraculeux de Sidi Ahmed Zarroung est célÚbre parmi 
les indigÚnes de la région ; l'administration y a ménagé une pis- 
cine de 6 mĂštres de diamĂštre et de 2 mĂštres de profondeur*. 
La source de Bou HaddĂšge (70 1.) Ă  62 km. de Gafsa, vers 
lest, est Ă  30** ou W ^. AprĂšs un parcours de 5 kilomĂštres 
seulement elle est assez refroidie pour abreuver les troupeaux. 
Dans la vallée de Bou HaddÚge comme à Gafsa, les Romains 
avaient élevé des thermes sussez importants 3. 



Les saisons sont en étroite corrélation avec les conditions géo- 
graphiques et atmosphériques du pays, et particuliÚrement 
avec le régime des pluies et la température : les indigÚnes n'ont 
qu'un seul mot, Ech-Chta, pour désigner à la fois l'hiver et la 
pluie; ils appellent le printemps Er-Rbia, « la verdure, le pù- 
turage » ; Tété, Es Sif, dure de mai à octobre, pendant la 
grande période de sécheresse, composée du dernier mois de 
noire printemps (mai), de nos trois mois d'été et du début de 
l'automne ; l'automne indigÚne El-Krif, « la saison de la ré- 
colte des fruits », commence avec les premiÚres pluies et se 
termine à la fin de décembre ^. 

1. Jbid., p. (iO. 

2. md. 

3. Paul Gauckler, op. cit., p, \^7. 

4. Ch. TissoT, GĂ©ogr, comparĂ©e de la Province romaine d'Afrique, p. 245. — 
Dl Paty de Cla3i, Étude sur le hieridi Bull, gĂ©ogr. corn. hist. et se, 1893, p. 323. 



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32 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

Les moyennes trimestrielles de la température observée à 
Gafsa donnent une impression nette de la différence trÚs tran- 
chée qui existe entre les saisons : 19**,4 pour Tannée entiÚre, 
lO** pour l'hiver (décembre, janvier, février), 18*',5 pour le prin- 
temps (mars, avril, mai), 27**,5 pour Tété (juin, juillet, août), 
21°,6 pour l'automne (septembre, octobre, novembre), d'aprÚs 
M. Ginestous (moyennes de 1885 Ă  1895, de 1895 Ă  1900) ^ 

La différence entre la moyenne de l'été et les moyennes du 
printemps et de l'automne est plus apparente encore si Ton 
calcule les moyennes pour les saisons indigĂšnes : 10"* pour 
l'hiver, 16%2 pour le printemps (mars, avril), 26**,4 pour Tété 
(mai, juin, juillet, aoĂ»t, septembre), 18'',2 et mĂȘme 15*^,5 pour 
l'automne si l'on y fait rentrer le mois de décembre. 

La température moyenne du mois le plus froid (janvier) est 
de 9%3. Celle du mois le plus chaud (juillet), de 29'',8 : ce 
qui représente une différence de 20'*,5 entre les moyennes 
extrĂȘmes 2. 

Les sautes brusques et les Ă©carts extrĂȘmes de la tempĂ©rature 
sont trÚs considérables : le 22 septembre 1900, le thermomÚtre 
marquai à Gafsa ï^*", il était tombé le 26 à W^ baissant de 30* 
en quatre jours. Des tempĂ©ratures de — 1° et -i- 23'' en dĂ©cem- 
bre, de — 3^ et H- 25° en fĂ©vrier ne sont pas rares. Enfin le 
thermomĂštre a marquĂ© — 6** en janvier 1901 ; il monte frĂ©- 
quemment Ă  4V en Ă©tĂ© 3, il atteignit mĂȘme 48°,8, presque 
autant qu'Ă  Tozeur (W%5, le 22 juillet 1891) et Ă  Nefta (53**), les 
points les plus chauds de toute la Tunisie ^: cet Ă©cart de 
5V,8 est le plus grand constaté dans toute la régence avant 
1897 K 

Le jour, l'insolation, le rayonnement et l'Ă©vaporalion sont in- 



1. Ginestous, Bull. Dit: Agr. et Comm.y 1900, avril, p. 02, juillet, p. 93, oc- 
tobre, p. 106; 1901, p. 200-201, 300, 400; 1902, janvier. 

2. Indicateur tunisien, 1905, p. 499 et sq. 

3. Ginestous, Bull. Dir. Agr. et Comm.j 1900, octobre, p. 106. 

4. Du Paty de Clam, op. cit., p. 321. 

5. Vivien de S'-Martin, loc. cit. -- L'écart le plus fort constaté à Tozeur avant 
1897 est de 53". 



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GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. 33 

tenses; mais le soir, mĂȘme en plein Ă©tĂ©, la tempĂ©rature baisse 
brusquement, peu aprĂšs le coucher du soleil, Ă  cause de la 
faible quantité de vapeur d'eau contenue dans Tair^ : les 
nuits sont toujours trÚs fraßches aprÚs les journées parfois brû- 
lantes. 

Les roches et le sol desséchés se désagrÚgent et éclatent sous 
l'influence de ces écarts, de ces sautes brusques de température 
qui achĂšvent l'Ɠuvre de destruction commencĂ©e par l'Ă©rosion. 

Les plantes, les animaux et l'homme ressentent vivement les 
effets de ce climat essentiellement continental. 



En effet, peu d'espĂšces arborescentes peuvent vivre dans 
cette atmosphĂšre trop sĂšche et sujette Ă  des changements si 
brusques de tempĂ©rature. Celles qui subsistent doivent ĂȘtre fa- 
vorisées par des accidents locaux : exposition aux vents bien- 
faisants du nord-est, replis de terrain, meilleure composition 
et sécheresse moins absolue du sol. 

« Toutes les chaßnes crétacées qui séparent les divers plateaux 
semblent dénudées depuis la plaine. Hais si on pénÚtre dans 
les ravins qui les divisent, on trouve toujours dans les parties 
escarpées des arbres épars qui ont résisté jusque-là à la dent des 
animaux et Ă  la hache des indigĂšnes. Les principales essences 
sont le genévrier de Phénicie, le pin d'Alep, le batoum, l'olivier 
sauvage, l'amandier, quelquefois le peuplier dans les endroits 
frais ))2. Les gourbis de Sened, de Sakket, d'El-AyaĂŻcha, sont 
charpentés avec des poutres tirées de ces arbres. Il y avait, en 
1905, 11.202 oliviers sauvages sur le territoire des caldats de 
Ga£sa et des Hammama, la plus grande partie disséminés, en 
dehors des jardins cultivés des oasis. Les Sfaxiens s'approvi- 
sionnent dans le djebel Bon Hedma de plants de pistachiers 



1. Moins de 55 centiÚmes en été, moins de 70 centiÚmes le reste de l'année 
(Indicateur Tunisien, 1905, p. 505). 

2. L. Tellier, note sur la disparition des boisements dans le sud de la RĂ©- 
gence, BuU. Dir, Affr. et Comm., octobre 1898, p. 49. 



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34 LA GAFS\ ANCIENNE ET MODERNE. 

(betoum) à greffer. Un bouquet d'une vingtaine de genévriers 
de Phénicie occupe rextréraité du Khanguet Goubeul, entre 
FĂ©rianaet Bir Oum Ali. Dans le dj. Orbata, poussent Ă©galement 
quelques genévriers exploités par les indigÚnes. On trouve 
encore un groupe de cinq beaux betoums, autour d'un redir, 
Ă  32 kilomĂštres de Gafsa, sur la piste de Kairouan, et quelques 
pieds isolés sur la route de Fériana, sur celle de Sfax, prÚs de 
Sened et de Madjourali K II y a de vieux oliviers, des figuiers 
de Barbarie et des aloĂšs, dans la plaine quaternaire de TOum 
el-Ksob, des lauriers roses dans la plupart des thalwegs im- 
portants et légÚrement liumides, quelques palmiers isolés et 
chétifs (à TAïn Abdou). 

A la base de la chaßne bien arrosée du dj. Bon Hedma et 
du Bon HaddÚge s'éteod une végétation d'acacßas gommifÚres 
de l'espĂšce gayal, producteurs d'une gomme arabique d'aussi 
bonne qualité que celle du Sénégal. Les arbres épars sur 
toute la vaste étendue du bled Thala sont « espacés de cin- 
quante mĂštres en moyenne, c'est-Ă -dire qu'il n'en existe pas 
plus de quatre par hectare sur une surface de 30.000 Ă  
iO.OOO hectares au moins. Le gommier, ou acacia gummifera, 
occupe dans le Thala la position la plus septentrionale en 
Tunisie. 

« C'est un arbre ne dépassant pas une hauteur moyenne de 
8 mÚtres, à la cime étalée en forme de parasol. Les plus gros 
que nous ayons vus ne mesuraient pas plus de 0*^,90 Ă  
1 mÚtre de circonférence. Leur croissance est donc trÚs lente, 
car leur Age compté sur la découpe d'une branche princi- 
pale est au moins de cent cinquante ans. L'Ă©corce du tronc 
est Ă  peu prĂšs semblable Ă  celle de l'acacia ordinaire, celle 
des branches est lisse et celle des rameaux d'un rouge pro- 
noncé... Le bois est de couleur brun rougeàtre, nuance inter- 
médiaire entre celle du noyer et de l'acajou, avec un aubier 



1. L. Telliek, ibid. — IIia, la vĂ©f/Ă©lcUioti naturelle, la l'unifde au dĂ©but du A'A* 
siĂšcle, p. 78 et sq. — Rapport au PrĂ©sident^ 1905, p. 507. 



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GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. 35 

blanc jaunĂątre ; c'est un bois trĂšs dur Ă  couches concentri- 
ques serrées, et susceptible d'un beau poli, ce dont nous 
avons pu juger Ă  El-AyaĂŻcha, oĂč le gommier a Ă©tĂ© utilisĂ© 
pour construire des baraquements, fabriquer des bancs, des 
chaises. Ce serait, en résumé, un trÚs bon bois d'industrie et 
de travail. Il est probable que toute cette vallée ne formait 
autrefois qu'une immense forĂȘt de gommiers qui se sont 
éclaircis peu à peu sous les déprédations des indigÚnes et sous 
Taction dévastatrice du pùturage... Les troupeaux broutent 
(oute la végétation et particuliÚrement les bourgeons et les 
rameaux épineux des gommiers. Le chameau atteint aisément 
les pousses du sommet, et c'est Ă  cet abroutissement qu'il faut 
attribuer le peu de hauteur des cimes et leur forme en pa- 
rasol. Quant aux jeunes plants provenant des semis naturels ou 
de rejets de souche, les chĂšvres ne leur permettent guĂšre de 
s'accroßtre et de se développer. Il en résulte que les vieux 
arbres disparaissant peu Ă  peu sous la main de Thomme et 
les jeunes sous la dent du bétail, il ne restera rien à la fin de 
cette précieuse essence dont le maintien serait cependant si 
utile pour empĂȘcher que la vallĂ©e de Thala ne devienne, par 
le dĂ©boisement, comme ses sƓurs du sud, une succursale du 
Sahara*. » Les gommiers en effet retiennent dans le sol une 
partie de l'eau tombée sur le Bou Hedma à la sortie de TAïn 
Bou HaddĂšge. Nulle part dans le sud le terrain n'est moins 
sec, nulle part les redirs ne sont plus nombreux et les pĂątu- 
rages plus fréquentés. 
Malheureusement le nombre des arbres diminue sans 



2 



cesse 



1. Baraban, op. cit. y p. 150-158. 

2. Hua, op. ct<.,p. 86-88. Comme M. Baraban, M. Blanc donne pour dimen- 
sion de Fespace sur lequel s'étendent les gommiers clairsemés, 35 kilomÚtres 
de Testa Touest et 10 kilomĂštres du nord au sud, les arbres Ă©tant Ă  50 mĂštres 
les uns des autres dans les parties les plus serrées. Il signale en outre dans 
diverses directions, de petits peuplements isolés en dehors do l'agglomération 
principale. 

- M. Tellier, successeur de M. Blanc dans le service des eaux et forĂȘts, a 



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36 LA GAFSA ANCIENiNE ET MODERNE. 

Autour de Gafsa mĂȘme, le bois a toujours Ă©tĂ© rare : les 
corvées de la garnison, au début de roccupation, allaient s'en 
approvisionner dans un taillis broussailleux Ă  ^ ou 5 kilomĂš- 
tres au sud de la ville K On trouvait du bois Ă  Sidi Aich, Ă  
Foued Seldja, Ă  Foued Zimra, Ă  TAĂŻonn Ammeur, Ă  TAĂŻn 
Hamda,Ă  TAln Zitoun, Ă  TAln Drima, Ă  TAĂŻn Bou Salb, Ă  la 
Djemma er-Rechig, Ă  TAln Guettar, Ă  loglet Mzara, Ă  Toued 
Mtasalga. Ces Ă©tendues broussailleuses Ă©taient si restreintes 
que les gens d'El-AyaĂŻcha venaient vendre Ă  Garsa des bran- 
ches mortes d'oliviers et de gommiers 2. Aujourd'hui, le dé- 
broussaillement est presque complet dans un rayon de 40 ki- 
lomĂštres autour de Gafsa ^. 

En dehors des cultures des oasis et des figuiers, des oli- 
viers, des haies de cactus qui entourent le village montagnard 
d'El-Ayalcha, il n'existe plus guĂšre que les tamarins sauvages 
de Toued Tarfaoui dont nous avons expliqué plus haut Texis- 
tence : buissons de 1 ou 2 mĂštres de hauteur, larges et vieux, 
qui pourraient atteindre 3 ou 4 mĂštres sans l'action destruc- 
tive des pĂątres et des animaux^, les tamarins moins nom- 
breux et moins vigoureux de l'oued Melah, de Ras el-AĂŻoun, 
de la gaarat Ed-Douza ; ceux du chott EURharsa : tous Ă©bran- 
chés par les troupeaux. 



Si l'on excepte ces espaces occupés par la végétation buis- 
sonneuse ou arborescente, le bled est jaunĂątre et nu sur de 
grandes Ă©tendues. On y rencontre seulement par endroits des 
touffes clairsemées de retem, degrina, pauvres herbes dures, 
l)rĂčlĂ©es par le soleil et grises comme de la cendre; des 



constaté que l'exploitation inconsidérée de ce bois avait amené la disparition 
des groupes isolés d'abord, puis réclaircissement exagéré du groupement 
principal. » 

1. Itinéraires militait es, 18^-1885, p. 111. Ibid., 1882, p. 13. 

2. Itinéraires militaires, 1884-1885, p. 126, 129, lßlO, 137, 140, 141, 142. 

3. L. Teluer, loc. cit., p. 50. 

4. Baraban, op. cil.j p. 151. Carton, oasis disparues, R, Tun., 18d5, p. 209. 



^ 



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GEOGRAPHIE PHYSIQUE. 37 

touffes de driss, graminée sauvage qui atteint parfois deux 
mÚtres et dont les longues feuilles sont recherchées des cha- 
meaux ^ : ce sont les maigres pĂąturages de ces steppes arides 
et désolés, les parcours oà les bétes des troupeaux et des 
caravanes nomades se dispersent et broutent Ă  Taventure, en 
marchant lentement : c'est « le pays du mouton ». Un peu de 
blé et d'orge pousse difficilement dans les bas-fonds de Bir 
Marbot, de Toued Fed, de Sidi AĂŻch, du bled Segui, de Ras 
el-AĂŻoun^. L'alfa couvre de grandes Ă©tendues de terrain aux 
environs de Sened, dans le bled Haknassy, la chaĂźne du Bon 
Hedma, le sud de TOrbata, la plaine voisine de TAln Oum el- 
Ksob^. 

Ces touffes de la zone aride, comme la végétation arbo- 
rescente, non seulement retiennent le sable qui les porte, 
lui donnent une consistance plus grande, lui permettent de 
mieux recueillir l'eau de pluie et l'eau ruisselante : elles ar- 
rĂȘtent encore le sable transportĂ© par le vent; un petit mon- 
ticule se forme au delà de chacune d'elles. La vallée du Tar- 
faoui est ainsi ondulée de petites vagues de sable; les re- 
dips du bled Thala sont préservés de l'aveuglement ; au voi- 
sinage de Tozeur, des dunes qui menaçaient d'envahir l'oasis 
ont été fixées par des plantations artificielles de tamarins et 
de drĂźss. 

Cette végétation rare mais bienfaisante n'est malheureuse- 
ment pas permanente : outre la dévastation des troupeaux, 
elle subit l'influence du climat; elle dépend étroitement du 
régime des pluies; que Tannée soit trop sÚche, que les quel- 
ques parcelles d'humidité contenues dans le sol s'évaporent, 
elle devient plus rabougrie et plus rare. Les maigres cultures 
de céréales de Bir Marbot de Sidi Aïch, du bled Segui ne 

1. Cagnat et Saladix, Voyage, Tour du Monde, 1880, II, p. 199. J. Brlnhes, o/Ăź. 
cil,, p. 231 et sq. 

2. Baraban, op. cU., p. 150. 

Du Paty de Clam, op. cit., p. 28^1. 

3. Tridon, l'Alfa tunisien, Cuil. col., 181*8, p. 45-18. Barabas, op, cil,, p. 150. 
Cacxat et Saladin, Tour du Monde, 1886, 11, p. 212. 



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38 LA (iAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

donnent guÚre de récolte suffisante qu'une année sur quatre 
ou cinq. La végétation est si pauvre que Tadministration 
militaire devait généralement faire venir de BÎne le fourrage 
et les grains des spahis de Gafsa, et qu'elle a renvoyé à Sfax 
une partie de la garnison de cavalerie, par mesure d'Ă©conomie. 
Mais aussi, que le sol soit plus humide, comme dans le 
bled Thala, comme au voisinage des sources et des redirs, 
que la pluie tombe un peu plus longtemps, les touffes de- 
viennent plus Ă©paisses, l'armoise blanche emplit au prin- 
temps les dépressions; une flore assez variée parait sur les 
montagnes calcaires : le zeita, Varlemisia alba, le romarin^ 
Vononis longifolia Ă  fleurs jaunes, le siatice Thouini Ă  petites 
fleurs blanc bleuĂątre, Y Hyacinthus Romarins j le Bromus Ru" 
bens etc. *. Quand la colonne du général Philebert traversa le 
bled Segui, marchant vers le Nefzaoua, il avait plu abon- 
damment et « la plaine était couverte d'un sainfoin épais et 
tout en fleur, dans lequel les hommes enfonçaient jusqu'au- 
dessus du genou ^ ». En 1898, des pluies trop abondantes qui 
furent nuisibles aux récoltes du nord de la Tunisie, profi- 
tÚrent au pays situé entre GabÚs, Gafsa et Kebili et fournirent 
aux indigÚnes de cette région des avances d'ensemencements 
u Du 1*^' novembre 1889 au 1" mai 1890, il est tombé à Gafsa 
0'",405 de pluie; au printemps de 1890, la région a été trans- 
formée : le bled situé entre Gafsa et Tozcur, ordinairement à 
peu prÚs sec, était couvert d'un fourré de mauves atteignant 
le garrot d'un cheval et relardant la marche des animaux; 
dans le bled Thala et le bled Segui on a pu faire des appro- 
visionnements d'un excellent foin qui a servi longtemps aux 
besoins de la garnison du Gafsa ; la garaat de Sidi Mansour 
s'est couverte d'un Ă©pais semis de tamarins qui subsiste encore 
aujourd'Imi ^ » 



1. Baraban, oy>. cit. y p. 151. 

2. Général PiiiLKnEKT, La G" brigade en Tunisie, p. 1 10. 

3. Rapport au Présid^*nl de la République, 1898, p. 14. 

4. Tellikr, loc. cit., p. 50. — « Los vioiix oliviors mutilĂ©s et abandonnĂ©s 



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GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. 30 

Sans doute les années prospÚres sont rares, mais elles per- 
mettent de distinguer trĂšs nettement le pays de Gafsa de la 
région désertique; nous avons dit que les vallées du Seldja, 
de rOura el-Ksob et de Thala, Ă©taient moins sĂšches, plus 
riches en végétation naturelle que le Sahel de Sfax ; elles sont 
aussi plus riches que l'étroite bande de terrain située entre 
Tozeur et Nefta et que les dunes du désert. Puisqu'il tombe 
dans ce pays de Gafsa une quantité d'eau relativement satis- 
faisante, puisque la vĂ©gĂ©tation, diffĂ©rente par elle-mĂȘme de 
celle du désert, augmente spontanément quand les pluies 
sont plus abondantes, puisque quelques cultures de céréales 
peuvent y réussir dans le sable rouge des dépressions et que 
l'olivier et certaines espĂšces arborescentes subsistent mĂȘme, Ă  
Tétat sauvage et malgré les dégùts causés par les troupeaux, 
en de nombreux endroits : il est permis de supposer qu'une 
meilleure Ă©conomie des eaux, et des mesures de protection 
pourraient facilement améliorer la flore du pays : entre les 
hauts plateaux du Kef, de Mactar et de Tebessa, pays de 
Torge et des parcours nomades, elle grand dĂ©sert, — entre le 
Sahel, pays de l'olivier, et les oasis du Djerid, « pays de la 
palme », le massif des chaßnes et des hautes plaines gafsiennes 
est une zone de transition insensible, une marche tellienne K 



L'oasis de Gafsa elle-mĂȘme et les oasis voisines de Lalla, 

d'El-Guettar et de Nechiou achÚvent de caractériser la région. 

La superficie de l'oasis de Gafsa et de ses annexes de Sidi 



entre El-Djem ot l'Oued llaun, ont (lonn(S d'aprÚs M. Bourde, une récolte d'o- 
lives vendue 170.000 francs en 1890. Les chotts sont resb's impraticables jus- 
qu'au cours de TĂ©ui ‱ (Ibid.). 

I. Les indigùnes de la Dakhla du cap Bon ‱ reconnaissent deux sortes de 
Tell : le Tell noir qui est une terre riche en uiatiĂšrcs organiqurs retenant faci- 
lement l'eau... ; le Tell jaune est plus sablonneux, moins fertile -. Hul. Dir. A(jr. 
etComm., 1000, n» 10, p. 116, citĂ© par Brunbe.s, op. cit., p. Bi7, n. 1. — Ne peut- 
on pas appliquer ce nom de Tell jaune aux dépÎts (luaternaires des plaines gaf- 
siennes? 



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40 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

Ahmed Zarroung, de Sidi Hansour et d'El-Ksar (ou El-Kesseur) 
est de 1.400 ou 1.500 hectares S situés en grande partie sur 
la rive droite de Toued BaĂŻach, autour des sources de la Kas- 
bah de Gafsa et de Sidi Mansour qui fournissent Teau néces- 
saire Ă  rirrigation des jardins. 

Les palmiers rencontrent Ă  GaÂŁsa les couches argileuses 
recouvertes de terrains moins compacts et collecteurs d'humi- 
dité qui lui conviennent; ils y sont abondamment arrosés par 
des sources thermales nombreuses. Mais ils n'y trouvent pas, 
comme au Djerid, les chaleurs d'hiver qui leur sont néces- 
saires (H** d'octobre à janvier). S'ils ont les « pieds dans 
l'eau », ils ne bénéficient pas d'une atmosphÚre assez sÚche, 
leur tÚte n'est pas assez « dans le feu ^ ». La montagne et les 
vents du nord les gĂȘnent. Loin d*ĂȘtre aussi rabougris, aussi 
stériles que ceux du nord, les dattiers de Gafsa sont certaine- 
ment moins vigoureux que ceux de Tozeur et de Nefta : les 
troncs ne sont pas aussi élevés, aussi larges, aussi serrés ; les 
dattes, moins sucrées, ne sont pas aussi belles ni bonnes et, 
sauf quelques Deglet en-Nour recherchées pour l'exportation ^, 
ne peuvent guĂšre ĂȘtre consommĂ©es que sur place*. Les pal- 
miers d'El-Guettar (3.000 mĂštres de longueur sur 500 de lar- 
geur, 150 bas.) merveilleusement arrosés par l'eau de seize 
sources souterraines fraßches et abrités des vents de nord par 
le dj. Orbata, sont déjà plus beaux ^ et seraient plus serrés si 
l'oasis était bien protégée contre l'envahissement du sable. 

Il n'y a que 60.000 palmiers environ Ă  Gafsa, 80.000 Ă  Gafsa 
et El-Guettar réunies^. 



1. Vivien de Saint-Martin, op. cit., Supp. — Carie de la Tunisie au ij 50000. 

2. D. ScHWEiNFLRTii, Lacultupodu palmier dattier, H. Cuil. col., 1902, p. 84-87. 

3. Tirant et Rebatel, Voyage en Tunisie, Tour du Mande, 1875, I. p. 311. 

4. D. SwEiNFL'RTii, op. cil\ p. 215. 

5. Baraban, op. cil. y p. 149. 

G. Vivien de Saint-Martin, loe. cil., dit 32.319 : chiffre donné par Blanc en 
1887, reproJuit par Vivien de Saint-Martin. — Slalisliques officielles^ 1891, 
(U.240 palmiers Ă  Gafsa, Hy.OOi) Ă  Tamerza, 73.G98 Ă  El-IIamma, 212.971 Ă  El-Ou- 
diane, 417.577 Ă  Tozeur, 38i).7O0 Ă  Xefla; l.l^9^.301 en Tunisie. — Cf. infra, OĂ©og. 
Économique, p. 88 et passim. 



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Ac'.GH, LI-.NOX AND 
L^-N i-'O'JN DATIONS 



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GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. 41 

Le sol, sous les dattiers, et, en dehors des palmeraies, les 
deux tiers de la surface de Toasis sont occupés par des oliviers 
dont le nombre était de 75.000 en 1900 et augmente réguliÚ- 
rement dans les terrains nouvellement plantés et souvent irri- 
gués qui entourent le camp et la gare. Sur un total de 133.758 
oliviers dispersés dans tout le caldat de Gafsa (El-Guettar et 
Nechiou compris), 13.^92 arbres, situés en grande majorité à 
Gafsa, n'avaient pas atteint leur 20" année K On trouve en 
outre des cactus et de nombreux arbres fruitiers : amandiers, 
pĂȘchers, abricotiers, pruniers,pommiers, cognassiers, figuiers, 
jujubiers, grenadiers; les oranges, si prospĂšres Ă  El-Oudiane, 
donnent rarement de beaux fruits mûrs; sous les arbres frui- 
tiers et les palmeraies se trouve un nouvel Ă©tage de cultures; 
des légumes de toutes sortes, fÚves, carottes blanches, oignons, 
salades 2, pois, melons, potirons, concombres, partiques, to- 
mates, aubergines, etc. , des plants de tabac, du piment, du 
henné, enfin du mais et surtout du blé et de Torgc, si rares au 
Djerid. Il convient Ă©galement de signaler deux hectares de 
vignes entre El-Ksar et Lalla. 

Malgré l'étendue de ces cultures, Gafsa n'est pas, comme El- 
Oudiane, un grand jardin merveilleusement cultivé. Malgré 
rirrigation, elle n a pas Taspect des belles palmeraies de To- 
zeur, et, bien que ses arbres soient mal taillés, elle n'a rien de 
la forĂȘt vierge qui forme la corbeille de Nefta. Elle tient Ă  la 
fois de chacune de ces oasis, elle tient aussi des oasis pauvres 
d*El-Hamma et de FĂ©riana; par certaines de ses plantations 
sĂšches d'oliviers elle ressemble mĂȘme aux olivettes de Sfax. 
Comme le pays qui l'entoure, elle marque une transition entre 
le centre et le sud de la Tunisie. Au point de vue hydro- 
graphique, elle ne se singularise par aucun mode particulier 
d'utilisation de Teau, ni par une réglementation rigoureuse 
de l'irrigation ou des forages, mais bien plutĂŽt par l'abon- 

1. FLEuav, Les industries indigùnes de la Tunisie, 1900, p. 95.— Vivien de Saint 
Martin, ibid. — Rapport au PrĂ©sident, 1905, p. 567. 

2. Baraban, op, cit.f p. 113-111. 

LA GAFSA ANCIENNE. 4 



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42 LPl GAFSA ancienne ET MODERNE. 

dance relative, la constance et mĂȘme la rĂ©gularitĂ© du dĂ©bit de 
ses sources et de ses puits : on peut donc la ranger, comme 
les oasis des Zibans et de TAurĂšs, et mieux qu'elles encore, 
parmi les « oasis telliennes* ». 



La faune du pays gafsien est en Ă©troite harmonie avec la 
végétation de cette zone de transition. 

Dans les grandes plaines voisines de Gafsa, on rencontre le 
liĂšvre; dans la montagne, le sanglier et surtout le mouflon, 
gibier caractéristique du centre de la Tunisie. On y trouve 
aussi des gazelles, venues de régions plus désertiques 2, des 
flamants bleus et roses, semblables Ă  ceux du Hodua et du 
lac de Tunis et qui s'Ă©tablissent temporairement dans les ter- 
rains humides couverts de tamarins. Enfin le pays est infesté 
par endroits de serpents venimeux, de cérastes et de vipÚres à 
cornes, et les indigÚnes ont abandonné le djebel Seldja, k 
cause de la multitude de reptiles de l'espĂšce tagarga qu'on y 
rencontre ^. 

Tous les animaux domestiques du nord, du centre et du sud 
de la Tunisie sont représentés dans le territoire et dans l'oasis 
de Gafsa : chiens, chevaux, mulets, ñnes, bƓufs, moutons, 
chĂšvres et chameaux. 

Les chevaux sont relativement peu nombreux malgré la 
présence dans le pays d'importantes tribus nomades : 1.617 
d'aprĂšs les statistiques officielles de 1892 (dans le territoire 
militaire, le Djerid non compris), 586 seulement d'aprĂšs les 
statistiques de 1899 (dans le territoire du contrĂŽle civil, le 
Djerid non compris), 410 d'aprĂšs celle de 1900*; le cheval, 



1. Brinhes, op. cit., p. 353.354. — Thomas, lellrez particuliùres. 

2. La rĂ©gion du Bou Hedma oĂč ces animaux trouvent une nourriture assez 
abondante, des couverts et la sécurité, est assez giboyeuse. On y trouve des 
cailles, des tourterelles, des aigles. — Baraban, op. cil., p. 159. 

3. Vivien de St-Martin, op. cit. 

4. Statistiques officielles de 1892, p. 2<W. Bull. Dir.Af/r. et Corn.. 1900, juillet, 
p. 91 ; 1902, p. 327. 



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GÈOGKAPHIE PHYSIQUE. 43 

dans le sud, est un véritable signe de la richesse de son pro- 
priétaire. Les mulets, trÚs appréciés, sont peu nombreux : 121 
en 1890, 150 en 1901. La bĂȘte de somme par excellence est 
Tùne : bien adapté au pays, sobre, d'entretien peu coûteux, 
vigoureux, il rend de grands services dans les jardins des 
oasis, dans les douars nomades et mĂȘme pour le service de la 
poste : il y avait en 1901, 5.207 Ăąnes dans le territoire de Gafsa 
(9.437 en 1892, d*aprĂšs les statistiques de territoire militaire). 
Le pays, par contre, se prĂȘte mal Ă  l'Ă©levage des bƓufs, qui 
vivent assez difficilement sous un climat trop méridional pour 
eux ; on les rencontre généralement dans les parcours et les 
douars nomades; cependant, quelques vaches de petite taille 
paissent sous les oliviers de Gafsa, dans les parties non irri- 
guées; et, comme dans le sahel de Sousse, il arrive que les 
indigĂšnes se servent d'un bƓuf, attelĂ© avec un Ăąne ou un 
chameau, pour leurs labours, mĂȘmedansles oasis. Leur nombre 
est de 1.500 environ (2.289 d'aprĂšs les statistiques de 1891). 

Les chameaux au contraire sont nombreux : 10.000 en 1901 
(22.890 en 1892); ils sont seuls capables d'effectuer les lourds 
transports Ă  de grandes distances, et composent presque exclu- 
sivement les caravanes importantes du Djerid et de Gafsa Ă  
GabĂšs, au sahel de Sousse, Ă  Kairouan, aux plateaux du Kef et 
de Tebessa. Depuis l'Ă©tablissement du chemin de fer les cara- 
vanes de Sfax deviennent de plus en plus rares : c'est Ă  cette 
cause sans doute et Ă  la suppression de l'Ă©tat de guerre qu'il 
faut attribuer la diminution considérable du nombre des cha- 
meaux et des autres bétes de somme, accusée par les statis- 
tiques comparées de 1892 et 1901. 

Les animaux domestiques presque exclusivement employés 
pour satisfaire aux besoins journaliers des indigĂšnes, nomades, 
commerçants ou maraßchers, ne donnent pas lieu à d'impor- 
tantes transactions : 10 chevaux seulement, en moyenne, 
6 mulets, 36 Ăąnes, 55 bƓufs, ^i.O chameaux, furent prĂ©sentĂ©s 
chaque mois en 1898 sur le marché de Gafsa, pendant les onze 
derniers mois de l'année. Seuls les moutons et les chÚvres ont 



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44 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

une grande importance commerciale : ils fournissent le pays 
de laine et de viande de boucherie : on en fait Ă©levage. En 1898, 
le marché de Gafsa reçut en moyenne 864 ovins et 567 caprins 
par mois ^ Leur nombre sur le territoire était évalué respecti- 
vement en 1901 Ă  60.000 et 22.700 tĂštes (169.290 et 232.726 
en 1892), représentant 9 ^ et 5 ^ du troupeau tunisien, sans 
compter les animaux transhumants des territoires voisins 2. La 
diminution générale du cheptel tunisien constatée dans ces 
dix derniÚres années s'est fait sentir à Gafsa dans de larges 
proportions, malgré le climat particuliÚrement propice à Té- 
levage. 

La plupart des moutons, dans la région de Gafsa, sont des 
barbarins Ă  grosses queues, Ă  laine grossiĂšre, Ă  chair dure, 
mais trĂšs vigoureux; les barbarins Ă  queues fines sont assez 
rares ^. La nature de la vĂ©gĂ©tation — tamarins salins, cactus, 
retem, armoise blanche, — son abondance dans les annĂ©es plu- 
vieuses, le morcellement du relief qui multiplie les pĂąturages 
et permet aux pasteurs de se déplacer relativement peu aux 
différentes saisons, rendent la région trÚs favorable à l'éle- 
vage du mouton et de la chĂšvre : les troupeaux d'El-AyaTcha 
trouvent à se nourrir toute Tannée dans le bled Thala, les 
vallées de la montagne ou le bled Segui * ; les pùturages de 
la partie du bled Segui, comprise entre Bir Chgeigga et le 
Tarfaoui sont assez abondants pour nourrir 6.000 moutons 
(4.000 nedi Ă  grosses queues, 2.000 Ă  petites queues)^; ils sont 
si favorables à la race ovine que « les moutons du pays trans- 



L Bull, Dir. Ayr. et Com., 18i)8, octobro, p. 97 et sq. ; I8Ăź)9, janvier, p. IM 
et sq., avril, p. 96 et sq. 

2. 1.228.481 moutons en 1802 (Bourde, Rapport sur l'Ă©levage dit. moiUon, p. 6), 
717.899 en 1901 (Bull. Dir. Agr. et Coin., 1902, p. 327). L'Ă©tendue plus grande 
du territoire de Gafsa en 1892 (territoire militaire) et peut-ĂȘtre les difficultĂ©s 
plus grandes rencontrées pour le recensement de 1892, ainsi que les époques 
diffĂ©rentes oĂč Ton a pu faire les recensements, ont contribuĂ© sans doute Ă  
l'Ă©cart Ă©norme des chiffres des deux statistiques. 

3. Delecraz, L'Ă©levage du mouton en Tunisie, II. Tun.y 1897, p. 102. 

4. Delecraz, loc. cit., p. 101. 

5. R. Afr. fratii^aisey 1888, p. 193-19^1. 



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(GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. 4üi 

portés en un autre point de la Tunisie y dépérissent, et que 
les bĂȘtes Ă©trangĂšres qui y sont importĂ©es prospĂšrent rapide- 
ment * ». 

Le massif gafsien mérite donc bien le nom de « pays du 
mouton » que nous appliquions précédemment. 



Le territoire de Gafsa doit Ă©galement Ă  son climat et Ă  sa to- 
pographie de ne pas ĂȘtre dĂ©favorable Ă  Thomme. Les indigĂš- 
nes sont établis à Gafsa depuis les périodes préhistoriques. Les 
I.IOO ou 1.500 hectares de Toasis de Gafsa et de ses annexes 
nourrissent aujourd'hui 6.000 Ă  7.000 habitants, 450 Ă  500 ha- 
bitants au kilomÚtre carré; plus de 70.000 nomades, ksouriens 
et carriers vivent sur le territoire du contrĂŽle de Gafsa et 
viennent en partie s'approvisionner dans l'oasis 2. 

Les indigÚnes vivent dans des conditions de santé satisfai- 
faisantes : les éruptions cutanées soignées par les eaux de Sidi 
Ahmed Zarroung, les ophtalmies, les autres maladies, n'y sont 
pas plus répandues que dans le centre ou le nord de la Tuni- 
sie ; elles sont infiniment moins fréquentes qu'à Tozeur et à 
Nefta, oĂč des fiĂšvres pernicieuses sont provoquĂ©es par l'extrĂȘme 
et perpétuelle chaleur et les émanations malsaines des rives du 
Chott, marécageuses à certaines époques, et des jardins plus 
étendus, noyés sous l'eau d'irrigation. 

A Gafsa, les EuropĂ©ens vivent facilement, mĂȘme en Ă©tĂ©, Ă  
condition d'ĂȘtre sobres et de prendre quelques prĂ©cautions 
contre la chaleur et le surmenage : les fonctionnaires, les 
officiers et les disciplinaires de la garnison, mĂȘme les ingĂ©- 
nieurs et les employés de Hetlaoui ne sont pas éprouvés par le 
climat, tandis que le séjour du Djerid, foyer de malaria, est 
dangereux : les Européens qui y demeurent trop longtemps 

1. Du Paty de Clam, Étude sur le Djerid, Btdl. gĂ©ogr. Coin. tt\ hkl. el se, 
1893, p. 284, en noie. 

2. La Ttmisief p. 423-425. — Infra, p. 186-188. — Uannexe de Tozeur et du 
Djerid n*est pas comprise dans ces chilTres. 



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46 LA GAFSA ANCIKNNE ET MODERNE. 

sont atteints par la dysenterie et les fiÚvres, tués par la phti- 
sie : aux quinze ou vingt Français du Djerid, Toasis septentrio- 
nale de la montagne Gafsa fait presque Tefifet d'un sanato- 
rium. 

Ainsi toute la vie de Toasis et du pays de Gafsa est en Ă©troite 
relation avec les conditions géographiques de la région : c'est 
à l'érosion, au ruissellement, à l'état atmosphérique de l'air, 
au régime des pluies, au débit des sources et des puits que 
sont dus la dénudation des djebels et les détails de la topogra- 
phie locale, la végétation pauvre mais relativement abondante 
des bleds, et les jardins des oasis ; c'est gr&ce à la végétation et 
au climat que les animaux et l'homme peuvent vivre sur cette 
limite du Sahara. Le climat lui-mĂȘme est la consĂ©quence de la 
forme orographique du pays, de la hauteur et de Torientation 
de ses montagnes: c'est au dj. Serraguia, auBou Ramli, Ă l'Or- 
bata, au Jellabia, au Seldja, que Gafsa doit son existence sécu- 
laire d'oasis prospÚre dans une « marche tellienne ». 



Cependant l'aspect de la région de Gafsa n'a pas toujours 
Ă©tĂ© le mĂȘme. A l'Ă©poque romaine, le pays maintenant presque 
désert à Gafsa, à Tebessa, à Kairouan et à Sfax, était parsemé 
de villes florissantes dont les ruines parfois imposantes s'Ă©lĂš- 
vent dans les vallées aujourd'hui désolées : Thelepte (50 à 
60.000 hab., FĂ©riana), Suffetula (20 Ă  25.000 hab., Sbeitla), 
Cillium (12 Ă  15.000 hab.), Thysdrus (El-Djem, 100.000 hab.), 
— de gros bourgs : Nara, Bararus, Cilma, Thigùs sur la route 
du Djerid, Thasarto dans le bled Segui; de villages et de 
fermes disséminées; et « quand les premiers conquérants 
arabes arrivĂšrent, on pouvait, de Tripoli Ă  Tanger, cheminer Ă  
l'ombre à travers une ligne ininterrompue de villages * ». 

« Dans les environs de Gafsa, écrit au xi* siÚcle le géographe 

1. Bourde, op. cit., p. 22 ot passim. 



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(iÉOGRAPHIE PHYSIQUE. 47 

El-Bekri, on compte plus de 200 bourgades florissantes, bien 
peuplées et arrosées K » Gafsa se trouvait dans cette vaste et 
mystĂ©rieuse forĂȘt qui couvrait la terre d'Afrique. 

Cette prospérité surprenante, dont les années fertiles elles- 
mĂȘmes ne peuvent aujourd'hui nous donner une idĂ©e, sembla 
due longtemps à des phénomÚnes climatiques disparus, à 
Texistence d'une mer intérieure située au sud de la Tunisie et 
de l'Algérie, dans la région actuelle des chotts, et connue dans 
la légende et l'histoire sous le nom de lac Triton : un courant 
méditerranéen venu de la petite syrte par un détroit qu'indi- 
quent encore le chott El-Fedjedj et l'oued Melah, aurait ali- 
menté cette masse d'eau ; les vents violents du sud, à la tra- 
versée de ce réservoir, se seraient chargés d'humidité, puis, se 
heurtant Ă  l'AurĂšs et au massif gafsien, les auraient abondam- 
ment arrosés, au lieu d'y accumuler le sable du désert; le 
pays se serait couvert d'une végétation abondante. Avant l'oc- 
cupation romaine, les éléphants auraient vécu en liberté dans 
les balliers et les marécages du sud de la ByzacÚne ^. Peu à peu 
le détroit de GabÚs aurait été obstrué ou la cÎte de la Syrte au- 
rait été soulevée, comme toute celle delà Tunisie; la mer inté- 
rieure, privée du courant méditerranéen, aurait été asséchée 
par révaporatßon; le pays serait devenu stérile. 

Cette théorie séduisante soutenue par l'autorité de Tissot et 
les premiĂšres Ă©tudes du commandant Roudaire fut longtemps 
admise comme solution du problĂšme : M. de Lesseps se mit Ă  
la tĂȘte d'un mouvement favorable Ă  la reconstitution de l'an- 
cien golfe Tritonide : grùce aux eaux de la mer intérieure, de- 
vait bientÎt renaßtre la légendaire richesse agricole et fores- 
tiÚre de l'antique ByzacÚne et de la région de Gafsa. 

L'existence dans le sud de la Tunisie, Ă  une Ă©poque histo- 
rique, d'un systĂšme hydrographique maritime, fluvial et 
lagunaire connu sous le nom de Triton, n'est pas douteuse : 



1. El-Bekri, Description de VAfmqiƓ septenlrionaley p. 114. 

2. Tissot, op.cii., p. 303-371. De la BlanciiĂške, op. cit., passiin, ot p. 8^1. 



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48 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

elle est signalée par les géographes de l'antiquité : Hérodote, 
Scylax, Pomponius MĂȘla, Pline ^ A marĂ©e haute, les marins 
grecs pouvaient tirer leurs barques sur le sable et passer dans 
le lac Triton, avec Taide de pilotes indigĂšnes 2; une lie se trou- 
vait au milieu du détroit qui faisait communiquer avec la mer 
le lac ou golfe Tritonide ^. Ce golfe était évidemment situé 
dans le sud de la Tunisie et ne saurait se confondre avec le 
Triton que Strabon place au fond de la grande syrte * : Tcxis- 
tence de la marée, le voisinage de Tautel des PhilÚnes, le 
fait que le pays des nomades et des sables ne s'arrĂȘtait pas 
exactement Ă  la rive orientale et que le pays des agriculteurs 
commençait à une certaine distance seulement de sa rive sep- 
tentrionale ^, le placent nécessairement au voisinage de Toasis 
actuelle de GabĂšs. 

Mais les travaux de H. Fuch, les conclusions des rapports de 
la mission Roudaire, les études géologiques de H. Rolland et 
de M. PervinquiĂšre, les opinions de Pomel, Reclus, de Vivien 
de Saint-Martin, de M. Marcel Dubois, semblent distinguer abso- 
lument le chott Djerid et l'ancien lac Triton. En eflfet le seuil 
de GabÚs qui sépare le chott de la mer est formé d'une assise ro- 
cheuse quaternaire de 13 mĂštres au minimum, recouverte de 
Sk mĂštres au moins de limons, sables gypseux et cailloutis; le 
chott Djerid lui-mĂȘme est Ă©levĂ© de 15 Ă  20 mĂštres au-dessus du 
niveau de la mer; un seuil rocheux de 91 mÚtres le sépare des 
chottsRharsa etMelghir; au delĂ  seulement, Ă  173 kilomĂštres 
de la mer, commencent les dépressions creusées en contrebas 
de la Méditerranée ^. Toute la partie orientale du Sahara et 
les plaines des chotts tunisiens sont de formation quaternaire 
et, de l'avis des géologues les plus autorisés, semblent d'ori- 

1. HÉRODOTE, IV, CLXxviii. PĂ©HpIe de Scylax, 110. Pompomis MĂȘla, I, vi cl 

VII. PUNE, V, IV. 

2. HĂ©rodote, Melpomcne, clxxvii-clxxx, clxxxvi-cxci. 

3. Scylax, Pomponius MĂȘla, loc. cit. 

4. Strabon, xvii, 17. 

5. PervinquiÚre, la Tunisie au début du A'-V* siÚcle^ p. 01. 

i'i. E. Reclus, GĂȘoyraphie VniverseUe^ XI, p. HXĂź. V. de St-Martin, op. cit. 



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GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. 49 

gine lagunaire; les fossiles qu'on y a trouvés appartiennent à 
des espĂšces d'eau saumĂątre*. L'existence des garaats et des 
sebkhas du massif gafsien et des chotts des haufs plateaux 
algériens et tunisiens s'explique par l'évaporation d'eaux plu- 
viales accumulées qui s'étaient chargées de matiÚres salines 
au cours de leur ruissellement et de leur passage dans le sous- 
sol : il ne semble pas nécessaire de faire intervenir Teau de 
la mer pour justifier l'existence des chotts du sud. 

D'ailleurs, le pays de Gafsa, si fertile sous la domination 
romaine, et mĂȘme si marĂ©cageux Ă  l'Ă©poque oĂč Carthage aurait 
pu, d'aprÚs certains auteurs, s'y approvisionner en élé- 
phants ^j Ă©tait absolument aride quand Marins s'en empara : 
la description qu'en donne Salluste serait encore vraie aujour- 
d'hui : « Le pays, dit-il, est défendu mieux encore par la dif- 
ficulté des lieux que par ses guerriers ^. » Il est pauvre en blé, 
mais on trouve des oliviers en abondance sur la cĂŽ(e ; la ville 
de Capsa, entourĂ©e de jardins oĂč travaillent les habitants, est 
située dans un désert de sables, infesté de serpents. Pour at- 
teindre l'oasis l'armée romaine dut marcher trois jours sans 
trouver d'eau. La région, il y a vingt siÚcles, ressemblait telle- 
ment Ă  ce qu'elle est aujourd'hui que Ton a pu reconstituer 
Ă©tape par Ă©tapes la marche de Marins sur Capsa ^. Le golfe Tri- 
tonide n'existait pas Ă  la place du chott Djerid, Ă  40 kilomĂštres 
de Capsa : Salluste en parlerait ^. Il faudrait admettre que 
la mer intérieure, si jamais elle baigna cette région, avait 



1. CuoisY et KoLLAND, clocumcnts, Ole, carto, passini. Pï!nviN«iiiKRK, op. r«7., 
p. (Î2 Ă  (». 

2. TissoT, op. cit., p. 367 et 30K. 

3. Salixste, Jnfjxirtha^ Lxxxix. 

4. Ibid.y xci, et passim. Appendice^ p. 179 et sq. 

5. TissoT, toc. cit. Le récit d'Appien (de Heb. pun., 40), la description de 
Strabon (XVII, 3, 19), qui parlent de fleuves disparaissant dans le sable et de 
tacs des salines, condamnent mOme la supposition de Texistence du Triton et 
de» éléphants sauvages à Tépoque de la prise de Carthage, 14G. C'est pourtant 
Ă  cette Ă©poque que les Carthaginois s'approvisionnĂšrent, dit-on, dans le sud, 
d'éléphants de guerre. 

Salluste, Jugurlha, xix et sq. 



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oO LA GAFSA ANCIENNE ET MODEKNE. 

subitement disparu depuis HĂ©rodote, pour reparaĂźtre entre la 
prise de Capsa par Marins et le i*** siĂšcle de notre Ăšre ^ et dis- 
paraßtre encore au iV siÚcle '^ sans que Thistoire et la légende 
du pays indiquent de pareils bouleversements géologiques ^ ! 

Il n'apparaßt donc pas qu'une mer intérieure ait jamais 
contribué à la fécondité de la région de Gafsa, à une époque 
historique ou mĂȘme quaternaire. Si Ton veut localiser l'ancien 
lac Triton, c'est sans doute le golfe de GabĂšs lui-mĂȘme ou le 
golfe de Bou Grara, peut-ĂȘtre ces deux syrtes ensemble, qu'il 
faut considérer comme les restes du légendaire bassin hydro- 
graphique du sud de la Tunisie : cette solution présente au 
moins l'avantage de ne pas supposer des mouvements du sol 
invraisemblables à une époque toute récente *. 

Et cette mer intérieure eût-elle existé, son effet n'aurait pas 

1. PoMPOMUs MĂȘla, iv et vii. — Pune, V, iv, etc. 

2. Orosius (I, II) et Aethicus {Cosmog., II, xlv) désignent le Chott el-Djerid sous 
le nom de lacus salinarum. 

3. Le texte de Diodore (III, iv) s'applique sans doute Ă  une lagune de la cĂŽte 
marocaine. 

4. Cette solution, conforme aux nécessités géographiques, est aussi en har. 
monie avec les textes. - Dans la Syrte^ Ă©crit Scylax (110, traduction Tissot, 
op. cil.y p. 137), est une ßle appelée Tritonide et là aussi s'élÚve un temple d'A- 
thénée tritonide. Le lac a une embouchure étroite et l'ßle est dans cette em- 
bouchure. Et, lorsque la marée est basse, il semble parfois impossible de faire 
pénétrer les navires dans le lac. Le lac lui-mÎme est grand et mesure environ 
mille slades de pourtour. » Cette description est Ă  peu prĂšs la mĂȘme que celle 
d'HĂ©rodote : l'Ăźle Tritonide pourrait trĂšs bien ĂȘtre l'Ăźle de Djerba, habitĂ©e, 
depuis la plus haute antiquité, ainsi que la presqu'ßle voisine de Zarzis, par 
d'industrieuses populations et fréquentée parles navigateurs phéniciens et grecs 
(ßle et presqu'ßle des Lotophages) ; le lac serait la mer de Bou Grara. Le péri- 
mÚtre de piille stades attribué au Triton est assez voisin dos 1 10 kilomÚtres 
(les cĂŽtes du golfe de Bou Grara, qui a pu ĂȘtre lĂ©gĂšrement plus Ă©tendu 
autrefois. « La syrte, Ă©crit MĂȘla (I, trad. Panckouke, p. 22), est un golfe qui a 
presque cent mille pas d'ouverture..., d'un abord trÚs périlleux, moins à cause 
dos écueils et dos bas-fonds dont il est parsemé, qu'à cause du flux et du re- 
flux de la mer qui est continuellement agitée dans ces parages. Au delà 
{super) est un grand lac qui reçoit le fleuve Triton et s'appelle Tritonis. - Aux 
navigateurs efl*rayés par la marée inconnue d'eux, la mer intérieure de Bou 
Grara devait paraĂźtre un refuge. Le fleuve et le lac Triton, dit Pline (V, iv), esi 
situé « citra minorem syrtim » ou, d'aprÚs de nombreux autres témoignages^ 
‱ inter duas syrtes -.M. PervinquiĂšre, dans La Tunisie au dĂ©but du XX" siĂšcle, 
considĂŽre le fond du golfe de GabĂšs lui-mĂȘme, afl*aissĂ© Ă  une Ă©poque rĂ©cente, 
comme l'ancien lac Triton. 



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GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. al 

été nécessairement si bienfaisant qu'on veut bien le dire pour 
la végétation du pays de Gafsa. La cÎte tunisienne, de Sfax à 
Zarzis, borde une mer intĂ©rieure, le golfe de GabĂšs, peut-ĂȘtre 
Tancien lac Triton : or c'est Ă  peine si les pentes qui des- 
cendent de la Sebkra en-Nouall Ă  la mer sont recouvertes au 
printemps de pĂąturages plus abondants que les steppes de 
rarriĂšre-pays gafsien^ ; les pluies ne sont pas beaucoup plus 
abondantes Ă  Sfax qu'Ă  Gafsa, elles sont sensiblement moins 
abondantes Ă  GabĂšs; la cĂŽte est aride, sans arbres; les pal- 
miers de GabÚs enfin, malgré l'important débit des sources de 
Toued Helab, sont beaucoup moins beaux que les datiers sé- 
culaires du Djerid, moins beaux mĂȘme que ceux de Gafsa; 
leurs fruits sont de qualité inférieure. 

D'ailleurs il ne faudrait pas exagérer la vigueur de la végé- 
tation plus abondante qui a pu couvrir le sud de la Tunisie Ă  
certaines Ă©poques, ni se tromper sur sa nature. Le chĂȘne liĂšge 
et le chĂȘne zĂ©en qui croissent facilement sur les grĂšs du nord 
de la Régence dépériraient sur les sols calcaires des massifs du 
centre et de la région gafsienne. Il n'y a guÚre que les espÚces 
signalées plus haut qui soient susceptibles de vivre dans le 
pays: palmiers, pins d'Alep, genévriers de Phénicie, gomniiere, 
betoums, oliviers et arbres fruitiers : sauf le palmier qui vit en 
terrains irrigués, ce sont des arbustes de taillis plutÎt que des 
arbres ; ils ne peuvent guÚre dépasser ï à 6 mÚtres, ni subsister 
ailleurs que dans les plaines, les hautes vallées et les terrasses 
montagneuses oĂč le sol conserve quelques gouttes d'humiditĂ©, 
et le nom de culture de terre sĂšche que l'on donne Ă  l'olivier 
doit s'entendre sous cette rĂ©serve. Sur les crĂȘtes calcaires trop 
perméables pour conserver longtemps de l'eau prÚs de la 
surface, la broussaille seule peut résister. Quant aux tamarins 
des dépressions salines, il ne faut pas exagérer leur importance : 
les noms de marécages et de lagunes que nous avons pu don- 
ner Ă  certains cantons moins secs ont un sens tout Ă  fait re- 

1. TiRAST et Rebatel, Op. Cit. y p. 310. 



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o2 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

latif dans une contrée soumise au climat méditerranéeD. 
Aussi nous paratt-il difficile d'admettre Texistence de forĂȘts 
vĂ©ritables sur les crĂȘtes du sud de la Tunisie, et de « jungles «^ 
de « halliers », de « roseaux géants », « patrie des éléphants 
et des crocodiles »^ dans les cirques fermés, dans le bled Tar- 
faoui, la haute plaine du Seldja, dans le bled Segui, mĂȘme 
dans le bled Thala et la vallée de TOum el-Ksob. Si les Car- 
thaginois entretenaient des éléphants dans leur armée, s'ils 
pouvaient s'en approvisionner Ă  quelques jours de Carthage 
en cas de danger, ce n'est pas forcément que ces animaux vi- 
vaient en liberté dans le sud de la ByzacÚne : Annibal en Es- 
pagne, en Gaule, en Italie, traßnait des éléphants à sa suite 
sans qu'il y en eût à l'état sauvage dans les pays envahis. 
Les Carthaginois ne pouvaient-ils simplement posséder des 
fermes d'Ă©levage et de dressage dans l'Afrique du nord, en 
ByzacĂšne et peut-ĂȘtre dans le bled Thala relativement moins 
dépourvu d'eau, prÚs de la source thermale de Bou HaddÚge 
et de l'Hir. Cherchara, ou bien plutÎt dans les bois trÚs arrosés 
de Kroumirie?* A force de soins, en effet l'éléphant s'acclimate 
sous des climats différents de celui de sa patrie d'origine : 
mais il ne semble pas qu'il puisse vivre, livrĂ© Ă  lui-mĂȘme, 
dans les régions méditerranéennes. D'ailleurs Salluste ne 
parle pas de ces mythiques éléphants sauvages; la descrip- 
tion qu'il donne du pays gafsien est celle d'un steppe dé- 
sertique : l'éléphant ne vit pas dans un désert de sables 
mais dans la forĂȘt humide, et l'on n'a pas trouvĂ©, dans le 
bled, plus de défenses d'ivoire que de crocodiliens fossiles. 



Cependant les raisons et les témoignages que nous donnions 
plus haut sont indiscutables : au commencement de l'Ăšre 
chrétienne le pays était prospÚre et boisé sur de grandes éten- 



1. Tellier, op. cit., p. 05 

2. De la Blancukke, op. c'U.j p. 81. 



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GÉOGRAPIIIK PHYSIQUE. 53 

dues. Mais précisément ces témoignages et ces raisons nous 
fournissent l'explication d'une contradiction apparente entre 
l'histoire et la géographie. Hérodote nous avertit que « la 
Lihye, dans ses meilleures régions, ne parait pas assez fertile 
pour ĂȘtre comparĂ©e Ă  l'Asie ou Ă  l'Europe »> . C'est de « jar- 
dins » que parlent les textes arabes, et les ruines nombreuses 
de fermes et de villages romains parsemés dans les bleds, 
Texistence mĂȘme de citĂ©s importantes aux carrefours des 
grandes routes, nous indiquent bien que la forĂȘt africaine ne 
fut pas l'Ɠuvre de la nature mais de l'industrie humaine qui 
la créa et l'exploita : par une ingénieuse économie de l'eau 
jaillante et ruisselante, les agriculteurs avaient fécondé le 
pays; l'examen détaillé des travaux romains nous le montre; 
et les barrages, les citeiiies, les aqueducs subsistants, s'ils 
Ă©taient en Ă©tat et aussi bien entretenus, contiendraient sans 
doute autant d'eau qu'Ă  l'Ă©poque oĂč ils furent construits; il 
ne nous semble pas permis de supposer une variation sen- 
sible du débit des sources et des oueds depuis dix-huit siÚ- 
cles; il y a peu de travaux d'irrigation, et les débris de pres- 
soirs, lesnoms significatifs de ruines nombreuses : KsarZitouna, 
Hir. Zitouna « le chùteau de l'olivier » nous prouvent que la 
« forĂȘt mĂ©ridionale » fut une plantation de cultures indigĂšnes 
de terre sĂšche, une immense olivette, semblable aux olivettes 
modernes de Sfax, de Sousse et de Haknassy ^ 

Ainsi la nature ne fut pas transformée : mais l'homme uti- 
lisa sagement les ressources qu'elle lui donnait. 

Les travaux humains d'ailleurs ont pu réagir dans une 
certaine proportion sur les forces naturelles utilisées : le sol, 
cultivé, retenait mieux l'humidité et la terre devint sans doute, 
Ă  la longue, plus fertile; le sable se fixa; sous l'influence des 
cultures, les pluies et les rosĂ©es purent ĂȘtre plus abondantes; 
et, dans les cantons pauvres respectés par la colonisation, sur 
la montagne mĂȘme, les arbustes, les tamarins, les broussailles 

1. HÉRODOTE, IV, cxcviii. Cf. Ics articlcs de Wolfrom, de Carton, etc. Infra, 
p. G2 et sq., lOl et sq. 



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54 \A GAFS\ ANCIENNE ET MODERNE. 

cl les herbes, préservés du pacage par la prédominance de la 
vie sédentaire, purent former un maquis* plus serré. 

Mais la vie pastorale reparue, la broussaille livrée de nou- 
veau auv moutons et aux chĂšvres, le chameau introduit dans 
les olivettes abandonnées, les citernes comblées et les bar- 
rages rompus, l'eau torrentielle dépouilla de nouveau les 
pentes, le sable envahit les bleds ; et le pays redevint ce qu'il 
rtail autcmpsdeMarius,ce qu'il est aujourd'hui. Il n'est certes 
pas nécessaire de supposer l'apparition vers l'an 1250 du 
M maximum de chaleur de l'époque ioterglaciaire actuelle »* : 
l'incurie humaine suffit à expliquer l'aridité des environs de 
Gafsa et du sud de la Tunisie. 

C'est le détail de cette prospérité et de cette destruction 
successives produites par l'activité et Tinertie des hommes, 
qu'il convient d'Ă©tudier maintenant. 



1, Mfircj'l Dubois, fa Tunisie au début du A' A* siÚcle, Introduction géogra- 
phique ^ p. 2f>-27. 
'lu TcLUER, toc. cil. y p. 55. 



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CHAPITRE II 

HISTOIRE ÉCONOMIQUE 

La création des jardins de Gafsa remonte aux époques les 
plus reculées. L'existence, autour de Gafsa, d'une population 
nombreuse qui employait comme instruments de travail des 
scies et des bĂȘches ^ nous semble la preuve certaine qu'il 
existait sur les bords de Toued Balach, à l'époque préhis- 
torique, une palmeraie exploitée et des vergers soigneusement 
cultivés. Les habitants les plus anciens de Gafsa, les Djeridis 
origioaires d'Egypte ou de Nubie 2, durent apporter avec eux les 
procédés agricoles de la vallée du Nil, facilement applicables 
sous un climat presque semblable, aux plantes communes Ă  
leur aïkcienne et à leur nouvelle patrie; les races méditer- 
ranéennes qui se rencontrÚrent dans la suite à Gafsa ^ purent 
contribuer au perfectionnement des cultures d'irrigation 
connues dans leur pays d'origine, et sans lesquelles Thomme 
n'aurait pu subsister dans le sud de la Tunisie primitive, trop 
isolée de foyers importants de ravitaillement. Il est permis 
d'entrevoir, Ă  l'Ă©poque des premiĂšres migrations humaines 
dans le sud de la Tunisie, ces progrĂšs de l'agriculture de 
l'oasis, arrivée de nos jours à un si grand degré de perfection. 

Sous l'influence des invasions orientales postérieures, l'oasis 
dut augmenter en étendue et en richesse, comme, la cité 



1. Appendice, p. 1 18. 

2. Id., p. 151 etsq. 

3. fd., p. 155 et sq. 



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56 TA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

grandit en population et en importance politique : « THéca- 
tompyles » égyptienne, la Kafaz phénicienne * ne pouvaient 
exister sans de vastes jardins pour les nourrir. Et tandis que les 
Égyptiens introduisaient leurs casques, leurs armes, leurs cui- 
rasses Ă©tiez les populations riveraines du lac Triton ^, ils 
apportaient avec leurs armées et leurs caravanes, sll faut en 
croire la légende, cette espÚce de palmiers particuliers aux 
lies Pharaoun et dont les dattes ne mĂ»rissent pas ^, peut-ĂȘtre 
aussi Folivier et d'autres arbres fruitiers venus d'Orient en 
Tunisie, des légumes, et, sans doute, leurs primitives araires 
dont nous voyons encore, dans Toasis et dans la région de 
Gafsa, des copies à peine modifiées, traßnées, comme les 
ctiarrues des bas-reliefs Ă©gyptiens, par un bƓuf sous le joug, 
par un Ă ne, ou par un chameau ^. 

A l'Ă©poque oĂč les nĂ©gociants phĂ©niciens, puis les navigateurs 
grecs, frĂ©quentaient le golfe de GabĂšs et pĂ©nĂ©traient peut-ĂȘtre, 
à quelque distance de la cÎte ^, jusqu'à Kafaz, appelée par 
Tissot grand emporium saharien ^, presque tout le pays situé 
entre le rivage des Syrtes et cette oasis était occupé, comme 
aujourd'hui, par des nomades ^ « qui aimaient mieux mettre 
leurs terres en pĂąturages pour leurs troupeaux, que de les 
ensemencer » ^ et « combattaient la disette d'eau en se nourris- 
sant presque toujours du lait et de la viande des animaux 
sauvages » ^ : la nourriture de ces pauvres tribus était « toute 
pour la lutte contre la faim et la soif », sans que rien existùt 
pour le caprice et pour le luxe ^^ . 

1. Ibid., p. 72-74, 89. 

2. HÉRODOTE, Melpomùne, clxxx. 

‱J. Tissot, op. cit., I, p. 116. — Siiaw, I,p. 274. 

4. Hamy, laboureurs cl pasleurs berbÚres, ex .4 /«s, 1900, p. 6-7-10. 

5. Tissot, op. cil., 1, p. 102-10:J, 436-437, 478-479. — Berard, La MĂ©dilerranĂ©e 
phĂ©nicienne, Ann. GĂ©ogr., 1895-6, p. 275. — HĂ©rodote, IV, clxxxiii, clxxix, clxxx. 

6. Tissot, op. cil., II, p. 668. 

7. Tissot, op. cil., I, p. 438-439, 180-482. — HĂ©rodote, clxxx, clxxxvii, clxxxvih, 
cxci, cxciv (IV). — Strabon, XVII. — Melv, I, v, viii. — SallustEj/m^., xviii. 

8. Salluste, Jug., xc. 

9. Salluste, Jug., lxxxix. HĂ©rodote, IV, rixxxvi. 

10. SaLLL'STE, y^^r.^ LWXIX. 



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HISTOIRE ÉCONOMIQUE. 57 

Leurs vĂȘtements, trĂšs primitifs encore, Ă©taient faits des 
peaux et du poil de leurs bestiaux : la peau de bique Ă©tait le 
costume des femmes libyennes K Certaines de ces tribus avaient 
des villages ou des campements relativement fixes dans la 
région tourmentée et presque ioaccessible du dj. Oum el-Alleg-, 
et du dj. Biadha, oĂč HĂ©tellus put trouver, semble* t -il, quel- 
ques ressources pendant son expĂ©dition contre Thala, et oĂč 
s'Ă©lĂšveot encore les Ksour sauvages de Sened, Sakhet, Hecb, 
El-Ayalcha. Le blé manquait dans la région, et Métellus et Marins 
durent en faire de grandes provisions pour nourrir leurs 
armĂ©es 2. Ces populations privĂ©es mĂȘme du chameau ^, qui 
facilite aujourd'hui leurs déplacements et leur ravitaillement, 
rĂ©duites Ă  se servir, dans leurs migrations, du bƓuf et du 
cheval, devaient ĂȘtre extrĂȘmement misĂ©rables : leur existence 
devait ĂȘtre bien prĂ©caire *. 

A l'Ă©poque oĂč les Romains y arrivĂšrent, il n'y avait guĂšre 
de riches dans le pays que les habitants de l'oasis de Capsa 
dont nous signalons plus loin le grand rĂŽle politique. DĂšs l'au- 
rore ils sortaient en foule de la ville et se répandaient aux alen- 
tours, sans doute dans leurs jardins, si admirables que Marins 
dut empĂȘcher ses soldats Ă©merveillĂ©s « de piller » pendant leur 
marche de la montagne vers les murs de Capsa ^. 

« Il y avait à l'intérieur de la ville une fontaine d'eau vive » 
et les Capsitani « se servaient aussi de l'eau de pluie » ^ en se 
conformant sans doute Ă  des rĂšglements d'eau indispensables 
en ce pays. Quand ils furent maßtres de la cité, les soldats de 
Marins firent un butin inaccoutumĂ©; et peut-ĂȘtre, pour avoir 

1. TissoT, op. cit., 1, p. 339. HĂ©rodote, IV, clxxxix. Diodoke de Sicile, III, 
ALIX, a. SiLius Italicus, III, vcrs 267. 

2. Appendice, p. 14'2-143. Salluste, Jug.^ xc, xci, lxxv. 

3. Le chameau n'existait pas en Afrique avant le roi Juba; il n'y fut com- 
munément employé qu'à la (In du iv* siÚcle; Tissot, I, 310-354. 

4. Salluste, Jug.y passim. C'est pour reconquérir leurs terres de parcours 
prises en partie par les Romains que les Gélules de Tacfarinas se révoltÚrent de 
25 av. J.-C. Ă  -22 ap. J.-C. 

5. Appendice, p. 182. 

t>. Salluste, Jug., lxxxix. 

LA GAF8A ANCIENNE. 5 



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58 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

une idée de la richesse de Capsa, « trésor de Jugurtha », peut- 
on rapprocher du nom de Toasis le mot romain employé par 
Martial et par Pline * : Capsa le coffre, la case, la cassette oĂč 
Ton range les fruits. 



La nature et l'industrie des hommes avaient assigné de- 
puis longtemps Ă  la ville et Ă  Toasis de Capsa le seul emplace- 
ment oĂč pouvait prospĂ©rer une grande citĂ©, dans le long 
massif montagneux qui forme la limite méridionale de la Byza- 
cÚne. Les Romains y trouvÚrent des sources au débit constant, 
captées et réglementées, et probablement des citernes pour 
recueillir l'eau de pluie. Ils n'eurent pas besoin d'y créer, de 
toutes piĂšces, comme dans le nord de la Province, des habita- 
tions et des installations hydrauliques ^. Mais ils ne négligÚrent 
rien pour améliorer le régime des eaux de la ville, accroßtre la 
prospérité de l'oasis et faciliter à ses habitants le séjour du 
pays. 

Les sources de Capsa furent de nouveau soigneusement cap- 
tées : « Celle delà Kasbah jaillit au fond d'un bassin antique 
auquel conduit un escalier d'une vinglaine de marches et qui 
communique par un conduit souterrain avec un second réser- 
voir » ouvert sur la façade sud-est de la citadelle ^. « La source 
du Dar el-Bey alimente d'abord plusieurs petits bassins sé- 
parés, de construction antique, et se déverse ensuite dansdeut 
grandes piscines rectangulaires appelées l'une Termil er-Ra- 
djal le « bassin des hommes », l'autre Termil en-Nra, le 
« bassin des femmes ». La premiÚre, construite en blocs de 
grand appareil, peut mesurer vingt-cinq mĂštres sur vingt. La 
profondeur est assez considérable pour que les plongeurs de 



L Salluste» Jttg.y xrii. Martial, II, 8. Pline, xv, xvii, xviii, n° 4. 

2. Galckler, Les Aménagements agricoles et les travaux d*arl des Romains 
en Tunisie, /?. G. Se., 30 nov. 1896, p. 956. 

3. TissoT, op. cit., II, p. 6*36. 



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HISTOIKE ÉCONOMIQUE. 59 

Gafsa paissent, sans inconvĂ©nient, s'y prĂ©cipiter la tĂȘte la pre- 
miĂšre, du haut de la terrasse du Dar el-Bey, qui domine le 
Termil de plus de trente pieds. Un passage voûté fait commu- 
niquer ce bassin avec le Termil en-Nra qui porte aussi le nom 
d'Ain Zagalm ou d'Ain er-Roumi ^ Cette seconde piscine est 
beaucoup moins large et beaucoup moins profonde que l'autre. 
La muraille qui l'encadre au nord-est a été remaniée plusieurs 
fois 2. Une inscription malheureusement trÚs mal conservée 
nous apprend que Junius fils de Cneus fit construire de ses 
propres deniers ce « temple des eaux » de Toasis ^. 

Un passage d'El-Bekri fait supposer que Tenceinte de la 
grande mosquée contient également une piscine antique, plus 
considérable encore que celle dont nous venons de donner la 
description. « Dans l'enceinte de la mosquée Djami, dit le géo- 
graphe arabe, est une grande fontaine dont le bassin, revĂȘtu 
en pierre et de construction antique, a quarante brasses tant 
en longueur qu'en largeur ♩. » 

Enfin sir Grenville Temple ^ et Pellissier ^ signalent une ins- 
cription mentionnant la construction d'une conduite d*eau aux 
frais du citoyen de la cité Caïus Calenius. Cet empressement 
des simples citoyens à doter leur cité de chùteaux d'eau et d'ou- 
vrages hydrauliques, indique bien, dans un pays oĂč les fonda- 
tions publiques Ă©taient ainsi offertes selon l'usage pour le bien 
dumunicipe ^, l'importance que les gens de Capsa attachaient Ă  
perfectionner leurs moyens d'alimentation en eau. 

M. Doumet Adanson a reconnu d'ailleurs Ă  l'est-nord-est de 
Gafsa, dans le sable du bled, un ensemble de huit puits, 

1. Ce nom d'AïQ er-Roumi indique sans doute l'origine européenne des an- 
ciens constructeurs de la piscine, ancĂȘtres des chrĂ©tiens. 

2.T1SSOT, op. cil., II, p. 666-067. Sai.aoin, Mission Arch.en Tun,y Arch. Miss, 
se. el (il., XIH, p. 101 {3« série). 

3. ‱ Sacrum aquai ‱. Tissot, p. 667; Corpus, VIII, n* 120. 

4. TissoT, op. cil.y II, 667-668. 

5. Sir Grenville Temple, Excursions in the Medilerranean, lU p. 321. 

6. Pellissier, R, d'Arch., 1847, p. 272, n* 4. 

7. TouTAiN, Les cités romaines, p. 162-161. Caosat, La Tunisie à l'époque ro- 
maine, Tunisie au débxU du XX* siÚcle, p. 211. 



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60 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

d'auges et de bassins circulaires ruinés paraissant destinés à 
fournir et à recueillir de Teau puisée au moyen de norias : 
Timportance des fondations de cet Ă©tablissement, des traces 
trÚs nettes de chambres, des débris innombrables de pote- 
ries et de maçonneries, ia nature sulfureuse de l'eau de ces 
puits, ont fait supposer Ă  M. Doumet Adanson qu'il se trouvait 
en prĂ©sence d'anciens thermes, mĂȘme d'une « station bal- 
néaire trÚs fréquentée », reliée à Capsa par une voie bien en- 
tretenue *‱ 

Des puits nombreux devaient achever d'assurer sinon l'ap- 
provisionnement public de Gafsa en eau ^, du moins l'appro- 
visionnement des maisons particuliÚres. Nous serions fixés à 
ce sujet d'une maniĂšre certaine si la ville arabe n'avait cou- 
vert peu à peu complÚtement les débris de la cité romaine et 
surélevé le sol primitif ^. 

L'amélioration du régime des eaux potables et de service 
domestique ne fut pas seule poursuivie Ă  Capsa, sous la do- 
mination romaine : des constructions furent entreprises dans 
l'oasis, et le grand barrage de retenue et de distribution des 
eaux courantes de Chenini, en grand appareil, nous permet 
d'apprécier l'importance des ouvrages complémentaires d'ir- 
rigation aujourd'hui disparus ou remplacés par des travaux 
plus récents. Et, s'il est bien difficile de déterminer l'étendue 
exacte de l'oasis à cette époque, il est trÚs légitime de la sup- 
poser plus Ă©tendue qu'elle ne l'est aujourd'hui : quel que soit 
en effet le sens précis de la description de l'oasis donnée par 
El-Bekri au xiŸ siÚcle, la prospérité et la superficie des jar- 
dins des « 200 ksours de Kafsa * » étaient la conséquence 
des travaux -et des procédés agricoles de l'époque romaine, 
soigneusement entretenus et conservés. La surface occupée 

I. Doumet Adanson, Rapport sur une mission scientifique dans le sud de la 
Tunisie, Arch. Miss. se. et lUt., 1877, p. 3G3. 
i. TouTAiN, op. cil. y p. C5. 

3. Saladin, Mission Aivh. en Tunisie, /l;r/i. Miss. se. et Htl.j XHI, p. 101 {S" 
série). 

4. Supra, p. 16. — El-Bekri, p. 114. 



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HISTOIRE ÉCONOMIQUE. 61 

de nos jours par les cultures de Gafsa, mĂȘme par les cultures 
irriguées, augmente rapidement et parait susceptible de 
s'Ă©tendre encore ; il n'y a donc rien d'impossible Ă  ce que, 
sous l'empire romain, les jardins de Capsa aient été réunis à 
ceux de Sidi Ahmed Zarroung, Sidi Mansour, El-Ksar, Lalla, et 
se soient mĂȘme prolongĂ©s, en une seule oasis, jusqu'Ă  l'Hir. 
Sidi Ahmed Zarroung, l'Hir. Cheria, et les ruines situées sur 
la rive droite de Toued Batach, Ă  5 kilomĂštres au sud-ouest 
de la palmeraie moderne. On a mĂȘme retrouvĂ© toute une ligne 
d'Ă©tablissements romains entre l'oasis actuelle et la garaat el- 
Melah, complétée à l'ouest par les groupes du Chegga et de 
rhenchir Tfel au pied de la montagne ; au nord dans les ra- 
vins du dj. YounnĂšs et de l'Assalah et sur les rives de l'oued 
Balach, quelques ruines sont encore visibles et montrent jus- 
qu'oĂč pouvaient s'Ă©tendre l'oasis et les jardins romains; enfin 
au sud-est, la ruine de l'henchir Madjeni et uoe olivette d'une 
cinquantaine d'hectares située à 3 kilomÚtres au sud de Lalla, 
semblent indiquer que l'oasis pouvait ĂȘtre rĂ©unie aux pal- 
meraies de Lortess et d'El-Guettar. 



Les Capsitani ne se bornĂšrent pas, sous la domination ro- 
maine, à perfectionner le régime des eaux et les cultures de 
leur oasis, à accroßtre l'étendue de leurs jardins : ils se répan- 
dirent dans les bleds voisins, s'y fixĂšrent, les colonisĂšrent; les 
maisons des sédentaires y prirent la place des gourbis, des 
tentes, des « mapalia » nomades ; les terrains de parcours se 
couvrirent de cultures. C'est mĂȘme cette exploitation toute 
nouvelle du pays qui fit la richesse des Capsitani en leur per- 
mettant de se livrer au commerce d'exportation; et, dans une 
certaine mesure, la prospérité de leur oasis fut la consé- 
quence de la prospérité des bleds voisins et de l'augmentation 
de la population. 

Des canalisations ont été retrouvées au voisinage de l'Aïn 



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62 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

Oum el-Ksob ; elles devaient conduire Ă  des terrains de culture 
situés dans la vallée de Toued Bouline ; H. Gauckler estime à 
600 ou 800 habitants la population du bourg de FAln Oum 
el-Ksob dont les ruines couvrent un espace de 700 mĂštres de 
diamĂštre. Une canalisation de 3 kilomĂštres de longueur con- 
duisait de mĂȘme les eaux de l'AYn HoularĂšs sur des terrains 
habités par une population sédentaire ^ Des travaux analo- 
gues furent exécutés dans la vallée de TAïn HaddÚge, à 5 ki- 
lomĂštres de la source thermale 2, 

Mais les colons capsitains ne se contentĂšrent pas de ces pre- 
miers travaux : ils couvrirent de leurs habitations, de leurs 
travaux hydrauliques, de leurs cultures, le bled tout entier. 
La nature en effet ne s'oppose pas Ă  Tutilisation agricole des 
plaines fermées de la région gafsienne ; la pluie est assez 
abondante, malgré son irrégularité, pour remédier à l'insuf- 
fisance des eaux de source et assurer la subsistance d*une po- 
pulation assez nombreuse ; et il suffit Ă  certaines plantes, Ă  
certains arbustes, de pousser leurs racines Ă  une certaine 
profondeur, jusqu'aux parties moins sĂšches du sol, pour vi- 
vre sans ĂȘtre irriguĂ©s, Ă  condition qulls soient prĂ©servĂ©s con- 
tre la violence de l'eau qui coule des montagnes aprĂšs les 
pluies, et contre le passage des troupeaux 3. 

Aussi est-ce grùce à un aménagement méthodique des eaux 
de pluie, et en profitant de la paix romaine, de la tranquil- 
lité des nomades ^ et des conseils techniques romains ^, que les 
Capsitains purent mettre en exploitation les vastes plaines 
voisines de leur oasis. 

A la sortie de chaque ravin de la montagne, des barrages 
furent construits pour briser le choc des torrents, retenir 



1. Paul Gauckler, EnquĂȘte sur les installations hydrauliques romaines en Tu- 
nisie, I, p. 190. Cagnat cl Saladin, Tour du Monde, 1880, II, p. 212. 

2. Paul Gaukler, op. cil,, p. 197. 

3. Supra, p. 36 et sq., passim, 

4. Appendice, p. 183 et sq. 
5. /rf.,p. 1C5. 



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HISTOmii ÉCONOMIQUE. 63 

temporairement Teau ruisselante, et la distribuer aux ouvrages 
inférieurs* : barrage du dj. Tfel, situé sur un petit plateau 
oĂč se rĂ©unissent toutes les eaux de la montagne voisine ^ ; 
barrages de la Djebana Sidi Mansour 3, d'El-Hafey ^ et d'Oum 
Ali^; digue et écluse d'Hencbir el-Bab, prÚs du village ruiné 
d'Henchir Lessoued (bled Segui) ^; groupe des sept barrages 
dont un considérable en travers de loued Debbous, situés autour 
du bled Maknassy et de Ksar el-Amar (K. el-Ahmeur) ^ ; bar- 
rages Ă©tages de THenchir Zerdeb ^ et du Majen Smaoui ^; du 
Bir SouenĂźa *o, dans le dj. Selrh; de THenchir Bon Aalem, sur 
l'oued Heretbatb ^*, de THenchir Abdallah ben Nefteuma ^2; 
petits barrages en pierres sĂšches du dj. Bellil, dont les talus 
peu rapides en amont formaient des redirs artificiels*^; bar- 
rage de l'oued Seldja, construit Ă  l'endroit le plus Ă©troit du 
dĂ©filĂ© oĂč l'oued mesure 8 mĂštres de large, entre des berges 
do 100 mĂštres de hauteur, et dont les ruines sont aujourd'hui 
arasées au niveau du sol ** ; ouvrages semblables, aujourd'hui 
détruits ou enfouis sous le sable, et qui devaient exister en 
trĂšs grand nombre sur toutes les pentes susceptibles de four- 
nir de Teau, à la tÚte des aqueducs et des réservoirs ruinés 
dont ils sont le complément indispensable. 

1. De LA BlanchĂšre, op. cit., p. 85, 101. — Toutain, Les citĂ©s romaines^ p. 63. — 
Du Paty de Clam, Étude sur le bled Tarfaoui, Bull, gĂ©ogr. com. li\ hisL et se. y 
1897, p. 42*M23. — Gauckler, Les travaux d'art des Romains en Tunisie, R, G. 
S., 1896, 30 nov., p. 95^4-955. 

2. Cagnat et Saladin, Mission arch. en Tunisie j Arch. M. S. et /,., 3" S(5rie, 
t. XIII, p. 103. 

3. Gauckler, op. cit., I, p. 197. 

4. Cartos y Oasis disparues, R. tun , 1895, p. 206-207. — PrivĂ©, Notes arch. sur 
VAraad, le Madjourah et le Cherb., Bull, arch, com. tr» hist. et se, 1895, p. 95. 

5. Privé, op. cit., p. 99. 

6. ToLTAiN, Les nouveaux milliaires de la voie de Capsa d Tacape, p. 68-69. 

7. Gauckler, op. cit., p. 196. 

8. Privé, op. cit., p. 117. 

9. Gauckler, op. cit., I, p. 192-194; II, p. 24. 

10. Privé, op. cit., p. 118. 

11. PrivĂ©, op. cit., p. 115. — Gauckler, op. cit., Il, p. 192. 
11. Privé, op. cit., p. 113. 

13. C. et Saladin, op. cit., p. 101. 

14. Du Paty de Clam, op. cit., p. 415. 



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64 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

En effet, la plupart des barrages romains reconnus dans 
la région de Gafsa et que nous venons de citer, déversaient 
peu à peu l'eau accumulée derriÚre leur mur dans des réser- 
voirs et des citernes, au moyen d'aqueducs en pierre et en blo- 
cage. Ces aqueducs étaient trÚs étroifs (0"^,10 à 0"»,50) S tantÎt 
trĂšs longs comme celui de THenchir Tfel qui suit pen- 
dant 2 kilomÚtres l'étroite vallée de Toued Tfel et franchit sur 
des arcs en petits moellons les ravinements de la montagne^, 
comme les grands aqueducs de Toued Smaoui (1.200 m. ap- 
parents) 3, de Toued Souenia (1 .200 m.) ^, du bled Héchéria (i à 
6 km.) s etd'AĂŻn MoularĂšs (3 km.) 6; tantĂŽt trĂšs courts, comme 
ceux de THenchir bou Aalem ^, du majen Smaoui ^, de THen- 
chir Nadour^, et peut-ĂȘtre du majen Sidi AbbĂšsOum el-Ksob ^^. 

Les citernes, plus solidement construites que les barrages 
et les aqueducs et consolidées par des contreforts en pierre, 
sont encore visibles et bien conservées dans la plupart des 
henchirs des environs de Gafsa : aussi le pays de Gafsa et les 
bleds voisins méritent-ils bien le nom de « région des réser- 
voirs » qui leur a été donné *^. 

Les archéologues ont reconnu dans le pays de Gafsa et dé- 
crit prÚs de cent réservoirs et citernes de toutes formes 
et de toutes dimensions ^^. 



1. Privé, op. cil,, p. 115, 117, 165. 

2. C. et Saladin, op. cit., p. 102. 

3. Privé, op. cit., p. 117. 

4. Privé, op. cit., p. 117. 

5. Gauckler, op. cil. y p. 161-165. 

6. Gauckleh, op. cit., p. 190. 

7. Privé, op. cit., p. 115. 

8. Gauckler, op. cil., 1, p. 193. 

9. Privé, 0/). cit., p. 119. 

10. C. et Saladin, op cit., p. 108. — M. Saladin indique comment fut cons- 
truit l'aqueduc du majen Sidi AbbĂ©s dont six arcades restent encore debout: ‱ On 
construisait les pieds droits, on les surmontait d'un massif trapézoïdal, en- 
suite on bandait les arcs, et quand le mortier avait fait prise, on remplissait de 
blocage l'espace compris entre les reins de l'arc et le trapùze. ■ 

11. Tout AIN, op. cit., p. 69-70. 

12. Saladin, op. cit., p. 102-110. — Toutain, Le* citĂ©s romaines, p. 6ß»-70, etc. 
Gauckler, op. cit., I, p. 190-199. — PrivĂ©, op, cit., p. 95-131 



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HISTOIRE ÉCONOMIQUE. 65 

Le réservoir de THenchir Tfel est rectangulaire et bùti en 
petites pierres de 0",04 de haut réunies par des joints de 
plĂątre; le mur a 0",50 d'Ă©paisseur ^ 

Le réservoir analogue de THenchir Garaat a encore i mÚ- 
tres de profondeur, malgré la boue et les décombres qui sont 
au fond, et peut contenir 672 mĂštres cubes d'eau 2. 

Ces réservoirs étaient souvent groupés par deux ou trois et, 
dans ce cas, chacun d'eux avait une affectation spéciale, 
comme Ă  THenchir Mzira oĂč la grande citerne rectangu- 
laire (14"',30x22'",40) était probablement destinée aux ani- 
maux et aux usages domestiques, et la citerne circulaire ré- 
servée à l'eau potable ^, Ailleurs, un mur peu élevé protégeait 
l'eau emmagasinée contre le jet des immondices *. 

Le plus souvent les citernes sont circulaires et ne dépas- 
sent guÚre 40 mÚtres de diamÚtre 5. L'eau y est protégée 
contre l'Ă©vaporation , dans les endroits oĂč elle est particu- 
liĂšrement rare, comme Ă  l'Henchir Oum el-Ksob et Ă  l'Hen- 
chir El-Majen oĂč les citernes sont couvertes d'une voĂčle percĂ©e 
de regards pour le puisage^. 

Le réservoir le mieux conservé est celui de l'Henchir Bou 
Àalem, au nord du bled Souenia : l'aqueduc et le barrage qui 
l'alimentaient subsistent encore et permettent de se faire une 
idée trÚs exacte des travaux hydrauliques élevés dans le pays 
à l'époque romaine, ouvrages de préservation et d'approvi- 
sionnement en mĂȘme temps : « Le rĂ©servoir est dans un par- 
fait Ă©tat de conservation , d'un diamĂštre de i5 mĂštres, sa pro- 
fondeur est aujourd'hui de 4ℱ,50; encore le fond disparalt-il 
sous une assez forte couche de terre végétale, ce qui a per- 
mis aux buissons de pousser en toute liberté. La muraille en 

1. C. et Baladin, op, d/., p. 102-103. 

2. Saladin, op cit., p. 106. 

3. Saladin, op. cit., p. 1C6. 

4. Saladin, op. cit. y p. 110 (II ir Garaat). 

5. Supra, p. 6^1, notes. 

6. Saladin, op. cit., p. 107. — La citerne de rHonchir Oum cl-Ksob a S^.SO de 
diamÚtre et est couverte d'une voûte en segment do cercle (fig. ). 



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66 



LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 



belle maçonnerie cimentée qui forme la paroi intérieure de 
ce réservoir, s'élÚve au-dessus du sol extérieur d'une hauteur 
de 1 mÚtre en moyenne. A 25 mÚtres du grand réservoir une 



Citerneau 

dé 
puisage 



ClternĂȘau 

de 
décantage 




BARRAGE. 



,^i 



Surface versante 

-— -f— -t- 



Citerneau 

de 
puisage 



Citerneau 

de 
décantage 




Ouvrages hydrauliques romains. 
(Scliémes). 



puisage 



sorte de barrage, ressemblant fort aux déversoirs, qui avoisi- 
nent nos moulins de France, arrĂȘtait et recueillait les eaux de 
Toued Meretbath, qu'un aqueduc de 0",50 de largeur con- 
duisait dans le grand réservoir. Ce petit canal se terminait 
par un petit massif en maçonnerie d'une forme analogue 



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HISTOIRE ÉCONOMIQUE. 67 

aux piles d'un pont, de sorte que les eaux qu il amenait dans 
le réservoir, tombant doucement et s'éparpillant, ne pou- 
vaient détériorer ni les parois ni le dallage. Cet appareil 
hydraulique était complété par une citerne admirablement 
construite et cimentée à l'intérieur communiquant avec le 
réservoir par deux ouvertures de 0",80 de cÎté... ; deux ou- 
vertures carrĂ©es, mĂ©nagĂ©es dans la voĂ»te mĂȘme de la citerne, 
permettaient de tirer Teau ^ » Le majen Smaoui, situé au 
pied du dj. Selrh Ă©tait construit sur un modĂšle analogue : un 
barrage de 352 mĂštres de longueur arrĂȘtait les eaux ruisselan- 
tes qui se dĂ©versaient dans un bassin de dĂ©cantation, oĂč elles se 
débarrassaient de leurs impuretés, passaient ensuite dans un 
grand réservoir ovale, et gagnaient un citerneau de puisage -, 
Ces travaux ne sont pas dispersés dans le pays au hasard, ils 
ne semblent pas avoir été construits au gré de propriétaires 
isolĂ©s. Ils sont rĂ©partis, de mĂȘme que toutes les autres ruines 
mentionnées par la carte d'état-major, le long des routes na- 
turelles '. Suivant leur objet et leur importance, ils sont Ă©che- 
lonnés sur les pentes, autour de chaque bled, ou groupés au 
fond des vallées les plus fertiles. Un grand nombre de ruines 
qui n'ont pas été explorées par les archéologues semblent, 
d'aprÚs leur position sur la carte, compléter les travaux étu- 
diés par les auteurs cités plus haut : barrages supérieurs 
d'arrĂȘts, maisons isolĂ©es des villes et des villages plus impor- 
tants. Cette disposition est surtout frappante pour l'ensemble 
de ruines situées au sud de Thenchir Nadour, à 50 kilomÚtres 
Ă  Test de Gafsa, pour les ruines du bled Maknassy, pour les 
groupes d'henchirs du dj. Selrh (henchir Zerdeb, majen 
Smaoui etc.), de la garaat Sidi AĂŻch, du bled Douara oĂč tous 
les ravins convergent vers le centre de la plaine et se com- 
mandent les uns les autres ^ Tous ces groupes devaient former 



I. pRivé,op. cil.j p. 115. 

i. Gauckler, op. cit.j I, p. 193-19^1; 11, p. 24 (fig.). 

3. Privé, op, cit., p. 112. 

4. L'henchir Tfol, les ruines du Chebklicl et Aniara, du bicd Taifaoui, du 



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m 



LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 



de grandes exploitations autonomes ou des unions de petites 
propriétés liées entre elles par des rÚglements d'eau et des con- 
ventions de voisinage : « Chaque bled était jadis une unité, 
chaque vallée a donc dû ne former qu'un seul domaine, ou 
une seule cité, ou une seule confédération, ou un seul syndicat 
de culture. C'est d'ailleurs seulement ainsi que le médiocre 
volume d'eau recueilli a pu suffire Ă  tout besoin. C'est un fait 
reconnu, dans la science agricole, qu'il en faut plus, sensible- 
ment, à la propriété divisée ^ » 

Un grand nombre de puits complétaient ces installations 
Iiyiirauliques. II est assez délicat de déterminer dans quelles 
proportions exactement l'eau des barrages, des citernes et des 
puits servait aux usages auxquels les employaient les agricul- 
teurs capsitains. Les installations pouvaient « servir tout à la 
fois à irriguer les terres, à abreuver les bestiaux, à désaltérer 
les hommes^ )>. 

Néanmoins le faible débit des sources-^ et des puits*, l'irré- 
gularité de la chute des pluies^, la faible capacité des réser- 
voirs, le soin avec lequel on préservait de l'évaporation et des 
souillures l'eau emmagasinée, semblent bien indiquer que les 



bledel-Atra, de l'oued BesbĂšs, du groupe de ZelIoudja,du bledThala, l'henchir 
floussah, l'henchir Ramlihe, les henchii's de l'oued Oum el-Ksob, correspon- 
dant de mt^me à des régions géographiques déterminées. 

1. De la BlanchĂšre, op. cit.y p. 80. 

'2. Gauckleh, op. cif.j 1, p. 122. 

y. Supra.p. 30-31. 

4, Gauckler, op. cit., I, p. 157. — M. Drappier a calculĂ© le dĂ©bit des puits 
pai journées de K) heures, à raison de 3 guerbas fonctionnant à chaque puits 
(tkiuckler, I, p. 157). 



Profondeur 


Nombre de g^uerbaa 


DĂ©bit 


DĂ©bit 


(lu puits. 


par heure. 


par heure. 


par 10 heures. 


10 m. 


1300 


7-,2 


72-e 


15 m. 


240 


4-%8 


48-' 


‱2f) m. 


180 


3'»%G 


36-' 


25 m. 


141 


2«%88 


28-%8 


3() m. 


120 


2'-%40 


21« 


35 m. 


un 


2-%04 


20-% t 


40 m. 


90 


1-%8(J 


18-« 



Zk Supra, p. 22 et sq. 



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HISTOIRE ÉCONOMIQUE. 69 

cultures d'irrigation ne devaient pas couvrir de grandes Ă©ten- 
dues dans le bled. Les terrains oĂč des (races certaines d'irri- 
gation ont été relevées sont peu nombreux et de superficie 
restreinte : à Ras el-Aloun, des canaux creusés dans le roc pour 
alimenter les rives de Toued sont encore visibles, et des se- 
guias en pierre ont Ă©tĂ© construites sur le mĂȘme emplacement 
par les indigĂšnes^. D'autres travaux d'irrigation trĂšs peu im- 
portants ont été reconnus prÚs de l'Aïn Oum el-Ksob et de l'Aïn 
MoularĂšs^, et peut-ĂȘtre prĂšs de l'AĂŻn Semsi, dans le Djebel el- 
Ayalcha^. Sans doute d'autres canalisations trĂšs simples de- 
vaient exister auprĂšs des centres les plus importants, et irri- 
guer les quelques cultures de céréales et de légumes, les 
jardins indispensables Ă  la population^, dans un pays oĂč les 
communications avaient dĂ» rester trop lentes pour le trans- 
port des primeurs, malgré les voies romaines. 

Mais la plus grande partie de l'eau soigneusement et péni- 
blement emmagasinée devait servir à l'alimentation des bes- 
tiaux et des hommes, aux usages domestiques, et, dans les an- 
nées particuliÚrement chaudes, à l'arrosage des jeunes planta- 
tions d'arbres fruitiers trop éprouvés par le manque d'humidité. 

Ce sont bien en effet des cultures d'arbres fruitiers, des cul- 
tures de terre sĂšche qui couvrirent les plaines du sud de la 
Tunisie sous la domination romaine, et la forĂȘt lĂ©gendaire 
d'Afrique fut une forĂȘt d'oliviers ^. Les cĂ©rĂ©ales ne pouvaient 
en effet produire des bĂ©nĂ©fices suffisants sans ĂȘtre irriguĂ©s, 
dans ces pays oĂč elles ne donnent en pleine terre qu'une bonne 
récolte sur quatre ou cinq^; l'eau manquait, comme aujour- 
d'hui^, pour les Ă©tendre sur de grandes surfaces, et le sol ne 
pouvait davantage porter de vĂ©ritables forĂȘts : la faible capa- 



1. Saladin, op. cit,, p. 104. 

2. Supro, p. 62. 

3. Gauckler, op. cit., I, p. 197. 

4. De la BlanchĂšre, op. cit., p. 100. 

5. Supra, p. 46 et sq. 

0. Supra, p. 52 et sq. De la Bl.\xcuĂšre, op. cit., p. 1(X>. 
7. Suproy p. 37 et sq. 



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70 lA GAFSA ANCIEXNE ET MODERNE. 

cité des ouvrages hydrauliques ^ montre que la quantité d'eau 
ruisselante Ă©tait sensiblement la mĂȘme Ă  TĂ©poque romaine et 
de nos jours. La connaissance des conditions géographiques de 
la région, Tarchéologie et la lecture des textes de Salluste^, 
suffisent Ă  nous fixer sur ce point. 

Les plaines des environs de Gafsa sont particuliĂšrement pro- 
pres au contraire Ă  la culture de l'olivier et des arbres fruitiers 
de mĂȘme nature^. Des ruines d'huileries et de pressoirs *ont Ă©tĂ© 
trouvĂ©es Ă  THenchir Bou Aalem ‱'', Ă  THenchir Merkab 6, Ă  THen- 
chir el-Garaat^, à THenchir el-Ksob ^ à THenchir JellaËia^, à 
THenchirSomah*^, Ă  THenchir Cheraga*^; dans lebledTarfaoui, 
à THenchir Ragoubet Saïeda ^ ' dans la vallée de Foued Jaacha et 
peut-ĂȘtre prĂšs du Bordj Djedid^^, dans le bled Segui, Ă  THen- 
chirMaguelet àFouedMadifa^^ L'existence de vieux oliviers ré- 



1. Supra, p. Gl ot sq. 

2. Appendice, p. 179-18.?. 

3. Supi^a, p. 23 et sq. 

4. Saladin, op. cit., Arch, Mis. se. et lut., 3" série, XIH, p. 95... Moulins 
Ă  huile. Ces moulins se composent de trois parties essentielles : le moulin, le 
pressoir, la cuve. Le moulin (trapelum) consiste en une large pierre creusée 
en forme d'auge circulaire (mortarium) au centre de laquelle une partie co- 
nique (miliarium), réservée lors de la taille, recevait le pivot autour duquel 
tournait le cylindre destiné à écraser l'olive (ce procédé est encore employé par 
les Arabes). Le pressoir se composait de deux montants verticaux en pierre re- 
liés par une traverse horizontale. Des rainures et des entailles pratiquées dans 
les montants verticaux, servaient à ajouter les piÚces de bois nécessaires pour 
produire la pression sur les paniers qui renfermaient la pulpe écrasée par le 
moulin. Ces paniers reposaient sur une large pierre plate creusée d'une rigole 
circulaire oĂč l'huile s'amassait pour s'Ă©couler ensuite par une rigole auxiliaire, 
dans des réservoirs. Ceux-ci étaient formés tantÎt de dalles plates posées sur 
champ et assemblées à rainure et languette dans des montants en pierre, tantÎt 
de cuves en maçonnerie enduites déciment. 

5. Privé, op. vit., p. 117. 
0. Salaimn, op. rit., p. 100. 

7. Cagnat, Esploration^i Ăšpi(/raphiqitcs, 111, p. 73. 

8. Saladin, op. cit., p. 104. 

9. Saladin, op. eil., p. 103. 

10. Carte an 1/200.000, feuille Gafsa. 

11. Du Paty de Clam, op. cit., p. 422. 

12. Carte au 1/200.000, feuUle Gafsa. 

13. J. ToiTAiN, Les tioui^aujc milfinires, p. 74. 
1 1. Dt I'atv de Clam, op. cit., p. 422. 



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HISTOIRE ÉCONOMIQUE 71 

guliÚrement groupés dans la plaine de TOum el-Ksob les noms, 
de Ksar Zitouna^ Henchir ZĂčoiina, « le chĂąteau de Tolivier » *, 
appliqué à des ruines situées dans des cantons aujourd'hui 
privĂ©s de toute vĂ©gĂ©tation arborescente, la rĂ©partition mĂȘme 
des ruines d'habitations au fond des vallées, en hameaux impor- 
tants, en villages isolés 2, Tindustrie des potiers deGemellae^, 
sont autant de preuves de Texistence de lolivier dans les bleds 
voisins de Gafsa jusqu'Ă  la chaĂźne du Cherb et au Djerid *, sur 
tous les bas terrains d'allu vions qui formĂšrent les territoires des 
cités de Capsa, ThßgÚs, Thasarle, Veresuos, Hadarsuma, Thé- 
lepte, et dont le nivellement presque parfait semble Imdice de 
nombreuses années de culture ininterrompue. 

Ces plantations immenses, protégées contre le ruissellement 
torrentiel par les ouvrages hydrauliques de préservation et de 
captage de Feau, et trouvant assez d'humidité en suspension 
dans le sol, défendues sans doute par des rÚglements sévÚres 
contre le pĂąturage des troupeaux, s'Ă©tendirent progressivement 
sous la domination romaine, et leur progrĂšs, jusqu'au m*' siĂšcle 
oĂč il atteignit son apogĂ©e, dut suivre le dĂ©veloppement des ins- 
titutions et de la renommée de Capsa^. 

Si l'on en juge par l'Ă©tendue des terres favorables Ă  la culture 
et par le nombre des henchirs, on peut évaluer à la moitié au 
minimum du pays de Capsa tel que nous l'avons délimité^, soit 
ai. 500 ou 5.000 kmq. ,1a superficie des terrains dont la valeur 
fut sept ou huit fois décuplée par l'introduction des planta- 
tions^. Et, si l'on Ă©value Ă  3 habitants par 10 hectares la po- 
pulation des olivettes, ce qui est loin d'ĂȘtre exagĂ©rĂ© ^, on voit 

1. Carie au 1 :?ĂŻM).000, fouille de Gafsa, Tozeui*, Kebili, El-AyaĂŻcha, Sbeitla, 
FĂ©riana. Ouvrages et Ă©ludes cUĂ©s, pwmim. 

2. Supra, p. 07. 

3. Bourde, op. cit., p.20. — Cauton, op. cit., H. T., 181)5, p. 201-211 — Du Paty 
DE Clam, op. cit. y p. 408-424. 

4. Bourde, op. cit., p. 10-11. 

5. Bourde, op. cit., p. 20-21. Toutain, op. cil., p. 301-.302. 

6. Appendice, p. 196-107. 
N. Bourde, op cit., p. 2X. 
8. M/ra, p. 105. 



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72 LA GAFSA ANCIENISE ET MODERNE. 

que la population sédentaire des plaines de Capsa, ThigÚs, Tha- 
sarte, Maknassy, put ĂȘtre de 150.000 habitants environ, soit 30 
au kmq. sur les surfaces cultivées, 15 environ sur Tensemble 
du territoire (oasis non comprises)*. 

A cette population sédentaire du bled, il faut ajouter la po- 
pulation nomade qui n'avait pas complĂštement disparu sous 
la domination romaine, puisqu'elle reprit, dĂšs TĂ©poque van- 
dale et byzantine, une importance politique considérable 
dans le pays^. Autrefois comme aujourd'hui, les sédentaires 
avaient besoin pour, vivre des troupeaux nomades, et ceux-ci 
pouvaient trouver d'excellents pùturages sans les régions mon- 
tagneuses d'El-AyaĂŻcha et du djebel Sehib, sur toutes les pen- 
tes impropres Ă  la culture, sur les terrains humides voisins 
des barrages, mĂȘme dans les intervalles laissĂ©s libres entre les 
olivettes, et principalement sur les bords marécageux des seb- 
khas et des garaats^. Malgré ses riches plantations, la région 
ne cessa pas d'ĂȘtre le « pays du mouton ». 

Ce n'était pas trop des réserves d'eau des citernes ro- 
maines pour les usages alimentaires et domestiques de ces 
150.000 sédentaires, de ces nomades, de ces troupeaux, et pour 
l'arrosage de quelques jardins disséminés dans les olivettes, au 
voisinage des habitations. 

Ainsi, par des travaux assurément modestes si on les consi- 
dÚre chacun en particulier, mais bien appropriés aux condi- 
tions géographiques et construits sans doute peu à peu, aprÚs 
expérience, les colons du sud de la Tunisie transformÚrent le 
rĂ©gime Ă©conomique de leur pays. MĂȘme, ils rĂ©ussirent k en 
modifier sur certains points le climat : en effet, ces grandes 
plantations qui fixaient le sable des plaines et retenaient l'eau 
des pluies; ces barrages qui forçaient les eaux ruisselantes 
aprĂšs les orages, Ă  s'arrĂȘter au milieu de leur course dĂ©vasta- 
trice, à déposer le limon qu'elles contenaient, et à créer ainsi 

1. Appendice^ p. 17:^175. 

t Id., p. 195 et sq. 

3. De la Blanchkue, op cil., p. l()5-HKj. — Supra, p. 33 et sq. passim. 



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HISTOIRE ÉCONOMIQUE. 7:^ 

de petits pĂąturages temporaires trĂšs fertiles; cette masse de 
végétaux qui pouvaient communiquer à l'atmosphÚre une cer- 
taine moiteur et modifier l'état hygrométrique de l'air, ont 
eu évidemment une légÚre influence sur le régime des puits 
et de certaines sources et sur la température. C'est certaine- 
ment à la disparition de ces agents bienfaisants, au déboise- 
ment, que Ton doit attribuer le léger abaissement du point 
d*emergeance et la diminution du dĂ©bit de TÂln Semsi depuis 
l'Ă©poque romaine^ et l'assĂšchement des puits romains du bled 
Thala^. 

Un tel changement de l'état agricole de la région gafsienne, 
une telle augmentation de la population et de la richesse, de- 
vaient amener l'introduction et le développement dans le pays 
d'industries prospĂšres. 

Il est bien probable que les industries de sparterie de l'oasis 
et celle de la filature et du tissage de laine ^ remontent Ă  cette 
époque prospÚre. Hais l'industrie la plus originale de la pé- 
riode romaine est certainement celle des potiers de Gemellae 
(Sidi Aich) : au nord-ouest de la grande nécropole de Gemellae, 
« une petite colline est entiÚrement formée de débris de poterie 
rouge et noire ; ce sont évidemment les déchets d'une fabri- 
que importante qui existait sur ce point; les ouvriers em- 
ployés dans cette fabrique, en se fixant dans le voisinage avec 
leurs familles, y auront formé un bourg ; les mausolées, au 
nombre de neuf au moins, qui subsistent encore en tout ou en 
partie, sont la demeure derniĂšre des maĂźtres ou des directeurs 
de la fabrique (on s'explique dÚs lors aisément comment un 
si grand nombre d'ornements funéraires, relativement assez 
Ă©lĂ©gants, ont pu ĂȘtre Ă©levĂ©s Ă  cĂŽtĂ© de ruines aussi peu Ă©ten- 
dues); les pierres sépulcrales plus modestes seraient celles des 
ouvriers et des membres de leur famille^ ». Il est trÚs possible 

1. Carton, Le$ travaux hydrauliques, etc., R. Tun,, 1896, p. 28(>. — DĂ©jiĂ©chij 
tunisienne, 16 décembre 1805. 

2. Gauckler, op. cil. y I, p. 197. 

3. Infra, p. 115 et sq. 

t. GagnĂąt, Exploration Ă©pi y r. et arch., III, p. 71. 

L% OAPSA ANCIENNE. (I 



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7i LA GAFSA ANCIENiXE ET MODEHNE. 

que les briques estampées trÚs grossiÚres des premiers temps 
du christianisme, trouvées à Kasrin^ proviennent de Gemei- 
lae. Mais la plupart des objets de cette provenance sont gros- 
siers : « à peine les potiers de Gemellae connaissent-ils le se- 
cret d'imprimer dans la pĂąte encore molle quelques ornements 
géométriques, lignes brisées, losanges, cercles, ou des palmes 
grossiÚrement dessinées. Tout ce qui, de prÚs ou de loin, se rat- 
tachait à Tart ou aux industries artistiques était acheté à l'é- 
tranger; les ouvriers et les artisans du pays ne possédaient ni 
le don de l'invention ni la science de l'exécution^ ». Les pote- 
ries fines, les lampes trouvées à Thélepte, n'avaient sans 
doute pas une origine locale : les jarres Ă  huile au contraire, 
les plats, les aiguiÚres, les urnes funéraires trouvées à Thélepte, 
dans le bled Tariaoui, dans la plupart des henchirs du pays 
gafsien, étaient trÚs probablement fabriqués & Gemellae dont 
les artisans devaient fournir de poteries grossiĂšres toutes les 
huileries et les exploitations agricoles de la région de Capsa 
et des régions voisines : cette industrie de la poterie, étroi- 
tement liée à la situation agricole du pays, devait contribuer 
Ă  sa richesse, non seulement en fournissant Ă  ses habitants, 
dans de bonnes conditions, un outillage indispensable, mais 
en exportant ses produits dans les bleds environnants, parti- 
culiĂšrement au nord de Gemellae, dans les riches plaines de 
Guemouda et du Fouçanah, couvertes d'oliviers. 

Il est trĂšs probable d'ailleurs que le commerce d'expor- 
tation de Gafsa, florissant à l'époque arabe ^, commença sous 
la domination ix)maine : il était une nécessité économique 
dans un pays oĂč l'importance de la culture principale Ă©tait 
en disproportion avec les besoins de la population ; aussi les 
huileries de Capsa et des bleds voisins devaient-elles appro- 



1. s. Reinach, Briques estampées de KasHn, Bull. Com. Ir, hisl. et se, 1885, 
p. 327. 

2. TouTAiN, op. cit.j p. 131. — Cagnat, Bull. Arch. com. tr. hĂ»t. et se, 1888, 
p. 173-474. 

3. Infray p. 78 cl sq. 



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HISTOIRE ÉCONOMIQUE. 75 

visionner non seulement le nord de la province romaine d'A- 
frique, mais les grands magasins d'Uergla et du sud de la 
Tunisie qui centralisaient toutes les marchandises Ă  destination 
de Rome'. 

Les monuments romains et les inscriptions latines de Capsa 
nous permettent de suivre le développement de la prospérité 
delĂ  citĂ© depuis le rĂšgne d'Hadrien (117-138), oĂč un arc de 
triomphe en grand appareil, remarquable par la dimension 
des Toussoirs et la régularité des matériaux et orné d'une 
statue et d'un quadrige, fut élevé à Tempereur par de riches 
membres du Municipe, Viratus et Flamonius, flamines perpé- 
tuels 2^ jasqu'à la construction du temple d'Auguste orné de 
marbreSy de statues et de portes d'airain, inauguré au milieu 
de jeux et de festins 3, jusqu'à la réparation des murs de 
Capsa « Justiniana » au début de Tépoque byzantine ^. 

Les constructions privĂ©es elles-mĂȘmes,, les matĂ©riaux de 
l'Ă©poque romaine, chapiteaux, entablements, colonnes retrou- 
vées dans les maisons de l'oasis et principalement dans les 
murs de la grande mosquée ^, sont un indice certain de la 
richesse des Capsitains. MĂȘme une mosaĂŻque assez dĂ©labrĂ©e 
et de dessin naïf, trouvée à Gafsa par des officiers français, 
donne une idée de la décoration des édifices de la cité ro- 
maine, peut-ĂȘtre des fĂȘtes de l'oasis, s'il faut voir dans la 
course de chars et les exercices équestres représentés sur cette 
mosaïque dans un décor africain la reproduction d'une fan- 
tasia gafsienne Ă  l'Ă©poque romaine ^. 



I. Ca(;nat, L'armĂ©e romaine (VAfriqiƓ, p. 38ÎJ. — Gauckleu, op vif., U. G. S., 
p. »)6(). — LÉGER, p. 19-21. 

tĂź. Corpus, VIII, n"98. — I/arc de triomphe romain de Gafsa <»st situĂ© en face 
l'entrĂ©e principale de la Kasbah, au N.-O. — Tissot, op. cit. y U, i). (ĂźOG. — Cacnat, 
La Tunisie à Cùpoque romaine, dans Aa Tunisie au A' A" siùcle, p. ti U. — Toltain, 
op. cit., p. 161-164. 

3. Corpus, VIII, n" KX); supra, p. Il l. 

1. Corpus, VIII, no 101 ; supra, p. Ut et 117. 

5. Saladin, op. cit., p. 101. 

6. ■ On y voit une course de chars dans le cirque. La partie qui subsiste 
contient deu.\ chars Ă  quatre chevaux conduits par des aurĂšges et tournant 



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76 LA G\FSA ANCIENNE ET MODERNE. 

Les tombeaux enfin sont les monuments les plus riches de 
la région de Capsa : ce sont aussi les mieux conservés. Parmi 
les plus remarquables sont les deux grands mausolées de 
Gemellae, dont l'un « haut de dix mÚtres se compose- d un 
socle carré de 2^,50 sur chaque face, renfermant la chambre 
sépulcrale et couronné d'une corniche au-dessus de laquelle 
s'élÚve un cube de maçonnerie percé d'une niche et surmonté 
d'un pyramidion » ^ Le mausolée de TUenchir Somaà est 
formé « d'un piédestal portant un étage en retrait orné de 
pilastres et surmonté d'une corniche sur laquelle repose un 
second étage » ^. Le plus célÚbre de tous est celui auquel les 
indigĂšnes ont donnĂ© le nom de Soma el-Uamra « la tour 
rouge » ; il est situé sur la route de Capsa à Gemellae, à peu 
de distance de l'Henchir el-Harmeul : « haut d'une dizaine 
de mĂštres, construit en belles pierres de taille, ce monument 
a la forme d'un dé rectangulaire, plus long que large, repo- 
sant sur un stylobate continu et orné aux angles de pilastres 
corinthiens. Le dé était surmonté d'un second étage dont 
la partie supérieure a disparu. La corniche qui le supportait 
existe encore, et porte une Ă©pitaphe qui consacre le souvenir 
d'une matrone de la banlieue de Capsa, morte Ă  Carthage au 
retour d'un voyage d'affaires qui l'avait conduite Ă  Rome 
avec son mari, et dont le succÚs avait été complet » ^. 



miiour de la spina, au milieu de laquelle s'élÚve un obélisque. Plusieurs hommes 
Ă  pied tenant des palmes, regardent la course pendant qu'un cavalier semble 
a*c3tercer dans une autre partie de TarĂšne. Sous les arcades qui limitent les 
grands cĂŽtĂ©s du cirque sont placĂ©s des spectateurs dont les tĂȘtes serrĂ©es et 
aUontives semblent prendre plaisir à l'action qui se déroule devant eux ». 
Ulhon de Villefosse, Comptes rendus Ac. Inscr. et B.-Lelires, 1889, p. 210. 
L TissoT, o/>. cit. y II, p. 671. 
'2. TissoT, ifj). cit,y II, p. 656-658. 

*J, TissoT, op. cit., 11, p. 673. — Corpus, Mil, n" 152 et p. 28. 
Urbanilla mihi conjux verecundia plena sita est, 
Romae comes negotiarum, socia parcimonio fulta, 
Bene gestis omnibus cum in patria mecum redirct, 
Au Miseram Carthago mihi eripitSociam. 
Nullaspes vivendi mihi sine conjuge tali : 
Illa domum servare meam illa et consilio juvaro. 



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HISTOIRE ÉCONOMIQUE. 77 

Seuls en effet des gens riches pouvaient s^Ă©lever dans les 
plaines de la Tunisie des tombeaux importants et penser, comme 
le dit la poésie du grand mausolée de Kasrin, que « la vie est 
courte et que nos jours passent rapidement, mais que Ton a 
trouvé le moyen de prolonger le souvenir des hommes, c'est 
de construire un beau tombeau et de lorner d'une Ă©pitaphe 
digne de lui » *. 



Sous la domination vandale et byzantine, Capsa contribua 
certainement au commerce des huiles, des dattes et des fruits, 
peut-ĂȘtre mĂȘme au commerce des riches tapis de laine, trĂšs 
florissant encore dans l'ancienne Province romaine^. Un mau- 
solée chrétien signalé par H. Gagnùt à l'Henchir Semah, prÚs 
de la garaat Ed-Douza, indique que le pays était encore cultivé 
et prospĂšre pendant la basse Ă©poque ^. 

Néanmoins la décadence de l'empire romain, les progrÚs 
des nomades ^ et les exigences fiscales du pouvoir central 
sous la domination vandale et surtout sous la byzantine^, 
durent exercer une influence fùcheuse sur la prospérité agri- 



Luce privata niise!*a, quiescit in marmorc clausa. 

Lucius ego conjux hic te marmorc texi 

Ane nobis sorte dédit fatu cum luce daremur(stc). 

1. Cagnat, La Tunisie Ă  l'Ă©poque romaine, dans La Tunisie au XX* siĂšcle, 
p. 217. — Pour construire ces monuments funĂ©raires, les Ă©difices de leur citĂ© 
et les travaux de leurs eigploitations agricoles, les Capsitains mirent en exploi- 
tation la grande carriĂšre du Rhar Gellaba, dans le dj. Assalah, encore encom- 
brée aujourd'hui de blocs à demi équarris et dans laquelle, au dire des indi- 
gÚnes, il faudrait marcher une journée pour en atteindre le fond. Gukrin, 
o/>. cit., I, p. 286. M. Fuchs dit avoir reconnu, dans le dj. Bou Hedma, les 
traces d'une exploitation miniĂšre romaine considĂ©rable oĂč il a constatĂ© l'exis- 
tence de minerai d'or. Peut-ĂȘtre cet or provient-il simplement, comme celui 
de la plage de Carthage, de tombeaux et de ruines voisines inexplorées. Tissot, 
op. Cit., I, p. 258; Vivien de Saint-Martin, op. cit., art. Tunisie, p. 880 ot 8*JI ; 
Bull. Arch. com. Ir. hist. et se, 1898, p. liv. 

2. Marcus, Histoire des Vandales, p. 212, 21 1. 

3. Cagnat, Explor. Ă©pigr. et arch., II, p. 71. 
L Appendice, p. 197 et sq. 

5. Id. — r DiEiiL, op. cit., passini. 



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-8 LA GAFSA ANCIENiNE ET MODERNE. 

cole et commerciale de Capsa, en menaçant les récoltes et en 
rendant plus difficiles les transactions avec Textérieur. Les 
premiÚres invasions arabes durent accentuer cetle décrois- 
sance de la prospérité kafsienne ^ 

Mais au x^ siĂšcle Kafsa faisait encore grande figure dans 
le sud de la Tunisie : « c'est une belle ville, écrit le commer- 
çant arabe Ibn Kaukal; elle possÚde des jardins, des vignes, et 
quelques plantations de dattiers » ; et le mĂȘme Ă©crivain signale 
l'existence de la bourgade de El-Ksour es-Selas, « les trois 
chĂąteaux », peut-ĂȘtre lancienCastellusThigensium transformĂ©, 
entre El-IIamma du Djerid et Kafsa; au nord il nomme plu- 
sieurs « villes » dispersées dans le pays de Gamouda^ : le 
bled était donc encore habité et en partie cultivé six siÚcles 
aprĂšs l'arrivĂ©e des Vandales en Afrique. A la mĂȘme Ă©poque 
les oasis du Djerid, Tozeur et El-Oudiane entretenaient avec le 
marché de Gogo sur le Niger des relations commerciales aux- 
quelles Kafsa ne devait pas ĂȘtre Ă©trangĂšre 'K 

Au xf siÚcle, le géographe El-Bekri donne de Kafsa une 
description plus flatteuse encore : « Kafsa, écrit-il, est la lo- 
calité de la province de Kairouan qui produit le plus de pis- 
taches ; on les envoie dans toutes les parties de Tlfrikja et 
mĂȘme jusqu'en Afrique, en Espagne et Ă  Sildjisraessa. On y 
trouve une espùce de datte semblable à un Ɠuf de pigeon. 
Les fruits que l'on cultive Ă  Kafsa servent en partie Ă  la con- 
sommation de Kafsa. Dans les environs de la ville on compte 
plus do 200 bourgades florissantes, bien peuplées et arrosées, 
tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, par les eaux... On désigne 
rcs villes sous le nom de Kosour Kafsa ^. » Quelle que soit Fin- 
iorprétation exacte qu'il convient de donner à ces lignes et 
h cplto description peut-ĂȘtre trop enthousiaste, il semble bien 
que CI* nom de Ksour Kafsa désignait toutes les exploitations et 

1. Appendice y p. lĂź)8 et sq. 

ï* Ihs liAUKAL, />.«^rß7)/ion de V Afrique ^ Journal asiaL, 1812, p. 211. 
il- luvEYKiEH, L(i Tunisie, p. 108. — Schirmkh, LeSahara, p. 3tV2. 
4. ]iL\\KKii\ y Description de l'Afrique scplenlrionale, 111-115, 170-177. 



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HISTOIRE ÉCONOMIQUt:. 79 

les hameaux Ă©pars, comme aujourd'hui, dans Toasis jadis plus 
Ă©tendue et dans les bleds les plus voisins encore couverts 
d'une partie de leurs cultures d'abres fruitiers. Cette persis- 
tance des plantations du pays kafsien nous semble la carac- 
téristique de la région pendant les premiers siÚcles de l'é- 
poque arabe. Elle est confirmée encore par El-Edrisi qui si- 
g^nale au xu^ siÚcle « autour de la ville, dont les bazars étaient 
trÚs fréquentés et les faubourgs prospÚres, de nombreuses 
plantations de palmiers, des jardins, des vergers et des mai- 
sons de plaisance », peut-ĂȘtre d'anciennes villas romaines, des 
cultures « de céréales, de henné, de cumin et de coton * ». 
Un siÚcle plus tard enfin, Aboulféda mentionne le grand 
nombre des arbres Ă  fruits de Kafsa 2. 

Cette prospérité trÚs satisfaisante de l'oasis correspond au 
rĂšgne de la dynastie kafsienne de BĂ©ni er-Rend : elle en ex- 
plique sans doute la force ^. En effet, la situation politique de 
Kafsa était étroitement liée à sa prospérité économique : la 
langue latine-grecque parlée par les habitants de Kafsa au 
XIII* siĂšcle* Ă©tait non seulement un vestige de l'occupation du 
pays par les Romains, mais une nécessité du commerce de 
l'oasis restée en relations avec l'extérieur; et la résistance des 
habitants et des chefs de Kafsa aux khalifes du nord ^ Ă©tait la 
conséquence de leur richesse, de la confiance et de Tùpreté à 
se défendre que celle-ci leur donnait. 

Cependant la difficulté croissante des communications et 
des transactions avec l'Afrique convertie Ă  l'Islam et l'Europe 
également transformée ; les progrÚs du nomadisme et le voi- 
sinage de tribus arabes pillardes comme les Hammama; les 
guerres incessantes que Kafsa soutint contre le pouvoir cen- 
tral et qui se terminaient presque toujours par la destruction 



1. El-Edrisi, GĂ©ographWj 1, :.^'J3. 

2. Aboulféda, GÚoffraphie^ H, p. ID7. 

3. Appendice^ p. 20<J ot sq. 
1. El-Edrisi, I, \\ i?53. 

5. Appendice, p. :WX) et sq. 



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80 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

d'une partie de la palmeraie et des jardins *, forcĂšrent les 
Kafsiens Ă  abandonner peu Ă  peu leurs cultures du bled, di- 
minuées déjà avant Tinvasion arabe. Les olivettes aban- 
données, livrées au pùturage des nomades, disparurent sans 
doute Ă  peu prĂšs complĂštement; les travaux hydrauliques 
tombĂšrent en ruine et les Kafsiens perdirent la richesse avec 
la pratique de leurs procédés agricoles; beaucoup d'entre eux 
mĂšmcy pour vivre, durent entrer dans les tribus nomades 
dont le sang arabe est mĂȘlĂ© de sang berbĂšre ^ : la nature li- 
vrĂ©e Ă  elle-mĂȘme reprit ses droits, et le pays s'achemina vers 
l'Ă©tat gĂ©ographique et Ă©conomique oĂč il se trouvait douze 
ou quinze siÚcles auparavant, à l'arrivée des Romains, et six 
ou sept siĂšcles plus tard au moment de l'occupation fran- 
çaise. 

Au XVI* siĂšcle en effet, il y a bien encore au dehors de la 
ville « possessions infinies d'olives, d'oranges et dattes, les- 
quelles sont des melUeures et plus grosses que l'on saurait 
trouver dans toute la province et les olives aussi dont on re- 
tire de l'huile bonne en toute perfection, tant en goût sa- 
voureux comme en naĂŻve couleur. LĂ  se trouvent quatre 
choses bonnes et commendables, dattes, olives, toiles, et vases. 
Hais, ajoute aussitĂŽt LĂ©on l'Africain, auteur de ces lignes, 
les édifices de la cité sont de laide montre, hors le temple et 
quelques autres petites mosquées. Les rues sont fort larges et 
pavées comme celles de Naples et de Florence (ce qui est un 
reste de l'occupation romaine et de l'ancienne prospérité de 
Kafsa). Les habitants sont civils, mais fort nécessiteux pour 
ĂȘtre par trop oppressĂ©s du roi de Thunes » et, sans doute 
aussi, ruinés par la destruction des plantations du bled; à 
cette Ă©poque le service de la voirie n'Ă©tait plus fait depuis 
longtemps et les Ă©manations malsaines des jardins donnaient 
aux habitants de la cité, serrés sur un petit espace et sans 

1. Jd., p. 202 et sq. El-Tidjam, Voyage dans la régence de Tunis, Journal 
asiat., 1852, p. 188-180. 

2. /t/., p. IG7 et sq. 



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HISTOIRE ÉCOiNOMIQUE:. 8i 

grandes ressources, une fiÚvre qui les rendait « vitupérables 
par foute FAfrique ^ ». Enfin un rapport du consul de 
France Ă  Tunis, Jean-Baptiste Michel, signale un siĂšcle plus 
tard le commerce des dattes du Djerid et Texporlation de ces 
fruits en Italie et en Provence par Tintermédiaire des juifs de 
Tunis et de la Compagnie du Cap Bon; mais il ne parle pas 
du commerce de l'huile^. DĂšs cette Ă©poque les cultures du 
pays kafsien devaient ĂȘtre rĂ©duites aux jardins irriguĂ©s de 
Toasis : depuis longtemps le bled presque entier devait ĂȘtre 
le domaine des pasteurs nomades. Heureusement, par leurs 
cullures de dattes, de fruits, de légumes et d'orge, grùce à 
leur alliance avec certains nomades du voisinage qui ensi- 
laient leurs grains dans l'oasis ^, et devaient y vendre leurs 
moutons et leur lait, grĂące Ă  leur industrie du tissage de la 
laine et de la fabrication des poteries^, grĂące au voisinage 
des tailleurs de pierres Ăą fusil d'El-Ayalcha^, les Kafsiens pou- 
vaient presque se suffire Ă  eux-mĂȘmes au milieu des steppes 
du sud, et, grùce à cette circonstance, ils purent longtemps dé- 
fendre leur indépendance contre les Khalifes de Tunis^. 

Sous la domination turque, le pays de Kafsa ne se releva 
pas de sa décadence : « La situation de Kafsa, écrit en 1727 le 
voyageur Sbaw, est aussi mélancolique que celle de Fériana avec 
cette différence seulement que les environs sont un peu plus 
riants, parce qu'on y voit des palmiers, des oliNders et d'autres 
arbres fruitiers. Mais ces agréables objets ne s'étendent pas 
fort loin et ne servent qu'Ă  consoler un peu la vue des collines 
et des vallées stériles qui se trouvent au delà''. » Ce voyageur 
signale cependant plusieurs petits villages, sans doute en- 



1. LÉON l'Africain, Description de l'Afrique, III, p. 2tK». 

2. Plantet, Correspondance des beys de Tunis, I, p. 389^ ptĂčcr n" ItlJ ihl 
20 août 1686. 

3. Infra, p. 200 et sq. Ibn Kualdoun, III, p. 120-121. 

4. Bekri, p. 115. LĂ©on l'Africain, III, p. -200. 
5 Appendice, p. 151. 

6. Supra, p. 200 et sq. 

7. Shaw, Voyages. 



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82 LA. GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

tourés de plantations, à Gourbata sur remplacement de Tan- 
cienneThigĂšs^ Cinquante ans plus tard Desfontainc mentionne 
plusieurs habitations, des palmiers et des olivettes Ă  Sidi AĂŻch, 
mais il est frappé de la stérilité générale du pays jadis cou- 
vert de cultures : Ă  peine indique-t-il dans le bled quelques 
gros oliviers sauvages et quelques cultures de céréales au bord 
des oueds 2. La description qu'il donne de l'oasis est presque 
d'hier : « Les jardins de Kafsa, écrit-il, sont plantés d'oliviers, 
de figuiers, de citronniers, de vignes, de dattiere, etc. On sĂšme 
Torgc aux environs de la ville; et les champs ainsi que les 
jardins sont partagés en petits carrés qui communiquent avec 
des rigoles oĂč Ton conduit les eaux de temps en temps, pour 
arrosor la terre. Sans ce secours elle deviendrait bientĂŽt aride, 
parce que les chaleurs de ces climats sont trĂšs violentes, et que 
les pluies n'y tombent que fort rarement. J'ai vu de l'orge en 
épis vers le mois de janvier, et on en fait souvent la récolte 
dans le mois de mars. L'huile de Kafsa passe pour la meilleure 
de toute la Berberie; elle est néanmoins d'une qualité bien 
inférieure à celle d'Aix. Le pays serait riche si les habitants sa- 
vaient tirer parti de leur sol. Je suis assuré que la cullure du 
café, de l'indigo, de la canne à sucre y réussirait ; les planta- 
tions de dattiers et d'oliviers, ainsi que les champs ensemencés , 
ne s'Ă©tendent guĂšre "qu'Ă  une lieue de longueur sur une demi- 
lieue de large^. Les lieux que l'on ne peut arroser ainsi que 
les montagnes sont arides et stériles; on n'y trouve que quel- 
ques arbrisseaux qui seuls peuvent résister à l'ardeur du soleil. 
Le comuierce de Kafsa consiste principalement en laines, en 
barracans, huile, olives, grenades, en dattes beaucoup moins 
estimées que celles du Djerid. Le peuple y est dans la misÚre 
parce qu'il est trÚs paresseux et que la régence de Tunis sait 
bien le dĂ©pouiller du superflu '‱. » 



L ^11 Aw, p. 270-272. 

i, r»KsniMAiNE, Voyage daru la Régence de Tunvi, p. 01-07. 

;L C'ißsl'i-dire 8(J(J hectarosjXXJ liectarescio moins qu'aujourd'hui (I78M7i^»). 

i tüËSin^TAlNE, p. 0(i-07. 



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HISTOIRE ECONOmQUK. h:\ 

Cette situation trÚs précaire, puisque à celte époque eni783- 
1786 la superficie de Foasis était de M % moins considérable 
qu'aujourd'hui*, ne s'améliora pas pendant la premiÚre moi- 
tié du XI3L** siÚcle. En 1835, toute trace des villages de Gour- 
batan — et probablement de Sidi Aïch — avait disparu 2; le 
montant des contributions levées à Kafsa et au Djerid était in- 
férieur aux dépenses organisées par le camp turc ; et les voya- 
geurs, le consul Marceschau (en 1826) et sir William Temple 
(en 1835), parlent Ă  peine des jardins de Kafsa et paraissent 
surtout avoir Ă©tĂ© intĂ©ressĂ©s par les manufactures de laine oĂč se 
fabriquaient de trÚs beaux bataniés, légers et souples, et des 
barracans aux vives couleurs -^ 

Il ne restait plus rien de l'antique prospérité agricole du 
pays : le bled livré aux pasteurs nomades et aux troupeaux 
Ă©tait peu Ă  peu redevenu terrain de parcours; l'incurie des 
hommes avait substitué le pacage dévastateur aux cultures 
bienfaisantes ; abandonnés les uns aprÚs les autres, les ouvrages 
hydrauliques avaient définitivement cessé d'exercer leur action 
de protection et de fournir des réserves d'eau : l'eau des orages, 
roulant des crĂȘtes sans retenue et sans obstacle, avait achevĂ© 
de dĂ©pouiller les plaines oĂč les maigres pĂąturages de retem et 
les touffes sauvages d'alfa remplacĂšrent les riches plantations 
d'arbres fruitiers. Comme au temps de Marius, Kafsa fut en- 
tourée de vastes steppes, de parcours nomades. 



1. 800 lias au lieu de 1.1(X) environ. 

2. Sir Grenvii.le Temple, Travels, II, p. 185. 

3. Marceschau, Lettres, H. Tun.j 1001, p. lijO-lf)!. — Siu Grenville Temple, 
op. cit.. p. 180-lĂźK). — BalaniĂšs : ‱ tissus de laine lĂ©gers el assez souples pour 
qu'on puisse en faire plusieurs doubles sur un lit. Le prix de ces excellentes 
couvertures est de 80 à 100 piastres tunisiennes ». ht., ßbid., p. l.jl. 



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CHAPITRE 111 

GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE 



DÚs le début de l'occupa tion française, des travaux impor- 
tants ont été entrepris pour protéger l'oasis contre F envahis- 
sement des sables, régulariser le débit des sources et permettre 
ainsi de développer les cultures des jardins. 

11 y a vingt ans déjà le commandant d'armes de GaTsa, t>'ins- 
DÎrant du systĂšme de dĂ©fense employĂ© dans les Landes, lit 
Ă©lever, en avant de l'oasis, des talus de terre surmontes d'untĂź 
palissade en branches de palmier. Le sable apporté par le vent 
s'amasse en avant de l'obstacle, ou, soulevé par le choc, vient 
frapper les branches des palmiers et retombe sans envahir les 
cultures situées en arriÚre et enfouir un à un les oliviers elles 
palmiers de l'oasis. Le mĂȘme systĂšme complĂ©tĂ© par des plan- 
tations avancées et profondes de tamarins, a été employé jus- 
qu'à ces derniÚres années : plus de 1.200 Has de terrain ont 
été ainsi fixés autour de Gafsa et des oasis du Djeriil et la bar- 
riĂšre de sable a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e Ă  une distance suffisante des pal- 
meraies préservées*. 

En mĂȘme temps, Ă  l'intĂ©rieur de l'oasis, les travaux de cap- 
tage des sources ont été refaits avec soin; des sources nouvelles 
ont été captées et ulilisées^; des barrages ont été réparés ou 

1. Gagnñt et Saladix, Tour du Mondes 1886, n, p. 198. — La TtinistCt p* ^^^- 
233. 

2. Rapport au PrĂ©sident de la RĂ©publique y liK)-2, p. 125. — Stufn^thpu' <ft!t ira- 
taux publics^ i903, p. 28. — Amt'»nagement des sources et pisciiß»^*; l'ii 18^0 
(I.5G0 francs). Installation d'une borne- fontaine Ă  Gafsa-gare en lt«lL — Per- 
mission à un propriétaire de capter une source située dans sa jtroprii^'l^i etc. 



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86 LA GAFSA ANCIENxNE ET MODERNE. 

rétablis, notamment le barrage ancien de Chenini et le bar- 
rage de retenue de Toued Lalla qui mesure 17 mÚtres de dé- 
veloppement et dont le débit journalier est de 4.000 mÚtres 
cubes au minimum ^ 

L'eau ainsi recueillie par des travaux d'aménagement est 
répartie dans Toasis au moyen de canaux d'irrigation. Ces ca- 
naux sont généralement formés par les deux talus qui séparent 
deux jardins voisins Tun de l'autre ; des barrages trĂšs simples, 
en terre, graviers et bois de palmiers, sont Ă©tablis de loin en 
loin et permettent d'arrĂȘter l'eau courante, si le besoin s'en 
fait sentir, et de l'emmagasiner selon les besoins des riverains; 
l'eau pénÚtre dans le sol par infiltration, on peut la puiser en 
tout endroit pour l'arrosage des cultures et, de temps Ă  autre, 
OQ inonde les rigoles creusées dans les jardins ou le ter- 
rain tout entier, en faisant une coupure Ă  la digue^. Les 
cultures les plus variées prospÚrent sur le sol sablonneux, dé- 
trempé par l'arrosage, reposant sur une couche argileuse 
qui empĂȘche l'eau de se dĂ©rober Ă  une trop grande pro- 
fondeur 3, et couvert de l'humus accumulé par une végéta- 
tion séculaire : sous l'ombre des palmiers dont les palmes 
tamisent les rayons du soleil et les empĂȘchent de brĂ»ler le 
sol et d'en absorber l'humidité, dans une atmosphÚre de 
serre ihaude, les arbres fruitiers se pressent et protĂšgent 
eux-mĂȘmes des lĂ©gumes de toutes sortes. 

Le palmier croit facilement sur le terrain Ă  sous-sol ar- 
gileux de l'oasis de Gafsa oĂč il se trouve vĂ©ritablement « le 
pied dans l'eau »; et, s'il a moins « la tĂȘte dans le feu » 
que les palmiers du Djerid, il est sensiblement plus robuste 
et plus fécond que ceux du nord et de la région du GabÚs. 
Les maraĂźchers de Gafsa, comme ceux du Djerid, prennent 
le plus grand soin de leurs arbres; outre des arrosages ré- 

L ShiiMque des travaux publics, 1003, p. 42. — Ce barrage, complĂ©tĂ© par 
tine conduite maçonnée do 330 mÚti^es, a coûté 10.000 francs. 

■2. TïBA^T et Rebatel, Voyage en Tunisie, Tour du Monde, 1875, p. 311. — 
COGNAT el Saladin, op cit. y p. 198. 

3. Supra, p. 40. 



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PL. V. 




VIU, — In barrage dans l'Oasis. 



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THĂź: N!'-.v yo:vk 



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GÉOGRAPHIE ÉCOiNOMIQlK. 87 

galiers et soigneusement calculés suivant les saisons, ils 
les soumettent à des fumures périodiques et prennent grand 
soin d'Ă©viter que les racines ne paraissent Ă  l'air libre, par 
suite d affaissements momentanés du sol dus au systÚme d'ir- 
rigation. La fécondation des palmiers femelles a lieu au 
débat du printemps. La récolte a lieu à la fin de l'au- 
tomne : elle attire dans l'oasis toute une population de no- 
mades et de sédentaires, venus spécialement pour la cueil- 
lette des dattes, parfois de trĂšs loin, du Hatmata et de la 
rĂ©gion de GabĂšs oĂč la rĂ©colte n'est pas importante, de la 
c6te, du désert, des steppes du nord. Les maraßchers de 
Gafsa ne sauraient se passer de cette main-d'Ɠuvre tempo- 
raire qui exige des salaires parfois élevés pour le pays (2 à 
3 francs par jour). Les grappes sont coupées à la main 
sur l'arbre et les cueilleurs, échelonnés généralement sur des 
échelles grossiÚres, se passent les régimes de main en main 
afin d'Ă©viter de les meurtrir K Les palmiers d'Kl-(iuett;ir, 
bien abrités du vent du nord par le dj. Orbata, bien ar- 
rosés par seize sources souterraines réparties sur un trÚs 
petit espace de 150 has, formeraient une oasis relativement 
plus féconde encore, s'ils étaient mieux protégés contre Ten- 
sablement^. 

Les dattiers en pleine production donnent en moyenne 
50 kilogr. de dattes. Les unes, de variétés trÚs nombreuses, 
sont de qualité inférieure, sirupeuses ou sÚches, et servent 
principalement Ă  la nourriture des indigĂšnes; ce sont les plus 
nombreuses Ă  Gafsa qui se trouve Ă  la limite septentrionale 
de la production et, malgré les bonnes conditions que le 



1. Tirant et Rebatel, op. cil., p. 311-312. — Riviùre et Lecq. }ftfinfet d'Af/ii 
culture algĂ©rienne, p. 342. — Cagnat et Saladin, op, cit., p. rJĂŻ-198. — Blam , 
U sud de la Tunisie, p. 19. — Claretie, De Syracuse à Tripoli, p* 2WÎ-2H2. 

Du Paty de Clam, Le Djeind, Bull. GĂ©ogr. Com. Ir. hisl. et xr., I8LU, p. 325- 
328. — ScHWEiNFURTH, La culture du palmier dattier. II. Cuit. atL^ VM2^ 81-87* 
175-177. — E. C, Notes sur le sud delĂ  Tunisie, Bull, tiĂ©ogr. Comm,, llJOCi. Il, 
p. 122. — Supra, p. 40 et sq. 

2. Baraban^ op. cit., p. l\\). 



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88 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

palmier y rencontre, moins bien favorisée que les oasis du 
Djerid; elles valent environ 1 fr. 50 la grappe de 10 kilogr. 
Les autres, charnues et riches en sucre, connues sous le 
nom de Deglat en-Nour, sont exportées en France et dans 
tout le bassin de la MĂ©diterranĂ©e au mĂȘme prix et avec la 
mĂȘme marque que les dattes cĂ©lĂšbres du Djerid, et valent 
40 Ă  60 francs les 100 kilogr. K 

Le nombre officiel des palmiers de Toasis Ă©tait de 32.000 
environ en 1887, d'aprĂšs M. Blanc^ de 64.000 en 1891, d'a- 
prĂšs la statistique du gouvernement tunisien (en compre- 
nant dans cette Ă©valuation les palmiers d'El-Guettar) ^, et le 
produit de Kanoun des dattiers en 1903 permet d'Ă©valuer Ă  
40.000 environ le nombre des arbres productifs Ă  cette date 
et Ă  80.000 le nombre total des palmiers de Gafsa et d'El- 
Guettar ^ 



1. ScHWEiNFURTH, op. cU.y p. 241-245, 302. — Blanc, op. cit., p. 19. — Rebatel 
ni Tirant, op. cit., p. 311. — Rimkhe et LEcq, Afanuel d^ A gHculture algĂ©rienne, 
p. 341. 

2 Blanc, op. cil., p. 19. 

3. Secrétariat général du gouvernement tunisien, statistique officielle, 1881-1892, 
p. 263. 

4. Le produit de Kanoun des dattiers dans le caïdat de Gafsa a été de 
22.852 fr. (55 en 1903, d'aprÚs le rÚglement déOnitif du budget de 1903 (rensei- 
gnement fourni par le ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres). Le taux de Kanoun 
Ă©tant Ă  Gafsa do 1 franc par dattier deglat et de fr. 50 pour les autres va- 
riétés, si nous évaluons à un huitiÚme de la recette totale le produit des dat- 
tiers deglat, proportion observée à Tozeur et à Nefta (Indicateur tunisien, 1905, 
p. 408-409), nousobtenons un total d'environ 3.000 dattiers deglat et 40.000 dat- 
tiers ordinaires. Il faut ajouter Ă  ce nombre les palmiers non producteurs de 
dattes et les dattiers de moins de vingt ans exempts de l'impĂŽt, environ 40.000 
arbres d'aprÚs la proportion observée à Tozeur et à Nefta (Indicateur tunisien, 
1905, p. 125, 408-409). 

Masselot, Les dattiers des oasis du Djerid, Bull. agr. et comm., a\Til 1901, 
p. 114-161; uov. 1901, p. 115-116 : ‱ Le palmier est larbrebĂ©ni des Arabes. 11 
sert Ă  tous les usages. Tandis que les fruits subviennent Ă  la nourriture d'une 
trÚs nombreuse population, ses feuilles pressées, sont converties en chapeaux, 
vn paniei's, en nattes, en zembils d'Ăąnes, en Ă©ventails, en plumeaux et mĂȘme 
en récipients pour l'eau ; ses palmes, au Djerid, servent à la confection des pla- 
fonds, des berceaux, des cages de lit, des barriĂšres, des nervures de tentes et, 
disposées parallÚlement, elles constituent un trÚs bon sommier; c'est avec les 
rpines des palmes qu'on fait les peignes pour carder la laine et la tisser; son 
stipe, indépendamment du chauffage, est, à l'exclusion de tout autre bois, em- 



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GEOGRAPHIE ÉCONOMIQUE. lH^ 

Les arbres fruitiers de toutes les espĂšces croissent A Tabri 
des palmiers dans Toasis de Gafsa : amandiers, pĂȘcbers, abri-- 
cotiers, pruniers, pommiers, cognassiers, figuiers, jujiibiei^, 
grenadiers, orangei*s, oliviers; les jardins sont en pleine flo- 
raison au début du printemps et la cueillette des fruits, à Tau- 
tomne, coĂŻncidant presque avec celle des dattes, les remplit 
d'animation et de vie intense. 

I-,es légumes et les plantes les plus diverses, abrités du vent, 
viennent dans d'excellentes conditions, grAce Ă  l'irrigation el 
à Tactivité intelligente des maraßchers : henné, tabac, piment, 
fĂšves, pois, haricots, melons, potirons, concombres, citiouilles, 
pastĂšques, tomates, aubergines se pressent et se succĂšdent 
dans Toasis; le maïs, Forge et le blé occupent des espaces re- 
lativement considĂ©rables, principalement dans les parties oĂč 
la palmeraie, moins épaisse, laisse le soleil pénétrer davantage 



ployé dans la menuiserie ou dans la charpente des maisons, selon la Lfua* 
lité. 

‱ On a remarquĂ© que les palmiers dont les racines Ă©taient pivotaute* ilon- 
naient un bois beaucoup plus résistant et à grain plus serré que len aiUro^f. Lu 
matiĂšre textile qui entoure la base des palmes que nous nommons la boune et 
les Arabes ‱ liffa ‱ sert à faire d'excellentes cordes, des matelas^ drs nattas, 
des zembilsy des cliouaris (sorte de sacs) pour les dattes. Les pédoncules des 
régimes sont utilisés pour la confection de certaines cordes grossi Úfï^s^ ceux 
d'une espĂšce particuliĂšre appelĂ©e - gundi ■ sont employĂ©s dans la teiniijjvrie. 
Les brindilles qui supportent les dattes sont données quelquefois an \ chameaux 
pour leur nourriture, on en fait aussi des balais et des allumettes qui' I on 
enflamme en les frottant l'une contre Tautre. Entaillé d'une certaine faron, \o 
palmier produit selon le procédé d'extraction une boisson douce et fermentée 
qu'on nomme* lagmi ‱. Bref toutes les parties de cet arbre sont ulilÎM-es. LĂȘJ^ 
indigÚnes disent qu'un chameau pénétrant dans un jardin de paluiin^ fieul 
en ressortir complÚtement harnaché de sa bride, de sa naouia, de scii deux 
chouaris et mĂȘme, ajoutent-ils naĂŻvement, du bĂąton pour les faire liiaivher. 
Lorsque, trop vieux pour produire encore, le palmier doit céder à un plus 
jeune la place qu'il occupe dans le jardin, abattu sans pitié parti' kli^ïiaméù 
qu'il a nourri si longtemps, son gigantesque cadavre jonche le sol, il offiT 
encore un dernier don : son cƓur dont les indigùnes sont trùs friands, w ot son 
bois. 

En outre on peut fabriquer de l'eau-de-vie avec les dattes : en faisant rermen- 
ter pendant quinze jours dans de l'eau additionnée de fenouil 100 k^. de datie», 
on obtient aprÚs distillation 40 litres d'alcool à 50 degrés. A Gafsit. quiiL7.e Is- 
raélites sont pourvus d'alambics et distillent l'eau-de-vie des daui-s l£lk\, 
Let industries imiiyĂšnes de ta Tunisieyp. 93). 

LA GAPSA ANCIENNE. 7 



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90 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

entre les palmes ; ils complÚtent la série des végétaux alimen- 
taires cultivés dans l'oasis ^ 

Cependantles cultures n'ont pas dans toute Toasis l'aspect que 
nous venons de décrire : l'olivier en effet est trop arrosé dans 
les jardins à palmiers; il y est trop à l'ombre et manque d'aé- 
ration; il jaunit, ses racines pourrissent, ses fruits sont peu 
nombreux et de qualité médiocre^. Aussi des olivettes trÚs 
étendues ont-elles été plantées hors de la palmeraie, principa- 
lement au nord et au sud-est de l'oasis, dans la direction du 
chemin de fer; elles occupent environ les deux tiers de la sur- 
face de l'oasis : sÚches ou légÚrement arrosées au moment de 
la floraison, en avril, mai, et au mois d'août ou de septembre, 
ces olivettes sont trĂšs productives, bien que les indigĂšnes de 
(iafsa ne pratiquent pas la taille des arbres comme les m'rharei 
sfaviens et les jardiniers d'El-Oudiane*^. 

La culture de Tolivier a une importance spéciale à Gafsa, 
marchĂ© central oĂč les nomades du sud-ouest de la Tunisie vien- 
nent chercher l'huile qui est un des articles les plus importants 
de leur régime alimentaire : il y avait à Gafsa en 1899 plus de 
l'i.QOO oliviers produisant annuellement 15.000 Ă  20.000 hec- 
lolifns d'olives et 3.000 Ă  5.000 hectolitres d'huile ^ En 1905 
lo nombre dos oliviers dans tous les caĂŻdats de Gafsa i El-Guettar 



L TiUANTOt Rabatkl, op. Cit., ]). 311-312. Ca(jn\t et Sai.adin, Clakf.tie, Blanc. 
Ole, hc. cil. RiviKiiE ot Lecq, fip.ril.y p. 21M]-3ß*S, 0111»- 722. Il y a mÎme à (Jafsii 
1 11 ce tare HT) do vigne {Itappuvl au Président, llKXß, p. 5G()). 

La i-aiine Ă  sucre et le coton pourraient trouver sans doute dans les jardins 
In^ nii^dies conditions d'humidité du sol et de sécheresse de Pair qu'ils rencon- 
ircril l'u Egypte ou au Soudan. Mais ces plantes néces-siteraient, à cette limite 
exljvine de leur zone de production, des soins trop méticuleux, un arrosage 
irap aiiondant pour les ressources en eau de Gafsa et nuisible aux autres 
produits de roßisis : la culture en serait trop délicate et trop restreinte pour 
ĂȘtre ivMlunĂ©ratrice (Hivn*:uEel Lkc(^ op. rit., p. 281>-21)t), 31 l-3lt>. Cohnl, li.O.S.. 
15dĂ©fi-inbrel8lXi, p. 10HI-1Ù85). 

2, AJnAN<;oiN, Culture lie rolivirr,\). 39. 

'A. \\K ftfiil, l.(MM) mĂ©trĂ©s cubes d'eau par Ha. — Vivien de Saint-Mautin, op. cil. 
^- Fi.^utv, Les industnrsitutif/ùnes en Tunisie, llMl), p. l!5. — /nfra,p. 105. 

L FuLUY, op. cit., p. ÎC>. — La moyenne de la production, pendant les di.x 
derniÚres années, a été de l.G<x> hectolitres (moyenne fournie par le contrÎle 
civil de Gafsa en lUOt)). 



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GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE. 91 

et NĂ©cbiou compris) Ă©tait de 133.758, dont 9.561 sauvages et 
13.508 plantés depuis moins de vingt ans (non imposés) ^ La 
fabricaiion de l*bui1e est une industrie trĂšs active dans Toasis; 
les procédés, du moins ceux des indigÚnes, sont grossiers : 
leurs instruments, les pressoirs surtout, rappellent tout Ă  fait 
ceux dont se servaient les agriculteurs de l'Ă©poque romaine : 
« AprÚs la cueillette, les olives sont entassées dans une cham- 
bre obscure de rbuilerie, par coucbes alternant avec une cou- 
che de sel. Elles macĂšrent ainsi pendant trois ou quatre 
mois... Malbeureusement la fermentation qui se produit pen- 
dant la macération des olives communique à l'buile une 
rancidité qui la rend insupportable à des palais européens. 
Les olives sont ensuite portées au moulin qui consiste en un 
rouleau de pierre dure ou en une meule tournant dans une 
auge, en pierre Ă©galement, par le moyen de la traction ani- 
male. La pulpe et le noyau sont broyés ensemble, ce qui 
contribue encore au mauvais goût de Tbuile ; la pùte résul- 
tant de ce broyage est recueillie dans des couffins en alfa, les- 
quels, empilés les uns sur les autres, sont soumis à Faction de 
la presse. Celle-ci toute en bois, se compose de plateaux, mo- 
biles entre deux montants verticaux, et actionnés soit par une 
vis, soit par un tronc d'arbre faisant levier. Le liquide exprimé 
se rend dans un rĂ©cipient oĂč, par le repos, l'buile ne tarde 
pas Ă  surnager et est recueillie dans de grandes jarros do fa- 
brication locale 2. » Malgré l'imperfection de ces procédés, les 
huiles de Gafsa, célÚbres dans la Berbérie depuis jïlusieurs 
siĂšcles, suffisent largement Ă  la consommation locale; les hui- 
les de fabrication europĂ©enne plus fines alimentent mĂȘme un 
certain trafic d'exportation et le commerce total des huiles se 
monta en 1900 Ă  300.000 francs environ 3. 

1. /Rapport au PrĂ©sident, 11)05, p. IjOT. — Imlicaleur luitisien, VM7t, ]k 1 *C. 

2. Fleury, Les industries indif^Ăšncs en Tunisie, UWI, p. 7. 

3. U y a des fabricants d'huiles européens à Gafsa (Indicateur tituiiien^ lliiiTi. 
p. 1*227); ils emploient une main-d'Ɠuvre indigùne. — Flklhy, ftp. i iV.. [\M)], 
p. 7. — 11 y avait à Gafsa en VJOO cinq presses à leviers et deux pii^^sf^s euro- 
péennes appartenant à des indigÚnes (Flelky, op. Ht., 190(), p. 93;. J/huile vaut 



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i 



92 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

Dans les olivettes comme sous la palmeraie, les Gafsiens 
cultivent de l'orge et du blé dont la farine, jointe à la viande 
de mouton et Ă  Thuile, forme le fond de leur alimentation et 
leur permet la fabrication du couscous : le grain, générale- 
ment enfoui en terre par un labour superficiel aprĂšs les se- 
mailles, se trouve Ă  une profondeur suffisante pour ne pas 
iiuinquer d'humidité et germer sans souffrir de la sécheresse ^. 

en moyenne 1 franc lo litre (Id., Ibid). L'oasis d*fil-Oudianc produit itO.CKiU 
litres il'huilo environ dont la moitié^ est exporl^'c. Le nombre des arbres est de 
ÂŁ>.OUf) environ (t*L- Paty de Clam, Le Djerid, p. 2^15). L'oasis de FĂ©riana est coin- 
post'e presquf" nniqiieinent d'oliviers (Minangoin, op, cii.j p. 39). — Rivikre et 
Ltrg, up. tit., \K ^fTi^Ăź et sq. 

L IiLA\c, op. ciC, p. 19. — A. CoLTLitiER, \otes de voyage, culture intensive, 
nov. UmJ, p, 13tJK — RiviÈuE et Lecq, op. cil., p. 170-202. 

Il fut offert en 181*8 sur le marché de Gafsa : 

Blé. Orge. HaTé. FÚree. 



En février 


6.2M L 


11.370 L 


7.710 1. 


» 


— luai's 


4.0B0 


14.385 


7.090 


» 


— avril , 


2.170 


3.720 


8.540 


. 


— mai. , 


5.960 


9.520 


1.680 


. 


— Juin 


10.850 


17.560 


3.200 


» 


— juillet 


ia5 


170 


» 


31 1. 


— aoĂ»t........ 


614 


996 


‱ 


» 


— BGplembre... 


501 


1.015 


» 


‱ 


— octobre 


49.100 


384.600 


‱ 


2.760 


— novembre, . . 


25.080 


44.HJ0 


» 


720 


— dt^cembre, . . 


30.000 


42.8(K) 


‱ 


6.000 



Scit...... 135.014 L 531.302 L 28.220 1. 9.5111. 

pendant les onze derniei-s mois de l'année. 

En IH97. pemlanl les six dornirs mois, les offres avaient atteint : 

Blé. Orge. 



Juillet 

AoĂźU...... 

Septeuibre. 
Oi'tobre , , . . 
Novembre . 
DĂ©cembre. 



13.930 L 


9.960 l 


10.015 


15.885 


7.500 


20.300 


7.370 


7.850 


18.900 


16.620 


15.990 


:i9.580 



Cbifrressu^nsiblenii^nt différents de ceux de 1898, indiquant que la production ot 
la vente ili^sfĂčn-nlj^^. l'troitementliĂ©esaux variations climatiques, ne peuvent at- 
loindn' la Htabßl ßd* ili^sirable. Ces cbiffres ne représentent que les produitsofTerts 
sur ĂŻt^ lÉiarrĂźiĂ©, et non toute la production du pays. Huit. dir. agr. et comm., 
janvier lK98, p. ftl; avril 1898, p. 90; octobre 1898, p. ÎM; janvier 1899, p. 92: 
avril 189^» p. 96. -— il y avait Ă  Gafsa en 1905 28 meules simple Ă  traction ani- 



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GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE. 93 

Il restait encore des terrains en friche dans Toasis il y a 
vingt ansL Aujourd'hui, les cultures se perfectionnent : « Â 
la suite de leçons pratiques données avec succÚs par l'institu- 
teur dans le petit jardin de l'Ă©cole, un certain nombre d'indi- 
gÚnes ont modifié ou amélioré leurs procédés de culture ma- 
raßchÚre et se sont mis à cultiver des variétés de légumes 
inconnues auparavant daus l'oasis. Quelques-uns de ces indi- 
gĂšnes s'adressent mĂȘme Ă  une maison parisienne pour avoir 
leurs graines -. » 

Il est à désirer également que des efforts soient faits pour 
généraliser l'emploi des charrues françaises dans les parties 
de FoasĂźs oĂč les labours ne se pratiquent pas Ă  la bĂȘche ; les 
indigĂšnes se servent encore presque tous d'instruments ber- 
bĂšres; les araires sont trĂšs imparfaits, sans Ă©quilibre, Ă  manche 
unique, sans coutre ni versoir, et le joug grossier blesi^e et 
strangule frĂ©quemment le chameau, le bƓuf ou l'Ă ne qui le 
porte, souvent attelé à cÎté d'une femme indigÚne. Quelques 
indigĂšnes possĂšdent des charrues plus modernes; il est pro- 
bable que leur exemple sera suivi quand leurs voisins auront 
pu suffisamment apprécier les avantages qu'ils en tirent ^ 

DĂ©jĂ  les plantations s'Ă©tendent au nord, autour du cercle 
militaire, et au sud-est, dans la direction de la gai e oĂč une 
agglomération s'est créée; peu à peu l'oasis principale et ses 
annexes, Lalla, El-Ksar, SidiMansour, se rapprochent. Le réta- 
blissement de la paix, la diminution des impĂŽts^ les pcifec- 

male (28 manĂšges) pouvant moudro cinquante-huit quintaux de fariae par 
jour. Rapport au Président, 1905, p. KM). 

1. Blanc, op, cit., p. 19. 

2. Rapport au PrĂ©sident de la RĂ©publique, 1901, p. 99. — Peut-ĂȘtre des rrsul- 
lats meilleurs encore pourraient-ils (>lre obtenus par le phosphatage dos jar- 
dins; il n'existe malheureusement ni Ă  Gafsa, ni mĂȘme en Tunisie de fabrique 
de phosphate bicalcique ou monocalcique qui j)ermette l'emploi it boix compte 
des produits des gisements de Metlaoui. 1/offct de différents enjfnûßi a ds\j;i 
été étudié dans le sud de la Tunisie. Rapport au Président, 1902, p, *'5, 

3. Grandeau, R. g, s., 15 dĂ©cembre 1890, p. I09Ăźi-1095. — A. CeiTLKiEK^ ^or. 
cit. Rapport au PrĂ©sident, 1905, p. 21. —Souvent les femmes tireiil les araires, 

4. De Lanessan, La Tunisie, p. 165-107, 179-191. — Blanc, op. cH., p. 14-10. La 
Tunisie, p. 131-132, 424. L'Indicateur tunisien, p. 125 et sq. 



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Ă  



94 U GAFSA ANCIEiNNE ET MODERNE. 

tionnements des procédés et de Toutillage agricole et écono- 
mique sont venus en aide Ă  la population gafsienue qui a su 
en Hrer le meilleur parti. 

„À si Toasis de Gafsa n'est tout Ă  fait comparable ni aux cĂ©- 
lĂšbres jardins d'orangers d'El-Oudiane ni aux belles paluie- 
raies de Tozeur, ni aux olivettes de Sfax, si ses cultures 
variées tiennent une place intermédiaire entre ces types sé- 
lectionnés d'établissements agricoles sans arriver à la perfec- 
tion d'aucun, ce n'est pas l'incapacité de ses habitants qui 
en est cause, mais le climat plus complexe de la zone de 
transition oĂč elle se trouve*. 

Sans doute les Gafsiens ne pratiquent pas la taille des ar- 
bres mais tous, petits propriétaires ou métayers (kbammÚs)^, 
trÚë attachés au sol par des siÚcles de culture industrieuse et 
chaque jour améliorée, ont su tirer de l'oasis, en quantité 
suflisante, les produits nombreux qu'elle pouvait leur donner : 
k blé et l'orge soigneusement ensilés ^, les huiles, les dattes, 
les fruits et les légumes de l'oasis paraissent avoir satisfait 
aux besoins d'une population sédentaire de 500 habit mts au 
kilomÚtre carré (6.500 hab.) et de i^O.OOO ou 50.000 nomades ^ 



1. Supra, p. 24 et passim. 

t, Ftivjf:uE et Lscq, op. cit., p. 143-115. Du Paty i»e Clam, vp. ciL, p. 1337. 
Cii y Li. t:\-BEHT, IL G. S., 15 dc^cembrc 18ÎM), p. 114MU5. Le Khamniùs est un 
nïétay»'r pay(^ avec le cinquiÚme de la récolte; il reçoit en outre du proprié- 
tain? doj* avances en grains, animaux, outils, argent, remboursables par lui, 
au ninment de la récolte; par imputation sur la part (1 5) qui lui revient. La 
vi<^ du kliammĂšs Ă  (iafsa est sensiblement la mĂȘme qu'au Djerid et telle 
qu« Ta dĂčiTite M. du Paty de Clam (op. CĂŻ7.,p. 317) : ‱ Le khammĂšsdoit partir 
au jour Ă  la priĂšre de Fedjer, pour le jardin. Souvent mĂȘme il doit y pas 
mv la nuit pour arroser. Peu aprÚs le lever du soleil, il a déjà envoyé son frÚre 
ou son lUs au marciié avec un àne chargé de légumes et d'herbe fraßche. 
Penilaut ce temps, lui-mĂȘme repique, etc., retourne la terre avec la houe, 
surveilĂŻe l'arrosage quand il a lieu le jour, visite les palmiere, en co\x\^ les 
gourmands avec un lourd couteau-levier, fructifie les régimes si c'est la sai- 
son, enïn tient les allées du jardin, refait les clÎtures et rentre au coucher du 
soleil rapportant des légumes pour sa fßimille, du bois pour faire du feu, du 
fourrage pour ses animaux. ‱ 

X RiviÈHEet Lecq, op. cil., p. 198 et sq. 

L Appendice, p. 173-175. Nous estimons que la moitié au moins des nouia- 
dcs du contrĂŽle de Gafsa sont en relations commerciales avec l'oasis. 



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PL. VI. 




IX. — Le retour des jardins. 



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GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE 95 

jusqu'Ă  la construction du chemin de fer et la mise en exploi- 
tation des gisements de phosphate * : c'est un exemple trĂšs 
frappant d'utilisation économique d'une région géographique 
déterminée. 

Il suffĂźt de l'appoint des grains et des troupeaux des no- 
mades dq voisinage pour assurer la subsistance des Ksouriens 
deGafsa et d'El-Guettar«. 



Les gens de Gafsa en effet ne pratiquent pas TĂ©levage ; la 
terre cultivable, au voisinage des sources de l'oasis, est trop 
prĂ©cieuse pour ĂȘtre employĂ©e en pĂąturages. Les Ksouriens 
ne possĂšdent que des bĂȘtes de somme pour le transport de 
leurs denrées et le travail des jardins : des ùnes en assez 
grand nombre, des mulets, des chameaux, quelques chevaux; 
Ă  peine font-ils paĂźtre dans les olivettes et les friches de l'oasis 
quelques moutons, quelques chùvres, quelques bƓufs : en- 
core le bƓuf sert-il plutît au labour et à Tentrotien des plan- 
tations que comme bĂȘte de boucherie. 

Les nomades au contraire sont essentiellement des Ă©leveurs : 
le bled leur fournit des pĂąturages suffisants pour nourrit' do 
nombreux troupeaux de chameaux et surtout de moulons et 
de chÚvres qu'ils échangent sur le marché de (iafsa contio 
l'huile et les dattes nécessaires à leur alimentation. Ils (ïtit 
en outre quelques cultures de céréales dans les bas-fonds hu- 
mides, et la double nécessité de trouver de;* pùturages pour 
leurs troupeaux et de surveiller leurs maigres cultures 
explique tout le mouvement de leur vie nomade. 

La végétation de touffes de driss, de reteni, d'armoise, par- 
semée dans le bled et les flancs des djebels apri^s la saison 



1. Le rapport du conseil d'administration de la Compa^'^irĂźo dp Gafsa {\WJiy, 
p. 6) signaile le transport par la voie ferrée de 1.191 tonnes ili* farines eß céréa- 
les, probablement importées en majeure partie pour les hvsoins du pei^sonnel 
de la compagnie et des européens de la garnison, ou transi timi d'un point 
de la ligne Ă  un autre. 



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i 



96 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

des pluies, tes tamarins qui croissent sur les bords des oueds, 
des sebkhas et des garaats, les broussailles et les quelques 
arbres qui existent encore dans la montagne, quelques hec- 
tares de chaumes de céréales constituent ces pùturages du 
steppe ([ai nous paraissent si pauvres et désolés mais qui suf- 
fisent cependant Ă  nourrir, depuis des siĂšcles, des milliers de 
chamoaux, de moutons et de chĂšvres. Ils sont plus abondants 
et plus verfs les annĂ©es oĂč la pluie est moins rare ; certains 
d*entre eux tmt une valeur particuliĂšre : les tamarins de la 
vallée saline fie Toued Tarfaoui, ceux de Toued Melah, de la 
Garaat ed-l)ouza sont spécialement appréciés et le puits de 
GouĂźflu, AU centre du bled Tarfaoui, est un centre important 
de passage des troupeaux ; de mĂȘme la plaine du Guemouda 
oĂč Ton trouve de l'herbe toute TannĂ©e; comme nous l'avons 
déjà indiqué, les pùturages de la partie du bled Segui com- 
prise enti^ Bir Cheigga et le Tarfaoui, au nord du chott El- 
Ujerid, sont assez abondants pour nourrir 6.000 moutons, et 
si favorables à la race ovine que « les moutons du pays trans- 
portés eu un autre point de la Tunisie y dépérissent, et que 
les bétes étrangÚres qui y sont importées prospÚrent rapide- 
ment* ĂŻj. 

Les raquettes de cactus qui contiennent des matiĂšres nutri- 
tives et une forte proportion d'eau, constituent Ă©galement une 
bonne nourriture pour les moutons et les chÚvres et sont fré- 
quenmient données aux troupeaux du voisinage immédiat de 
Gafsa et dans les villages du massif d'El-AyaĂŻcha oĂč le figuier 
de Barbarie forme des haies nombreuses^. 

L Supt^t p. l--i-45. Du Paty de Cl\m, op. cit., p. 281, note. — Auo. Bernard 
pt N. Lacroix, VÉvolvtioix du nomadisme en AlgĂ©rie^ p. 96. 

'1. GkasdEsU', /^ G. .V., lîdcccmbre 18%, p. 100^-11011. — Composition com- 
parée di?a raqueiies de cactus et de la betterave : 

Cactus. Betteraves. 

Eau 94,84 % 88 % 

MatiÚres azotées 0,41 1,1 

Cellulose 



Amidon 

Bakaban^ Ăčp. cil. y p. 151. 



I 4,75 l 10,9 



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GÉOGRAPHIE ÉCOiNOMIQUE. 97 

La plupart des nomades du pays de Gafsa transhument 
avec leurs troupeaux, suivant la saison, abandonnant un pĂą- 
turage épuisé pour en chercher un autre : ils passent ainsi 
du bled Segui aux rives duchotl El-Djerid et au Tarfaoui (Oulad 
Mammeur); des plaines du Seldja Ă  celles de l'Oum el-Ksob 
(Oulad Selema). Ils campent TĂ©tĂ© dans les bas-fonds oĂč un 
peu d'humidité et de végétation subsistent pendant la saison 
sĂšche, et oĂč leurs pauvres cultures de cĂ©rĂ©ales, abandonnĂ©es 
aprÚs les semailles, arrivent à maturité au mois de juin ou 
de juillet. AprÚs la récolte, ils séjournent quelque temps sur 
les chaumes dont les moutons sont trĂšs friands. AprĂšs les 
premiĂšres pluies d'automne, le labour et les semailles, ils 
se séparent en plusieurs groupes qui vont planter leurs tentes 
dans les pĂąturages des hautes plaines et de la montagne oĂč 
leurs troupeaux trouvent une nourriture suffisante en se dis- 
persant sur de grandes Ă©tendues dans le bled pour brouter 
les herbes dures*. 

L'exemple le plus frappant de ce nomadisme Ă  petits par- 
cours est fourni par les gens des villages du massif d'El- 
Ayalcha : sédentaires puisqu'ils possÚdent des ksours et quel- 
ques jardins, ils sont obligés de noniadiser dans la mon- 
tagne et de descendre dans la plaine pour nourrir leurs trou- 
peaux, pour semer et récolter quelques hectares de blé et 
d'orge au voisinage des redirs, parmi les gommiers du bled 
Thala et dans les bas-fonds du bled Segui. Ils ne demeurent 
guĂšre dans leurs maisons que pendant les semaines les plus 
chaudes de l'année, vivant de réserves ensilées ^. 

Dans les années les plus sÚches, quand les pùturages man- 
quent et quand le bled est aride, la zone de transhumance 
s'étend et les troupeaux sont envoyés sous la conduite de ber- 
gers choisis dans le nord et le centre de la RĂ©gence, oĂč ils 
obtiennent — moyennant une faible redevance dans les ter- 

1. RiviĂšre et Lecq, op. cit., p. 181 et sq. 

2. R. Af. française, 1888, p. 193, 194. — Baraban, op. cU., p. 151. — Riviùre et 
Lecq,o/>. cit., p. 198 et sq. 



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f 



98 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

rains domaniaux du Gueniouda — le droit de pacage sur des 
parcours plus favorisés par le climat*. 

Dans le contrĂŽle de Gafsa, on compte environ 60.000 mou- 
tons (5 % du troupeau tunisien). 22.500 chĂšvres (9 % du trou- 
peau tunisien), 1.500 bƓufs, 10.000 chameaux, 5.200 ñnes, 
150 mulets, iOO chevaux 2. 

Le clianieau, employĂ© comme bĂȘte de caravane, TĂ ne, uti- 
lisé par les indigÚnes pour les transports dans Toasis et en- 
tre les douars, ne sont pas Tobjet de transactions actives : 
36 Anes et iO chameaux seulement furent présentés par 
mois sur le marché de Gafsa en 1898. Au contraire les mou- 
tons, dont la chair constitue une partie importante de la 
nourrit cre des Ksouriens et dont la laine est employée par 
les tisserands locaux, sont trÚs recherchés, ainsi que les chÚ- 
vres appréciées pour leur lait et leur poil : en 1898, 86i 
moutons et 567 chÚvres furent présentés en moyenne chaque 
Tiiois sur le marché de Toasis. La valeur de tous les animaux 
ainsi présentés à Gafsa en 1898 fut de 15.000 fr. par mois en- 
viroßK Kticore faudrait-il ajouter à ce chiffre déjà élevé, pour 
avoir une idée exacte de Timportance de l'élevage dans la 
réf.'^ion, la valeur des animaux vendus dans les oasis et les 
contrĂŽles voisins par les pasteurs et celle des animaux con- 
sommés dans les oasis et les douars sans donner lieu à des 
transactions publiques. 

Les moutons tunisiens ne donnent pas lien Ă  un commerce 
d'exportation considérable et les moutons du pays gafsien en 
particulier paraissent donner lieu Ă  un trafic presque exclusi- 
vement local: Gafsa est en effet, aprÚs Kebili, le marché le 
juoins important signalé par les statistiques tunisiennes^, et 



l. Vtiiftn rolttniaie, ce qu'on peut faire en TunUie (Conféi'ence), R. tun., 
W!^ p. UVl. — Aug. Bernard et Lacroix, op. cit., p. 57. 

'2. BtttL dir. agr. et comm., 1902, p. 3:;'7. 

% M,, iwrn, oct., p. 97 et sq. ; 1899, janvier, p. ^ et sq. ; 1899, avril, p. 96 et 
stl^ L'exportation des moutons tunisiens a Ă©tĂ© de de 76.500 tĂȘtes en moyenne 
pHTidanf I*« cinq derniĂšres annĂ©es, dont 44.000 tĂȘtes (60 %) transhumant en 
Algf*rit\ 



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GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE. 99 

si 1 élevage tient une grande place dans la vie de la région, 
c'est en raison du complément indispensable qu'il apporte à 
la nourriture et Ă  l'industrie des cultivateurs ksouriens, et 
de sa valeur d'Ă©change pour les nomades : TĂ©levagc du 
mouton et de la chÚvre complÚte en effet Tindividualité éco- 
nomique du pays de Gafsa et achÚve de réunir ses habitants 
par des liens d'intĂ©rĂȘt si Ă©troits et si conformes aux conditions 
géographiques locales que nomades et sédentaires pourraient 
se suffire Ă  eux-mĂȘmes et satisfaire leurs besoins essentiels sans 
avoir recours Ă  l'importation. 

Des mesures pratiques, destinées à améliorer cette situation 
en la rendant plus stable et en créant un commerce d'expor- 
tation, ont été envisagées. 

La plupart des moutons des bleds gafsiens sont des burba- 
rins à grosse queue, résistants, bien adaptés à la rudesse du 
climat et au régime de la transhumance ; mais leur appendice 
graisseux , s'il les préserve de la disette eu leur fournissant 
une réserve nutritive, a l'inconvénient de nuire au dévelop- 
pement et Ă  la saveur de la chair; en outre la laine de cette 
espĂšce ovine est grossiĂšre et mĂȘlĂ©e d'impuretĂ©s. Il serait donc 
à l'avantage des éleveurs de créer des produits de viande et 
de toison plus fines, qui seraient plus appréciés des consom- 
mateurs européens établis dans le pays, des tisserands indi- 
gĂšnes et des exportateurs. Le croisement des types locaux 
avec des barbarins à queue fine et des mérinos de la Grau 
ou de Castille a donné de bons produits en Algérie et en 
Tunisie oĂč les espĂšces importĂ©es, accoutumĂ©es Ă  la trans- 
humance, ont trouvé des conditions climatiques presque 
semblables Ă  celles de leur pays d'origine. DĂ©jĂ  le gouver- 
nement tunisien a facilité l'introduction dans les douars de 
brebis et de béliers sélectionnés en les procurant aux in- 
digÚnes à prix coûtant. Les 2.000 moutons à queue fine 
du bled Segui, renommés pour leur belle qualité, donnent la 
certitude que le croisement des races entrepris dans de plus 
grandes proportions, aurait des résultats excellents dan» le 



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100 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

paysgarsien qui est véritablement le « pays du mouton^ ». 

I'q aulre moyen d'améliorer les troupeaux consisterait dans 
la construction, au voisinage des principaux bordjs et points 
d'eau, de hangars et d'abris lĂ©gers oĂč les animaux pour- 
raient ĂȘtre protĂ©gĂ©s pendant la mauvaise saison de la pluie 
torrenlielle et du froid 2. 

11 serait à la fois désirable et difficile d'arriver à généraliser 
remploi de ce procédé de stabulation temporaire chez les in- 
digÚnes habitués depuis des siÚcles à laisser leurs troupeaux 
en plein air nuit et jour, à toutes les époques de l'année. 
La grande Ă©tendue des pĂąturages serait peut-ĂȘtre un autre 
obslacle Ă  l'utilisation rapide, en cas d'orage, d'abris qui res- 
teraient nécessairement éloignés les uns des autres. 

L'aménagement et Tentretien des points d'eau est un pro- 
cédé beaucoup plus pratique et plus urgent. 11 s'agit là de 
travaux trÚs peu importants et peu coûteux qui ont été en- 
trepris déjà en assez grand nombre et avec succÚs : Restau- 
l'citioii de barrages, d'aqueducs, de réservoirs romains, captage 
de sources, constructions de conduites maçonnées, d'abreu- 
voirs, de citernes. Ces travaux sont si pratiques et les noma- 
des en comprennent si bien l'utilité qu'en 1893, quand le 
Majen Smaouï fut remis en état, 140 indigÚnes se présen- 
tÚrent spoatanément et déblayÚrent la citerne ruinée sans de- 
mander de salaire 3. Ces travaux ont en effet l'avantage de 



L lĂŻELKCK.w, Le mouton en Afrique, R. lun., 1899, p. 11, 12, 13-17 et passim. 
— HouiĂźDE, /.'Ă©levage du mouton en Tunisie, p. 22, 24, 27, 294^5. — Du Paty de 
Cr.AM, fjp. tiL, p. 281, note. — RiviùitEet Lecq, op. cit. y p. 939 et sq. — Rapport 
nu PrĂ©Hidtmt, 1ÎK)5, p. 24. De FAr.Es, Établissement d'un pror/ramme de grands 
intvait^r tm Tunisie, p. 51. 

2. DfxÉcHA/, op. cit. y p. 13. — Un abri de 400 mùtres cubes pouvant contenir 
environ 90fi moutons ou brebis avec leurs agneaux coûterait vraisemblable- 
ment 5fVl Ă  7M) francs. Aug. Bernard et Lacroix, op. cit., p. 3^337. 

3. KeMAuration du barrage et du j>etit aqueduc d'AĂŻn MoularĂšs (1.500 fr.J, de 
la i'ilerne ilr SmaouĂŻ (1893, 3.800 me, 3.000 fr.), du Majen el-Fedj (1899, 
10.5(X) fr.); tiégagement et réparation des Majen Bel Abbés (1893, 2.000 me, 
ti.WNj fr.j; ri^couvrement d'une citerne des Majen Bel AbbĂšs (1897, 5.000 fr.); 
captag*^ d'urnj source, construction d'une conduite maçonnée de 1.150 m. et 
d'nn barrage au dj. YounnÚs; réparation du barrage et des conduites maçon- 



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I 




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LI3RARY 



A^'K^P, Lh.iA)\ AND 



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GÉCKiRAPHIE ÉCONOMIQUE. 401 

procurer aux hommes et aux troupeaux une eau saine, infi- 
niment préférable à celle des redirs et des mares que les 
animaux souillent en y pénétrant ; ils permettent surtout Tu- 
tilisatiou par les nomades de parcours nouveaux que TĂ©ioi- 
gnement des anciens points d'eau praticables ne laissait 
guÚre la possibilité d'exploiter; ils permettent également de 
ménager les pùturages anciens et d'y empÚclicr la destruc- 
tion presque complÚte de la végétation, résultat de l'abus du 
pacage; peut-ĂȘtre leur multiplication aurait-elle pour der- 
nier effet, en augmentant le nombre des pĂąturages acces- 
sibles, de cantonner les nomades dans certaines parties du 
bled et de la montagne bien déterminées et plus restreintes, 
et de diminuer l'étendue réelle du pays qu'ils occupent, sans 
grande utilité pour eux, au détriment des cultivateurs sé- 
dentaires ^. 



Ainsi c'est, comme Ă  l'Ă©poque romaine, par des travaux hy- 
drauliques bien compris que le bled est rendu plus produc- 

nées de rouod Bou Haya (1893, 2.(JU0 me, 4.tiOU fr.); construciioEi du puits do 
Maknassy (4.000 fr.); réparation du puits de Sened (H<N> fr.); consirueiio» iJu 
barrage, de la conduite maçonnée et de l'abreuvoir do l'oued CJjordiai*a, hui- 
l'emplacement de l'ancienne Thala (IHlfci, Î^TjO me, 1(K(X)0 fi-J; aiiiĂ©iia^eiiienĂŻ 
du Bir Rekeby de la source de Djemma et de la source de Softiuii* 

Gauckler, EnquĂȘte sur les travaux hydrauliques des fhmuim en 7*uHisie^ \^ p. 
190-1 ; II, p. 24. — Dir. gĂ©nĂ©rale des travaux publie^ t(ifiUtui.T ĂȘiatUiiquet^ 19L)G, 
1, p. 30-31-39-40-4-i. De Faces, loe, eit. 
1. SuprOf p. 3G et sq., 42 et sq. — Riviùre et Lfxq, op, çU,^ p. <li5. 
L'Ă©lude de MM. Aug. Bernard et Lacroix sur VÉvolutum du HOftintĂŻhme eti Al* 
géiHe, publiée récemment d'aprÚs les rapports des chefs dos hnroatu ß(i'Jigt>iiea 
de TAIgérie, indique trÚs nettement que, d'une façon giMjr raie, daimlos it'^^nonH 
de l'Afrique du Nord oĂč les conditions de la vie sont sonsiblenicnt les mt^ues 
que dans ce pays gafsien, la sécurité chaque jour plus slssuh'h*, Ta ugm en ta lion 
des ressources hydrauliques, l'utilisation meilleui*e des piltufagos dos sirpjn^s, 
la construction d'abris, sont susceptibles de dévcloprior le iroupi'im ovin et 
d'aniéliorer ses qualités. Cette amélioration et ce dévclnf^ioineiit, en Algéno 
comme dans lesud de la Tunisie, semblent compatibles avoc uno oiension Iiu- 
portante des cultures et une plus grande fixité despojiulatßoti^ iLomadrs dati^^ 
le bled mieux aménagé et plus sûr (op. cit., p. ll>l et sq., passiuii. 



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102 LA GAFSA ANCIKNNK KT MODERNE. 

tif et plus habitable. Ces travaux sont exactement de mĂȘme 
nature et de mĂȘme importance que ceux d'il y a dix-huit 
siĂšcles; ils en sont souvent la restauration; ils ont des effets 
ĂźdentiqmB. 

('.ette rĂ©pĂ©tition des mĂȘmes manifestations de l'industrie 
humaine est d'autant plu» curieuse qu'elle se produit d'une 
maniĂšre plus complĂšte encore dans un mode d'utilisation du 
hl*ßd ([ui nous semble nouveau et est en réalité la reproduc- 
tion Je mesures prises par les cultivateurs gafsiens pour colo- 
niser le pays sous l'empire romain. 

Ces cultivateurs avaient réussi à couvrir les plaines gaf- 
Ăź^iennes de riches olivettes en construisant des travaux de 
préservation contre le ruissellement torrentiel des eaux de 
pinße et en aménageant des réserves d'eau destinées à l'ali- 
meutiition des habitants, Ă  l'entretien de quelques jardins 
et à l'arrosage des plantations pendant les années les plus 
sĂšches. 

Le gouvernement tunisien^ soucieux de poursuivre la poli- 
tique agricole préconisée avec beaucoup de force et de clair- 
voyatice par M. Bourde, s'inspirant de ces précédents et en- 
eouragé par la prospérité des olivettes de Sfax, homologua, 
par un décret du 5 août 1899, les procÚs-verbaux et plans de 
reconnaissances de 55.000 hectares de terrains domaniaux, sis 
dans les bleds Maknassy, Zannouch et Sened*. 

Ces bleds étaient cultivés à l'époque romaine : on y re- 
trouve de nombreuses ruines, principalement au voisinage 
de Ksar el-Ahmar, de l'H. Fersch et de la vallée de l'oued Ser- 
kress. Situés au pied de la haute chaßne du dj. Bon Bellel 
el du Bon Hedma, ils sont trÚs arrosés ot les terrains d'allu- 
viĂŽns sablonneuses qui les composent sont relativement fer- 
tiles : les indigĂšnes y ont mĂȘme quelques cultures de cĂ©rĂ©ales 
à Touest dans la haute vallée d'un affluent de TO. Serkress. 



L UoLRDE, Rapport sur la culture de Votivin^ en Tunisie. Bull. dir. agr. et 
Çûmm^u 18Ăź:lĂź:», oct., p. 11. 



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GÉOGRAPHIE ÉCONOMIOUK. 103 

La masse d'eau souterraine en suspension dans le sol est abon- 
dante; les puits ont un débit élevé*. 

Ces terrains, traversés sur une longueur de prÚs de 60 ki- 
lomÚtres par la voie ferrée qui en augmente encore la valeur, 
ont été lotis et concédés dans les mémos conditions que les 
terres Sialines de Sfax^. Au 1" juillet 1902, des capitaux se 
montant à la somme de 350.000 francs y étaient engagés, 
12.283 Has f aient déjà aliénés, 3.580 étaient plantés, 2^1 
habitants étaient fixés autour de la station deMaknassy^. 

Depuis cette époque, le centre de Maknassy n'a cessé de se 
développer. En 1905, il y avait dans le caldat des Hammama 
24.066 oliviers de moins de vingt ans dont la plupart devaient 
ĂȘtre dans les terrains domaniaux de Maknassy *. 
‱ Les oliviers sont plantĂ©s et exploitĂ©s Ă  Maknassy dans les 
mĂȘmes conditions et suivant les mĂȘmes procĂ©fJrs qu'Ă  
Sfax. 

Des éclats détachés d'arbres productifs sont enfouis dfins 
le sol sablonneux, dans des trous creusés à l'avance, au mo- 



1 . BtUL dir. agr. et comm.j 1902, p. 355. 

2. Les terrains domaniaux situés autour do Sfax, dans un rayon dû 70 ^ 8ii 
kilomĂštres, avaient Ă©tĂ© codĂ©s en 1514 parle khalife Ă  Salem IlassÉiii iO-AiiSiicy, 
à titre de concession renouvelable à la mort de chaque souverain. Le» des- 
cendants de Hassan el-Ansary les vendirent en 1759 Ă  la fan^ilio Sialii gui 
leur donna son nom. A la suite du développement dos plantations d"olivii*js 
parles Sfaxiens qui s'emparaient de ces terres, des conflits incosĂź^juil !> sVlov^- 
rent : le Bey Mohammed Sadok reprit possession des terres sialinos tm 1H7L 
Le régime définitif de vente de ces terrains fut établi par un détrnft du H fé- 
vrier 18ß>2 qui fixait le prix d'achat de l'hectare à 10 francs i)a yublf'Sj moilié 
au moment oĂč l'autorisation de planter Ă©tait donnĂ©e, moitiĂ© au moment oĂč 
les plantations étaient faites et le titre définitif délivré. Le nouthro cl oliviors 
dans le caĂŻdat de Sfax Ă©tait en lĂźM>5 de 2.053.020 dont l.:i37.0,'if; lonno^ non 
imposte (ĂągĂ©s de moins de vingt ans). Bourde, op. cil., p. 58-59. — Uk j/KĂź^I'I- 
.NASSE Lanoeac, H. G. S.j 18ü)6,p. 1108. Mixangoin, op. cU.,\i. 48. — Hiippurfuit 
Président, V.Hj, \\ 507. 

3. Ihill. dir. afp\ ri comtn., liJ02, p. 1^50-357. — Le Rapport au Pr/'sidetit de 
la KĂ©piibliquo (10(15, p. 575) indique Ă  Maknassy rexistonee de lO/i!ir Ihis 
lotis, divisi'S en ÎJ8 lots dont 30 vendus et rĂ©servĂ©s. 

\. Du BosQ DE Beal'most. La Tunisie, p. 1 15-1 10. — Hopport titt prhidt'ni\ 
1905. p. 567. 11 y avait dans ce caĂŻdat 31.810 oIivioi*s au tot:il ^inut l.OH 
sauvages et 0.139 vieux oliviei-s, — sans doute dispersĂ©s dans l'Ăźli-nolilr liiu^ 
mouda et les montagnes d'El-Ayaïclia (//i</iVa/fio' Tunisien, UNÛ, p, KN'f lui]. 



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m LA GAFSA ANCIENNK ET MODERNE. 

ment des pluies d'hiver, Ă  raison de 17 Ă  20 pieds par hec- 
tare et recouverts de terre ; au printemps, les premiers rejets 
apparaissent Ă  la lumiĂšre: s'il ne pleut pas, on arrose chaque 
pied plusieurs fois par an, suivant les besoins de la plante^ 
Chaque année, l'arbre est soigneusement taillé, afin que Tair 
puisse circuler librement entre les branches maĂźtresses. Les 
espaces produisant des fruits de qualitĂ© supĂ©rieure '‱ sont seules 
greifées; jamais les espÚces à huile^ ne le sont. 

Pondant les premiÚres années de croissance des olivettes, 
des cultures intercalaires d'orge et de fÚves sont pratiquées 
entre les arbres; elles diminuent chaque année à mesure que 
les oliviers se développent, et disparaissent généralement la 
HepfiÚme année. Le terrain est alors réservé aux seuls oliviers 
et subit au moins cinq labourages par an : deux Ă  la charrue 
et trois à la maacha, instrument sfaxien approprié aux terres 
légÚres et dont la grande lame emmanchée horizontalement 
coupe les herbes Ă  2 centimĂštres de terre; ces labourages 
ont généralement lieu aprÚs les pluies qui font germer les 
mauvaises graines; ils sont multipliés tant que les mauvaises 
herl>es n'ont pas complÚtement disparu; pratiquées d'octobre 
h mai, ces façons ont en outre l'avantage d'aérer la terre au 
moment oĂč le soleil n'est pas assez ardent pour dessĂ©cher le 
sol  une grande profondeur. 

AprÚs la huitiÚme année l'arbre commence à produire; il 
atteint Ă  vingt ans son rendement normal : dans deux ans, les 
premiĂšres plantations de Maknassy porteront des olives, et 
Tolivette, Ă  Tautomne, se remplira de cueilleurs cotnme les 
jardins de Gafsa et de Sfax et les vignes du nord de la Tuni- 
sie ; elles seront dans douze ans en pleine production et, dans 
vingt ou trente ans, le bled sera peut-ĂȘtre couvert sur une 



L L'arrosage alieu généralement trois fois pendant les deux premiÚres an- 
ni^is; ciiaque arrosage est de deux jarres de 15 Ă  20 litres par pied (Bolrde, 
Qfi, cit., p. 35). 

i. EspĂšces MĂ©halli et Nab, produisant des olives de table. 

3, l'spĂšce Chemlali. 



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GÉOGKAPHIE ÉCONOMIUrE. lo:; 

Ă©tendue de 55.000 hectares* de plantations en pleine pro- 
duction 2. 

Non seulement les propriétaires de Maknassy emploient les 
mĂȘmes procĂ©dĂ©s que ceux de Sfax, mais ils emploient la 
mĂȘme main-d'Ɠuvre : EuropĂ©ens et Tunisiens font appel aux 
cultivateurs sfaxiens secondés par des indigÚnes tU^ larcgrßon, 
et passent avec eux, devant notaires, des contrats d' associa Hou 
dits contrats de mgharça^. 

Le concessionnaire fournit la terre, les clĂŽtures s'il y a lied 
et des avances en argent remboursables Ă  IV xpi ration du 
contrat. Le mgharci fournit les Ă©clats Ă  planter, les animaux 
(1 chameau de labour pour 10 hectares) et les instruments 
de travail; il cultive environ 10 hectares s'il vit seul, ;ĂŻO bec- 
tares s'il a de la famille, se charge de tous les soins Ă  donner 
à Texploitation et dispose généralement de 2/3 ou de 3/i de 
la récolte intercalaire. Vers la huitiÚme ann^^e, quand ley oli- 
viers commencent à produire, la propriété est divis/'e par les 
aminés en deux parts égales attribuées par le sort au pro- 
priétaire et au mgharci. Chacun des associés retrouve sa li- 
berté; mais, le plus souvent, le propriétaire prend ^on ancien 
mgharci, devenu son voisin, comme fermier ou comme métayer 
(khammÚs) et lui abandonne 1/3 ou 1/2 de la récolte de son 
lot*. 



1. La superflcie du déparlement de la Seine est de 47.500 Uectai^!?.. 

2. Dans les olivettes de Sfax, la taille est soigneusement coniiniuv' chaque 
année aprÚs la huitiÚme année. L'olivier fleurit en mai, les fruits sont formés 
en juin et la cueillette a lieu d'octobre Ă  janvier : les cueilk^jrs ne gaulmil 
pas les olives comme dans le nord, afin d'éviter de détruire les bourgrions et 
les jeunes pousses; ils se servent d'Ă©chelles doubles et peignent les fruits k la 
main. La récolte n'est pas réguliÚre chaque année : les olivettes doiinonl ou 
gĂ©nĂ©rai successivement une bonne, une moyenne et unemauvai^it; rĂ©colir. — 
BoLRDE, op. cU.t p. ^{-SQ. — RiviĂšre et Lecq, op. et/., p. 353 «'t sq. 

3. Bull. dir. agr. et comm., 1902, p. 355-356. — Il y avait 11 Mrvknassy au 
l" juillet lß*>2, en dehors des employés du chemin de fer, l i Fmmjais, ^ éiram* 
gei"s(ltaliens),63 Sfaxiens et Sahéliens(sans compter les femmes et les enfants), 
08 indigĂšnes (id.). Une partie de ces habitants, les Ă©trangei-s et les indigĂšnes 
delà région surtout, étaient employés au commerce de l'alfa. 

L Bourde, op. cit., p. U-KĂź. 

LA G4FS4 ANCIENNE. f 



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106 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

« Le contrat de mgharça, écrit M. Ribau, a l'avantage d'as- 
socier les intĂ©rĂȘts français et arabes : il se recommande par 
lĂ  mĂȘme Ă  l'intĂ©rĂȘt politique de la France ; il permet, en outre, 
de fixer le nomade, de l'attacher au sol; il procure une plan- 
tation économique; il assure la réussite, puis ju'en travaillant 
pour soQ patron l'ouvrier travaille Ă©galement pour lui; il ga- 
rantit le colon français contre les déprédations et le décharge 
des soucis de la création ^ » 

AprÚs M. Bourde, M. Minangoin a calculé avec beaucoup de 
sûreté qu'une olivette de 1.000 hectares, à Sfax, revient à 
65.000 francs en capital, soit Ă  7 fr. 22 par pied d'olivier restant 
an propriétaire aprÚs l'expiration des contrats mgharça^. 

La dépense annuelle par arbre, impÎt compris, est de 2fr.70 



L Rin.vL, ch(^ par l'Espinasso Langeac, op. cit., p. 1108. 
ü. Compip frotablissenienl d'une olivotle de l.OÎK) hectai-es dont 500 revien- 
drotit RU propri(^taire, à la lin de la huitiÚme année : 

V* ann^e .- Versement de la moitié du prix du terrain 5.000 Trancs. 

* puits par aso hectares, soit ft, à i.OOO l'un 8.000 — 

i maison pour le gĂ©rant 4.000 — 

Avances aux mgharcis, 9 francs par olivier, soit 

pour 1.000 hectares (!iO oliviers à l'heclare)... 4X000 — 

Acquisition et transport des Ă©clats 4.000 — 

I* ann^e : Versement de la i* moitiĂ© du prix du terrain — 6.000 — 
Piirl du gérant 1/10 de 10.000 oliviers soit 1.000 

oliviers à 10 francs 10.000 — 

InlĂȘrifM ; k^ % des dĂ©penses de la l*^* annĂ©e (59.0' fr.}, soit 

S.950 par an, pendant 10 ans <2).530 — 

A 5 X des dépenses de la 4* année (5.900 fr.), soit 

i;^ francs par an, pendant G ans 1.500 — 

105.000 francs. 

Ues:nuels ß] y a lieu de déduire 40.000 d'avances aux mgharcis, remboursa- 
blcfi sans rnt<^r(>ts. 

Hcsle comme frais d'Ă©tablissement nets : 05.000 francs pour lesquels le pro- 
prieiarj-e reçoit 9.000 oliviers, la part du gérant une fois prélevée. Le prix de 
rarbiv ost donc de 65.000 : 9.000 = 7 fr. 22. 

&lr\ANuiĂŻ\, La culture de l'olivier, Bull. dir. ayr, et com., liXX), p. 59. Le prix 
de revient rixĂ« par M. Bourde Ă©tait de 3 francs par pied. — Bourde, op, cit., 
j), A^-M. — Le prix de revient de l'olivier dans une olivette exploitĂ©e» directe- 
jHcnt par le propriĂ©taire, avec l'aide d'une main-d'Ɠuvre salariĂ©e, est fixĂ© 
par M. Minangoin Ă  7 fr. 79 {op. cit., p. 02). 

Les l'valualions de M. Duponchel sont manifestement exagérées. Ditonciiei., 
Lu cotoniĂȘĂ»tion française dans l'Afrique du \oid et la culture de l'olivier dons 
Vantißiiic B]fiocÚne, Bull. Soc, languedocienne géogr., 1902, p. 281 et sq. 



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GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE. 107 

à 2 fr. 75 environ, à partir de la huitiÚme année. De la hui- 
tiÚme ou de la dixiÚme anaée à la vingtiÚme, les dépenses 
sont largement couvertes par les premiers bénéfices. Le rap- 
port moyen par arbre ùgé de 20 ans est de 45 à 50 litres d'o- 
lives qui donnent environ 10 Ă  11 litres valant6 fr. 20 Ă 6 fr. 75 ; 
le produit net de Tarbre est donc de 3 fr. 50 Ă  4 francs; 
Tarbre vaut une cinquantaine ^e francs; Thectare 800 Ă  
1.000 francs; la valeur de 450 hectares restant au proprié- 
taire est de 400.000 francs environ, soit 6 Ă  7 fois le capital 
engagé; le rapport moyen varie entre 32.000 et 36.000 francs. 
Dans certaines plantations particuliÚrement favorisées, ces 
chiffres peuvent ĂȘtre largement dĂ©passĂ©s^ 

Ces chiffres, établis d'aprÚs les résultats de l'exploitation des 
olivettes de Sfax, sont applicables aux terres de Maknassy 
oĂč la culture, qui rencon^tre des conditions gĂ©ographiques 
favorables, est poursuivie avec les mĂȘmes procĂ©dĂ©s par la mĂȘme 
main-d'Ɠuvre et donnera sans doute les mĂȘmes rĂ©sultats quand 
la période de pleine production sera atteinte. La marge des 
bénéfices est assez grande pour permettre aux olives et aux 
huiles du paysgafsien de supporter le transport en chemin de 
fer et de lutter avec les huiles sfaxiennes et sahéliennes^; et 
les débouchés ouverts à l'huile d'olive tunisienne sur le marché 
fran<;aiset le marché européen sont considérables^. On com- 

1. MiNANCOiN, op. cit., p. C9. —Bourde, op. cit., p. 47-18. Afin de ne pas prĂ©- 
senter d'évaluations exagérées nous nous sommes servi, pour le capital d'éta- 
blissement, des chiffres de M. Minangoin, plus élevés que ceux de M. Bourde, et, 
pour les bénéfices nets, des chiffres de M. Bourde beaucoup moins élevés que 
ceux de M. Minangoin (10 francs bruts et 13 fr. 25 nets par an). — De l'Esi'i- 
nasse-Langeac, op. cil. y p. 1110. — Mcnangoin, op. cil., p. 70. 

"1. Supra, p. 24, oipassim. Le prix de transport de l'huile est de 1 1 le. i*\ ĂŻn 
tonne de Maknassy Ă  Sfax (par envois de 5.000 kgr.), soit de fr. 01 4-* le kilo- 
gramme et deOfr. 155 environ les 10 litres, laissant au producteur uno uiargo 
nette de 3 fr. 35 environ en gare de Sfax. 

3. La France a importĂ© en moyenne pendant les trois derniĂšres annro,^(19<XÎ- 
1905) 2oß.000 quintaux d'huile d'olive. Pondant les six derniÚres années (T.NNk 
10U5) la Tunisie a exporté en moyenne en France pour 3.770.500 francs dluiile 
d'olive, représentant au prix moyen de 05 centimes le litre (00 fr. le qviintiil) 
62.8^2 quintaux. Économiste français, 24 fĂ©vrier VM). Rapports au Pn'iiffettl 
de la R^uhlique. 1903, p. 130-105; IWI, p. 563; 11)05, p. 597. — Bourde» op, cii,. 



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108 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

prend dĂšs lors rempressement des colons et des Sfaxiens Ă  
venir s'Ă©tablir dans le Maknassy qui n'Ă©tait qu'un steppe il 
y a quelques années à peine. 

I/extonsion des olivettes dans toute retendue des terrains 
domaniaux du pays gafsien ne dépend que des ressources en 
eau de la rĂ©gion et de leur amĂ©nagement : partout oĂč le sous- 
sol contiendra assez d^humidité en suspension pour les racines 
des oUviers, partout oĂč des rĂ©serves d'eau pourront ĂȘtre cons- 
tituées pour larrosage périodique des arbres pendant les an- 
nées sÚches, pour l'alimentation des hommes et des animaux 
et rentretien de quelques jardins, les plantations pourront 
s'Ă©tendre. Or il parait bien que la plus grande parlie, non seu- 
lement des bleds et des vallées de Maknassy et de Zannouch, 
mais de tout le pays gafsien, présente ces conditions : les 
ruines agricoles romaines, l'olivette de 50 hectares située 
Ă  3 kilomĂštres de Lalla, dans la plaine et loin de tout canal 
d'irrigation^ en font foi. La plaine de l'Oum el-Ksob oĂč les 
henchirs sont nombreux et oĂč subsistent des oliviers sauvages, 
les hautes plaines phosphatées du Seldja, le bled Tarfaoui 
jusqu'Ă  El-llainma, une partie du bled SeguĂź paraissent parti- 
culif^rement propices Ă  cette culture *. 

L'État tunisien possĂšde encore dans ces rĂ©gions, en dehors 
de rimmcnse domaine de Maknassy, des terrains cultivables 
trÚs étendus et qui seront à proximité des voies ferrées nou- 
velles, d'AĂŻii MoularĂšs Ă  Sousse et de Tozeur Ă Gafsa^. Peu Ă  
peu lantique forĂȘt romaine se reconstituera partiellement Ă  
cÎté des parcours des troupeaux nomades. 

Pour arriver à ce résultat, il ne s'agit pas en effet de couvrir 



jK (>1-0H, M. Bonnlo estimait en l^X\ que les prix de l'huile baisseraient sans 
doulc dés que L(J<X).000 d'oliviei*s nouveaux auraient été plantés, mais laisse- 
rflienl une mar^e de bénéfices suffisante. Ces prévisions se sont réalisées en 
partie* 

I. üiittuiiE, op, vit. y passim. — Carton, Onsis disparupf, f{. tun., ISOri, p. -^Jl- 
21 L — Dl rv^i V un Clam, Éfude sur le blrd Tarfaom, Bull. GĂ©ogr. corn. h\ hisl. et 
ir„ m:. |>. KN^ÏM. 

ßß. In/ra^ p, itU et s<|. 



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GÉOGHAPHIK ÉCONOMIQUE. 109 

le pays de travaux hydrauliques grandioses : il ne faut que 
quelques citernes, quelques puits, k ou 5 par 1.000 hectares, 
construits Ă  peu de frais (2.000 Ă  5.000 fr.), souvent simples 
restaurations des ouvrages romains, mais suffisants pour les 
besoins de Tolivette et de la population. 

Quand le fond des plaines sera occupé et que les cultures, 
remontant peu Ă  peu les basses pentes, arriveront aux terrains 
plus exposés au ruissellement torrentiel des eaux de pluie, des 
travaux antiques réparés, des barrages en pierres sÚches pla- 
cés en travers des lits d oueds, des fossés creusés en travers des 
pentes pourront suffire Ă  arrĂȘter Teau, Ă  Femmagasiner ou 
à la forcer à s'infiltrer dans le sol en déposant en avant de 
l'obstacle les débris fertilisants qu'elle transportait *. 

Ainsi la zone de culture, s'étendant lentement et méthodi- 
quement, autant que la nature le permettra, ne rencontrera 
plus d'autre obstacle que la nécessité de laisser aux pasteurs les 
parcours indispensables Ă  leurs animaux, principalement dans 
la région de Sened qui sert de passage aux troupeaux transhu- 
mant du sud au nord de la RĂ©gence, plus nombreux dans les 
années sÚches ^ : encore les travaux hydrauliques pourront-ils 
profiter dans une certaine mesure aux pauvres cultures de cé- 
réales des nomades, en augmenter l'étendue, le rendement et 
la vente; la régularisation du régime des eaux qui sera sur 
certains points la conséquence des cultures et des ouvrages 
nouveaux, pourra rendre leurs pĂąturages meilleurs-^; les cen- 
tres de colonisation seront un débouché précieux pour leurs 
troupeaux améliorés et pourront contribuer à resserrer les 
liens de solidarité qui unissent le nomade et le sédentaire; 
déjà le caïd des Hammama Guebala a établi à Makoassy une de 



1. Dlponchel, op. cit., p. 281 et sq. — Bourde, op. cit., \i. TiL — Minangoiv, 
op. cit., p. 59. Bull. IHr. agr. et comm., 1902, p. 307. — Sttpt'a, p. Cl vl sq. — 
KiviÈHE et Lecq, op. cit., p. 159 et sq. 

2. Los inquiĂ©tudes conçues au sujet de la pĂ©nurie de maiaHrƓuvĂŻ'o cxercdfl 
(MiNANGOiN, o/. cit., p. 48) semblent devoir se dissiper. 

3. Supra, p. 36 et sq. 



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410 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

ses rĂ©sidences \ et peut-ĂȘtre une partie de la population no- 
made aura-t-elle avantage Ă  se fixer, comme Ă  l'Ă©poque ro- 
maine, dans les centres et les exploitations agricoles -. 

Le village arabe de Guemouda, situé sur la piste de Kai- 
rouan, à 110 kilomÚtres de Gafsa, dans une région analogue 
au pays de Maknassy, se trouve au centre de terrains doma- 
niaux d'une Ă©tendue de 90.000 hectares; les indigĂšnes s'y li- 
vrent principalement Ă  l'Ă©levage, mais des oliviers trĂšs vieux, 
remontant à une époque reculée, sont disséminés dans le bled 
qui paraĂźt propice Ă  leur culture, et 3.000 hectares sont la- 
bourés et irrigués, grùce à un barrage construit sur l'oued 
Fekka par la direction de l'agriculture de la RĂ©gence, qui a fait 
en outre dlmporlantes plantations de cactus ; pendant la récolte 
des fruits il y a sur l'henchir plus de 8.000 chameaux. Le vil- 
lage créé à Sidi Bou Zid, nouveau chef-lieu du territoire de 
Guemouda, est le centre d'un marché important et parait ap- 
pelé à se développer ^. 

L'exploitation de Maknassy, avec ses constructions trĂšs mo- 
destes, ses citernes et ses puits peu coûteux, ses gourbis de 
mgharcĂźs, ses quelques hectares de jardins soigneusement 
cultivés pour la nourriture des habitants, nous donne le type 
modĂšle de ces Ă©tablissements ruraux nouveaux et de ces mar- 
chés qui se multiplieront sans doute dans les terrains doma- 
niaux de Maknassy et dans les bleds gafsiens. Fournissant aux 
coiuiis européens et aux indigÚnes des bénéfices appréciables, 



I. Btill. dir. af/v. et comm., lĂź)02, p. 355. 

't Stipra, p. 01 et sq. 

Il Ihipporl au Président de la République, 1902, p. 49. Indicateur tunisien, 
lyCiTĂŻ, p. 107. 

Le torritoire do Guemouda est situé dans le contrÎle civil de Gafsa (caïdal 
des lïammama) en dehors de la région délimitée par nous (supra, page 4fi et 
sf|.K Lo Rapport de 1902 signale la création et le développement d'autres cen- 
U-esÉ agricoles, analogues Ă  Maknassy et Ă  S' Bou Zid et situĂ©s dans Tancienne 
Bj'ssaci^ne ; l'AĂŻn Kabbi et Triaga. La construction de la ligne d*AĂŻn MoularĂšs 
à Sousse amÚnera sans doute la création de centres nouveaux dans le Fouçana 
H la région de Kasserine et Sbeitla, si riches à Tépoque romaine. Un chennin 
de ffir fie Sfax au centre de Bou Thadi est en projet (De Faces, op. cit,). 



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GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE. iH 

et fixant au sol toute une classe de petits propriétaires attachés 
Ă  la terre, ces Ă©tablissements assureront aux chemins de fer et 
aux porls de la RĂ©gence un fret d'exportation qui pourra de- 
venir considérable. 

Ils reproduiront Ă  dix-huit siĂšcles de distance TĂ©tat du pays 
tel qu^il existait sous Tempire romain : exemple remarquable 
de rĂ©pĂ©tition des mĂȘmes faits de gĂ©ographie humaine dans les 
mĂȘmes conditions de gĂ©ographie physique. 



Il n'est guÚre possible de développer dans le bled d'autres 
cultures que celle de l'olivier et, sur des Ă©tendues moins gran- 
des et choisies, celle d'autres arbres fruitiers : pistachiers, 
amandiers, genévriers, caroubiers, orangers, vignes. Ces espÚ- 
ces peuvent en effet prospérer dans le pays : des plantations de 
vigne et d'amandiers ont été faites à Maknassy ; les genévriers 
poussent sur les pentes ensoleillées de l'Orbata, et le pistachier 
existe à l'état sauvage dans presque toute la région, princi- 
palement dans le Bon Hedma oĂč les Sfaxiens viennent s'appro- 
visionner de sujets Ă  greffer *. 

La culture du blĂ© et de l'orge ne peut guĂšre ĂȘtre pratiquĂ©e 
que pour la nourriture des habitants et sur de petites Ă©ten- 
dues : les récoltes sont trop irréguliÚres et le rendement est 
faible pour alimenter un courant d'exportation 2. Mais il existe 
dans la région de Gafsa un produit végétal, exploité industriel- 
lement et qui, dÚs à présent, et depuis de nombreuses années, 
donne lieu Ă  un important trafic d'exportation : c'est l'alfa. 

Cette graminée, répandue sur de vastes territoires, se pré- 
sente sous l'aspect de touffes trÚs espacées et assez élevées 
(0ℱ,50 Ă  0^,80), aux feuilles enroulĂ©es et coriaces que leur 
caractĂšre fibreux fait rechercher pour la fabrication des 
objets de vannerie et de certains papiers. Elle pousse de pré- 

1. Bourde, op. ci(,^ p. 52-57, 71. — Leroy-Beaulieu, La Tunisie^ p. 353. — Huit- 
dit. ayr. et comm.y 1902, p. ^^7. — Supra, p. 33 et sq. 
‱i. Supra, p. 37-38. 



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112 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

fcrencc dans les parties du bled les plus sĂšches et ne nuit pas 
ainsi aux meilleurs pĂąturages ; sa prĂ©sence contribue mĂȘme Ă  
empĂȘcher le dĂ©chaussement et le ravinement excessif des pentes 
et Tenvahissement des bas-fonds par Teau torrentielle ou le sa- 
ble. Elle ne se prĂȘte malheureusement pas Ă  une culture 
méthodique et la plus grande prudence est nécessaire pour 
éviter qu'elle disparaisse par suite d'une exploitation défec- 
tueuse ou abusive ^ 

DÚs le début de Toccupation française, en 1881, un Fran- 
çais reçut le monopole de l'exploitation de Talfa dans les 
montagnes situées à Test de Garsa (dj. Bou Hedma, dj. Ma- 
djourah, massif d'El-Ayaïcha et du Bou HaddÚge), et le céda à 
une compagnie anglaise qui entreprit d'exporter l'alfa par le 
port de la Skhira, au préjudice des indigÚnes qui en faisaient 
auparavant le commerce pour leur compte personnel, et au 
détriment du port de Sfax -. 

En 1887, la déchéance de la compagnie fut prononcée et 
l'exploitation de l'alfa redevint libre. Mais la concurrence des 
alfas algériens et tripoli tains, l'existence d'un droit de sortie 
élevé ^, firent tomber les cours à la Skhira et à GabÚs de 7 fr. 50 
ou 8 francs les 100 kilogrammes en 1888 Ă  h francs ou 5 francs 
en 1898. Ces prix cessaient d'ĂȘtre rĂ©munĂ©rateurs pour les in- 
digÚnes du pays gafsien obligés de transporter leurs alfas par 
caravanes jusqu'Ă  la cĂŽte ^. 

La construction du chemin de fer de Sfax à Gafsa a modifié 
cette situation. 

Les indigĂšnes des Ksours montagnards et des douars voisins 
coupent l'alfa dans la montagne et le bled et l'apportent Ă  dos 
d'Ă iic ou de chameau aux gares du chemin de fer : le produit 
de leur vente suffit pendant des semaines Ă  leur subsistance, et 

ĂŻ. UiviKRE et Lecq, op. cit., p. 2><7-288. 

'^. hE Lanessan, La Tunisie, p. 53. — Tridon, Lalfa tunisietiy R. C. O., 1898, 
p. 4b a 47. 

3. 1 piastre 2 par quintal tunisien. Rapport au Président de la République . 
V.n}\, p. 577. 

*L Tridon, op. cit., loc, cit. 



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GEOGRAPHIE ÉCONOMIQUE. 113 

quand leurs réserves d'huile et d*orge sont épuisées, ils revien- 
nent avec une charge nouvelle d'alfa et quelques moutons 
qui leur permettent de se procurer de nouvelles provisions. 

Des courtiers européens établis dans les gares, principale- 
ment à Sened et à Maknassy, achÚtent Talfa et Texpédieut à 
Sfax par balles, Ă  bon compte *. La suppression complĂšte du 
droit d'exportation (1902) '^ a achevé de favoriser leur com- 
merce, et l'exportation de l'alfa par la ligne de Gafsa Ă  Sfax a 
été en moyenne de 15.107 tonnes pendant les six derniÚres 
années; en 1905, elle a atteint 19.636 tonnes, chiffre pi*e*j- 
que Ă©gal Ă  la moyenne de l'exportation annuelle de tous les 
alfas tunisiens de 1885 Ă  1895 K 



L'alfa est en outre employé par les indigÚnes à la fabrication 
des sparteries et de vanneries destinées à leur usage domesti- 
que et se rattache ainsi au groupe des industries locales qui 
complÚtent l'autonomie économique de la région de Gafi^a, 

Les gens des villages et des douars du massif d'El-Âyaït ha 
emploient chaque année 500 quintaux d'alfa dont les fibres 
trÚs résistantes servent à la confection d'objets de premiÚre 
nécessité, solides et bon marché : uattes, couffins de toutes 
dimensions, grands paniers (kourba) pour le transport des 
dattes ^. 



1. Du BosQ DE Bkaumont, op. cit., p. 146, 151. — Indicateur tumsifftf p. 4tt7, 
737. — Le tarif de transport de l'alfa est de fr. 09 par tonne et |Kir kilomi'- 
tre pour les 100 premiers kilomĂštres, de fr. 08 par tonne ot pai^ kiluiuĂštie 
pour les 100 kilomĂštres suivants, soit 10 fr. 74 par tonne de Maknassy Ă  Sfax 
(123 km.). 

2. Rapport au Président de la République, 1904, p. 577. 

3. Tridon, op. cit. y p. 45-40. — Rapports au PrĂ©sident de ta RĂ©pvhfhjuc, liHl 
p. 169; 1904, p. 363; 1905, p. 597. L'exportation moyenne de 1885 -i ĂŻt^So vt;*it 
de 1.500.000 francs reprĂ©sentant environ 20.000 tonnes (Ă  7 fr. ÏM les h^ 
kgr.). L'exportation a atteint 3.408.060 francs en 190:^, 2.701. 5iw» francs en 
1904 et 3.239.060 francs en 1905 pour toute la Tunisie (Ă  4 fr. 05 ^.'nvirvjn les 
100 kgr.). 

4. Fleury, op. cit., 1900, p. 48. Les gens du massif d'El-AyaĂŻcha fabriquent 
environ chaque annĂ©e 2.000 nattes Ă  2 fr. 50, 4.000 couftins Ă  fr. 15, JƓ zen- 



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H4 lA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

L'industrie de la vannerie lĂ©gĂšre de palmes et de cƓurs de 
palmiers séchés est pratiquée à Gafsa et à El-Guetlar par un 
grand nombre de Ksouriens qui y trouvent un proBt s' ajoutant 
au produit de leurs jardins *. 

Les nomades fabriquent des outres d'un usage constant avec 
dos peaux de chĂšvre cousues. 

Enfin les poteries de Gafsa, comme jadis celles de Gemellae, 
achĂšvent de fournir les agriculteurs et les citadins de Gafsa des 
objets nécessaires au transport de leurs denrées et à la vie jour- 
naliÚre. L'argile, délayée dans l'eau, malaxée avec les pieds, 
est misi^ en tas, recouverte de nattes pendant deux jours, tra- 
vaillée au tour, séchée pendant 20 ou 30 jours et cuite 
Ă  feu progressif, sans vernissage, pendant un jour et demi, 
dans des fours chauffés au retem, à l'alfa ou au palmier ver- 
niouhu Chaque fournée de cuisson comprend 200 à 300 objets, 
et quatre potiers suffisaient en 1900 Ă  fournir les gens de Gafsa 
de gouUa, gargoulettes, marmites, vases Ă  traire, tuyaux, 
etc. 2. Le développement de l'oasis et des olivettes pourra con- 
tribuer Ă  augmenter cette industrie, ainsi que celle du travail 
do la pierre, trĂšs prospĂšre Ă  El-Guettar, oĂč 200 indigĂšnes sont 
employés à confectionner des meules pour les moulins ^. 

Ces industries ont une grande importance dans la vie du 
pnya gafsien, malgré la faible valeur de leurs produits, car elles 
sont intimement liées à sa production agricole et aux habi- 
tudes ménagÚres de ses habitants. 

Hak rindustrie la plus importante de toutes est certaine- 



bils fcoiïffms doubles) à fr. 75, 200 adila h 1 fr. 25, 3.Ô0O kourba à fr. 50 : 
H,*)Ort fmacs. 

L Supt-a, p. 88, n. 7. 

Fi.Kt'RVjO/>. cit., p. 41-45. Les 200 ateliei*s domestiques de Gafsa et d'EI-Guet- 
larb briguent environ 6.000 Ă  6.500 objets (chapeaux, Ă©ventails, chasse-mouches, 
coisfiĂźns, cordes, etc.) d'une valeur totale de 5.000 francs. 

:?, I'Yelry, op. cit., p. 58-59. Le prix des poteries est pou élevé : la goulla 
amphon^ de 10 litres vaut fr. 30 ; les marmites valent fr. 15 ; une fournée 
do cuj^ifion vaut 15 Ă  35 francs. 

^. Flkiry, o/>. fi/., p. 83. Les salaires de ces ouvriers, assez élevés pour la 
n'^fe'ion, ctaient en 1900 de 2 francs par jour. 



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GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE. 115 

ment Tinduslrie de la laine : la difficulté des communications 
dans les temps troublés et la présence de la matiÚre premiÚre 
qui se trouve en abondance dans le pays et permet de sub- 
venir largement aux besoins de la consommation locale, ont 
facilité la création et le développement de la filature et du 
tissage. Depuis des siĂšcles, le commerce et Tindustric de la 
laine sont un des éléments les plus importants de Taclivité 
économique des cultivateurs sédentaires et des pasteurs no- 
mades de Gafsa K 

Les laines sont achetées par les ksouriens aux nomades sur 
le marché de Gafsa ou dans les douars, et, pour une part trÚs 
restreinte, en Algérie. Elles se vendent en toison, quelquefois 
mĂȘme avec la peau de Tanimal, et la plupart du temps par 
voie d'Ă©change contre d'autres produits : orge, dattes, huiles, 
couvertures 2. 

L'industrie est familiale. Il n'y a guĂšre que quelques teintu- 
riers qui soient des entrepreneurs et des spécialistes : au mo- 
ment de l'occupation française, les matiÚres tinctoriales étaient 
extraites des plantes du pays, de l'indigo, de la cochenille, du 
henné, de l'écorce de grenade, del'arjaknou. Quelques tionées 
plus tard, les couleurs chimiques allemandes furent em- 
ployées en grandes quantités et firent perdre aux fils de Gafsa 
leurs teintes franches et réguliÚres. Aujourd'hui des ißls des- 
tinĂ©s au tissage sont mĂȘme importĂ©s de Sfax oĂč existent des 
teintureries plus importantes. Mais les matiÚres végétales ont 
repris la premiĂšre place dans la consommation et la tcinlnre 
se fait encore Ă  domicile chez certains fileurs ^. 



1 . Supra, 80 et sq. 

2. Fleury, op. cil.y p. 15-lG. La toison vaut on moyenne l Ă  2 fm tic s suivant 
son Ă©paisseur et sa couleur; suivant la Hnesse du tissu Ă  obtenir ou r**clicrc!io 
(les laines rousses, noires et blanches. 

3. Blanc, op. cil , p. 19. 
Claretie, op. cit., p. 238-239. 
Flelry, op. cit., p. 38. 

En 1900, M. Fleury estimait que les teinturiers de Gafsa coiisoiuiiiaiout 
en moyenne chaque année : 
40 quintaux de henné de GabÚs à 10 francs (rouge soaki) ; 



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116 LA (;afsa ancienne et moderne. 

Ce sont presque toujours les femmes qui tissent la laine pen- 
dant que les hommes gardent leurs moutons ou leurs cha- 
meaux, cultivent leurs jardins, vont Ă  leurs affaires ou au 
café maure. La ville de Gafsa, sesannexes, les douars nomades, 
restent silencieux et comme morts jusqu'Ă  Theure oĂč les 
femmes vont battre le linge dans le lit de Toued Balach et 
remplir d'eau les guerbas et les amphores aux ruisseaux des 
oasis et aux puits du bled ; pourtant les maisons et les tentes 
sont remplies de Factivité des Qleuses, des tisseuses, des fabri- 
cants de tapis S et « c'est un spectacle touchant que de voir 
accroupie devant son métier, entourée de ses enfants, la femme 
arabe, tirant sur la laine et frappant sur les fils avec son 
peigne de fer - n. 

Les instruments de travail, peignes, quenouilles, rouets, 
métiers, sont primitifs. Le métier à tapis, sensiblement le 
mĂȘme pour tous les tisseurs, « est vertical et ressemble Ă  celui 
des Gobelins; il est composé de deux cylindres de bois que 
nLciinticnûcnt deux montants verticaux. Sur ces deux cylindres 
est tendue ki chaĂźne; la trame se passe Ă  la main, sans na- 
vette, entre les fils, on la serre avec un peigne aux dents de 
fer. L'ouvrier, comme aux Gobelins, se place derriĂšre la 
chaĂźne sans voir son ouvrage, son dessin, et mĂȘme sans point 
de repÚre, à la dillérence de nos ouvriers. Mais ce dessin, il le 
connaßt, chaque famille a le sien depuis un temps immémorial 
etlo transmet de génération en génération^ ». 

Les piÚces fabriquées à Gafsa et dans les douars nomades 
sont usuelles, assez grossiÚres, mais peu coûteuses. Les Gaf- 
sions et principalement les nomades tissent des burnous, vĂȘte- 



31) quintaux d'alimn flu pays à 3 francs (rouge bédouß); 
*é) quintaux JV^on-r^ ûc grenade du pays à 30 francs (noir); 
H ijuInUiux d'arjaskiĂźou du Kef et de Thala ti 15 francs (jaune); 
ï^f* imx thi la leßïituï'c était de fr. 60 à fr. 80 par kilogramme de 
iaint*. Le ĂąaiaĂźre des ouvriei*s Ă©tait de 1 franc par jour. 
L UL\sCyO/i. cit. Clahetie, op. cit., p. 211-215. 
2* Clakëtie, o/j, ri7., p. 240. 
3. CmrctiĂ«, ti/3. ciL, p, 210-211. — Flelhy, op. cit., p. 30-31. 



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PL. VIII. 




XII. — Filcuse gafsicnne. 



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j ij ;;A.iv: 



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GÉOGRAPHIE ÉCONOMiylE. 117 

ments de premiÚre nécessité, qui sont vendus 28 à 30 francs; 
ils en fabriquent chaque année 6.000 environ représentant 
une valeur de 175.000 francs. Ils tissent Ă©galement prĂšs de 
6.000 haoulis, piĂšces d'Ă©toffe que les indigĂšnes sVnrouleut au- 
tour du corps et qui constituent le seul vĂȘtement des hommes 
et des femmes de la campagne; leur valeur totale est de 
150.000 francs. 

AGafsa et surtout au Djerid sont faliriqu^s des haouUs^ des 
haïks de laine plus fine ou mélangée de soie et dos ous^^adas 
(coussins). 

Dans tout le pays, on tisse Ă©galement des Ă©toffes de laine et 
de poil de chĂšvre et de chameau pour sacs Ă  grains (ghara), 
couvertures (hamel), bandes de tissus noirs ou bruns de tentes 
(félis), besaces doubles de cavaliers etc. K 

Mais la spécialité des gens de (ßafsa est la fabrication di^s 
couvertures. Tandis que les couvertures de Tozeur sont légÚres 
et mélangées de soie, celles de Gafsn sont généralement tout 
en laine, lourdes et trÚs appréciées des indigÚnes. Leur origi- 
nalité consiste dans les raies multicolores et surtout dans les 
dessins variés, croix, poissons, clmniefinx, hommes, qui les 
ornent. Soit scrupule religieux, soit naïveté artistique ou 
manque d'habileté professioimelle, ces dessins sont presque 
tous triangulaires ou rectangulaires : nn chameau est repré- 
sentĂ© par deux triangles — un pour le corps, uo ponr la tĂȘte 
— soutenus par cinq barres rigides — les jambes et le cou — ; 
un triangle forme également le bras replié (Fun général qui 
salue militairement en portant la main Ă  son bicorne. C'est le 
triomphe de la ligne droite et de la ligne brisée. 

M. Fleury estimait en 1900 qu*il était fabriqué par an à 
Gafsa 1.500 frachs (grandes couvertures), 500 frachs moyens et 
500 ferrachias (petites couvertures) représentant une valeur 
totale de 190.000 francs environ -. 

1. Fleury, op. cil. y p. IG, 17, 28. Les liixouĂŻts mesurant 5 mĂŽlrow x t"* ZM 
et valent 2t Ă  30 francs. 

2. Fleury, op. cit., p. 13-15. Le frach de Gafsa, gi^andecouvcrlui-e i^apaUlu Ue 



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118 L\ GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

Malgré la concurrence des couvertures et des burnous de 
Djcrba, facilitée aujourd'hui par la voie ferrée, le nombre des 
articles fabriqués ne diminue pas : en baissant légÚrement 
leurs prix, les tisserands gafsiens ont réussi à conserver dans 
le pays la préférence pour leurs produits moins luxueux et 
d'un usage plus courant. Ils les vendent facilement aux en- 
cliÚres sur la place du marché, au milieu des cris gutturaux et 
de la bousculade des acheteurs et des curieux. Ils en exportent 
mĂȘme une certaine quantitĂ© hors de Gafsa, particuliĂšrement Ă  
Ne fia et Ă  El-Oudiane oĂč Ton n'en fabrique pas ^ 

Les gens de Gafsa et les Ilammama fabriquent en outre, 
puur meubler et orner leurs maisons et leurs tentes, des tapis 
(ktifa) semblables à ceux de Kairouan et « analogues aux tapis 
français dits de la Savonnerie dans lesquels la laine, nouée 
sur chaque fil de la chaĂźne, forme des boucles que Ton tond 
ensuite avec des ciseaux ». 

Ces tapis valent, suivant leurs dimensions, 250 Ă  800 francs 2. 

Enfm on fabrique Ă  Gafsa une sorte de tapis en poil de cha- 
meau, trÚs original et que Ton ne voit pas ailleurs : « C'est un 
lapis trĂšs Ă©pais et trĂšs lourd, trĂšs solide, inusable, au poil 
trĂšs long et trĂšs dur. Le dessin est rudimentaire, on peut 
tnt^me dire qu'il n'existe pas : quelques lignes noirĂątres qui se 
détachent sur le fond d'un gris jaune, couleur du poil de cha- 
meau, Et ce tapis, trĂšs simple, est extrĂȘmement artistique. Le 
poil nesï pas teint; on choisit de préférence des parties plus 
ou moins foncées, afin de donner le coloris au tapis; et cette 



çotiviir UQlit cnlicr, mesure de 7'"50 x 2'"25 (frach moyen) à 10 mÚtres x 5 m»'^- 
Vf^% cl coiUo X) Ă  110 francs piĂšce. La petite couverture (ferrachia) mesure 
TSt x2"i.") et vaut 30 Ă  40 francs. A Tozeur il faut Ă  trois femmes 15 jours de 
liicvail environ pour tisser une couverture de G mÚtres carrés. Un article vendu 
un ijiaximuin 10 francs représente donc outre la laine filée (2 fr. 50 le kilo- 
gnuïuue) 10 ou l.j journées do travail. Les femmes salariées sont payées Ofr.Sf» 
par jour. Bkrtiioi.on, Les industries indigùnes^ R. G. S., 180G, p. 1100. — Blanc, 

1* KuATiv, (>p. cil. y p. 12-15. Clahetie, op. cit., p. 215. 

2, Fl.ei.hy, oj). cil.j p. 0-12. Ces tapis mesurent de t ĂąO mĂštres X 1"80 envi- 

TOÏi 



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GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE. 119 

teinte indéfinissable qui tient le milieu entre le jaune et le gris 
est de l'effet le plus harmonieux ^ » 

Si les voyageurs ne sont pas tous d'accord sur la qualité et 
le caractĂšre artistique des produits de l'industrie lainiĂšre de 
Gafsa 2,il n'en est pas moins vrai que cette industrie occupait en 
1900 plus de 2.500 ouvriers Ă  Gafsa mĂŽme oĂč l'on comptait 
750 ateliers ou métiers de famille, presque un métier par mai- 
son^. Elle satisfait les besoins et les goûts d'une population indi- 
gĂšne nombreuse ; elle ne diminue pas d'importance; il est mĂŽme 
vraisemblable qu'elle pourra progresser Ă  l'avenir si elle se 
restreint Ă  la fabrication des modĂšles qui lui sont propres et 
qui ont fait sa réputation dans le sud de la Tunisie, si elle 
n'essaye pas de lutter avec les produits trÚs différents qui 
pourraient ĂȘtre importĂ©s par les EuropĂ©ens. L'amĂ©lioration de 
ses procédés et de ses produits lui gardera la faveur des indi- 
gĂšnes; peut-ĂȘtre mĂȘme pourra-t-elle crĂ©er, Ă  rc.vcmple de 
Kairouan, un léger trafic d'exportation de tapis ktita qui sont 
appréciés des Européens ^. 

Non seulement cette industrie occupe les cultivateurs et les 
nomades aux jours oĂč la culture chĂŽme, non seulement elle 
fournit du travail aux femmes et apporte dans les familles un 
surcroit de bien-ĂȘtre, mais en procurant un dĂ©bouchĂ© k Tune 
des matiĂšres premiĂšres que le bled produit en abondance, la 
laine, et en assurant aux populations des vĂȘtements et des 
objets ménagers indispensables à la vie, elle complÚte T auto- 
nomie Ă©conomique du pays gafsien : c'est ce qui fait son ori- 
ginalité et son prix. 



Le gouvernement du protectorat français n'a pas seulement 
rétabli l'ordre dans le pays et effectué les travaux hydrauliqiu-s 

1 . Claretie, op. cit., p. :> in-2 1 1 . 

2. Blanc, loc. ci7., Richardot, Sept semaines en Tvnisie cl en Ahy-nf^ jv M). 

3. Flelry, op. cil., p. 13. 

4. Claretie, op. cit., p. 2U'». 



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120 \A GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

que nous avons indiqués * : il s'est efiforcé, pour développer les 
échanges et faciliter l'accÚs de Gafea, centre et marché de la 
région, de rendre les communications plus aisées et plus sûres. 
II a amélioré la voirie de Gafsa et entretenu les pistes dont les 
principales sont praticables aux voitures légÚres; il a construit 
des caravansĂ©rails couverts oĂč les voyageurs et les caravanes 
de chameaux et d'Ăąnes viennent s'abriter : Ă  El-Guettar et Ă  
Bip Saada sur la piste de GabĂšs, Ă  l'oued Cherchera sur la piste 
de Sfax, aux Hajen el-Fedj sur celle de Kairouan, au Majen 
Bel AbbĂšs sur la piste de TĂ©bessa, Ă  l'O. Jaacha (Gouifla) sur la 
piste de Tozeur 2. 

Le télégraphe installé à Gafsa, à Tozeur, à Nef ta, à Fériana 
et dans les gares, est aujourd'hui trÚs apprécié des indigÚnes 
qui télégraphient et font volontiers par mandats des expédi- 
tions d^argent -^ 

Enfin YÉtat a concĂ©dĂ© les phosphates du Seldja et, par la 
mĂȘme convention, dotĂ© le pays de Gafsa d'une voie ferrĂ©e qui 
réunit Motlaoui et l'oasis à la cÎte. Cette ligne sera prolongée 
dans quelques années jusqu'à Tozeur et traversera le pays gaf- 
sica dans toute sa longueur. Un prolongement jusqu'au dj. Re- 
deyeff et une voie nouvelle de Sousse Ă  l'henchir Souatir (Phos- 
phates d'AĂŻn HoularĂšs), avec embranchement vers la ligne de 
JUetlaoui, sont en construction; la région de Gafsa se trouvera 
bientÎt reliée directement au nord de la Régence et à Tunis*. 

DĂšs la mise en exploitation de la ligne de Metlaoui k Sfax, 
UD iradc d'exportation s*est Ă©tabli, en dehors mĂȘme du trans- 
port des phosphates : les produits agricoles de la région, dattes, 
alfa^ dont la production était supérieure à la consommation et 
qui se vendaient difficilement autrefois à cau^e des aléas, 

1. Supra, p. a5-80, KK). - Un crédit de 3.000.000 francs est prévu à l'em- 
prunt de 75 millions voté par les chambres, pour la construction de nouveaux 
travaux d'iiydraulique agricole en Tunisie (1906). De Faces, op. et/., p. 4445. 

-J. Dtr. t/i'rt. des tr. publics^ slalisliquej ltM)3, p. 25. — Richardot, op, cil, y p. 98. 
^mipparfaau Prémlent, 1807, p. 52; 1902, p. 102-103. 

lß. Hi« miuiOT, o/y. Cß'r, p. 1U3-UM. 

L Infra, j). 142-143. 



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GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE. 121 

et de la cherté du commerce des caravanes, ont été envoyés 
chaque année en plus grande quantité au port de Sfax par 
la voie ferrée. Il s'est également créé un commerce de blé 
importé ou en transit, sans doute destiné à Talimentation 
des populations nouvelles installées à Metlaoui *. La prolon- 
gation du chemin de fer de Metlaoui Ă  Tozeur facilitera 
rimportant commerce de dattes de Tozeur et contribuera lar- 
jireraent au dĂ©veloppement du bien-ĂȘtre des populations 
du Djerid. Aux stations de la ligne de Sfax Ă  Gafsa, Ă  Gralba, Ă  
Sened, des centres commerçants se sont créés; à Maknassy, au 
centre des jeunes olivettes, le caïd des Hammama a fixé une de 
ses résidences : ces agglomérations de populations tendront à 
se multiplier dans les régions de parcours comme dans les 
nouvelles régions de culture et le chemin de fer sera, comme les 
points d'eau disséminés dans la plaine, un centre de ralliement 
pour les pasteurs, un agent de leur transformation partielle en 
demi-nomades, peut-ĂȘtre en sĂ©dentaires. 

Cependant sauf en ce qui concerne l'exploitation industrielle 
des phosphates *, la région gafsienne n'a pas été et ne sera pas 
profondément modifiée. 

Elle forme un tout Ă©conomique en mĂȘme temps qu'un tout 
géographique : ses cultures, son industrie pastorale, ses indus- 
tries sont bien adaptĂ©es au pays oĂč elles trouvent les conditions 
climatiques et les matiÚres premiÚres nécessaires à leur déve- 
loppement; elles sont intimement liées entre elles et constituent 
un ensemble de faits géographiques et économiques localises. 



1. Rapports, etc., 1001, p. 5; 1ÎK)2, p. 5; 1903, p, üj: vm. P^ H; \\m, \\ 5; 
11M3, p. 6. Le chemin de fer a transporté : 

Dattes. Alfa. Cfirt;^«i et farlufti^. 

1901 521 tonnes. 1 1 .357 tonnns. 1 .6ii"i loones. 

1902 m) — 8.112 - I.IUÎ — 

1903 7(>i — H. 55^1 " 'lMi\ — 

1904 1.331 — 18.0U ^ l.'iTïl — 

1905 — 19.f>36 — — 

1906 — 18.310 — l.lOi - 

2. Infra, p. 125 et sq. 

L\ CAFSA ANCIESltE. Jl 



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lĂźii2 LA GAFSA ANCIEiNNE ET MODERNE. 

absolument unis les uns aux autres ; elles ont donné lieu à des 
mouvements d'Ă©changes si complexes et ont rendu les habi- 
tants du pays, nomades et sédentaires, si étroitement solidaires 
que Ton conçoit bien les raisons de leur rivalité constante avant 
le rÚg^ne dr la paix française : c'était une nécessité économique 
inrluctable, pour les pasteurs de s'assurer la suzeraineté sur 
Toasis^ pour les ksouriens de sauvegarder leur indépendance 
afin de pouvoir traiter d'Ă©gaux Ă  Ă©gaux avec tous leurs voi- 
sins; ces luttes sans cesse renaissantes, ces guerres de la faim 
no leur procurÚrent que la misÚre : nomades et sédentaires, 
plus isolés dans leurs cantons que les habitants de nos vieilles 
provinces agricoles françaises ne le sont du reste du pays, 
ont un besoin de calme et de sécurité plus grand encore, ils 
sont unis par des liens plus intimes peut-ĂȘtre que les maraĂź- 
chers, los artisans, les bourgeois de nos villes et les cultiva- 
teurs, les bergers plus rustres des campagnes voisines. 

Détenninés par les conditions naturelles du pays, ces rap- 
ports étroits ne pouvaient que gagner en régularité à rétablis- 
sement du Protectorat français qui leur a permis de se mani- 
fester, sans ĂȘtre entravĂ©s par l'Ă©tat de guerre et de pillage. 
C'est par le seul perfectionnement de ces rapports entre les 
populations, par l'amélioration des procédés de culture, 
d'élevage ot d'industrie locale que l'on a cherché, avec rai- 
son, à développer la prospérité du pays; instruit par l'exemple 
des Romains, le gouvernement tunisien a donné tous ses soins 
à la conslruction d'ouvrages hydrauliques et d*aménagement 
de Teau^ qui sont la condition essentielle de tout progrĂšs en 
ce pays. 

Si dans vingt ou trente ans, comme il est probable, l'oasis 
de Garsa s'est largement Ă©tendue, si les cultures d'oliviers 
couvrent dans le bled de vastes territoires à cÎté des parcours 
nomades, «i l'élevage est plus parfait et donne lieu à des tran- 
sactions nombreuses, si le commerce des lainages reste plein 
iFaclivité, cette situation nouvelle sera due au développement 
de la situation actuelle; si un important commerce d'expor- 



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GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE. 123 

tation s'établit, si un courant d'importation se crée, si le chemin 
de fer devient l'artÚre vitale de la région et Tun des princi- 
paux agents de sa prospérité agricole, l'autonomie ccïjnomiciue 
de la région n'en subsistera pas moins : c'est le vieux nuirché 
local de Gafsa qui aura donné naissance, par son extension, 
au marché nouveau, et le séculaire groupement gcographiqur 
des cultures et des industries du pays restera le fondement id 
la garantie de sa prospérité. 



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CHAPITRE IV 



L'EXPLOITATION DES PHOSPHATES 
LE CHEMIN DE FER 



La plus grande richesse de la région de Gafsa est constituce 
par les gisements de phosphate de Hetlaoui, du Redeyeff et 
d^Aïn MoularÚs, dont nous avons signalé plus haut remplace- 
ment et l'importance ^ 

Ces gisements furent découverts en 1885 par M, le vétéri- 
naire de l'armée Thomas, membre de la mission d'exploration 
scientifique organisée et envoyée en Tunisie par le ministÚre 
de rinstruction publique. Le 7 décembre de la iiiÎme année, 
M. Thomas fit part de sa découverte à T Académie des Sciences. 
Il explora de nouveau en 1886 la région de Gafß^a, et, dÚs 1887, 
des phosphatiers de la Meuse envisagÚrent I éventualité de 
l'exploitation du Seldja^. Mais la dépréciation des cours, oc- 
casionnée par la mise en exploitation des phospliates de Floride ^ 
empĂȘcha la formation d'une sociĂ©tĂ© financiĂšre. MalgrĂ© les 
efforts désintéressés de M. Thomas, et les pourparlers engagés 
par le gouvernement tunisien avec des maisons françaises, 
aucune combinaison ne put aboutir dans les années suivantes \ 

l.SuprOy p. \i et sq. 

2. Un ingénieur du service des mines et M. Pattin, do nevipiV'Sur-Meusci 
visitĂšrent les gisements; M. Pattin entra en pourparlei*s avec le gouvoruemeiit 
do Tunis et demanda une concession (1890). 

3. Les travaux publics de la RĂ©gence de Tunis, III, p. 38, IÎ9^ 4^* ElsĂšbl Vaskel, 
L'auteur de la découverte des phosphates tunisiens, p. 2 1-2H. 

En 1893 le gouvernement tunisien résolut de faire appel à rßridustrie privée 
et pressentit plusieurs maisons françaises sur la formation d'une société qui ob^ 
tiendrait la concession, sans subvention ni garantie dMntéiÚUs de Texploit^ifion 
des gisements de Gafsa, de la construction et de l'exploitation du ohfiu in de i>i* 
de Sfax Ă  Gafsa et Ă©ventuellement du port de Sfax, du coin merci' de l'alfa dans 
la région. Cette premiÚre tentative ne réussit pas. 



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À 



126 La GAFSA ancienne et MODEHiNE. 

Au concours ouvert en janvier 1895, M. de Robert, agissant 
avf^c la garantie financiÚre de la Société française d'études et 
€i entreprises y fit les offres les plus avantageuses. Un premier 
accord conclu entre le directeur général des travaux publics 
Je la Régence et M. de Robert le 1" juin 1895 et sanctionné 
par décret hoylical (20 juin 1895), fut remplacé par une con- 
vention définitive signée le 15 août 1896, par MM. Pavßllier, 
directeur général des travaux publics, de Robert et Molinos, 
rt approuvée le 20 août par décret beylical*. 

Par cette convention, le gouvernement tunisien concédait à 
M, de Robert, pour une durée de soixante années, sans ga- 
rantie quelconque Ă  la charge du budget tunisien ni subven- 
tion autre que Tabandon gratuit pour soixante années des 
terrains dĂčoioniaux concĂ©dĂ©s (Art. 2 et 3) : 

i< V L'exploitation des gisements de phosphates de chaux 
qui se rencontrent sur les terrains domaniaux situés au sud- 
ouest de Gafsa, dans un périmÚtre s'étendant jusqu'à la fron- 
tiÚre algérienne et comprenant notamment les djebels Zitoun, 
Zimi*a, Alima, Seldja, Metlaoui, et Stah, ainsi que les djebels 
situés au nord et dans le voisinage de Tamerza; 

« 2" La construction et Texploitation d'un chemin de fer par^ 
tant de Sfax, desservant Gafsa et aboutissant Ă  Foued Seldja ou 
à tout autre point de la zone des gisements situés entre Gafsa 
et Toued Seldja; 

w 3° La cession, à titre gratuit, en toute propriété, de 
30.000 hectarey de terrains domaniaux cultivables situés dans 
le contrĂčlc de Sfax. v, (Art. 1.) 

na i>*M In gouvr^rncnient ouvrit un concours en disjoignfvnt de la concession 
la coDstmetioTi (1 Texploitation du port de Sfax confiées à une compagnie sp^- 
ctaJi^ (Comptifjnu^ dc$ ports de Tunis^ Souise^ Sfax) et le commerce de l'Alfa. Les 
dr^mandeufK ^rtaLcnt invitĂ©s Ă  fĂźxer eux-mĂȘmes la durĂ©e de la concession et le 
taux de la redevance. M. Barthélémy qui fit les ofl'res les plus satisfaisantes ne 
put jui^tiiĂźer de moyens financiers. 

ï . I^? ßrn\uni^ publics de la Régence^ III, p. 43. Un nouveau décret du 18dé- 
eenibre WMĂź sanctionna une modification introduite dans la convention du 
15 août : nous en tenons compte dans l'exposé des principales clauses de celte 
convention. 



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L'EXPLOITATION DES PHOSPHATES. 127 

Le concessionnaire devait jouir en outre « d'un droit de 
préférence, à conditions égales, pour l'exploitation de tous 
gisements de phosphates connus ou à découvrir, situés dans 
les terrains domaniaux compris dans un périmÚtre do protec- 
tion limité : au nord par le parallÚle de Sfax, à Test par la 
mer, au sud par le parallĂšle d'El Hamina du Djerid, et Ă  
louest par la frontiÚre algérienne ». (Art, 8.) 

Le concessionnaire s'engageait Ă  ac(]uittrr une redevance 
de 1 franc par tonne de phosphate lavé ou séché, exportée hors 
du lieu d'extraction. Le minimum annuel do redevance Ă©tait 
fixé à 150.000 francs à parlir de la huitiÚme année de Texploi- 
lation du chemin de fer. Mais il était fait « remise au conces^ 
sionnaire, Ă  titre de prime sur la redevance due pour Texpor- 
tation dépassant 150.000 tonnes, de 35 centimes par tonne pour 
les cent premiÚres mille tonnes supplémentaires et de 70 cen- 
times par tonne pour le surplus ». (Art. 10.) Enfin tout relÚve- 
ment des droits d'extraction et de sortie et des taiifs de trans- 
port de la ligne de Tebessa-BÎne appliqué aux phosphates de 
Tebessa était déclarée immédiatement applicable aux produits 
exportés de Gafsa. (Art. il.) 

Le concessionnaire s'engageait Ă  construire, Ă  exploiter k 
ses frais, et sans garantie d'intĂ©rĂȘt, le chemin de Sfax Ă  Gafsa, 
Toutefois, « dans le cas oĂč la dĂ©pense totale de premier Ă©ta- 
blissement ferait ressortir Ă  plus de 50.000 francs le prix de 
revient kilométrique moyen du chemin de fer, rexc*^Jent.*p 
serait misa la charge du gouvernement tunisien et remboursé 
au concessionnaire, sans intĂ©rĂȘt, au moy«Mi de retenues opĂ©- 
rées pendant toute la durée de la concession sur les rede- 
vances annuelles ». (Art. 14.) Ces redevances devaient en (mtre 
ĂȘtre affectĂ©es, en cas de besoin, Ă  la garantie de Texploitation 
du chemin de fer, les frais d'exploitation de celui-ci utant fixés 
à 1.500 francs par kilomÚtre plus la moitié de la recette brute 

(F = 1500 + 5). (Art. 17 et 18.) 

Les gisements de phosphates, y cornons tous les ouvraeres 



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m Lk GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

souterrains, les terrains domaniaux y attenant et le chemin de 
fer devaient faiie retour à TÉtat à l'expiration de la conces- 
sion. L'État se rĂ©servait en outre le droit de raclieter le chemin 
de fer aprÚs la vingtiÚme année de la concession. (Art. 23 et 

Cette convention assurait Fexploitation des riches gisements 
de phosphates de Gafsa dans des conditions excellentes pour la 
Tunisie : elle permettait Ă  des produits nouveaux, dont l'ex- 
portation n'Ă©tait pas Ă  la merci des fluctuations climatiques, 
d'augmenter le coramerce extérieur de la Régence , sans que le 
budget tunisien ait Ă  intervenir; elle dotait le sud de la Tunisie 
d'une voie ferrée de 250 kilomÚtres et ouvrait ainsi à la colo- 
nisation une région dont la prospérité passée permettait de 
hicn augurer de l'avenir; elle fournissait au port de Sfax, 
ĂźiouvĂȘllement construit, un fret de grande valeur; elle offrait 
aux Ă©nergies, k la main-d'Ɠuvre, aux capitaux, un champ 
nouveau d'activité et d'expériences fécondes; elle garantissait 
la prospérité moderne du pays gafsien. 



Le concessionnaire se substitua le 22 mai 1897 ^ la Compagnie 
des phosphates et du chemin de fer de Gafsa [Tunisie], fondée 
Ă  Paris, au capital de 18.000.000 de francs. 

La Compagnie entreprit aussitĂŽt la construction du chemin 
de fer et ramcnagement de la mine ^. Les travaux furent 
commences au mois d'octobre 1897; la voie atteignit la sta- 

T. TexlĂȘ t\f^ la convention du 15 aoĂ»t 1896, publiĂŽ par Vaux, Les chemins de 
p-r iHi 7\ttilsifi, [). ilHl et sq. En ce qui concerne les 30.rX)0 hectares de terrains 
doiiiaiiiaux cultßvabK\s qui lui étaient concédés dans le contrÎle de Sfax, M. de 
Robert s'iviga^fĂŻaĂźt Ă  les planter en arbres fruitiei*s Ă  raison de 3.000 hectares 
(far an]usqu*a concurrence de 22.500 hectares. 

2. Conform^-menl :'i l'article 5 de la convention du 15 août 1898. 

3. EUe traita à forfait avec la Société Duparchy, Dollfus et Wiriot pour l'exé- 
culioii de la vol*' (voie unique, de 1 m.), Ă  raison de 45.000 francs par kilo- 
mL'ire, so ri^servant la fourniture du matériel roulant, des adductions d'eau, 
di's atdiei^ ilu petit iniitcriel et du mobilier. 



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1;EXPL0ITAT10N des phosphates. 1-20 

tion de Metlaoui le 24 décembre 1898; les trains purent cir- 
culer de Sfax Ă  Metlaoui dans les premiers jours d'avril et la 
premiÚre expédition de phosphate fut faite le 19 avril, moins 
de deux ans aprĂšs la reconnaissance de la Compagnie par 
décret beylical*. La ligne fut inaugurée solennellement le 
20 novembre 1899 Ă  la suite de fĂȘtes auxquelles assistĂšrent 
H. Krantz, ministre des travaux publics, MM. Mougeot, Jules 
Legrand, René Millet, résident général ^. 

La voie, en quittant Sfax, longe la cĂŽte par l'oued Chafifar 
(29 km.) et MaharĂšs (36 km.) ; puis, tournant Ă  Test, elle gagne 
l'oued Chahal (50 km.), GraĂŻba (63 km.); s'engage dans la 
vallée de l'oued Raun et monte sur la haute plaine de Maknassy 
en contournant le djebel Zebbeus par Mezzouna (98 km.). Elle 
descend ensuite vers le centre du bled (Maknassy, 123 km.), 
passe à TAïn Zannouch (162 km.), traverse le défilé compris 
entre le djebel Goussah et le djebel Bou Bellel, passe au nord- 
ouest de Sened et gagne le fond du bled EI-Hamra, au pied 
des derniers contreforts de TOrbata; aux AĂŻoun-el-Melah, elle 
s enfonce dans le défilé de Lalla, atteint entre cette oasis et 
celle d'El-Ksar la gare de Gafsa (205 km.), traverse Toued 
Balach et le bled Cheria et longe le djebel Stah jusqu'Ă  Toued 
Metlaoui (243 km. 325) ^. Un embranchement particulier de 
1.500 mĂštres relie la gare de Metlaoui aux installatloos de 
sĂ©chage des phosphates qui sont elles-mĂȘmes en communi- 
cation avec la mine par un raccordement de 3 km. 500 K 



1. Rapports du Conseil d'administration de fa (''"des Phosphates ri do chemin 
de fer de Gafsa (Tunisie), \m7, p. 3-G; ISDH, p. 2-3; lHi»ß», p. 3. 

Grùce à remploi du wa^on poseur, la voie a été posi'e avec unf vilo^s^r» 
moyenne de 1.500 mÚtres par jour, aloi*s que les procédés ordinain^s [lermi'l- 
lent difficilement de dépasser 800 à 1.000 mÚtres. Vatin, o/>. cit., p, wj. 

2. P^ER.sAND Vatin, Les chemins de fer en Tunisie, p. 8*2-8;^. 

3. Les travaux publics, I, p. 307. — Carte. 

4. HapportSy eic,, 1899, p. 4. Des tracés différents furent propos<s un 181K> K 
1896 pour rétablissement de la ligne du chemin de for : les uns proposaßciu 
que les phosphates fussent embarqués à la Skhira, au sud de Mahaivsß d'au- 
trÚs préconisaient la voie de GabÚs, plus courte (1 10 km. do (Msn h i\uhi% 
au lieu de 200 de Gafsa à Sfax) et moins coûteuse (liortholon, H. Ttm.t IMIT*, 



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1 



J30 lA GAFSA ANCIENNK ET MODERNE. 

Surtout ce parcours le maximum des rampes est de 15 mil- 
limĂštres dans le sens Sfax-Hetlaoui, et de 8 millimĂštres dans 
le sens Heflaoui-Sfax. Le minimum de rayon des courbes est 
de 200 mĂštres ^ 

La voie, destinée à transporter des marchandises lourdes, a 
(Av trĂšs solidement construite : les rails qui pĂšsent 25 kilo- 
grammes le mĂštre et mesurent 10 mĂštres de long, reposent 
sur des traverses métalliques de 1",75 et de 35 kilogrammes, 
terminées par de larges palettes qui augmentent la surface 
adhérente au ballast et assurent la stabilité de la voie -. 

Le nombre des travaux d'art est assez considérable, bien 
que le pays traversé ne soit pas trÚs accidenté; le passage 
de nombreux lits d'oueds, vides pendant la plus grande partie 
dr Tannée, mais débordant au moment des orages, nécessita 
la construction d'un nombre élevé de remblais et de pon- 
ceaux. On dut construire, pour la traversée de Foued Baïach, 
sujet à des crues terribles, un pont de vingt-quatre travées 



p. r>01). En réalité, écrivait en 189G M. du PatydeClam (BM. Soc. géogr. comm., 
MKif p. 119), « bien abrité, doté de fonds de mer suffisants, Skhira avait le 
double inconvénient de manquer totalement d'eau potable et de n'avoir rien 
dt} ci^é comme port. GabÚs, outre ce dernier désavantage, présente celui d'a- 
voir une rade connue Ă  juste titre comme tellement mauvaise que la cons- 
irucrion d'un port exigerait des sommes trop considérables pour le budget de 
la ĂŻ^^gencc. La construction de la voie elle-mĂȘme se ferait dans des conditions 
di' favorables, attendu qu'une partie notable du railway serait chaque année 
lĂŻnriĂźicĂ©o d'ĂȘtre envahie et dĂ©truite par les eaux aux points dits Zelloudja et 
Mchamla ‱. En outre il n'y aurait pas eu dans la rĂ©gion comprise entre Gafsa 
n (rabĂȘs, de grands terrains domaniaux Ă  concĂ©der ultĂ©rieurement. 

Uaiis ces conditions il est trÚs compréhensible que l'on ait adopté le tracé 
<trtfsu-Sfax, qui traversait des terrains domaniaux considérables (Maknassy- 
Cljahal-banlieue de Sfax) cultivables en olivettes, ne présentait pas de diffi- 
ciitli s particuliĂšres pour la construction de la voie, et offrait aux produits do 
iiiihii un port d'exportation nouvellement construit et bien outillĂ©. — Le port 
<lo (ĂźabĂšs est encore sensiblement le mĂȘme qu'en 1897 : ce n'est qu'au pro- 
^raritme de grands travaux de 190() qu'un crédit de cinq millions a été prévu 
pour la construction Ă  GabĂšs d'un port susceptible de permettre un trafic im- 
IKjrimt (."iOO.OOO tonnes). Toutefois cette construction est subordonnée à la 
conciĂźssion dans le sud de gisements de phosphate ou de manganĂšse pour 
los<niels des permis de recherches ont été délivrés. De Faces, op. cit., p. 39-11. 

L Vasskl, Le chemin de fer de Sfax Ă  GafsUf H. Tint., 1902, p. 228. 

^t. Travaux publics, 1, p. 301. 



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1/EXPLOlTATlON DES PHOSPHATES. 131 

mesurant 319" ,75 entre les culées et prÚs de 400 mÚtres de 
maçonnerie K 

D'ailleurs la voie, malgré tout le soin avec lequel elle a 
été construite, causa dans la suite des désillusions : en bien 
des endroits elle avait été posée à plat sur le sol du bled qui 
ne présentait pas d'obstacles ; malgré des travaux de protec- 
tion contre Tensablement et les avaries pouvant provenir des 
orages, elle fut coupée momentanément en plusieurs endroits, 
surtout en 1900 et 1901, Ă  la suite de pluies diluviennes- 
qui firent déborder les oueds et ruisselÚrent en dehors des 
lits oĂč des ponts avaient Ă©tĂ© construits. On dut, pour Ă©viter 
ces accidents, construire un grand nombre de ponts nou- 
veaux, augmenter le débouché dun certain nombre d'ou- 
vrages en les munissant de radiers et de contre- radiers, ré- 
parer et renforcer des culées et des piles, construire des 
remblais protégés par des rigoles pour l'écoulement des eaux ^ ; 
on dut substituer Ă  la voie ordinaire, en d'autres points, des 
armatures trÚs résistantes et trÚs basses n'offrant pas de prise 
Ă  l'eau ruisselante, de telle sorte que l'inondation, quand 
elle se produit en ces points, oblige Ă  interrompre le passage 
pendant quelques heures, mais n'occasionne pas de dégùts 
longs à réparer. 

L'approvisionnement régulier en eau des gares de la ligne 
a présenté également de grandes difficultés. Non seulement 
la rareté et Tcloignement des sources obligea à amener Teau 
de 7 et 8 kilomĂštres ; mais la mauvaise composition de Teau 
qui contient de fortes proportions de magnésie et de chaux 
nécessita, dans presque toutes les gares*, la création d'appa- 
reils épuratoires de l'eau destinée à l'alimentation des loco- 



1. Travaux publics f 1, p. 301. — Rappottx.i^ic..^ lW.fl\ p. 5. 

2. Convention du 15 aoĂ»t 1890, art. 7; cili-r' par Yati\, ftp. rit. — ffrtpporfft, 
etc., 1900, p. 8. 

3. Convention, art. 7, op. ciL — l{apporlH\ olc, VMÏ, p, Tj; lüJ(ti, \h Tn iiU% 
p. 5; 1904, p. G; 1906, p. G. 

1. Sauf au ChafTar et Ă  Zannoucli. 



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132 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

motives ^ Ces installations fonctionnent aujourd'hui dans de 
bonnes conditions; l'exploitation du chemin de fer dispose 
de 160 mĂštres cubes d'eau par jour au Chaffar, de 210 mĂštres 
cubes Ă  Zannouch 2, de 300 mĂštres cubes Ă  Gafsa^. Des travaux 
ont été récemment entrepris pour amener à Metlaoui les eaux 
de Ras el-Aloun et assurer ainsi l'alimentation en eau po- 
table de la population de Metlaoui approvisionnée antérieu- 
rement par des wagons citernes envoyés de Gafsa '*. 

Pour satisfaire aux besoins d'un trafic en augmentation 
constante, la ligne a été améliorée par la construction de voies 
de garage nouvelles, de ponts tournants, d'ateliers, de han- 
gars, de salles d'attente et de couchage ^. Le matériel roulant 
a passé de 120 wagons à phosphate, quelques wagons de 
voyageurs et 12 locomotives en 1899^', Ă  52 locomotives' et 
prĂšs de 700 wagons^. 

Le compte d'établissement du chemin de fer ainsi constitué 
montait au 31 décembre 1906 à 17.409.392 fr. 12, dont 
14.694.692 fr. 74 (compte provisoire au 31 décembre 1906) à 
la charge de la compagnie, et 2.714.699 fr. 47 (compte dé- 
finitivement clos en 1905) à la charge de l'État tunisien^. 

Ce compte fait ressortir Ă  71.550 francs environ au 
kilomÚtre le coût de celte voie établie non sans difficulté 



J. Tiimau piihlicsj I, p. 3O4-:)05. — Rapporta, otc, ISÎ^T, p. C; 1898, p. 4: 
\m), p, 4. 

:;. linppoti^, cic.y 1899. p. I; 1904, p. C. 

II. lĂźftftpott<(, etc., I8Ăźf7, p. (>. 

A. Ihippmt'^, etc., 19()3, p. 5; liXil, p. C. 

hj, Ihipportu, etc., passim. 

il Ăźhippurh, Ole, 1899, p. 1. 

7. Liûiti H (Jo 13 tonnes dune puissance exceplionnoUc pour la voie de 1 mr- 
\v*% el 1(J à cinq essieux couplés, plus puissants encore. 

N, Happorh, etc., 19()3, p. 5-0; 1906, p. : 33 wagons de voyageurs et four- 
pons, '.Ui nagons de marchandises dont 12 couverts, 2 wagons de secours, 
\2 wagons citernes et 590 wagons Ă  phosphate. 

9. Rapports, etc., 1906, p. 9-10, 18. — Convention, Art, 14. Supra, p. 133-131. 
Qi* compte a été définitivement clos en 1905 aprÚs que certaines dépenses 
il(* tĂŻiat4}riel effectuĂ©es en 1904 eurent Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©es par TÉtal tunisien. 

Crtto somme est remboursable sous forme de remises des redevances perçues 
ïwir I(* trésor ^ur les phosphates ex])ortés hors des lieux d'extraction. 



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II 



L'EXPLOITATION DES PHOSPHATES. 133 

mais capable de faire face à un trafic considérable K 
La ligne une fois construite, le recrutement du personnel 
nécessaire à l'exploitation a présenté de sérieuses difficultés : 
les ressources en main-d'Ɠuvre sont nulles dans la rĂ©gion 
traversée par le chemin de fer : le service de la voie ne com- 
prenait guĂšre Ă  l'origine que des ouvriers Ă©trangers au tra- 
vail d'entretien si important sur une voie neuve livrée à la 
circulation de trains lourds ^. Les petits employés, contre*mal- 
ires et bons ouvriers de nationalité française hésitaient à 
venir se fixer dans des régions presque déserti c[ii es : il en est 
résulté dans les premiÚres années un flottement trÚs préjudi- 
ciable Ă  la bonne administration dans le personnel dos gares 
et de la traction. Cependant aujourd'hui le chemin de fer 
emploie environ 650 employés et ouvriers, presque tous de 
nationalité française, dirigés par un personnel supérieur ex- 
clusivement française 

Malgré toutes les difficultés trÚs grandes dues au climat et 
aux conditions spéciales dans lesquelles se trouve une entre- 
prise coloniale, le chemin de fer a pu répondre à tous les 
besoins de la mine et de la région. Il a pu Iransporter, de- 
puis son ouverture au trafic jusqu'Ă  la fin de 1906, pies de 
2^0.000 voyageurs et 2.950.000 tonnes de marchandises. Le 
tonnage de 1906, 652.846 tonnes, représente une circulation 
de 2.600 trains environ Ă  la descente vers Sfax, soit sept 
Ă  huit trains en pleine charge dans ce sen^ par jour, ce 
qui est considérable pour une ligne coloniale à voie étroite*. 

1. Ce prix de revient est sensiblement supérieur à celui du ri?s<?au à voie 
étroite du Nord de la Tunisie qui a été de 53.112 francs au kilonuMrc Wt ki- 
lomĂštres 5 pour 10.925.000 francs; Vatin, op. cit., p. 159) : cH Ă©cai-r fM f-xpli- 
cable parles facilitĂ©s plus grandes rencontrĂ©es dans le nord (Ăźe la TuniĂŻiio, — 
notamment en ce qui concerne le recrutement de la main-d*a?uvre ei l'ap- 
provisionnement en eau, — et par la lĂ©gĂšretĂ© plus grand»^ des xoies du n'-sç-au 
de Sousse qui n'étaient pas destinées au transport de matßéro^ lourdes (Vatin, 
op. cit., p. 271 et sq., Convention du 12 octobre 1892). 

2. Rapports, etc., 1899, p. 4. 

3. Rapports, etc., 1900, p. 8; 1903, p. 6; 1904, p. 7. 

4. Rapports, etc. j passim. — Rapport au prĂ©sident, VM*. p. lklHĂź35. Vassll. 
op, cit., passim. 



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i 



iU 



U GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 



Les premiers travaux d'aménagement de la mine qui pou- 
vaient ĂȘtre entrepris avec un matĂ©riel sommaire ont Ă©tĂ© 
commencés dÚs 1897, et, quand le chemin de fer fut achevé 
en avril 1899, la Compagnie se trouva en mesure d'exporter 
du [ihosphcite ^ L*exploitation commencée à la table du 
Louftif se continua par l'attaque successive de la table Ouest, 
i\v. h partie inférieure de la table du LÎusif, de la table Jaa- 
eha et de la table Metlaoui, desservies par un petit Decau- 
vĂźllc, en 1000, 1903, 1905 2. 

I/exploitation a lieu tantĂŽt Ă  ciel ouvert (Nord de la table 
de Loiisif), tantÎt au moyen de galeries creusées dans le gite, 
(juand celui-ci est recouvert par une cçuche calcaire trop 
Ă©paisse, comme au sud de la table de Lousif le sortage du 



Tes trains ?!ont <lo 400 tonnes brutes on moyenne et 250 tonnes utile». Le 
ĂŻionjbre (k^s trains de voyageurs est de deux dans chaque sens. 

Trafic général du chemin de fer. 

Pbo8p)iatcs MarchandlMi aatreg 

transportés. que le phosphate Vo>'agcnrs. 

1899 70.018 tonnes. 10.000 tonnes. 

1900 178.151) — 15.000 — 21. W) 

1901 172.*J16 — 10.794 — 22.130 

19Ûfl,... 263.1,51 — 11.471) — 2^^872 

1903 373.100 - 23.386 — 32.263 

1B04 479.267 — 29.339 — ^M: 

1W6...... 521.731 - 32.891 — 38.554 

1906... 619.165 - 33.681 — 43.962 

K«ccttes en espÚces. Recettes totales Recettes en Reoettn 

t Unrchandlses antres (phosphates espĂšces au km. totales an km. 

<iue le phosphate et compris). — — 

voyageurs). — — — 

im I0.55r20 137.112' - LDOO" 

iflÛO...... 266.103 93 1.736.502 . 7.117 

1«K ..... 331.690 82 1.711.33:] \ :Mi' 7.178 

19Q2 328.134:}8 2.126.112 I.XjO 9.981 

1903...... 457. 6(U - 3.181.110 1.883 14.325 

1904,., .. 53().70Ăź)r>i 1.306.380 3.209 17.501 

1906 51H).(r.6 8I 4.915.610 2.455 29.229 

1800 665.068.89 5.800.000 (env.) 2.737 23.850 (env.) 

1, fUtppurU, otc, 1897, p. 6; 1898, p. 4; 1899, p. 1. 

2. HoppmiH. etc., 18ü)8, p. 4; 1899, p. 5; 190<>, p. 4; 1ÎK)1, p. 3; 1902, p. 3; 
Hm, i*. 3ß 191 H, p. 3; 1905, p. 3; lOOC», p. 3. 



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L'EXPLOITATION DES PHOSPHATES. 135 

minerai hors de ces galeries se fait « par des voies de niveau, 
à flanc de coteau ; ces voies aboutissent à des culbuteurs placés 
sur le pourtour d'une gigantesque trémie qu'on a constituée 
en barrant un raviû par un mur en maçonnerie. A la partie 
inférieure de cette trémie, un tunnel a été aménagé dans 
lequel viennent s'engager les trains du Sfax-Gafsa. Des trappes 
à la partie supérieure du tunnel permettent de faire tomber 
directement le phosphate dans les wagons * ». 

Le phosphate ainsi sorti de la mine contient 10 Ă  15 ^ de 
son poids d'eau. Le séchage à Fair libre et au soleil suffit 
généralement à faire perdre au minerai cette humidité qui en 
augmente inutilement le tonnage : le siroco et les vents dessé- 
chants du sud et du sud-ouest sont particuliĂšrement favorables 
à cette opération. Cependant pour activer le séchage et pou- 
voir le pratiquer mĂȘme en hiver, quand les pluies et les rosĂ©es 
sont moins rares et l'atmosphÚre moins réguliÚrement sÚche, 
la Compagnie a installé prÚs de Metlaoui trois grands fours 
rotatifs et six fours Ă  chicane. Cinq autres fours de grand 
modĂšle sont en construction 2. Deux grands hangars d'une 
contenance de 30.000 tonnes ont été construits pour l'entrepÎt 
des phosphates 3. 

La Compagnie emploie aujourd'hui 2.500 employés et ou- 
vriers dont plus de 400 Européens*, et rien n'est plus curieux 
que cette agglomération d'individus de touti^s races et de 
toutes couleurs installés avec leurs familles en plein dcsert. 

Toutes les personnes investies d'un commandement sont 
françaises. Pour les travaux nécessitant des connaissances 
spéciales, pour les recherches, labatage du minerai, la con- 
duite des fours, on emploie des contrc-maltrcs français, des 



1. Rapporh, etc., Id., Ibid.; Travaux publics, III, p. 47, TJ). MaĂŻgn'' l0Ăź(tr>s \\^% 
pi*Ă©cautions prises, un Ă«boulement eut lieu clans la mine \f \^^ octohn^ JÎWO et 
easevelit 31 ouvriers dont 9 européens, mettant le deuil iluns tout le pap. 
Rapports, 1900, p. 3; Clarf.tie, De Syracuse Ă  TiHpoli, p. ^M-MK 

2. Rapports^ etc., 1904, p. I; 19(^5, p. 4 et passim. 

3. Vassel, op. cil., p. 237. 

4. Rapports, 1903, p. 4; 1901, p. I; 1905, p. 4; 1906, p. 4. 



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\ 



136 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

Italiens des soufriĂšres de Sicile et des mines de calamine de 
Sardaigne, des Maltais, des Kabyles de Hokta el-Hadid, quel- 
ques Tunisiens. Leurs salaires moyens sont de 3 Ă  4 et 5 francs 
par jour. De trÚs grands eflPorts ont été filits par la compa- 
gnie pour retenir à Hetlaoui le personel européen de l'exploi- 
tation et lui en faciliter le séjour; elle a construit pour eux des 
maisons ouvriÚres, une infirmerie dirigée par un médecin 
spĂ©cial, une Église, une Ă©cole; une boulangerie, une auberge 
et une cantine pour les Européens non mariés fonctionnent 
sous son contrĂŽle; elle fait venir Ă  grands frais, par le ravin 
du Seldja, Teau de Ras el-AĂŻoun pour alimenter en eau pota- 
ble le campement de cette smala d'un nouveau genre*. 

Les manƓuvres sont fournis par les indigĂšnes de la rĂ©gion 
et par ces populations sans feu ni lieu des pays barbaresques, 
Marocains, Tripolitains, Soudanais que l'on rencontre dans les 
ports de rAfrique du Nord oĂč ils font le mĂ©tier de dĂ©bardeurs, 
dans les oasis au moment de la cueillette des dattes et sur tous 
les chantiers de travaux publics. Cette main-d'Ɠuvre est seule 
capable de résister au travail extérieur sous le soleil brûlant 
et possÚde une expérience professionnelle suffisante. Elle se 
contente de salaires modiques, mais elle est malheureuse- 
ment trĂšs instable. Ces indigĂšnes dont les besoins sont trĂšs 
restreints, attirés par la nostalgie du désert, quittent la mine 
aprĂšs la paie qui leur suffit pour vivre longtemps; des mois se 
passent, et misérables, en haillons, ils reviennent demander 
du travail pour repartir encore*. 

GrĂące Ă  tous les efforts faits par la Compagnie au point de 
vue technique et aupointdevuede la main-d'Ɠuvre, 2.628. 7iV 
tonnes de phosphate, d'une teneur correspondant Ă  la classe 
raoy^nue 58-63, ont pu ĂȘtre extraites des gisements du Seldja, 



L nnpports, etc., 11)()0, p. 5; 1901, p. H ot passim; 1004, p. 5; 1906, p. 5. 
Tt^vittt.r puhlirs^ HF. p. ĂŽ<j, 57. Yassel, op. ri7., p. 235. Ci-\retib, De St/ra- 
CHxe à Tripoli, p. 'i«S9. 

"2, Tnfraux puhfics, III, p. 5G-r>7. Rapports y qXc.^ 1900, p. 5; 190G, p. 4, 5. Cl\- 
«ETiE, 0/.. f?7., p. 2ßK>-293. Appendice, p. 183 et WX 



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L'EXPLOITATION DES PHOSPHATES. 137 

jusqu'au 31 décembre 1906; 700.000 tonnes environ seront 
extraites en 1907. Les ventes de phosphate, stationnaires en 
1900 et 1901 (171.298 et 178.0i7 tonnes), ont pris en 1902 et 
surtout en 1903 un essor trĂšs rapide (263. V82 et 352.088 ton- 
nes) * qui a coïncidé avec une diminution générale de la pro- 
duction américaine 2 et une baisse sensible de l'exportation des 
phosphates de Floride ^ 

La progression des ventes de phosphate de Gafsa a continué 
en 1904 (455.797 tonnes), en 1905 (524.165 tonnes) et en 1906 
593.006 tonnes). Les besoins de la consommation augmentent 
sans cesse, et les produits de Gafsa sont de plus en plus appré- 
ciés et demandés par les traitants et fabricants de superphos- 
phates, principalement en France, en Angleterre et en Italie ', 
à cause de leur composition réguliÚre, de leur facilité de mou- 
ture et de leur faible teneur en carbonate de chaux qui en fa- 
cilitent le traitement industriel 5. 

GrĂące Ă  Timmense avantage que lui confĂšre son chemin de 
fer, de transporter elle-mĂȘme, Ă  frais coĂ»tant, et sans majo- 
ration aucune à verser à une compagnie spéciale de trans- 
ports^, la Compagnie de Gafsa a résisté victorieusement à la 



L Rapports, passirii. /w/ra, p. 

2. 1.G00.813 longions en 1902, et 1.570.228 longions on 1903; diminution por- 
tant surtout sur la production des gisements de Floride {TliP minerai indmlry 
diirinff 1903, engineering and mining journal^ Xll, p. 292). 

X 838.48) longions en 19C^, et 778.480 longions on 1903 (Id., Ibid., p. 291). 

4. En 1903, sur 352.088 tonnes de phosphates livrés, la Compagnie on a livn^ 
129.C59 tonnes en France, 82. 124 tonnes en Angleterre, 70.985 tonnes en Italie 
(Id., Ibid., p. 299). 

5. Rapports, etc. y 1903, p. 8; 19(M, p. II. Los phosphates tricalciquos lois 
qu'ils sont extraits des mines de Gafsa sont utilisables seulement comme 
amendements do longue durĂ©e, et non comme engrais : pour ĂȘtre assimila- 
bles par les plantes aussitĂŽt que mĂ©langĂ©s Ă  la terre arable, ils doivent ĂȘtre 
transfonnés en phosphates bicalciques et monocalciques, par addition d'a- 
cide sulfurique qui se charge de une ou dou.x molécules de thaux ou, 
pour parler le langage courant, ils doivent ĂȘtre transformĂ©s en superphos- 
phate. Les phosphates do Gafsa, traités on France par les usines de Saint- 
Gobain, les établissements Kuhlmann, etc., sont employés dans toute la 
France et principalement par les cultivateurs de primeurs du HhĂčno et du 
Midi. 

6. Les bénéfices de la Compagnie seraient sensiblement diminués^ elle devait 

LA GAFSA ANCIEPINE. tO 



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138 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

baisse des cours de 1902* et réalisé des bénéfices élevés qui 
ont fait monter considérablement ses actions et permis de 
constituer de fortes réserves et fonds d*amortissement et de 
distribuer des dividendes élevés 2. Le nom de Gafsa a pris 
dans le monde une signification de saine prospérité. 



acquitter en espĂšces les transports des pliosphates de Metlaoui Ă  Sfax. Les 
recettes (recettes en espĂšces et recettes d'ordre) du chemin de fer en 1906, 
soit 23.830 fr. environ au kiIomĂšti*e, si on leur applique la formule d'exploitation 
F. = L500 4- 12 de R : 2, laissent un bénéfice net de 2.500.0fjO fr. environ 
(10.425 fr. environ au km.) que la Compagnie n'eût pas réalisé si le chemin 
de fer ne lui avait pas appartenu. D'aprĂšs Travaux publics, travaux statisti- 
ques, 1903, p. 5. 

1. Rapports, etc., 1902, p. 8. 

2. Valeur des pUos- BĂ©nĂ©flƓs bruts BĂ©nĂ©fices nets 

phates exportés (y compris le compte du domaine de 

Ă  Sfax. Ghahal et le compte du service d'au- Dividendes. 

— tomobiles de Bourse à S£ax). — 

4809 1.936.008' 296.794' 113.309' 

1900 3.748.122 1.571.101 1.156.419 

1901 1.174.582 1.804.691 ÎK.>2.808 25' . 

1902 5.359.6Î4 2.459.565 1.814.494 30 ‱ 

1903 7.586.820 3.283.376 2.653.737 a5 ‱ 

1904 8.000.000 4.325.822 3.711.491 45 - 

1905 9.4Ɠ.n00 5.460.0rw* 4.786.473 60 ‱ 

1906 . 6.135.253 5.743.717 80 . 

/{apports, etc., passim. Rapport au président d^ la Hépuhlique, 1905, 
p. 660. De 500 francs à l'émission, les actions ont monté à 583 francs le 1" avril 
11^102, 865 le 1" avril 1901, 1.488 francs le 31 mars 1905, 2.140 le 28 avril 190l>; 
elles se sont maintenues depuis l'hiver dernier Ă  des cours compris enti^* 
3.500 francs et 4.5(X) francs. 

La publication américaine The Minerai Industry dunny 1903 évalue ainsi 
la production totale de phosphate dans le monde (p. 292, 2i>9, 300, 302) : Belgi- 
que, 1902, 1:35.850 tonnes. Canada, 1903, 1.205. France (PĂ©ronne, Marcheville, 
Beauval, 1902, 1.5-13.900. Polynesian (islands), 1<K)3, 67.257. Algérie (BÎne), 19(«, 
277.521. Algérie (Bougie), 1903, 20.350. Gafsa (d'aprÚs les rapports de la Com- 
pagnie, {^03), 4a3.029 1.454.383 tonnes métriques. 
Amérique, 1.600.813 longtons (tonnes de 16.000 kilogrammes). 
En 1906 Gafsa a produit 607.619 tonnes métriques. Les sociétés de Kalaa «^ 
Senam et Kalaa Djorda comptent exporter 600.000 tonnes en 1907 (De Faoes, 
op. cit., p. 27). 

En septembre 1901, le prix de la tonne de phosphate rendue Ă  Sfax Ă©tait de 
15 Ă  16 francs (179.267 tonnes pour 8.000.000 francs environ, d'aprĂšs le Rap- 
port anßiupl au Président de la République, 1904, p. 620). D'aprÚs des rensei- 
gné! lioru s puisés à des sources sûres, le fret et les assurances pour le ti*ans- 
port des mOmns phosphates dans les ports français étaient de 8 francs environ, 
au.xqueU il convient d'ajouter 1 franc environ de perte de poids, escompte. 



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L'EXPLOITATION DES PHOSPHATES. 139 

La Compagnie de Gafsa, encouragée par ces beaux résul- 
tats, se montre soucieuse de développer le chiffre de ses 
ventes et de tirer toutes les ressources possibles des gisements 
qui lui ont été concédés. 

« A la suite de travaux de recherches méthodiques qui se 
sont Ă©tendus dans toute la concession, dit le conseil d'adminis- 
tration de la compagnie dans son rapport sur Texercicc 1904^ 
nous avons reconnu Texistence sur le versant nord, au djebel 
Redeyeff, d'un gisement important dont la teneur est plus 
élevée que celle du gisement de Metlaoui. La couche existant 
en cet endroit pourra fournir au moins 12 millions de tonnes 
d'un phosphate titrant environ 64,5 pour ci^nl de phosphate 
tribasique de chaux; elle se classe ainsi dans la qualité dite 
63-68, et ses produits bénéficieront d'une notable plus-value 
par rapport à ceux de la qualité 58-63 que nous extrayons de 
notre mine actuelle. DÚs cette importante découverte nous 
avons pris des mesures pour mettre en valeur le gisement de 
Redeyeff; sa mise en exploitation exige la construction d'un 
embranchement de 35 kilomĂštres de longueur, pour lequel un 
contrat vient d'ĂȘtre conclu avec un entrepreneur frant;im: la 
ligne projetĂ©e pourra ĂȘtre terminĂ©e en moins de deux ans» 
bien que son établissement présente quelques difficultés k la 
traversée d'une gorge de 9 kilomÚtres de long. Nous espérons 
donc pouvoir dĂšs 1907 livrer Ă  la consommation notre nouveau 
phosphate. 

« Nos acheteurs retrouveront dans ce produit les qualités qui 
ont fait apprécier dans toute l'Europe le phosphate de Metlaoui : 
grande régularité de composition, faible teneur en carbonate 
de chaux, facilité exceptionnelle de mouture. La mine de He- 
deyeff nous permettra, tout en conservant son activité ù celle 

courtage. Le prix de la tonne rendue en port français; vLûi iloin' tß<^LM fpßines 
environ. A la mĂȘme Ă©poque la tonne de phosphate se vcn-LuLfi fr. '^^ l\iniliĂŻ 
de phosphate par mille kilogrammes, soit environ 'M) Inincs. L^ briiĂȘlki^ <iaĂźt 
donc environ de 6 francs par tonne. Le bénéfice net de la Cnjnpajt,'nie pour 
l'exercice KK>1 {Chemin de fer compris) a été de 1.711 [>! fr:iiics pour 
455.797 tonnes vendues, soit 8 fr. 10 par tonne. 



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140 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

de Mellaoui, d'atteindre par nos ventes certaines régions qui 
ont rhabitude de consommer un phosphate plus riche; son dé- 
veloppement paraĂźt devoir ĂȘtre rapide, car aucun des gisements 
connus en Algérie-Tunisie ne contient de phosphate d'une 
teneur supérieure*. » 

D'ailleurs la Compagnie a obtenu des permis de recherches 
de nouveaux gisements dans la région des dj. Jellabia, Sehib 
et Rosfa, au sud de Gafsa, et a obtenu, par une convention du 
1*' août 190i avec le gouvernement tunisien, la détermination 
des conditions dans lesquelles pourra s'exercer le droit de 
prĂ©fĂ©rence spĂ©cifiĂ© dans son acte de concession*. La mĂȘme con- 
vention a décidé que les produits de tous les gisemenfs situés 
dans un rayon de 15 kilomĂštres au nord et de 35 kilomĂštres au 
sud du chemin de fer de Gafsa seraient exportés par celui-ci et 
parle port de Sfax; en outre la date Ă  partir de laquelle la 
ligne pourra ĂȘtre rachetĂ©e par l'État tunisien a Ă©tĂ© reculĂ©e de 
quatorze ans (jusqu'en 1930) ^. Ce qui constitue pour la compa- 
gnie des avantages trÚs appréciables. 

Enfin le gouvernement tunisien ayant mis eu adjudication 
le 21 décembre 1904 les gisements de phosphates d'Ain HoularÚs 
et du dj. Hrata, la Compagnie a exercé à leur sujet le droit de 
préférence que lui accordait la convention du 15 août 1896*. 
Ces gisements sont situés à une quinzaine de kilomÚtres au 
nord de la concession ancienne de la Compagnie, dans la haute 
vallée (le Foued Seldja. « Ils contiennent, dit le rapport du 
conseil d'administration pour l'exercice 190V, des couches de 
phosphate d'une teneur analogue Ă  celle du dj. Redeyeff, c'est- 
ï\-dßrf* de la qualité 63-68; le gisement d'Aïn HoularÚs en par- 
ticulier, plus Ă©tendu et plus facile Ă  exploiter que celui du 



I Raitpfrfx, Dlc, KM}4, p. 1, 5; \\Kn\ p. 1. L'oiiibranchomont ost do 15 km. 

i. nupporfs^ 1901, p. 5. 

:^. lifjpfjtjrft, oti*., 1904, AssemblĂ©e oxlraordinaire, passim. Par la mĂȘme con- 
voiitiûii Ui Coiiipii^nie s'est engagée à prolonger le chemin de fer jusqu'à To- 
téur. 

4, liappari au Président de la République, 1904, p. 113-115. 



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k 



L EXPLOITATION DES PHOSPHATES. 141 

Hrata, paraĂźt contenir 18 millions de tonnes environ de ce 
phosphate de la qualité supérieure. D'aprÚs les conditions de 
radjudication, les produits de ces gisements devront ĂȘtre ex- 
portés par le port de Sousse qui en est distant de 310 kilomÚ- 
tres environ; sur ce total il reste Ă  construire 260 kilomĂštres de 
voie qui seront Ă©tablis aux frais de TÉtat dans un dĂ©lai maxi- 
mum de cinq ans; Texploitatioii de la ligne sera concédée à la 
Compagnie BÎne-Guelma dont le réseau comprend déjà la sec- 
tion de Sousse Ă  Kairouan. Le prix des transports des phos- 
phates sur cette ligne sera de 9',05 par tonne. 

« Le cahier des charges impose au concessionnaire d'exporter 
annuellement par la nouvelle voie ferrée un tonnage qui sera 
au minimum de 50.000 tonnes pour la premiÚre année, puis 
devra atteindre 250.000 tonnes Ă  partir de la quatriĂšme. 

« La réunion entre les mains de la Compagnie des conces- 
sions d^AĂŻn HoularĂšs et de Gafsa aura pour elle l'avantage d'Ă©- 
viter une concurrence qui aurait pu présenter quelque danger, 
caries mines de MoularĂšs et de Redeyeff sont celles qui doivent 
fournir le phosphate le plus riche parmi tous les gisements ac* 
tuellement connus dans l'Afrique du Nord. Le gisement de 
MoularÚs est d'ailleurs jusqu'à présent le seul dans cette ré- 
gion qui, comme ceux de la concession de Gafsa, donne un 
phosphate Ă  faible teneur en carbonate de chaux, et il importait 
de réserver à la Compagnie la spécialité de cette nature de 
produits qui est particuliÚrement apprécié des fabricants de 
superphosphate. La redevance à payer à l'État, l',52 par tonne, 
permet en outre de compter sur une exploitation suffisamment 
rémunératrice, et les dépenses d'établissement se réduiront à 
celles nĂ©cessaires pour la mine elle-mĂȘme et pour rembarque- 
ment Ă  Sousse. 

« L'attribution à la compagnie du gisement d'Aïn MoularÚs 
doit enfin, à notre avis, avoir un heureux résultat au point de 
vue du marché des phosphates ; on pouvait redouter que la 
mise en exploitation à brÚve échéance, de plusieurs mines 
nouvelles en Tunisie n'entraßnùt une surproduction qui eût 



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U2 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

déprimé les cours. L'exploitation de HoularÚs notamment élail 
susceptible d'avoir à ce point de vue une influence prépondé- 
rante en fournissant à elle seule un tonnage élevé. La situa- 
tion se trouve modifiée par le fait que cette mine a été concédée 
à notre compagnie qui en possÚde déjà d'autres en pleine pro- 
duclion, tout en observant exactement les conditions de son 
cahier des charges, nous pourrons éviter de désorganiser le 
niarciir par un développement trop rapide ; nous sommes con- 
vaincue néanmoins que grùce à l'accroissement constant de la 
consommation, nos nouvelles exploitations atteindront au bout 
de peu d'années un tonnage important*. » 

D'aillours une convention conclue le 20 mars 1906 entre le 
gouvernement tunisien et la compagnie de Gafsa donne Ă  celle- 
ci le droit de raccorder Ă  ses frais la ligne de Metlaoui au 
Rcdeyeff par l'oued Tabcddid Ă  la ligne de Sousse Ă  Thenchir 
Sountir (embranchement de 20 km.) et d'extraire des gisements 
de la concession de Gafsa les tonnages de phosphates que la 
convention de 1905 l'obligeait Ă  exporter d'AĂŻn MoularĂšs, par 
la ligne de rhenclûr Souatir à Sousse : cette nouvelle conven- 
tion, en permettant Ă  la compagnie de retarder la mise en 
exploita Uon de la concession d'AĂŻn MoularĂšs et de concentrer 
iur un mĂŽme point ses travaux d'extraction, rend sa position 
plus avantageuse encore, tout en réservant au chemin de fer 
et au port de Sousse le trafic que leur assurait la concession 
(les gisements d'AĂŻn MoularĂšs et du Dj. Mrata -. 

1. nnfiftorta, Qic, p. 8-10; lOiKÎ, p. 5, ü). La Compagnie compte oxtrain^ do sc's 
frisj^nn nts» en UH)S, si elle s(» procure facilement la main-d'Ɠuvre nĂ©cessaire, 
tlTNj.fKKi tonnes de [)hosphate, dont 200.000 provenant du Rcdeyeiï. — La con- 
sommation ne cesse de se développer, non seulement en Europe, mais en Amé- 
rique et au Japon. 

-^. lloftporlSj etc., lßH)5, {). 28 et 130. Cette convention prévoit que rembran- 
cljetuent de l'oued Tabeddid Ă  l'hcnchir Souatirpourrait ĂȘtre gratuitement re- 
pius )ïar rÈtat Tunisien si celui-ci usait de son droit de rachat de la ligne de 
Sfa\ à Metlaoui (à partir de 1030) ; l'État pourrait de mîme reprendre en VXS, 
u ĂźV^pĂź ration de la concession de Gafsa, la partie de la ligne comprise entre 
Mclbtoui et l'oued Tabeddid. En revanche la convention porte de *3j.f«J0 à 
njl HKrancs le chiffre de re:!ette kilométrique à partir duquel la Compagnie 
devrii doubler la voie de Sfax Ă  Metlaoui. 



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I A^ 



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L'EXPLOITATION DES PHOSPHATES. 143 

Enfin la région comprise entre Gafsa et GabÚs s'ouvre égale- 
ment à Tactivité des colons. Il est question notamment d'ex- 
ploiter des gisements de phosphates et de manganĂšse dans 
cette partie du sud de la Tunisie et le gouvernement de la RĂ©- 
gence a inscrit au programme des grands travaux de 1906 un 
crédit de 5.000.000 de fr. pour l'établissement à GabÚs d'un 
port en eau profonde qu'il n'hésiterait pas à construire en 
mĂȘme temps qu'une ligne de chemin de fer, si de nouvelles 
exploitations miniĂšres pouvaient ĂȘtre concĂ©dĂ©es dans le pays. 



Ainsi la prospérité industrielle de la région de Gafsa se 
trouve assurée pour de longues années : l'exploitation de gise- 
ments du Seldja, celle, toute prochaine, des gisements du 
Redeyeff et d'AĂŻn MoularĂšs, assurent au pays l'exportation 
abondante de produits qui ne sont pa^ sujets Ă  souffrir des va- 
riations climatiques; elles fournissent des salaires qui suffi- 
sent à la subsistance de toute une main-d'Ɠuvre nouvelle et 
profitent dans une certaine mesure aux agriculteurs et aux 
marchands gafsiens, fournisseurs naturels des populations 
campées autour des mines. 

Le chemin de fer de Sfax à Metlaoui, bientÎt prolongé jus- 
qu'au Redeyeff et Ă  Tozeur, traverse le pays gafsien dans toute 
sa largeur. Il met la région en communication rapide avec la 
mer, procure à ses produits une voie de sortie sûre et peu coû- 
teuse et rend facile sa pénétration économique. Dans un an, 
la ligne de Sousse Ă  Thenchir Souatir et Ă  l'Oued TabeddĂźd 
ouvrira dans les mĂȘmes conditions le nord-est du pays gai- 
sien au commerce, Ă  l'industrie et Ă  la colonisation et ratta- 
chera directement Gafsa Ă  Kairouan, la ville sainte, et Ă  Tu- 
nis la capitale de la RĂ©gence. 

Non seulement les antiques cultures des oasis et les trou- 

I.De F.UiES,o/?. vil., p. 3D-n. 



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144 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

peaux des nomades suffisent Ă  rapprovisionnement du mar- 
ché local, non seulement Talfa est déjà l'objet d'un trafic im- 
portant et les dattes s'exportent chaque jour en plus grande 
quantité : mais des exploitations agricoles nouvelles s*établis- 
seul dans le [Kiy;^; lics olivettes sont créées; leurs produits, 
destinés à Tcxportation, augmentent l'aisance de la popula- 
tion iodigÚne et fournissent à des colons entreprenants la ré- 
munération de leur travail et de leurs capitaux : ils créent 
dans le pays gafsien une source nouvelle de richesse, stable 
et de grand et long avenir, en fixant, sur des espaces jadis 
incultes, toute une classe de propriétaires ruraux attachés au 
sol. 

Et, s'il peut ctre permis de prĂ©voir TĂ©poque lointaine oĂč les 
gisements de pliospliate seront épuisés, du moins peut-on pré- 
voir aussi le jour oĂč, grĂące Ă  Tutilisalion rationnelle de l'eau, 
les cultures d'oli\'iers, bien appropriés au sol et au climat, 
occuperont dans le bled soigneusement aménagé toute la 
place laissée libre par les pasteurs nomades et les cultivateurs 
des oasis, fournissant au chemin de fer un fret nouveau et 
durable, et rétablissant dans le pays gafsien, sous le Protec- 
torat FraiHais, Tantique prospérité qu'il a connue sous le 
rĂšgne de la paix romaine. 



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APPENDICE 



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liA POPUIiATlOIV 



L'homme parait avoir habité le sud de la Tunisie des la 
plus haute antiquité, et Torigine de Gafsa se perd dans la prt*- 
histoire. 

L'isolement des sources de Gafsa Ă  60 kilomĂštres de tout au- 
tre point d'eau important, la topographie du pays voisin, as- 
suraient aux premiÚres tribus la subsistance, la sécurité et la 
domination sur la région environnante : riionnne devait né- 
cessairement se fixer et prospérer en ce gite [nivil6g:ié de la 
route naturelle qui traverse la terre d'Afriquo de lu Syrie au 
Tell algérien. 

En effet les stations paléolithiques et néolithiques sont nom- 
breuses autour de Gafsa. 

Au « poste n° 1 », mamelon formé de trois coueljes de tra- 
vertin et de poudingues grossier et fin, dominant la plaine 
formée d'alluvions plus récentes, à l'ouest de Gafsa, la roche 
dure de la base renferme quelques instruments chellëens ty- 
piques; dans les poudingues superposés les o)*jets taillés par 
Ă©clats deviennent de plus en plus communs et remplacent 
ceux de forme amygdaloĂŻde : ces produits primitifs remontent 
au dĂ©but de l'Ă©poque quaternaire, puisque les terrains oĂč on 
les trouve ont Ă©tĂ© reconnus les mĂȘmes que ceux du golfe de 
GabÚs*; le travertin supérieur ne renferme pas ce silex, mais 

1. CoixioNox, Les tlyesdela pierre en Tutiisiey p. 7. Suj/nt,\t. 10* 



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I 



148 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

dans les alluvions rĂ©centes de la base oĂč les eaux ruisselantes 
ont entraĂźnĂ© tous les types mĂȘlĂ©s, on a trouvĂ© quatorze coups 
de poing chelléens, à cÎté d'un grattoir rond, de plusieurs 
o1)jets rt de deux pointes anciennes de forme amygdaloĂŻde, 
tous relouchés, d'un grattoir ovale, de plusieurs racloirs, de 
nombreux éclats perfcclionnés dont sept pointes triangulaires, 
deux couteaux et une scie. On se trouve en présence d'une évo- 
lution sur place de Tindustrie humaine, passant progressive- 
ment des formes de Chelles et de Saint-Acheul aux formes 
tnmisléi'iennes*. 

De nuMne au poste n*" 3, constituĂ© sensiblement de mĂȘme 
que le poste n** 1^ et situé sur la rive gauche de Toued Balacb, 
en face des derniers jardins de Gafsa, on a trouvé un silex, une 
dizaine de pointes grossiĂšres et d'Ă©clats, un instrument de 
12 cm. X 7, à patine jaune orange, tous de travail chelléen, 
et six grattoirs discoroïdes, à cÎté d'un grattoir et de pointes 
(le UĂšclies modernes, et de deux instruments de forme cu- 
rieuse, munis de manches^, peut-ĂȘtre des bĂȘches. 

A '2 kilomĂštres au nord de Sidi Mansour, dans les graviers 
inférieurs de la berge de Foued Balach que nous avons dé- 
crite plus haut^, H. Couillault a observé plusieurs silex taillés 
sur les deux faces et affectant la forme de Tamande de Chelles; 
dans la couche de graviers moyens, les instruments sont plus 
nombreux et d'aspect moustérien, et la diflPérence entre ces 
types divers est marquée par une transition insensible : Ton a 
recueilli des pointes épaisses et courtes, taillées sur les deux 
faces, évidemment moustériennes et qui paraissent dérivées 
du type en amande ; des haches moustériennes grossiÚres, à 
grands éclats; les pointes sont taillées sur une seule face, les 
tranchants peu retouchés. (( 11 est difficile de séparer les indus- 
tries souvent confondues dans une seule couche, d'autant plus 



L ÇfiLLKiVOS, op. cit.j p. \) à 11. 

2. Sitprft^ p. IG. 

3, COLLKi>ON, op. cit.. p. 14. 
4* Supra, p. 16. 



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LA POPULATION. liO 

que des types intermédiaires semblent établir entre Tune et 
Tautre une transition insensible ' . » 

La station la plus importante de Gafsa est située prÚs de Sidi 
ĂŻansour et de la route de Kairouan, au pied du dj. Salah, dans 
le canton ravinĂ© oĂč les alluvions superficielles ont Ă©tĂ© entraĂź- 
nĂ©es par TĂ©rosion et oĂč le loehm quaternaire apparaĂźt Ă  nu sous 
la forme de buttes isolées. Il est connu sous le nom de poste 
n" 2 et comprend une dizaine d*ateliers. La population Ă©tablie 
en ce point facile Ă  dĂ©fendre, oĂč elle Ă©tait assurĂ©e de ne pas 
manquer d'eau, parait avoir été assez dense. M. Collignon y 
a recueilli 1.597 piĂšces relativement modernes dont 57^ de 
couteaux de 8 Ă  9 centimĂštres de long, et 15,82 % de pointes 
triangulaires, et divers instruments dĂ©licats, aux arĂȘtes vives 
et tranchantes, à patine grise généralement peu épaisse, et de 
petite faille, indiquant des artisans plus habiles, moins préoc- 
cupés de pourvoir à des besoins pressants et grossici-s : poin- 
tes et racloirs de forme moustérienne fine ; pointes trian,tru laides 
solutréennes; lames, grattoirs, poinçons, burins magdalé- 
niens; enfin des racloirs concaves destinĂ©s peut-ĂȘtre h racler 
des bois de flĂšches, des pointes de flĂšches, des scios Ă  talon 
de 1 Ă©poque nĂ©olithique; mĂŽme une bĂȘche en uuniaturef 
un nombre considérable d'objets pédoncules destinés à t^tre 
emmanchĂ©s, — et des objets en os fragmentĂ©s Ă  rinfinĂź, — qui 
témoignent d'une civilisation déjà avancée*'. 

M. Gouillault a observé dans le col bien abrité de rAssnlali 
un atelier plus petit, mais analogue, oĂč les types prĂ©citĂ©Ăź^ sont 
mélangés, au voisinage de pierres ayant subi Faction du feu 
et d'une couche de cendres et de charbons calcines, Ă©paisse 
de O^joO à 0°*,60 et située sur un monticule d'argile '*. 

Enfin M. Gouillault a exploré à 5 kilomÚtres au nord de 



1. Coiii.LAULT, Noie sur les stations préliiitoriques iletiafsn, Atiiftrjfit/r. 181*1* 
p. TM. 

2. Gouillault, Xote sur tes stations préhistoriques de Oafdiiy p, ttXK Cohuiisoy* 
op. cit., p. 18-19. 

3. Gouillault, op. cit.*, p. 539. 



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I 



150 LA GAFSA ANCIEiNNE ET MODERNE. 

Gafsa, au confluent de roued BaĂŻach et de Toued SaGoun, un 
terrain de plusieurs hectares couvert d'Ă©clats de silex noirs ou 
bruns (lofit ĂŻ^ la forme la plus commune est une pointe mince, 
nphitic, finement retouchée sur les deux bords, produisant le 
type si particulier de la feuille de laurier de Solutrc* ». 

Il est bien difficile d'Ă©tablir la succession chronologique des 
stations préhistoriques de Gafsa et des environs; les classifica- 
tions adoptées en recourant aux époques de l'industrie primi- 
tive française, ne peuvent servir de base certaine d'apprécia- 
tion ^ puisqu'il n y a pas lieu d'attribuer une origine commune, 
des rapports sociaux ni un développement identique aux pre- 
miĂšres populations de France et du sud de la Tunisie. 

Cependant M. Couillault pense que l'atelier de l'oued Safioun 
fut créé k une époque récente par des envahisseurs de race 
étrangÚre, tandis que les ateliers de Gafsa auraient été fondés 
parles ha In tanls autochtones dont les procédés industriels se 
seraient améliorés depuis Tépoque chelléennc, mais sans ar- 
rivera la perfection solutréenne ou néolithique^. 

Au contraire, Ă©crit M. CoUignon, « de mĂȘme que le chellĂ©en 
s'est transforme sur place pour donner naissance aux formes 
moustéricnnes, celles-ci à leur tour se sont perfectionnées peu 
iV peu e* graduellement; en un mot, il n'y a pas un apport 
brusque de procĂ©dĂ©s nouveaux par conquĂȘte ou invasion, mais 
évolution naturelle de l'industrie locale^ ». Les habitants pri- 
mitifs dont le nombre augmentait et dont les besoins deve- 
naient plus complexes et plus raffinés, ont pu fonder des éta- 
blissements voisins des premiers et plus considérables, plus 
faciles à défendre, plus riches en eau et en terre cultiva- 
lile : aiosi pourrait s'expliquer, à notre avis, les différences de 
civilisation observées entre les postes anciens (Postes 1 et 3) 
et les ateliers modernes de Sidi Mansour et de l'oued Sa- 
fioun. 

2. /Aid., p. fĂŻlO. 

2. CL^uJG^u^, op. t*7., p. 33. 



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LA POPULATION. lui 

D'ailleurs, des ateliers de taille et des silex travaillés de 
toutes les Ă©poques, mĂȘlĂ©s Ă  des rognons intacts, ont Ă©tĂ© trou- 
vés en grand nombre dans la plupart des ravins du dj. Orbata 
jusqu*Ă  Lalla, aux environs d'El-Guettar et du Bir Marbot, au 
Saad el-Hamra, à Keroua, à loucd Besbùs, à Oum Âli, Zel- 
loudja, Hehamla; Ă Bou Amran, El-AyaĂŻcha, El-Hajey, oĂč l'in- 
dustrie s'est perpétuée jusqu'à nos jours (pierres à fusil) ; à 
Ouderef, Ă  El-Hamma et jusqu'Ă  GabĂšs, au dj. Tebagua, Ă  
l'oued Akarit, Ă  l'oued Melah; et principalement Ă  Gourbata, 
au sud de Garsa, et au Djcrid. Hais au nord de Gafsa les ate- 
liers sont de moins en moins importants et les piĂšces de moins 
en moins nombreuses Ă  mesure que Ton s'avance vers Kai- 
rouan : on a relevé des ateliers au dj. Bou Hedma, à Sidi 
Aich, au Foum el-Maïla, et quelques piÚces isolées dans les 
bleds de l'oued El-Hallouf K 

Or l'ensemble de ces établissements paléolithiques et néoli- 
thiques correspond presque exactement à l'aire de répartition 
de celui des types ethniques de la Tunisie que l'on considĂšre 
comme le plus ancien : le type djeridien. Cette race, abso- 
lument pure Ă  Tozeur et Ă Nefta, est encore trĂšs reconnaissable 
Ă  Gafsa, elle devient de moins en moins dense et de moins en 
moins pure vers le nord, et les individus isolés disparaissent 
presque en mĂȘme temps que les derniers vestiges de l'industrie 
préhistorique. Cette coïncidence permet de considérer les Ber- 
bĂšres du type djeridien comme les descendants de la race pri- 
mitive qui taillait la pierre dans le sud de la Tunisie, race uni- 
que Ă  laquelle sont venus se mĂȘler plus tard des envahisseurs 
plus civilisés^. 



1. Ibid., p. 24 et sq. — M. Collignon explique l'absence d'inslrumonls {\i^ 
pierre polie par le manque de roches polissoires, et leur inuĂŻiUti; relative 
dans un pays oĂč le seul arbre vĂ©ritable est le palmier, oĂč les iruĂźijLrĂšnes n'a- 
valent Ă  tailler ni grosses charpentes ni bateaux, oĂč les habitations iiermaneĂŻi- 
ies devaient ĂȘtre en torchis. Collignon, op. cit., p. 23. 

2. Collignon, Étude sur l'ethnographie gĂ©nĂ©rale de la Tunisie, Huit, gvogr* 
com. tr. hist. et se, y 1886, p. 224. — Un groupe ethnique important :ilisolun>ent 
semblable Ă  celui du Djerid, mais sĂ©parĂ© de lui par des aggloniĂ©raiioiii cĂčĂŻiĂŻ- 



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132 LA GAFS4 ANClENiNK ET MODERNE. 

Ce type berbĂšre du Djerid est de grande taille : la taille 
moyenne des Ksouriens de Tozeur est de l'",691, celle des gens 
deNeftade 1"',683; Ă GafsaoĂčlesindĂźvidus de cette race forment 
une bonne partie delà population, elle atteint encore t",679, dé- 
passant de 17''ℱ la moyenne des sĂ©dentaires de la Tunisie. Ce 
type a exercé une influence dans les régions montagneuses 
voisines, oĂč il a pu rĂ©sister facilement aux invasions postĂ©- 
rieures : la taille moyenne est de l^jCTG Ă  El-Oudiane, l'^jĂŽSS 
au Nefzaoua, r',691 à Bou Amrane, I^'JIG à Chebika'. « Les 
Djeridis, Ă©crit M. Collignon, ont le corps haut, mince, pour ne 
pas dire maigre, les épaules larges et carrées des statues égyp- 
tiennoĂź*, le thorax alTectant la forme d'un tronc de cĂŽne remar- 
quablement Ă©troit au niveau du bassin, les hanches fortes, les 
extrémités plutÎt grandes, les avant-bras relativement courts. 
La maigreur de celte race peut ĂȘtre attribuĂ©e au climat rĂ©elle- 
ment accablant du Djerid et à un vieux fonds d'anémie pa- 
lustre ^ » 

La couleur est brune, presque mulĂątre, le crĂąne est nette- 
ment dolichocéphale à Nefta (72,88), à Tozeur (73,62), à El- 
Oudiane (74,23), et Ă  Gafsa mĂȘme (7i,45)^. Le front est bas et 
fuyant. *< De face, la figure frappe par sa hauteur et son Ă©troi- 
lesse, ÏA' front est Ă©troit, les yeux sont noirs et enfoncĂ©s, grands, 
bien ouverts, les pommettes sont saillantes, la bouche, graûde, 
est garnie de lĂšvres fortes, les dents sont ordinairement laides. 



pacloj? de types différents, a été étudié en Kroumirie, par M. le D' Berlliolon 
{H. iuH., lw)5) : on doit, somble-t-il, en attribuer l'origine Ă  une invasion rĂȘ- 
c(>nii^ di^ Djerid iens. 

l. CouHKNON, op. cit., j). '2()S. — Les tailles indiquĂ©es sont les moyennes des 
nĂŻi^urca prises sur G3 soldats du l' tirailleurs originaires de Tozeur, 10 de Nefta, 
;'!> de ^iafsii, 20 d'El-Oudiane, 7 du Nefzaoua, G de Bou Amrane, 3 de Che- 
bika. 

i. CoLuiiSOX, op. cil.j p. Ijll. 

'.i. CoLi.irAON, op. cil., p. 213-'2l5. Les indices céphaliques que nous donnons 
sont tes moyennes des mesures prises sur 10 individus Ă  Nefta, 60 Ă  Tozeur, 
33 à El'Oudiane, 3U h Gafsa (soldats du 4' t irai lie ui*s). L'indice céphalique est 
le rapport entre le diamÚtre transversal et le diamÚtre antéropostérieur de la 
f^ce. Les indices 72, 73, 74 sont ceux des dolichocéphales; 75, 76, 77, 78 ceux 
des mégalocéphales ; 70, 80, 81, ceux des brachjcéphales. 



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LA POPULATION. 153 

trÚs sujettes à la carie, les oreilles trÚs grandes et écartées de 
la tĂȘte «. » 

Le type est trÚs mésorhinien à Nefta (indice nasal : 79^81), à 
Chebika (78,25), El-Oudiane (76,83), Ă  Tozeur (75,50). Mais 
Ă  Gafsa, carrefour d'invasions et gĂźte d'Ă©tapes, Tinfluence de 
croisements postérieurs a atténué la mésorhinie de la race 
primitive, Tindice nasal n'est que 71,71. NĂ©anmoins des indi- 
vidus trĂšs purs se rencontrent Ă  Gafsa, et mĂȘme dans les oasis 
oĂč les croisements ont Ă©tĂ© plus nombreux encore : Ă  El-Ksar, 
Ă Lalla, Ă  El-Guettar^. 

GĂ©ographiquement, ces populations correspondent approxi- 
mativement aux GĂ©tules des anciens. 

Antbropologiquement elles se rapprochent de la race euro- 
péenne de Canstadt et de NéanderthaP, et, comme elle, datent 
du début de l'époque quaternaire, ainsi que l'indique la posi- 
tion des ateliers chelléens dans les terrains quaternaires les 
plus inférieurs. Toutefois il est impossible de définir les rap- 
ports que ces deux groupements humains si Ă©loigni s ont pu 
avoir entre eux. 

Hais il existe des affinités qui paraissent irréfutables entre les 
Djeridis, les tribus sahariennes et les population!^ claires, peu 
métissées de sang nÚgre, du Sénégal, du Soudan et de TAbyS' 
sinie : Maures, Peuhls, Abyssins et Somalis^. 

D'ailleurs M. Collignon fut frappe d'une grande ressem- 
blance entre les Djeridis et certaines statues Ă©gyptiennes, 
principalement le prisonnier kouschite du monument d'Ame- 
nophis III au Louvre. Il rappelle la parenté biblique étroite 
entre les Kouschites (Kusch) et les Libyens (Lehabim), issus de 

1. CoLLir.NON, ap, cit., p. 310. 

2. CoLLiGNOX, op. cit. y p. 313-31G. L'indice nasal ost le rapport en Ire !a largeur 
du nez, prise d'une aile Ă  Tautre, et sa hauteur. Les indices au-dessus de 70 
sont ceux des leptorhiniens, de 70 à 80 ceux des mésorhiniens, au-dessus de ù(} 
des platyrhiniens. 

3. MĂ©dina, Flore et faune de V Afrique du Nord Ă  PĂ©poque quaternaire; R^ 
tun., 1894, p. 1649. 

4. CoLLiGxoN et Demker, db QuATHEFAfiES, Rabourdin» IIamy. tT, la Dibliogra- 
phie. 

L4 GAFSA ANCIENNE. tl 



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134 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

la souche chamitique. Le général Faidherbe, Barth, cités par 
lui, TĂźssot, s'accordent Ă  reconnaĂźtre des analogies ou une an- 
tique parentĂ©, mĂȘme linguistique, entre les BerbĂšres et les 
Égyptiens : en effet les tribus autochtones du Nil qui semblent 
avoir été refoulées en haute Egypte et dans le désert par des 
tribus asiatiques, travaillaient le silex, avant leur exode, dans 
des atûliera semblables à ceux de Gafsa et témoignant, comme 
ceux du Sahara, d'une Ă©volution parallĂšle de civilisation*. 

Il peut donc sembler permis de rattacher les Djcridis de 
Nefta, de Tozeur, de Gafsa et de Kroumirie Ă  la race primitive, 
probablement originaire d'Ethiopie, que M. Sergi désigne 
tantĂŽt sous le nom de Species Eurafricana, tantĂŽt sous celui de 
race méditerranéenne, et qui couvrait A l'époque préhistori- 
que, les parties habitables de l'Afrique, du Nil Ă  l'Atlantique 
et du Niger Ă  la MĂ©diterranĂ©e tunisienne, — peut-ĂȘtre mĂȘme 
la Sicile, Pantellaria, les lies de la Méditerranée occidentale, 
Gibraltar, les Canaries, l'Espagne, la France, la Grande-Bre- 
tagne, la Suisse, la Russie méridionale et la GrÚce pélas- 
gique% 

(Cependant les rapports entre les populations du sud de la 
Tunisie et celles du Soudan, — de l'Europe mĂ©ridionale — et 
principalement celles de l'Egypte semblent avoir cessé trÚs 
tĂŽt; les instruments de bronze, de cuivre et de fer parurent en 

1, CrkLi.UtNON, op. cit., p. 314 : 

Itfid., p. 200 (Instructions de Faidliorlx* Ă  la S. Anthr.); 

Ibid., i>. lĂźM) (Barth, I, p. 132-!) ; 

Ti^m*Tt tip. cil. y p. 425-6, 392; 

Mi?;rKi[0, Ifist. des Anciens peuples de l'Orient, I, p. .V2-53; 

TuNKSiT Chantre, Bidl. GĂ©of/t\ com. (r. hist. et se, 1898, p. Ăźl ; 

S, Reixach, La Préhistoire en Egypte, Anthr., 1897, p. 327-13; 

RiiiOUROiN, Les Ăąges de la pierre au Sahara, Bull. S. Anthr. Paris, 1881, 
p. IliWiL 

lUwv, VJ{. A. Liscr. et Belles- Lettres, 3 février Mm. 

t^ SKHitr» Bwe méditerranéenne, Anthr., \H%, p. 3.V>. 

lÎLitTïroLux, Anthrop. de la l^unisie, j). 8. 

lu., La race du NĂ©ander thaĂŻ dans VA fnque du Xord, IL Tun., 18ÎK), p. 21-26. 

Vay>;siù, Les mont^ primitifs de Pantellaria, IL tun., 18ÎM, p. 10,3-16. 

ïlKni'st» loc. cit. et passim. Patrom, Les civilisations primitives de la Sicile 
or kntak, Anthr., 18117, 12ß»-18. 296-317. 



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LA POPULVTION. 155 

eiiet d*assez bonne heure en Egypte : « La plupart des armes 
en bois et en pierre furent remplacées, longtemps avant l'his- 
toire, par des armes en métal, poignards, sabres, haches, qui 
gardÚrent la forme des vieux instruments auxquels elles succé- 
daient M ; ceux-ci ne furent plus employés que dans les céré- 
monies solennelles ^ Au contraire. Ton ne trouve aucune trace 
d'industrie métallurgique dans les stations préhistoriques gaf- 
sienne3 les plus rĂ©centes : tout commerce avec TÉgypte devait 
donc avoir cessé. 

Les relations ne durent reprendre que bien plus tard, aprĂšs 
la conquĂȘte de la Tunisie par des races Ă©trangĂšres qui y intro- 
duisirent des armes et objets de bronze et de fer, et qui ache- 
vĂšrent de peupler Gafsa et les oasis voisines'. 



La plus importante de ces races envahissantes paraĂźt ĂȘtre la 
race d*Ellez, trÚs répandue dans le bassin moyen de la Me- 
djerda. Elle est petite (1°,62 à i^jGi), mais bien prise et bien 
musclée, nettement dolichocéphale (indice céphalique, 74), 
mais à peine mésorhinienne (indice nasal, 70,5). Le crùne est 
Ă©troit, les pommettes ne sont pas saillantes, la face n'est pas 
osseuse, mais dysharmonique ; le teint est pĂąle, la chevelure 
noire ou trĂšs brune, la barbe bien fournie ^. 

Cette race nouvelle est probablement d'origine européenne, 
et se rapproche du type préhistorique de Sordes, de Cro-Ma- 
gnon et de Gibraltar^; elle est voisine du type corse et ita- 
lien^. Tissot et M. Duponchel l'assimilent aux IbĂšres dont les 
descendants, plus ou moins métissés, se sont perpétués sur 
tout le littoral etiropéen; ils appuient leur hypothÚse sur la 
toponymie comparée de l'Afrique du Nord et de TEurope mé- 



I.Maspero, op. cii., p. 5H et sq. 

2. MĂ©dina, passim. — Collk.non, BEiiTiiui.nN, op. cil. 

*^. CoLLiONOx, Op. cil., p. 316-317. 

1. /^üV/.; Tissot, I, p. (ÎTI. 

5. CoLLiGsoN, op. cil., p. 300. Bertholon, op. cil.f p. 18,'^. 



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fHu U GAFSA ANGIENNIi: KT MODERNE. 

ri(lĂč»tiale*. En particulier, Tissot voit une filiation entre le 
nom antique de Bir Oum Ali^, Anolianum, et le non espagnol 
d'Aloiiao ; entre le Magradi de Tripolitaine et le Hagrada d'Es- 
pagne ; entre le Gorrah de la vallée de Medjerda et le Gor 
basque^ etc. ^ La Gafsa primitive se trouvait sur la route natu- 
relle qui unit ces trois points : point d'eau et point stratégique 
dont la possession était nécessaire pour dominer le pays, elle 
ne pouvait Ă©chapper Ă  Tinvasion. 

Pourtant le nombre des représentants de la race d'ElIez est* 
trĂšs faible Ă  Gafsa. 

Mais cette race, en se croisant avec les Djeridis de Gafsa et 
des environs, a sans doute donné naissance au type brun do- 
Hchocépliale, leplorhinien, de grande taille, à visage allongé 
(taille, ^",68; indice céphalique, 7i,76), que M. CoUignon con- 
sidérait comme un type absolument à part et qui forme les 
deux cinquiÚmes de la population de Gafsa, et est trÚs répandu 
dansles bleds du nord, jusqu'au bassin de la Medjerda, et dans 
toute TAfrique septentrionale'*. Ainsi pourrait s'expliquer la 
légÚre différence de taille et la trÚs grande infériorité de l'in- 
dice nasal de la moyenne des gens de Gafsa (1",679 71,71) 
comparés auK Djeridis purs de Tozeur (1",691 75,50; 79,81 à 
NeftĂą), 

Cette supposition est d'autant plus vraisemblable que la 
race d'Ellez forme un ilĂŽt compact et pur dans la petite oasis 
trĂšs voisine de Lalla (taille, 1ℱ,632; indice cĂ©phalique, 73,56; 
indice nasal, 73,33) ; ce groupe ethnique a pu exercer sur les 



1 . M* DlponcuĂ«l retrouve ‱ dans les noms gĂ©nĂ©riques de Gliargher, ghir. 
jur, TJsitës sur les vorsanls de l'Atlas, les équivalents bien naturels des (iaixl. 
Garonui\ Gei'S, de nos montagnes des Cévennes et des ^yrénées -. La coloni- 
sation française dann le nord de l'Afrif/KP^ Bulletin S, Languedocienne Géoyr.j 
h»CL*, ]P. 131-132. 

*J. U\v Oiini Ali 1 il ĂŻĂŽ kilomĂštres au nord-est de FĂ©rianasur une des pistes 
de Tebeiisaf Ă  1211 kilojnĂštres de Gafsa. 

3. Tissot, o//. rit., I, p. 424-425. 

4, t'oi.u«NO.N, ifp. rll.y p. 306. — - La taille du type est la moyenne des mesu- 
res prisi^s sur lHi soldats du 4* tirailleurs originaires du Kef : les indices sont 
La moyenne des mesures de 40 soldats de ménie origine. 



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LA POPULATION. 13T 

habitants primitifs de Gafsa la mĂȘme influence dĂ©cisive que 
sur ceux d'El-Ksar (taille, l'°,654) et d'El-Guettar (taille l'»,65i ; 
indice céphalique, 75,08; indice nasal, 70,19) ^ 

Le troisiÚme élément ethnique fondamental qui a concouru 
Ă  la formation de la population de Gafsa, d'El-Guettar et de 
Bon Amrane, est la race brachycéphale leptorhinienne de 
petite taille de Gerba (taille moyenne, 1",637; indice cé- 
phalique moyen, 79, 9i; des types purs, 86,38; indice nasal 
moyen, 69,81 ; des types purs, 62,62). Cette race répandue par 
métissage dans la moitié de TAfrique du Nord, sur les cÎtes 
tunisiennes, en Kabylie, dans TAurĂšs, au Mzab, a certaine- 
ment influé sur la taille et Tindice céphalique des Ksouriens 
d'El-Guettar, que nous avons indiqués plus haut, et sur l'in- 
dice céphalique des gens de Bon Amrane et des habitants de 
Gafsa (75,07 — 74,45) ^ trĂšs sensiblement plus Ă©levĂ©s que 
ceux des Ksouriens de Tozeur (Djeridis dolichocéphales) et de 
Lalla (race dolichocéphale petite d'Ellez). 



Ces trois races, la race djeridienne, la race d'ElIez^ la race 
de Gerba, forment le fond de la population de Gafsa et des 
environs. 

Issues de pays africains ou méditerranéens, elles ont pros- 
pĂ©rĂ© Ă  Gafsa dont le climat est de mĂȘme nature ou moins rude 



1. CoLLiGNOx, op. cit. y p. 318, 208, 213-215. La taille des habitants tĂŻi? Lalla 
est la moyenne des mesures prises sur 18 soldats originaires de cette oa^isĂź \t& 
indices sont la moyenne des mesures de 8 soldats; la taill^ dta Jiabitjints tĂŻ'El- 
Ksarest la moj'enne des mesures de 20 soldats, la taille d'EUCiueltar la moyemie 
des mesures de 12 soldats; les indices d'El-Guettar la moyeiuii? dos mestiti's de 
60 soldats. 

2. Les BerbÚres bi-acliycéphales de Gerba pourraient Úlip d<^s Ligures, Cf. 
H. Martin, Bulletin de la Société d'Anthropohf/ie de Paris, mai \^>: ché pai* 
Bertholon, p. 42 L 

3. Bertholon, Anthropologie de Vile de Gerba, Anthrop^fUt^i^^ IHNJ, p. 3Llli- 
100, 406, 407, 411, 415, 419-424. Les mesures moyennes sont rHl<^!Ăź (\f 3rtf)Ăą 333 
individus Ă  Gerba; les mesures des types purs sont les moyonn<^^ do *;> indivi- 
dus choisis. — CoLLiONON, op. ci/., p. 293, 213-215. — Malb<'T, ks VU ouïa c\ la 
trépanation de crùne dans TAurÚs, Anthropologie ^ 1897, p. l**l(!, ißO, 11*0, i£>T» 



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158 LA GAFSA .ANCIKNNE ET MODERiNE. 

que celui de leurs pays d'origine. Elles s'y sont mĂȘlĂ©es pour 
donner naissance à des métis nombreux qui les relient entre 
elles et dont les plus caractéristiques sont les grands dolicho- 
céphales Icptorhiniens de Gafsa et des tribus nomades de la 
Tunisie centrale, et les ])rachycéphales d'El-Guettar. Lm- 
fluence de conditions géographiques spéciales et d'un climat 
intermédiaire les a combinées et façonnées au point que les 
Gafsiens sont assez facilement reconnaissables et se distinguent 
par leur aspect physique gĂ©nĂ©ral, leui^ mƓurs, leurs costumes, 
de leurs voisins les Ksouriens du Djerid, les rudes pasteurs de 
FĂ©riana et de Sbiba, et les citadins du Sahel. 

L*alliance des familles est si étroite, malgré les origines 
différentes encore discernables, le groupe est si compact et 
bien acclimatĂ© que les conquĂȘtes postĂ©rieures Font laissĂ© in- 
tact : les envahisseurs, trop Ă©trangers au pays, comme les 
blonds venus du nord de l'Europe à Tépoque préhistorique et 
les Vandales; trop peu nombreux, trop proches parents, et 
dominateurs trop Ă©phĂ©mĂšres comme les Égyptiens, les Orien- 
taux, les Romains, les Turcs, ont été absorbés par les antiques 
habitants de Toasis sans laisser de traces bien visibles dans 
Tethnographre locale : seuls les premiers, les BerbĂšres blonds, 
sans doute à cause de leur nombre plus grand, ont laissé 
quelques descendants aux yeux bleus et aux cheveux chĂątains 
dans le nid d aigle de Bou Amrane ^ et dans les douars no- 
mades, et peut-ĂȘtre contribuĂ© Ă  conserver aux gens, de Gafsa 
une taille moyenne élevée. Les autres ont disparu, complÚte- 
ment assimilés par le vieil élément berbÚre résistant : tout au 
plus ont-ils pu momentanément contribuer à la fusion intime 
des tioßs races primitives par des unions consécutives avec cha- 
cune d'elles et par la diffusion d'une civilisation commune. 
Us n'ont laissé de souvenirs appréciables que dans la légende, 
rhistoire et Tarchéologie du pays : ils n'ont pas entamé son 
indiviilualité ethnique trop solidement construite par son 

^ I- U ^ 'le la population de Bou Aniranc, Collioxon, o?>. cil, p. -23^1-2^^5. 



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LA POPILATION. ISÇ 

individualitĂ© gĂ©ographique mĂȘme, par la coniDiuiiaulĂ© des 
intĂ©rĂȘts et par le temps. 

Cependant, ces conquérants ont introduit «Uns le pays des 
religions et des méthodes de gouvernement nouvelles; ils y 
ont implanté des cultures et des procédés agricolcN perfec- 
tionnés qui ont pu transformer la terre et modifier la civili- 
sation. Il n'est pas sans intĂ©rĂȘt d'indiquer briĂšvement leur 
origine, leur nombre et leur caractĂšre avant de prccisi*r 
leur rĂŽle politique et Ă©conomique. 



Les auteurs modernes, MM. Tissot, Maspero, du Paly de 
Clam, MĂ©dina, Bertholon, sont presque d'accord pour admettre 
que les premiers conquérants orientaux qui se heurtÚrent au y 
BerbĂšres bruns et blonds du sud tunisien furent des tributs 
égyptiennes et chananéennes. Venues de la vallée du Nßl à 
l'Ă©poque de l'invasion de l'Egypte par les ilycsos (xxiii'^- 
xvnr siĂšcles avant J.-C), ces tribus agricoles et pastorales se 
seraient Ă©tablies dans les parties les plus fertiles de la Tu- 
nisie méridionale et de la ByzacÚne, y apportant leur culte, 
leurs mƓurs, leurs instruments industriels et guerriers et le 
nom mĂȘme des villes perdues^ 

Des étrangers ont en effet laissé des souvenirs Ae leur pas- 
sage Ă  Nefta et peut-ĂȘtre Ă  Gafsa mĂȘme. 

AprĂšs Tissot, M. du Paty de Clam Ă©tablit un rapprochement 
entre le nom de l'oasis de Nefta et la Napata Ă©thiopienne. Il 
le compare à celui des Naphtouhim, « fils de Phiah », établis 



1. Tissot, op. cit., p. i:U-6. — Maspeko, o/>. cit.. Il, |i* 'J*J\. — Mi:rns a* La 
ThasĂȘalocraiie Ă©gyptienne, f{. lun.^ 18ß»5. V^h/e de bi'onte en Llbife H iUim h 
basiin occidental de la MĂ©diterranĂ©e j H. Tun.^ IHÎ>7, p. 7(>Wt>. Sur \tn peuple- 
ment »yro-hĂ©thĂ©en dans le nord de l'Afrique^ H. Tun., p. lĂź"? j-Ăź*^*, — Di Paty ue 
Clam, Faute* chronoloyiques des villes de Sefta et (iafsa. — HnKTiioi.nN, XtAe aitr 
les origines et le type des PhĂ©nieiens, H. 7'w«.,l89t, p. 02-78. — L*'S Siivanls ar- 
ticles (le ces autoui's sont faits (raprîs des documents iH tU's bypoiliùst^^ oï'Î- 
gina]es,et d'aprÚs les ouvrages célÚbres de Chabas, ManetLon, Movers^ Hnifsth, 
Lcnormant, Rossellini, Tomkins. 



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160 lA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

dans le delta du Nil oĂč ils fondĂšrent le culte du soleil dont 
ils portaient le nom : les Naphtouhim, chassés par l'invasion 
des Hycsos, au xxiir siÚcle, auraient émigré vers l'ouest 
jusqu'à la belle oasis de Nefta^ connue, « depuis le déluge », 
sous le nom de Keustheul son fondateur, et Tauraient con- 
quise. Cette supposition est d'autant plus vraisemblable que 
Nefta porta longtemps, avant l'occupation romaine, le nom 
de Kethouar que M. du Paty de Clam traduit : la ville de 
c< ceux qui sont partis de Ilaouar » ; Haouar ou Avaris est celte 
ville cĂ©lĂšbre du delta du Nil oĂč se fortifiĂšrent les Hycsos 
aprÚs en avoir chassé les habitants indigÚnes ^ Ces deux noms 
d'origine Ă©gyptienne, que porta successivement Nefta, sem- 
blent Ă  H. du Paty de Clam la preuve ccrtaioe de l'invasion 
du sud de la Tunisie par des bandes orientales. 

Les traces de la prise de Gafsa par des orientaux sont beau- 
coup plus vagues et plus contestables. 

En effet, suivant El-Bekri, le rempart de Gafsa renfermait 
au XI* siÚcle de notre Úre, une inscription gravée par ordre 
de son fondateur, Chemtian, page de Nemrod : « l'enseigne- 
ment que cette légende nous laisse, conclut M. du Paty de Clam 
dont nous citons textuellement l'ingénieuse théorie, c'est le 
souveuir de l'invasion lointaine du pays par une peuplade 
venue de l'Orient. Le Djerid avait été envahi par des Tourano- 
Kouihites. Or une de ces tribus envahissantes Ă©tait celle des 
Kousikas venant de la KapissĂšne, et ayant pour capitale Kapici 
ou Kabiouch, qui en tamachek, s'Ă©crit K-P-S (ou K-B-S, ou 
K'B-Ch, car S=K = Ch, etB = Pj et se prononce Kapse, soit 



1 . La syllabe Phtali fait partie du mot Egypte, Ila-Ka-Phta - demeure de 
Plilah -T et d'un grand nombi'e de noms Ă©gyptiens : Minephtah, Siphtah.etc. 
Les habitants de Nefta portent le nom de Nephtali. Une tribu belliqueuse du 
Djerid cl la tribu des Hanoncha portaient le nom de Haouara; une ville du 
Maroc et une ville du Fezzan méridional s'appellent encore Haouar. La lecture 
hii^i'Oßrlvphique de Avaris faite par M. de Rougé, et généralement adoptée, 
PSI liĂźiouarit. Du Paty de Clam, Fastes chronologiques de la ville de Nefta, p. 5 
à 0* — CoLLiGNON, op. cit. y p. 315. — Brugsch, o/>, cit., p. 152. — Maspero. op. 
eiL, p. 152. — Maspeuo, op. cit., 11, p. 52, note 5; p. 53. 



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LA POPULATION. 164 

la Kapsa des auteurs anciens. Or si nous remarquons qu'en 
berbÚre B = V = Ou, on décomposera l'expression K-P-S en : 

Ka, ou AKa, roi ou reine 

B, Ou, des fils 

S, As, du soleil * ». 

Ce qui semblerait établir une suzeraineté des gens de Garsa 
sur les Naphtouhim « fils du Soleil », seigneurs de Nerta. 

Des rapports constants paraissent s'ĂȘtre Ă©tablis entre TÉ* 
gypte et la Tunisie : rapports commerciaux et rapports guer- 
riers, luttes de « dynasles contre dynastes » entre les Égyp- 
tiens Ă©tablis en Occident, au pays de Barkn, au bord des 
Syrtes, à Nefta, et les usurpateurs Hycsos de la vallée du Nil *. 
Des bandes armées de BerbÚres bruns et blonds, de Tama- 
bous, civilisés par les anciens émigranis du delta, arrivaient 
jusqu'au Nil, et « des corps de troupes pharaoniques équi- 
pées lég'Úrement se glissant le long de la cÎte, ou cheniinßini 
par les voies des caravanes, allaient les relancer au fond de 
leurs repaires, abattaient leurs palmiers, ramassaient leurs 
troupeaux et posaient des garnisons dans les oa^^is princi- 
pales 3 ». Vers la fin du xvii* siÚcle, une véritable tliassalcn 
cratie égyptienne régna sur la Méditerranée, les Hottes des 
ThoutmĂšs III soumirent le littoral libyen qui, sans doute, paya 
tribut*. 

Les noms de Tlle de Phla (Phlae ou Philae) situén dans 
lembouchure du Triton mythique 5; du chott, du bled et des 
lies Faraoûn, dans le chott El-Djerid; Fantiquc légende, rap- 
portée par Houlah Ahmed, et la, tradition du Ncfzaoua qui 
attribuent à une armée de Pharaon la plantation des premiers 



1. Du Paty de Clam, Fastes chronolg. de la ville de Gafso, p. 8-1). 

2. Medika, Un peuplement syro-héthéen^ etc., R, Tun., ]W^\ p. :i3^ 1-383. IVs 
inscriptions des rĂšgnes de 5Icnephtah et de RamsĂšs III en font foi. 

3. Maspero, op. cit., II, p. 430. 

4. TissoT, op. cit., p. 426-7. — Medixa, op, cit., La NĂ©crofiĂčlt pi'Ă©tttuhtr /thĂ©- 
nicienne de Saint-Louis de CarthagCj R. Tun., 1894, p. 379 H'j. 

5. TissoT, op. cit., p. 427, n" 3; HĂ©fiodote, clxxviii. 



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162 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

palmiers Ă©trangers et improductifs de ces lies * ; les noms du 
Menaceb Faraoûn, le « camp de Pharaon », dans TAurÚs, de 
HenegĂšre et de Menegessem, villes anciennes de la plaine 
fertile du Fouçanah, à 140 kilomÚtres au nord de Gafsa-, sont 
des traces sérieuses de ces invasions égyptiennes successives. 
Il est possible que Gafsa ait Ă©tĂ© visitĂ©e par les Égyptiens Ă©ta- 
blis tout Ă  Tcntour, sur les routes qui convergent vers cette 
oasis: mais il est difficile de dire dans quelles circonstances. 
Cependant M. du Paty de Clam veut que Gafsa ait été prise 
et fortifiée par une armée kouschite au vni* siÚcle avant Jésus- 
Christ. D'aprÚs la légende, dit-il, d'aprÚs Salluste, Diodore de 
Sicile, Paul Orose, Capsa fut fondée par Melkarth, rilercule 
libyen et tyrien, qui l'aurait entourée d'un mur percé de cent 
portes, d'oĂč le surnom d'HĂ©catompyles ^. Nous connaissons 
une autre « ville aux cent portes » fondée par l'hercule tyrien; 
la religieuse Tape, ThĂšbes, d'oĂč partĂźt, pour envahir la Libye, 
le Pharaon Tarhaqua (en 742). L'origine fabuleuse commune, 
le nom semblable de l'oasis libyque et de la cité égyptienne, 



1. TissoT, o/y. (il., p. 110. Lo nom exact des Ăźlos Fai-aoĂčn d*api*Ăšs Tissot (p. 1 11) 
est djozira Nkil FamoĂčn ‱ Ăźles des palmiers de Pharaon ■. 

‱i. TissoT, op. ciL, p. 427, note 3. « Men ‱ signifie ‱ la place, le camp -. Des 
rapports analogues ont été cités entre le nom de Nepharis (prÚs de Tunis), 
forme hellĂ©nisĂ©e de ■ NeiĂŻer » - la bonne -, Ă©lĂ©ment de MeneflTer, Memphis; — 
entre Tunis (Thinissa) et Thynis en Ilaute-Êgypte (Tissot, op, cit., p. 427, 
note 3); — entre Tunis et Tanis dans le Delta du Nil (Medixa, Un peuplement 
ayro'hĂ©lhĂ©en etc., II. Tun., 1899, p. 392); — entre Maktar de Tunisie et Maktar 
du Delta etc. Il ne semble plus possible, aprĂšs les ti'avaux de M. MĂ©dina, de 
considén'i-, iivtr' Tissot (o/t. cil., p. 427, n° 3), ces analogies comme résultant 
crune coiiuiiimaulr < l'origine entre les Berbùres et les Égyptiens : cette com- 
iiiumiiilé d*ori;:iïii' semble beaucoup trop lointaine pour avoir pu pi-oduire 
des eHi'is si cnrai^téristiques et les villes que nous signalons ne sont pas situées 
dans l*ùre ti'ov|>üiiision des premiers Berbùres probablement originaires d'É- 
t^ypto, les hjeridts (cf. su/tni, p. (Kl et 89). Une nécropole que M. Médina dé- 
cl^jv '"gypt ßi-nne l't d<'s oh}oU> orientaux et égyptiens (scarabée au cartouche 
dv ThoiitmÚs III *"tc.), s<ms doute antérieurs à la fondation de Carthage, ont 
été trouvés il Saint-I.ouis de Carthage (Medixa, A^. sur la nécropole etc., 
IL Tuiu. mn. \i, TA)-^,). 

:i. Svi.i.LsTi'i .lugui'tha, i.xxxix; Diodore de Sicile. — Paul Orose, V, 15. — 
Gi;Ăčiis, loyo'jtf titrftĂ©oloyiqtie dans la rrgence de Ttinix^ I, 281; cite Mannert 
qui iilenlßJle llécatompyles et Gafsa, 



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LA POPULATION. i63 

cette coïncidence de rexpédition en Libye d'un roi thébain, 
décident M. duPaty de Clam à considérer le Pharaon Tarhaqua 
comme le vainqueur et le seigneur suzerain de Gafsa, et sans 
doute de tout le sud tunisien et de l'AurĂšs oriental ^ A TĂ©po- 
que carthaginoise, Gafsa s'appelait encore « la murée >» : 
Kafaz -. 

Peut-ĂȘtre aussi la muraille de Gafsa fut-cllc Ă©levĂ©e par 
quelques Phéniciens ou Carthaginois, pirates ou commerçants 
adorateurs de Helkarth, car l'Hercule libyen Ă©tait un grand 
voyageur et un grand marcheur ^. 

Il est bien délicat de se prononcer, puisque nous ne con- 
naissons aucun fait historique précis se rap[)ortant à Gufsa, 
avant la prise d'Hécatompyles par le général carthaginois 
Hannon, en 243, et mĂȘme avant l'expĂ©dition de Marins. 



Quoi qu'il en soit des circonstances dans lesquelles GaTsa fuË 
fortifiĂ©e par des Ă©trangers, les Égyptiens d'abord, les Grecs 
et les PhĂ©niciens ensuite exercĂšrent une influence — Ă©cono- 
mique et politique — sur la civilisation de ses habitants, e( 
les préparÚrent sans doute, en les poliçant, k profiter large- 
ment des bienfaits de l'occupation romaine. CVĂŻ^t pourquoi 
nous avons tant insisté sur leur domination. Nous indiquerons 
plus loin l'influence commerciale des Égyptiens, des PhĂ©ni- 
ciens et des Grecs. 

En ce qui concerne leur influence religieuse signalons que 

1. Du Pat Y de Clam, Fastes chronologiques de (iafsa, p. 8ii ItK 

2. ElysĂ©e Reclus, XI, p. 21 1. — Faut-il Ă©tablir un rapprocher! j(*nl ^'ntri' ciĂź 
nom (rUĂ©catompyles et de Kabaz et le nom de Gafsa Ă  TĂ©poqne romaine : 
Capsa, dont l'homonyme signifie « le coffre, la cassette ^ (lioincc), - la ciiso 
pour conserver les fruits ‱ (Mart.), ‱ le cercueil ‱ (Eccl.)? En un niol If^ nom 
de Capsa pourrait-il signifier - la close, la ville entourée de murailles -, * Von- 
trepĂŽt fortifiĂ© »? Capsa Ă©tait un ■ oppidum magnum atque Ăźngens », SALLl^T^:, 

LXXXIX. 

3. TissoT, op. cil.. Il, p. G<>8. Diodore de Sicile^ iv S(\. — Ri-iUMtr», Ijt Ifnlt- 
lerranée phénicienne, Ann. de Géoc/., 1891-95, p. 275. 



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«64 LA r-AFSA ANCIENiNE ET MODERNE. 

Ton peut retrouver Finfluence égyptienne perpétuée dans plu- 
sieurs nécropoles de Tépoque romaine, particuliÚrement le 
mausolée de Nara (Bir El-Hafel, à 70 km. au nord de Garsa) 
doïit la chambre funéraire est difficilement accessible S et que 
les cultes de Melkarth, l'Hercule tyrien, fondateur légendaire de 
(iafĂź^a, de Baal et de Tanit, le couple suprĂȘme des dieux phĂ©- 
niciens > furent assez populaires à Gafsa pour prospérer encore 
pendant l'empire romain, sous les noßns gréco-latins de Sa- 
turne ' et de GĂ©rĂ©s '^ et prĂ©parer peut-ĂȘtre, par l'imprĂ©cision 
de leurs dogmes et le symbolisme des attributs divins, l'avĂš- 
nement des religions monothéistes d'Orient, le catholicisme 
et riskmisme^. Si superficielle en effet que paraisse leur domi- 
nation, les Orientaux ont réussi à faire adopter quelques-uns 
de leurs procédés, quelques-unes de leurs croyances par les 
habitants de Gafsa : ceux-ci comme leurs voisins et leurs 
frÚres de la Berbérie orientale, ont toujours été trÚs prompts 
A s'assimiler les connaissances qui servaient leurs intĂ©rĂȘts 
ou n Ă©taient pas en contradiction absolue avec le vieux fond 
de leurs convictions et de leurs habitudes locales. 

Ils doivent à cette qualité précieuse la prospérité sans 
Ă©gale qu'ils connurent sous le protectorat de Rome. 



L TOUT.41S, Les citĂ©s romaines de la Tunisiey p. 241 -‱i43. 

SsALAHiN et Cagxat, A/issiofi archéologique en Tunisie^ Arch. Missions se. et 
IHL, :.V si-rit-, t. XUl, p. 99. 

■L Tiissoi Jiignale au voisinage de Kriz, village de l'oasis d'Ei-Oudiane, une 
tOle tra^!L*e au trait sur une roche et surmontée d'un croissant; il est probable 
ijue celle représentation divine, mi-anthropomorphique, milunaire, est celle 
de Baal Saturne ^Tissot, I, p. 479-180). Sur l'un des ex-voto néo-puniques de 
iMaktar si- Ui le nom d'un potier de Gemellae (SidĂŻ AĂŻch, Ă  35 km. au nord de 
Capsa), Sextus Hamilcat (Toitais, op. cit., p. 261 ; CH.A. Inscr. et B.-L., 1890, 
p. 3.')^ il\ Corpus^ VII, suppl, n* 14314. 

3. Corpus, VIII, 112. 

1* TuLTUNtO;?. c<7., p. 211-230,261-262. Manceaux, La liUératurc chrétienne 
fhm rAfrif/ife du nord, p. 10. MĂ©dina, le Christianisme dans l'Afrique du nord 
amni l'hhm, H. tan., lĂź)01, passira. Schulten, U Afrique romaine, R, Tun., 



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LA POPULATION. 165 

Toutefois, il ne faudrait pas se méprendre sur le caractÚre 
de la colonisation romaine en xVfrique et particuliĂšrement 
dans le sud de la Tunisie. A Capsa comme ailleurs, le nombre 
des colons romains fut trĂšs restreint et ce sont les BerbĂšres, 
plus ou moins civilisés par les Carthaginois et les Orientaux^ 
qui semblent avoir transformé le pays, sous la direction trÚs 
large et les conseils des administrateurs, des officiers, des 
ingénieurs et de quelques grands propriétaires romains, avec 
le concours sans doute des commerçants et des financiers de 
Carthage et de la métropole. 

En effet, la plupart des noms propres d'apparence romaine 
gravés sur les monuments et les stÚles funéraires de Gafsa et 
des environs sont des noms indigĂšnes : ou bien le nomen est 
de racine punique ou libyque^, ou bien le cognomen, rare 
dans le reste de Tempire, est emprunté à la religion populaire 
de Baal Saturne, ou bien il traduit un surnom nettement 
punique ou bien il exprime, selon la coutume carthaginoise, 
les idées religieuses ou morales de victoire, de bonheur, de 
progrùs, de priùre, de justice 2; — ou bien un individu n'a 
pas de prénom, ce qui est absolument contraire aux usages ro- 
mains 3 ; — ou bien le surnom est individuel et distingue les 



1. TouTAiN, op. cit., p. 173. — Chuhila. Corpus, VIII, S., 11238. Aclia Victoria 
Zat-acata, 11*210, et Aurelia Muslula^ 11257, \a.tor\{is Mulhimus, \\'2'it), So.xtiis iht- 
iiiileal de Gemellac 14314. 

2. TouTAis, ap cit.f p. 183, 181, 186. — Flavius Saiurninus Acmilius, Corptts, 
VIII, 138, Antonius Saturninus, Ibld., 1 U, Acmilius Saturninus, Ibid,, 128, I'iuih 
ponius SahitfiinuSf Ibid., 11213; VakM'ius Donatus; Ibid., 112rjO. P. Taunimitjs 
JusUis, Ibid,, 1 U. — Valgius Secundxis, Ibid., 111. Valgius Datanius pator, lUd.^ 
111. Vateria 6Vct/nrf€i, Vatcrius Januarius, /6«rf., S., lliTjO. Poniponia ^Vci^n^^i, 
Ibid.y S., 11258. FĂ©lix, Ibid., S., 11242. Apanius Forlnnotius {}>\mso\Ă©Q du \\U\i\ 
Ilecheria), Galckler, Rapport épigraph. sur les découvertes faites en Tuid»if\ 
etc., Bull. Arch. C\ tr. hist, et se. y 1807, p. :{87. — Crescentia^ (-orpus, Vlfl. 
S., 11243. Aelia Victoria Zaracaia, Ibid., S., 11210. A'tVo, Ibid., S., 11212 - 
Sextus Julius liogatianus, Ibid., S., 11255. — Julius Hugatus (à Geinellae). 

3. TouTAiN, op. cit., p. 180-188. — Julius Caiulidus, Corpus, VIII, 128. — 
Julia Cara, Ibid., 128. — Julia Pegasus, /bid., 128. — Julius Senteanus, IbĂči.^ 
131. — Julia Quinta, Ibid., S., 11251. — Julius Kogatus, (à (iemellae), Caia.^t 
et Salidix, Mission arch., M. se. et litt., Xlll, 110-113. — Aelius Gudula, for- 
pus, VUI, S., 11238. —Aelia Victoria Zaracaia, /6iVf., S., 112tO. —Aelius Cisgo, 



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À 



166 LA GAFSA ANCIENNK KT MODKUNE. 

individus d'une nriùme famille ^ : — sur une liste de quarante 
noms déchiffrés dans la région de Gafsa, il n'y a pas, semble- 
t-il, plus de quatre noms vraiment romains '-, hormis ceux 
des proconsuls et de leurs Tamilles ^; — mĂȘme les deux lĂ©gion- 
naires de LambĂšze* originaires de Gapsa paraissent de souche 
indigĂšne. 

Sans doute les gens de Capsa, au moins les riches, compre- 
naient, parlaient, Ă©crivaient mĂȘme le latin, sous Fempire 
romain : les inscriptions en font foi. Mais ils devaient appren- 
dre Ă  TĂ©cole, trĂšs difficilement, cette langue si diflFĂ©rente des 
langues sémitiques qu'ils connaissaient naturellement; ils la 
parlaient mal, et Tépitaphe du tombeau d'Urbanilla^, rédigée 
pour la femme d'un riche exportateur capsitain, est en latin 
populaire. Il est bien probable que ce latin grossier, langue 
officielle et commerciale, n'avait nullement supplanté les 
vieux idiomes libyphéniciens qui devaient subsister dans les 
rapports journaliers et dans la vie de famille à cÎté des an- 
ciens cultes puniques à peine modifiés sous des noms nou- 
veaux. 

Aussi le pays semblc-t-il ĂȘtre demeurĂ© presque entiĂšre- 
ment berbÚre pendant Toccupation romaine malgré les appa- 
rences d'une assimilation complĂšte, comme si les colons 
italiens ne s'étaient jamais fixés dans le sud de la Tunisie; 



Ca(;nat, Ed'plov. Ă©pit/r.y III, p. G7, n* 1()8. — Aclius Caprasinus, Ibid.^ p. G8, 
n" 110. — Monna, Ibid., p. 76, ii» 121. — Juiiius Cn. Filins, Corpiif, VIII, 120. 
~ Jiinius Qulntianus, Ihid., S., ll^fiG. — Fabius Fronto, Ibid., Kfî. — Uli>ia 
Quintia, Ibid., 143. — Nico, Folix, Ibid.y S., 11212. — Crescontia, Jbid., 
S-, 11213. 

1. ToiTviv, Ă»/i. tiL, p. 190. — Vatorius Donatus, Corpus, VIII, S. 11250. — 
Vaioritis JVInlliunusi frater, Ibid., — Vatcrius .lanuarius, Ibid., — Vateria Se- 
Cuuria, !buL^ L'tc., cf, supra. 

2. Tm-ius Veraa, Curator, Corpus, VUI, 100. — M. AureliusPriiuasius, Ibüd.^ 
S„ 11257. —C.Valnriiis Nous, /6Ăźf/., S., 11251. — PoniponiusCillo, Eitplor. Ă©piyr,, 

:i. C, lürutus Pmcseiis, Corpus, VIII, 110. — Valoria Marcia IIo.stilia, Ibid. — 
Crispina .Morcin Cornclia, Ibid. —P. Valorius Pri..., Ibid., VIII, 98. 
1, l*. XaiMiiĂŻs Faustus, Corpus. VIII, 25(»9. — I. Flavius Maxiiiius, Ibid. 
5, Corpus, VIU^ 152. 



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LA POPILATION. 167 

comme si les officiers, les ingénieurs, les commerçaDts et les 
financiers romains retournaient mourir dans leur patrie. 



Les Vandales et les Byzantins qui succédÚrent aux romains 
furent sans doute moins nombreux encore, et la décadence 
générale de la latinité dut atteindre Capsa sous leur adminis- 
tration qui ne savait plus assurer la paix romaine. Mais Tanar- 
chie, les progrĂšs du catholicisme', les luttes religieusies, les 
hérésies, en fortifiant l'autonomie du pays capsitain, accentuÚ- 
rent encore le caractĂšre nettement berbĂšre des anciens; ado- 
rateurs de Melkarth et de Baal-Saturne. TantĂŽt Donatistes-, 
tantĂŽt advers^iires des Vandales schismatiques, les Ă©vĂšqucs de 
Capsa et du sud-ouest de la Tunisie donnĂšrent rexem[ĂŻlc de la 
rébellion contre le pouvoir central-^ : à Tinstigation du clergr 
officiel arien, ils furent convoqués à Carthage, en 48^, par le 
roi vandale Uuneric, pour rendre comi)te de leur foi et de leur 
fidélité suspectes^. Plusieurs moururent martyrs : Lactus, évé- 
ques de Nefta, fut brĂ»lĂ© vif avant l'ouverture mĂȘme de celte 
conférence de Carthage"^; Vindemialis, évoque de Capsa, fut 
torturé et égorgé sous le rÚgne de Thrasamond ''. 

MĂȘme les BerbĂšres gafsiens ne se laissĂšrent pas entamer par 
les premiers immigrants arabes (viii'-^ siĂšcle); ils conservĂšrent 
Tusage de la seule langue commerciale utile Ă  leurs intĂ©rĂȘts : 
« Les habitants de Kafsa, écrivait au xn" siÚcle le géographe 
El-Edrßsi, sont devenus (lisez : sont restés) BerbÚres, et la plu- 



1. Au v« siÚcle, toutes les cités et les gros bour^^s du sud-ouest de la TnriisK 
Capsa, Nefta, Tuzuros, Nura, TĂ©lepte avaient un «''vĂȘque. Kn 181 c>*s t'»v(^<|ut^s 

«'‱talent : Vindemialis Capsensis, LaetusNeptinanus, Flortinus Tuzurik s, Vie- 

ter Narensis, Victor Talaptulensis. Dlpitii, Fastes saars de f'Afihfntf thée' 
/iVmie, p. 436-8(111). 

2. TiKANT et RebateIm Voyage en Tunisie, p. Ăźj:^(). 

t{. MÉDINA, Le Christianisme dans V Afrique du Nord, IL Tun., passüni. lüKJl 
1. Dltlcii, op. cit., III, p. 436-438. 

5. Makcis, Histoire des Vandales, p. AU). 

6. De Sai.nte-Mauie, La Tunisie chrétienne, p. 53. 



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108 LA GAFSA ANCIENNE E^f MODEKNE. 

part d'entre eux parlent la langue latine grecque ». A Gafsa 
comme dans le reste de la ByzacĂšne, les Ă©glises durent subsis- 
ter en face des premiÚres mosquées jusqu'aprÚs la grande 
invasio:i hilalienne. Quand ils furent submergés sous le flot 
des nomades et des pillards musulmans, aprĂšs quatre siĂšcles, 
quand ils furent séparés de leurs anciens clients de civilisa- 
tion lßiUnc ou grecque, les Gafsiens ruinés cédÚrent à la néces- 
sité brutal f! : ils se convertirent tous à Tlslamisme. Hais ils 
n^abdiquĂšreni pas sans retour leur autonomie politique et ne 
se mĂȘlĂšrent pas complĂštement aux nouveaux venus. La rĂ©puta- 
tion de mauvais musulmans leur est restée de ces retards et 
de CCS fiertés ^ 

De vieilles coutumes ont subsisté à Gafsa et dans le sud, 
telles que la cynopbagie absolument contraire aux prescrip- 
tions coraniques et probablement importée par les BerbÚres 
gerbiens. Les chiens sont « sacrifiés » (Kebara), saignés et 
mangés comme remÚdes contre les fiÚvres paludéennes et la 
syphilis et pour engraisser les filles Ă  marier 2. 

Aujourd'hui, aprĂšs buit siĂšcles, Arabes et BerbĂšres se sont 
Ă©troitement mĂȘlĂ©s; il y a -des Arabes dans les Ksours de Gafsa, 
il y a (les BerbĂšres de tous les types et de toutes les nuances 
dans les tribus du voisinage; la communauté de religion, pour 
avoir été lente à s'établir, n'en est pas moins absolue; elle 
a mĂ©nie favorisĂ© des unions que le voisinage, les intĂ©rĂȘts com- 
muns et le temps devaient produire inévitablement. 

Malgré tout, l'élément arabe est encore distinct; nombreux 
et bien adapté au climat, il n'a pas disparu comme les pre- 
miers Orientaux et les Européens, il a subsisté comme les trois 

K TissoT, w/j, cit.f II, p. 672. — El-Edrisi, I, 254. — LĂ©on l'Africain Ă©crit, p. 
lĂŻ^ : - IngcĂŻiium illis est rude, illiberale; de cxtcrnis omnibus minime favent; 
quam obi^m et ab omnibus Afris mire contemnuntur. ‱ Cf. infra GĂ©ogr. mili- 
^nivi}, p. iW H st]. 

i. JcsTiN, XIX, ]. — El-Bekui, p. 33(). — Bertholon, Afas, 1896, p. 2t)7, et 
^‱xüfhrutiott iuUhrfd. de Gerba, p. 562. — Celte coutume est assez vivacc pour 
qu'il SI* tiejiii** i\ Tunis chaque vendredi, un marchĂ© aux chiens oĂč s'appro- 
viĂŻiiĂŽiun ni U*s t'ons du sud, les Gerbiens et les Tripolitains de passage dans le 
nord. 



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LA POPULATION. ii\^ 

types berbĂšres primitifs ; il s'est retrempe, il ne s* est pas fondu 
en eux. 

Aux environs de Gafsa c'est dans la puissante tril)u drs IJaiii- 
marna que le type arabe est le plus reconnaissaljle. C<Mto 
tribu, originaire d'Arabie, est Ă©tablie dans le pays depuis l'in- 
vasion hilalienne. G est elle sans doute qui acheva de ruiner, 
par des exactions et des pillages journaliers, les sédentaires 
de Gafsa, riches encore au moment de leur arrivée. Uestcc es- 
sentiellement nomade, guerriĂšre et pastorale, elle est encore 
divisée en quatre fractions qui portent les noms des descen- 
dants de Hamamson fondateur : Oulad Aziz, Oulad Maameur, 
Oulad Rhadouan, Oulad Selema. Les parcours des Oulad Se- 
lema, dans les hautes plaines du Seldja; des Oulad MaaiiH'ui^ 
dans le bled Tarfaoui, le bled SeguĂź, le bled Atra; des Oulad 
Rhadouan dans la basse plaine de TOum el-Ksob et le dj. Sa- 
lah sont tous voisins de Gafsa qu'ils entourent complĂštemeuU 
Les Oulad Aziz occupent le bled Hajorah et le bled Maknassy '. 

Les Hammama nomades se distinguent facilement des BerbĂš- 
res de Gafsa par leurs traits différents mais surtout pour leurs 
tatouages-, leurs pratiques religieuses plus Ăąpres, leunostume 



1. Notes sur \os tribus do la régonco, R. Tun., lßH)-^, p. '^-'^'^. (ßÎnt-alagi*^ ài^ 

Hani mania : 

Haniain 



Ubia X- 

Aziz, MĂźuiniar une fille opous^- iMii^Ăź^ 

Hhadouan, So!iMii:t 

Servonnet, h, Tttn., IK.JO, p. 115. 

Le décret du II septembre 18iKi a divisé les Hammama en deux caïdats : //r7w- 
iiiama Cuebala^ comprenant les oulad Selema, les oulad Selema, les ouLid Mps- 
saoud, les oulad KhadouandcrOum Ksob, et les oulad Aziz les plus voisins de 
Gafsa; Hammama hahara comprenant les restes des ouad Aziz t'ĂŻ de?; oulad 
Rhadouan, les oulad Messaouddans la plaine de l'ouad Fckka, les oulad Aroua 
de la Sebkha Mechegußgue et les oulad Ilorcham ; le mÎme décret aeiiV- le raï- 
dat du Djebel, réunissant tous los habitants du massif d'el-Ayaïclia, du Thab 
et du bled Segui. Aujourd'hui les caĂŻdats de Hammama (iuebala. du [^j'^bel et 
de (ßafsa sont fondus en un seul {Indicateur Tunisim, 19(r», p. ."lOli. 

;?. Les Hammama appartiennent au type arabe grossier mesoriiinĂźpu assy- 
roide. Colluinon, op. cit., p. 3-iO. 

Bazin, Le tatouage dam la régence de Tunis, Anlhrop., 181R), p. jTX 

L4 GAFSA ANCIENNE. i2 



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170 LA GAKSA ANCIENNE ET MODERNE. 

plus grossier, Tallurc générale plus rude que créent la vie 
et riiabitat différents depuis des siÚcles. Et les individus ber- 
hĂšres qui se sont mĂȘlĂ©s Ă  eux sous la tente, en mĂȘme temps 
que leurs habitudes et leurs mƓurs spĂ©ciales ont pris leur as- 
pect particulier. — comme les Arabes citadins ont Ă©tĂ© absor- 
bes par la masse des sĂ©dentaires, — et contribuĂ© Ă  la forma- 
lion des métis de toutes couleurs que Ton rencontre à cÎté des 
types purs dans les mĂȘmes tribus, dans les mĂȘmes douars, par- 
fois sous les mĂȘmes tentes. 

En effet, c'est la différence de vie seule qui crée aujour- 
d'hui des différences essentielles entre des hommes également 
bien acclimatĂ©s, soumis Ă  la mĂȘme discipline religieuse, par- 
lant la mĂȘme langue et jouissant, depuis le protectorat fran- 
çaise, de la mĂȘme paix bienfaisante : ce n'est plus la variĂ©tĂ© 
d'origines trop lointaines. La suite de celte Ă©tude achĂšvera 
de le montrer. 

Gafsiens et Hammama nous semblent avoir enire eux les 
mĂ»mes ressemblances et les mĂȘmes dissemblances que les ma- 
raßchers, les commerçants, les artisans, les bourgeois d'un de 
nos ^-ms marchés de province et les éleveurs, les bergers, les 
villa^'^cois plus rustres de la campagne voisine. 



Lu différence est autrement sensible entre eux et les étran- 
4^ni\s, Marocains, Kabyles, Tripolitains, Soudanais qui sont en 
petit nombre dans l'oasis et agglomĂ©rĂ©s Ă  Metlaoui oĂč les em- 
ploie la Compagnie des phosphates. En effet, nulle part plus 
que sur les chantiers de Metlaoui, on ne voit l'antagonisme 
qui existe entre ces races elles-mĂȘmes qui n'ont pas encore eu le 
temps de se pénétrer, entre elles et les Européens: leur We s'y 
poursuit cÎte à cÎte sans pénétralion réciproque et la distance 
qui les sépare n'en apparaßt que plus brutalement. « Ils tra- 
vfiilient dans la fumée et dans la nuit, dans cet te nuit que créent 
les lourbillons noirĂątres de phosphate, dans la chaleur suffo- 
cante, intolérable, de ce climat d'Afrique, sous le soleil ardent 



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LA 1»0PULATI0N. 171 

qu'ils ne voient pas, tellement l'ombre est Ă©paisse, mais qui 
esl là brûlant, terrible, derriÚre le rideau de poussiÚre obs- 
cure. Ils travaillent sans savoir pourquoi ni pour qui. Des Euro- 
péens leur ont dit un jour de remuer cette terre noire, de la 
charger sur des wagons, et ils la remuent, et ils la chargent. 
Pendant longtemps ils ont cru qu'on cherchait de Tor, et ils 
ont lavé la terre phosphatée pour essayer d'y découvrir quel- 
ques parcelles de métal jaune. Ils n'ont rien trouvé et, sans 
comprendre, ils ont continué leur labeur héroïquement... Ils 
ont gardĂ© leurs habitudes, leurs mƓurs, travaillent ensemble: 
mais, le soir venu, ils rentrent chacun dans le petit coin spé- 
cial oĂč ils se sont groupĂ©s par nalionalitĂ©s. Sur le flanc de la 
montagne, ils se sont élevé des tentes misérables, des gourbis 
en planches, des huttes en pailles. C'est lĂ , dans ces cabanes 
au ras du sol, ou sous terre, dans des anfractuosités du rocher, 
c'est là qu'ils habitent, séparés les uns des autres, les Kabyles 
avec les Kabyles, les Arabes avec les Arabes. Ils sont lĂ  avec 
leur famille, leurs enfants qui jouent au milieu de quelques 
maigres plants de maïs semés devant la tente. Plus loin, quel- 
ques huttes en paille, des gourbis de forme Ă©trange d'oĂč sor- 
tent des sons de musique bizarre, stridente : c'est le coin des 
nùgres. Ils vivent ainsi entre eux avec leurs mƓurs, leurs re- 
ligions , leurs fétiches. Parfois une rixe éclate ; ces minuscu- 
les villages se soulĂšvent les uns contre les autres; les couteaux 
se tirent, les matraques se dressent et le sang coule, haine de 
races, qu'il est bien difficile de calmer K » 

Dans le pays<le Gafsa les Marocains, les Tripolitains, les Ka- 
byles, les noirs ne sont pas devenus des Gafsiens ils n'ont en- 
core pu se fondre ni dans la séculaire famille des sédentaires, 
ni dans celle des nomades, ils sont restés des étrangers, des 
clans isolés, autant que les Italiens et les Fran(;ais retenus dans 
le pays par leurs intĂ©rĂȘls fonciers ou commerciaux. 

l. Clarktie, De Syracuse Ă  Tripoli, p. 2ĂźC>-:>i)G, m'Ăź-'^n)!. 



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172 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

Ceux-ci en effet n'ont fait que se superposer au fond trÚs ré- 
sistant de souche berbĂšre et arabe. Leur situation fut et est 
encore sensiblement la mĂȘme que dans le reste de la Tunisie 
et de l'Afrique du nord. Juifs, Italiens, Français peuvent pros- 
pérer et se multiplier ; tous n'ont avec les populations que des 
rapports commerciaux et politiques. 

Sans doute il est probable que cultivateurs gafsiens et pas- 
teurs hammama comprendront les avantages de notre collabo- 
ration, comme ils ont compris, voilA vingt siĂšcles, les avanta- 
ges de la direction romaine, et qu'ils utiliseront peu Ă  peu avec 
la mÎme souplesse nos procédés agricoles et économiques : et 
cela est désirable. Sans doute ils louent déjà leur travail à la 
compagnie des phosphates et du chemin de fer de Garsa qui 
les engage comme terrassiers et comme manƓuvres; Sfaxiens, 
nomades, sédentaires, attirés par les plantations toutes récen- 
tes d'olivettes et la vente de l'alfa, viennent assez volontiers 
au centre nouvellement créé prÚs de la gare de Maknassy, em- 
ploient le chemin de fer et se servent du télégraphe. A Gafsa 
et dans les gares de chemin de fer, leur trafic avec les Euro- 
péens augmente, l'oasis s'étend. 

Ils apprécient les conseils pratiques de culture qui leur 
sont donnés par Tinstituteur et comprennent l'avantage qu'ils 
peuvent retirer de procédés nouveaux*. La création d'une in- 
firmerie analogue à celles d'Algérie aiderait certainement à 
loH rapprocher de nous davantage encore -, 

Mais l'école française reste peu fréquentée par les indigÚnes 
nuiSLiluians^^ : les Gafsiens, comme la majorité des Tunisiens, 
apprécient certains avantages matériels de notre civilisation 



l. Supra, p. 1>3. 

'I. ihLr\,^K otToSTiviNT, Assistance médicale indigÚne, passiin. 

:j. fttiiffjfirtii au Président de la liépMique, 11 H>2, p. 310-317; 1903, p. 204-'m>; 
„JÙA, jj- {:Ăą\A7)\ ; lĂźXC», p. 4ri(MG7. Lo noinbro dos Ă©lĂšves de l'Ă©cole de (Ăźafsa. 
en lt)(K'i, ^"tuit de 105 garçons, dont 9 français, 19 italiens et9 israélites, G7 inu- 
Siilinanst i-i 25 filles. Les T élÚves musulmanes indiquées au rapport de 19Q4 
ne%nraieBl plus Ă  celui de 1903. Le nombre des Ă©lĂšves de l'Ă©cole de Maknassy 
Ă©tait de 10 dont 3 musulmans. 



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"'>A AHO 



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PL. X. 




XY. — Types de femmes nomades tians un douar 'environs de Garsa). 



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LA POPULATION. 173 

s'ils peuvent augmenter leurs revenus et leur bien-ĂȘtre; leurs 
intĂ©rĂȘts les rapprochent de nous comme leurs ancĂȘtres des 
Romains; ils sont attachés au gouvernement du Protectorat 
parce qu^ils en connaissent les avantages et demeurent de 
loyaux sujets du Bey de Tunis. Mais la pénétration intellec- 
tuelle n'accompagne pas la pénétration économique. L'union 
ethnique est plus difficile encore : entre les indigĂšnes et nou^ 
il n'y a plus seulement une diB'Ă©rence de race, il y a antago- 
nisme religieux ; malgré notre grande tolérance nous ne pou- 
vons rĂȘver d'assimiler la population gafsiennc quand les Ho- 
mains, aprÚs des siÚcles de domination antérieure à Tlslam^ 
n'ont pu la modifier profondément. Cette assimilation serait- 
elle mĂȘme dĂ©sirable? 11 est permis d'en douter. 



Il est assez difficile d'établir d'une façon précise le chiJfrc 
actuel de la population de (iafsaet du pays gafsien et sa pro- 
gression depuis vingt ans. 

Duveyrier, qui visita le pays, Ă©valuait en 1881 la population 
sédentaire de Gafsa à 3.800 ou 5.000 habitants dont 800 Israc- 
lites^. 

La statistique officielle du secrétariat général la portait en 
1889 Ă  7.509 habitants dont ^.M^ contribuables payant la 
medjba^ 277 vieillards et infirmes, 2.327 femmes et 2.^^91 en- 
fants^; chilire qui parait exagéré à moins qu'il ne comprenne 
la population d'El-Guettar, En 1897 Vivien de Saint-Martin ra- * 
menait l'agglomération principale à 3.500 habitants, et la 
population totale de l'oasis et de ses villages (Lalla, El-Ksai ^ S^ 
Mansour) Ă  5.000 \ 

Les chiffres les plus récents et probablement les plus exacts 



1. Duveyrier, La Tunisie , p. ÎC>. 

2. Statistique officielle du secrĂ©tariat g., I88Î), p. Wl et 38. Celte popuh^tion 
Ă©tait rĂ©partie dans 770 maisons et 15 tentes, Ă  Gafsa mĂȘme. La statistique fl*? 
1886 accusait 4.7 19 habitants, p. 21). 

3. ViviE.N DE S.\int-Martin, op. cit., Suppl. 



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174^ LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

sont ceux publiés daus « la Tunisie » de 1900 : 5.000 habitants 
à Ge^rsa, 150 à S' Hansour, 550 à Ël-Ksar, ce qui porte à 6.000 
ou 6.500 habitants Tagglomération de Gafsa, en y ajoutant le 
village de Lalla. La population, depuis une dizaine d années, 
depuis Vapparition du chemin de fer, se serait donc accrue 
de 1.000 [>u 1.500 habitants, indiquant une progression trĂšs 
ap[)roximative de 2,5 % parant 

^ U'aprcs la mĂȘme statistique El-Guettar comptait 1.800 Ă uics 
en 1900, Bou Amrane 356. La population d'El-AyaĂŻcha, d'El 
Hatfey, de Sakket, de Sened, n'est pas exactement connue, 
sans doute à cause de la vie mi-nomade, mi-sédentaire de leurs 
liabitcinls. Mais la statistique militaire de 1890 fixait Ă  361 
le nombre des maisons du DjCbel, et Ă  3.146 habitants il. 259 
tionimcB, 1.04.9 femmes, 835 enfants) la population des bleds 
ol des montagnes de Test jusqu'Ă  la Sebkha en-NouaĂŻl. On peut 
compter pour 350 ou 400 les gens de Maknassy qui étaient déjà 
243 en 19U2 2. 

La population sédentaire et demi-nomade du pays gafsien se- 
rait donc de 11.500 ùmes environ, dont 400 Israélites et 
200 français; de plus de 12.000 ou 13.000 en tenant compte 
de la progression normale de la population. 

D'ailleurs la statistique militaire de 1890 fixait Ă  4.045 le 
nombre des Oulad Maameur (1.696 hommes, 1.321 femmes, 
1.028 enfants) Ă  2.437 celui des Oulad Selema (822 hommes, 
635 femmes, 980 enfants) Ă  3,759 celui des Oulad Aziz (1.958 
hoinniĂšs, 1 ,239 femmes, 529 enfants) ; celui des Oulad Rha- 
douane ou Embarek Ă©tait de 1.835 (709 hommes, 852 femmes, 
41V enfaois) auxquels il convient d'ajouter 1.500 Oulad Sidi 
Abid de la région d'Aïn MoularÚs ^ Cette population a 
augmenté considérablement depuis cette époque. Enfin un 



L ha Tunisie, lĂźXH), p. 423-4-25. Chiffres reproduits par 17/ir/iV(i/ei^r tanisien^ 
i\m, p. llMV-107. 
2. Lt} fi'ftlre de Maknassy f Bull. dir. agr. cl rom. 1902, p. 3rK>357. 
;L Htippnti tiu Président, 1905, p. 1*25. 
4. Sfitihfit^ties mililaires du youvernemenl de GabĂšs, 1890, p. 3U. 



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\A POPULATION. 175 

élément sédentaire nouveau et sans cesse croissant a rHé établi 
en 1896 par la Compagnie du chemin de fer et des phospbĂź;ttes 
de Gafsa* qui employait au 31 décembre 1906 : dans les gise- 
ments deHetlaoui et du Seldja, 2.500 employés et ouvriei*s dfmt 
1.100 indigÚnes ou nÚgres de la région, de Tripoli, du Maroc, 
du Soudan; pour les chantiers de la ligne du Kcdeyeir, 
380 ouvriers, et, au 31 décembre 1905, sur la ligne du chemin 
de fer, 672 agents (278 indigÚnes) dont la moitié était vraisem- 
blablement fixée sur le territoire de Gafsa. 

M. le médecin principal Halinas évalue, d^apri's les rensei- 
gnements fournis par la direction des Finances, la population 
du CaĂŻdat de Gafsa en 1905 Ă  il. 780 habitantĂź^ ^ et celle du 
caldat des Hammama ii &0.265 habitants ^ vivant itlternativc- 
ment sur les territoires étudiés par nous, et, plus au nord, 
dans le pays de Guemouda. Cette population, trÚsinégiilement 
répartie sur un territoire de 12.000 ou 12.500 kilomÚtres, est de 
500 habitants au kilomÚtre carré dans l'oasis de Gafsa, de 
6 Ă  peine dans les parcours nomades, de 7 dans rcnseuiblc du 
pays. 



1. HapporlSy etc., llKCi,|). 1-6; 11)00, p. 1-5. 

2. Ce chiffre accuse une augmentation de 15.(KX) liabitants t'nvĂŻjon Uepuis 
1890. 

3. Mali.nas et Tostimnt, op. cil.j p. 12-13. — Ces cliiiĂŻres sont confirmĂ©s par 
le nombre des indigÚnes soumis à la medjba(l l à 1 5 de \:i popuhitim») ; 

1881 1891 1901 1905 

CaĂŻdat de Gafsa 3. lĂźfĂą 5.U)3 6.720 HAriW 

CaĂŻdat de Ilamniania.. 5.178 O.G'O l>.7()7 (luij?- \hm\ 

mentation des fractions rattacirtr.'ĂŻ uu caklat). 

Rapport au Président , 1005, p. 422-423. 



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II 

HISTOIRE ET GÉOGRAPHIE MILITAIRES ET POLITIQUES 

La situation des sources de Gafsa, en travers de la route de 
Foued Baïach, au centre d'une région dépourvue de point 
d'eau important Ă  60 kilomĂštres Ă  la ronde, devait faire de ce 
gßte privilégié non seulement un centre de population mais 
une place militaire : la clef du Djerid et du sud-ouest de la 
Tunisie, la citadelle avancée du nord contre le sud. « C'est en 
effet, écrit le général Nßox S le centre naturel de la surveil- 
lance du Djerid ^, et le centre de ravitaillement des nomades. 
Gafsa est prĂšs d'une coupure de chaĂźne qui ferme au nord le 
bassin du cbott ÂŁ1-Djerid et qu'on ne franchit sans trop de 
difficultés qu'à Gafsa et le long de la cÎte. De là l'importance 
exceptionnelle de Gafsa au point de vue militaire. C'est le nƓud 
des routes de Kaironan, de Tebessa par Fcriana, de l'oasis al- 
gérienne de Négrine, de Sfax, de GabÚs et des oasis des rives 
du chott. » 

Aussi la possession de Gafsa fut-elle recherchée, dÚs l'anti- 
quité par les maßtres successifs de l'Afrique du nord : les 
Egyptiens — nous l'avons vu — paraissent l'avoir prise et 
occupĂ©e militairement au vii'^ siĂšcle avant J.-C, peut-ĂȘtre 
mĂȘme Ă  une Ă©poque trĂšs antĂ©rieure, aprĂšs les trois ou quatre 
races barbares qui ont formé la vieille population tunisienne. 

1. GÉshRAL 'Siox, GĂ©ographie miiitaireyi. V, p. 181. 

2. \^e gĂ©nĂ©ral Niox donno au mot - Djoricl ‱ le sons Ă©tendu qui lui a Ă©tĂ© 
souvent donnd. En réalité, Gafsa est située en dehoi*s du Djerid qui comprend 
les oasis situées entre le chott el-Djerid et le chot el-Khai'sa : El-Oudiane, 
Tozeur, El-Hamma, N>fla (Supra^ p. ^-39, 43 et passim. Préface, l). 



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178 ÎA (;AFSA ANCIKiNNE ET MODERNE. 

Sous Tempire carthaginois rimportance politique de Kafaz ou 
Kaphsa, « la Close », « la ville aux Cent Portes », était assez 
grande pour nécessiter, en 2^3, l'envoi d*une armée corn* 
mandée par le général Hammon qui sVmpara de la ville, y 
rétablit le prestige de Carthage ébranlé par les premiÚres vic- 
toires de Rome, et sans doute y établit une garnison » K 

Pendant les cinquante années qui suivirent la destruction de 
Carthage, Capsa Tut sous la domination des rois numides. Ju- 
gurtha s'était attaché, par une exemption d'impÎts, les habitants 
de Toasis, retranchés dans leur désert, et sans doute assez 
forts pour résister à ses volontés, s'il avait voulu les soumettre 
par la force : ce n'était pas trop payer une base d'opérations 
solide contre les Romains, un dépÎt d'approvisionnements et 
de trésors, une retraite sûre K 

Cependant la premiÚre expédition romaine dans le sud de la 
Tunisie ne fut pas dirigée contre Capsa : aprÚs la bataille de 
Zama, Jugurtha vaincu s'était enfui & Thala, « grande et opu- 
lente citĂ© oĂč Ă©taient presque tous ses trĂ©sors et l'attirail pom- 
peux de lenfance de ses fils », comme s'il eût hésité à en- 
traĂźner si tĂŽt les vainqueurs contre son dernier refuge, l'oasis 
de Capsa. 

Les auteurs ne sont pas d'accord sur l'emplacement de Thala. 
11 ne semble guÚre possible de la situer au nord du Fouçanah, 
sur l'emplacement du village moderne de Thala qui n'est 
voisin ni de sources, ni de bois, ni d'oueds répondant à la des- 
cription que Salluste donne du fleuve Tana et de la région 
environnante ^. De mĂȘme le village de Sened, prĂšs du djebel 
Biadah, dans une région absolument dénudée, ne parait pas 
correspondre à l'antique cité berbÚre*. Avec plus de vraiscm- 



1. Cette expédition précéda de quelques années la révolte des Mercenaires 
(‱23ü>-237). — Mercier, //w^otr^ de l'Afrique seplenlrionale, t. I, p. ñl-'iî. — Eli- 
SKE RErix's, fif'Of/raphie universelle, XI, p. '.^l 1. 

2. Salluste, Jugurtha, xix et lxxxln. 

',i. Du Paty de Clam, Élude sur le tiĂšf/e de Thala par MĂ©tellus, II. uĂ©ogr.^ Nov. 
1889, p. 310-353. — Salluü^e, Jut/., lxxv, lxxvi, lxxxlx. 
\. WiNKLER, Thala, R, Tun.j 1896, p. 523-527. 



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histoire; MlLlTAlRIi:. i79 

blaoce, Pellissier, ChevarrĂźer et Doumet Adanson identifient 
Thala et THenchir Guerraouch (Ksar Greouch}, au centre du 
bled Tliala, « la plaine des acacias ^ ». Enfin, dans une étude 
décisive, M. du Paty de Clam place Thala à THenchir Cherchera, 
à rcxtrémité orientale du bled Thala, nu nord-ouest de la 
Scbkha en-Nouall, au pied de la chaĂźne du Bon Hedma, Ă  la 
sortie d'un défilé qui conduit vers les plaines du nord. A six 
ou sept lieues ou nord se trouve Toued El-Leben qui contient 
de Teau toute TannĂ©e et oĂč MĂ©tellus put remplir un grand 
nombre d*outres; dans les montagnes de Touest sont les 
villages séculaires et guerriers dont les habitants purent con- 
duire des convois de ravitaillement à Tarmée romaine à Té- 
lape indiquée, Mech ou Ksar Greouch; enfin le bled Thala 
put fournir Ă  MĂ©tellus les piquets de la palissade dont il en- 
toura, pour en faire le siĂšge, Thala, la forteresse jumelle de 
Capsa; et trois sources voisines de THcnchir assurĂšrent sans 
doute à ses hommes Teau potable nécessaire'-'. 

Jugurtha s'Ă©tait enfui de Thala, la nuit, par un sentier de 
la montagne; il avait gagné le pays des Gélules, probable- 
ment en passant par Capsa, qui devint un de ses quartiers 
généraux; il y pouvait tenir avec succÚs la ligne du désert. 
MĂȘme aprĂšs la prise de Cirta et la captivitĂ© de Jugurtha, 
les Romains avaient un intĂ©rĂȘt politique Ă©vident Ă  se rendre 
maßtres de la riche Capsa, « trésor de Jugurtha ^ », clef de 
territoires insoumis du sud, et ce n'est pas la seule ambition 
d'un général qui peut expliquer l'expédition de Marius : 
Salluste lui-mĂȘme le laisse entendre : « Ce peuple lĂ©ger et per- 
fide ne pouvait ĂȘtie enchaĂźnĂ© ni par les bienfaits, ni par la 
crainte ^. » 

Cette expédition fut dure et si caractérislique que le récit 



1. Cfjrpusj Vin, p. 28: S., p. 1174, n" 11210. — Arch. Missions liU. et se, 
1877, p. :i58. 

2. Du Paty df. Clam, Ibid. — Salluste, Ibid. 
‱l Strabon, XVII, trad. Tardieu, III, p. 479. 

4. Mercier, op. cit., p, 65. Salluste, Jiig.y lxxx, lxxxix, xci. 



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Ă  



180 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

de Salluste pourrait sembler Ă©crit par un de nos ofGciers 
d'Afrique : le climat, l'aspect des lieux, les procédés tac- 
tiques, l'organisation des convois et des Ă©tapes, presque rien 
n'a cbang'Ă© depuis vingt siĂšcles, et M. du Paty de Clam a 
pu reconstituer jour par jour la marche de Harius sur 
Capsa^ 

M. du Paty de Clam écarte l'itinéraire établi par Tissot qui 
fait passer Marins, parti des environs de Sicca, par Kasrine 
(108 m., 162 km.), Sidi Aich et Capsa (6i m., 96 km.}, en 
six Ă©tapes de jour et trois de nuit : Finsuffisance de l'eau 
en été, dans le lit naturel de Toued Ed-Derb i assimilé par 
Tissot au fleuve Tana de Salluste >, malgré l'existence d'un 
barrage construit deux siĂšcles aprĂšs Marius; la longueur 
probable de la derniĂšre marche de jour 25 m., 37 km. 5) et 
des trois marches de nuit de cet itinéraire ; la fréquentation 
par les indigĂšnes de la piste de Capsa Ă  l'oued Ed-Derb, seule 
bonne route vers le nord; certains détails topographiques 
sont des arguments sérieux contre la proposition de Tissot. 

Au contraire l'itinéraire relevé par M. du Paty de Clam, de 
Thigibba Ă  Tucca Terebinthina ilO m., 15 km.), Ă  Sufibus 
i25 m., 37 km. 5), Ă  Sufietula (25 m., 37 km. 5), Ă  Nara 
(15 m., 22 km. 5^ Ă  Madarsuma (25 m., 37 km. 5;, au fleuve 
TiiTJa (Bordj de TO. Ei-Lcben : 12 m., 18 km. Ă  Fhenchir El- 
I'erdji2im., 36 km.) Ă  Mzara SidiMoehress (20 m., 30 km. \ aux 
( ollines d'El-Ksar, Ă  2 ou 3 milles de Capsa (18 m., 27 km.S 
présente de grands avantages : pendant cinq jours, jusqu'à 
M;idnrsuma, le but véritable de son expédition reste inconnu, 
« occultum »; l'oued El-Leben, bien connu des anciens soldats 
de M^'tellus, fournit largement l'eau nécessaire ; son débit de 
100 litres Ă  la seconde permet de terminer rapidement la 
corvée et de donner aux troupes six grandes heures de repos 
avjint la premiĂšre marche de nuit ; les derniĂšres Ă©tapes ne sont 

L SALLUSTE, Lxxxix-xcii. — Du Paty i»k Clam, Élude sur le siĂšyc de Thala 
jiitr Mt'lelhis et sur la marche de Marius sur (iafsa, H. GĂ©oyr., 1889, 437-440. 
— Tii^^OT, op. cil. y I, p. 81-87; II, p. 669. 



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HISTOIRE MILITAIRE. 181 

pas trop longues, et rarmée arrive à Timprovisle devanl Capsa, 
par la route désertique du bled El-Hamra que les Ksourieus 
pouvaient croire impraticable pour une armée romaine. 

Il faut lire dans Salluste le récit de ce raid militaire. « Le^ 
habitants de Capsa, bien défendus contre Tennemi par leurs 
remparts, leurs armes et leurs soldats, TĂ©taient mieux encore 
par la difficulté des lieux; car excepté les environs de la ville, 
tout le reste était désert, inculte, sans eau, infesté de serpents, 
dont la nature malfaisante, comme celle de toutes les bĂȘtes 
sauvages, s'irrite encore par le manque de nourriture et sur- 
tout par la soif. La conquĂȘte de cette place excitait vivement 
Tambition de Marins, tant par Timportance que par la diffi- 
culté de Fentreprise... Marins était menacé de manquer de 
grain. Les Numides aiment mieux laisser leurs terres en pĂą- 
turages pour leurs troupeaux, que les ensemencer. Toute la 
récolte avait été, par ordre du roi, transportée dans des places 
fortifiées; les champs étaient arides et dépouillés de leurs 
moissons à cette époque de Tannée, car on touchait à la fin 
de Tété. Cependant, Marins prend des mesures aussi sages 
qu'il Ă©tait possible dans la circonstance ; la cavalerie auxiliaire 
est chargée de conduire tout le bétail qu'on avait pris les jours 
précédents. Il ordonne à Manlius, son lieutenant, d'aller avec 
des cohortes lĂ©gĂšres Ă  Laris ( H' Lorbeus) oĂč Ă©taient en dĂ©pĂŽt 
la solde et les munitions, et lui promet de le rejoindre dans 
peu de jours pour piller le pays. Ayant tenu secrĂšte son entre- 
prise, il se dirige vers le fleuve Tana (oued El-Leben). — Pen- 
dant la marche, il faisait tous les jours des distributions de bé- 
tail par centuries et par escadrons, ayant soin qu'on fit des 
outres avec les peaux. Par ce moyen, il suppléait au manque 
de blé, et se ménageait, à Tinsu de tout le monde, une res- 
source dont il aurait bientĂŽt besoin. Enfin le sixiĂšme jour, 
loisqu'on arriva au fleuve, une grande quantité d'outrés se 
trouva préparée. AprÚs avoir légÚrement fortifié le camp 
(Cordj de Toued El-Leben, prĂšs de S' Abd el-Kasr , il or- 
donne Ă  ses soldats de prendre de la nourriture et de se tenii* 



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182 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

prĂȘts Ă  partir au coucher du soleil. Il leur recommandĂ© de 
laisser tous leurs bagages et de se charger d*eau seulement, 
eux et leurs bĂȘtes de somme. — A Theure fixĂ©e, il dĂ©campe, 
marche toute la nuit et se repose (Ă  Thenchir El-Ferdj). Il 
fait de mĂȘme le lendemain (Ă  lizara Sidi Moehress). Le troi- 
siĂšme jour, bien avant le lever du soleil, il arrive dans un lieu 
couvert d'éminences et éloigné de deux milles environ de 
Gafsa (collines d'El-Ksar, au voisinage de la redoute). 11 s'y 
tient cachĂ© le mieux qu'il peut avec ses troupes. — Au point 
du jour, les habitants qui ne craignaient aucune hostilité sor- 
tent en foule de la ville (dans les jardins). AussitĂŽt Marins or- 
donne Ă  toute la cavalerie et aux fantassins les plus agiles, de 
courir vers Gafsa et de s'emparer des portes : lui-mĂȘme les suit 
lentement et en bon ordre, sans permettre aux soldats de 
piller (en longeant Foasis d'El-Ksar Ă  Gafsa). Les habitants 
s'aperçurent bien du danger; mais le désordre, la frayeur ex- 
trĂȘme, le malheur imprĂ©vu, la prise de tous ceux qui se trou- 
vaient hors des murs, obligĂšrent les habitants Ă  se rendre. La 
ville fut livrée aux flammes, les jeunes gens passés au fßl de 
Tépée, tous les autres vendus et le butin partagé aux sol- 
dats ^ » (107 av. J.-C.}. 

L'effet moral produit par cette expédition fut considérable : 
(t AprÚs la réussite d'un coup si hardi, écrit Salluste, sans avoir 
perdu un seul homme. Marins, déjà grand et illustre, grandit 
et s'illustra eupore. Des projets trop légÚrement hasardés pas- 
SßtieiU pour un effort de génie. Les soldats, traités avec dou- 
ceur et enrichis en mĂȘme temps, Ă©levaient au ciel leur gĂ©nĂ©- 
ral. Les Numides le regardaient comme un ĂȘtre au-dessus de 
riiomme; enfin tous les alliés et les ennemis lui attribuaient 
une intelligence divine, ou croyaient que la volonté des dieux 
lui inspirait toutes ses actions. Le consul, animé par cet heu- 
reuv succÚs, se présente devant d'autres villes. Quelques-unes, 
malgré la résistance des Numides, sont prises; un plus grand 

L Salluste, ./i/<y„ lxxxix, ci, trad. Belîzo, îdit. Nisanl. 



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histoire: militaikë. \m 

nomi3re, abandonnées par leurs habitants qu'épouvantait le 
désastre de Capsa,sont livrées aux flammes; partout Marius ré- 
pandait la désolation et le massacre ^ » 

« Le souvenir de cette expédition qui fit considérer Marins 
par les Numides comme un ĂȘtre au-dessus de riiumanitĂ©, 
s*est conservé jusqu'à nos jours dans la tradition locale. Les 
improvisateurs arabes racontent encore la lutte qulskandrr 
D*ou 1 Kourneln^ eut Ă  soutenir contre le roumi Marous : ^^ W- 
kander ayant fermé tous les passages qui conduisaient ßi 
Gafsa, sa capitale, Marous, dit la légende, se tailla un chemin 
dans le roc enire le dj. Mazouna et le dj. Madjour.), et Ton 
voit encore les traces qu'ont laissées les mains gigantesques 
de ses soldats sur les parois du défilé de Khanguet Goubrar ^ i» 



Marius abandonna Capsa aprĂšs Tavoir mise Ă  sac. L'cHet 
moral produit sur les habitants de la région avait été suffisnntf 
et TĂ©loignement de l'oasis, les difficuKĂ©s des communications 
ne permettaient pas rétablissement immédiat d'une garnißion 
à Gafsa : la position était « trop en Tair ». Capsa resta nu'^rne 



I.Sali.uste, y»7., cil. 

2. « Iskander D'oĂč 'l-KourneĂŻn est la pefsonnification do touslos hĂ©ros oni?ii- 
teaux aatéislamiquos : tantÎt c'est le conquérant phénicien, comino dans los 
traditions de Nofzaoua qui hii attribuent la construction do l'isthmo qui so- 
pan» aujourd'hui le choit El-Djerid de la Méditerranée, tantÎt, coniino dans 
celle que nous venons de rapporter, cVsl le héros résistant à renvahisst^iirj 
Jugurtha luttant contre Marius. ‱ Tissot, op. n*/., II, p. 670. 

3. Tissot, (/y*, cit., II, p. 070. Tissot ne localise pas les djeboLs indiqués piw 
cette légende. Or, - le dj. Madjoura, sur la rive gauche de l'oued El-LL*bt^n» 
rencontre le Khanguet Goubrar, situe un peu au nord du défilé du dj. Mehori, 
I-e dj. Mazouna appartient Ă  la chaine sis(Ăź sur la rive droite du mĂȘme fleuve. 
Entre les deux chaĂźnes, au point oĂč la route de Sfax Ă  Gafsa quitte le versa ni 
de Toued El-Lebenpour pénétrer dans le bled El-Hamra entre ITIenchir el-Kenlj 
et Mzara Sidi Moehress, entre les dj. Goussah (610") et Madjoura (S/O") d'une 
part, et le dj. Biadah (LlSC") de Taulre, s'étend sur une plaine mamelon néi* 
de 10 Ă  ir> kilomĂštres de large environ, d'une altitude de U>OĂ  fjOO mĂštres seu- 
lement, qui reprĂ©sente bien la brĂšche faite par l'Ă©pĂ©e de Marius ‱. Dr [\u\ 
DE Ci.AM, op. cit. y p. ll-r/). Cette légende est un argument de jïIus en faveur de 
l'itinéraire que Tauteur. propose pour l'expédition de Marius. 



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184 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

SOUS Taulorité des rois numides jusqu'à la bataille de Thapsus 
(i6) et la création par César d'une province nouvelle, la Nu- 
midie, qui fut placée sous l'autorité directe du nouveau pro- 
consul, Salluste, et comprit une partie de notre province de 
Constantine, le sud de la Tunisie jusqu'Ă  Capsa et Tacape 
(GabĂšs) et la Tripolitaine K 

Quelques années plus tard, les tribus lointaines de l'ouest 
et du sud, GĂ©tules du Ilodna et de l'AurĂšs, Garamantes de la 
Haute-Tri politaine, plus pauvres et moins policées que les 
tribus de la cÎle, se révoltÚrent contre l'autorité romaine: 
pendant plus de cinquante ans, de 30 ans avant J.-C. Ă  
21 aprĂšs J.-C., des incursions, des razzias continuelles trou- 
blÚrent la tranquillité des cultivateurs et des garnisons du 
nord, « sub Meridiano lumultuatum magis quam bellatum 
est2„. 

L'oasis de Capsa se trouvait sur la route qui unissait les 
deux centres principaux d'insurrection, elle fut traversée et 
rançonnée sans doute par les bandes guerriÚres. Mais il semble 
peu probable que les Ksouriens de Capsa, instruits par l'expé- 
dition de Marins, se soient exposés à payer une seconde fois de 
la ruine de leur oasis une alliance offensive avec les nomades 
insaisissables et insolvables. 

Cependant, en présence de ces troubles incessants, Rome se 
résolut à prendre des mesures de répression sérieuses et plus 
efficaces que des expéditions coûteuses et souvent inutiles : 
elle (Mitreprit la défense des contins par la création de routes 
bien aménagées pour le ravitaillement dos colonnes en eau et 
en vivres et praticables eu toutes saisons, par l'Ă©tablissement 
de g-arnisons permanentes dans des postes fortifiés élevés aux 



1. TissoT, op. cit., II, p. ‱2l-*23. — C.K.XAT, L'rtrmeVü romaine dWfr'ujue, Introd., 
p. i\-\. Cksak, de liello, Afr. xrvii. — Appien, de Bello civ., IV, m. — Diox 
i"\ssu*i, xLviii, xxi-xxiii. — - l*TOLK.MKK, IV, III. — Poiidant cinq ans, de 30 
k 'i\ hi province nouvelle fut de nouveau placée sous l'autorité des rois nu- 
iiiiiles (Juba II); Dion, lui. xxvii. Sirabon, XVII, m, 25. 

2, FuüRis, Épitome. IV, xii. Tissot, op. cit., I, p. 447; 11, p. '29. CAiiNAT, 
Ăčp. CiIhj I, I». 7. BoissĂŻER, L'Afrique voinahie, p. 125-126. 



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HISTOIRE MILITAIRK. ÎSr, 

points les pins menacés et aux passages les plus importants^. 
La voie romaine du Camp d'hiver (Theveste, Tebessa) Ă  Tacape 
(GabÚs), construite en H aprÚs J.-C. parla légion IIP Auguste, 
sous le proconsulat de L. Asprenas, fut le principal travail 
entrepris pour la pacification du sud de la Tunisie. Elle Ă©tait 
longue de 183 milles romains 2. De Capsa la route se dirigeait 
vers Veresuos (El-Guettar ou le Bir Marbot), Thasarte (ruines 
voisines des puits de Zellourlja), Silesua (au pied des dj. Hadifa 
et Batoum), Aquae (El-Hamma) et Tacape. 

Au nord elle passait par Gemellae (Sidi AĂŻch), suivait le 
Khanguet el-Ogueff jusqu'à Thélepte (Fériana), et gagnait le 
Camp d'hiver en passant probablement [ar la gorge Ă©troite et 
fortifiée de THenchir Tamesmida^. 

Les postes de Silesua, en travers des défilés de TO. Soukra ou 
du seuil de TO. Zitoun; de Thenchir Chenah, de Veresuos, 
au défilé de Bir Marbot; de Capsa, de Gemellae, en avant drs 
routes naturelles de FO. El-Hallouf et de TOum el-Fekka; de 
Thélepte, centre trÚs important de pistes rayonnantes; assu- 
raient la sécurité du passage dans les pays du Segui et de 
rOum el-Ksob et préservaient des incursions nomades et du 
pillage les plateaux et les plaines du nord. 

LUenchir Tamesmida qui resta longtemps occupé, en raison 
de son importance, comprenait un ensemble de constructions 
militaires, postérieures sans doute à Tépoque dont nous par- 
lons, mais dont les ruines indiquent l'importance que les 
Romains attachĂšrent Ă  ce poste d'arrĂȘt rune enceinte carrĂ©e 
de 90", 30 X SS^jTO, en pierres de taille, munie d'une tour de 

1. TissoT, op. cit., II, p. 30. — Cagnat, op. cit., p. n)6-4ü>8. 

2. Corpwf, VIII, w* 10018, 10020, 10021, 10022, 10023, 10025. — J. Toc- 
TAix, Les nouvemur milliairet de la roule de Capm Ă  Tacape, p. oS-riĂźl t*l 
patiiiim. 

3. Le*i milliairos de la voie (T' siÚcle) étaient numérotés à partir du (\uNp 
d'hiver (ex castris hibernis). Au contraire les milliaires de l'Ă©poque oĂč Va voif» 
fut réparée (ni* el iv* siÚcle) étaient numérotés à partir de Tacape ( aTacapa^). 
Ce sont ces derniers qui ont servi à rétablissement de la table de Peiitin^i^r Pt 
de l'itinéraire d'Antonin et aux travaux de Tissot. TrssoT, op. cit., II, ji, a"hß 
et 6<)2. ToLTAix, Les nouveau^' milliaires, p. 56-60 aipassitn. 

LV <;af$a ancie?inb. 13 



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186 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

vigie, d'une écurie, d'un pressoir, un réservoir d'une capacité 
de 10.000 mÚtres cubes, protégé par un fortin et une tour et 
situé à 700 pas au sud, pouvaient y assurer l'abri et la sub- 
sistance d'une assez forte garnison ^ 

Enfin à 15 ou 18 milles à Touest de Thélepte, les Romains 
avaient Ă©tabli le camp d'Anolianum (Bir Oum Ali, 990 m. 
d'altitude), qui couvrait la voie de Theveste Ă  Tacape et com- 
mandait les nombreux thalwegs encaissés dont la réunion 
forme, plus au sud, To. FĂ©riana et l'o. Oum el-Ksob. La notice 
descriptive de la Tunisie, région sud, publiée par le Minis- 
tĂšre de la guerre, indique mĂȘme au dĂ©filĂ© de To. Safsaf un 
fort « espagnol », qui pourrait bien ĂȘtre un travail byzantin ou 
bas-romain, postérieur à une construction militaire avancée 
du début de Toccupation romaine 2. 

Cependant le premier systÚme de défense laissait la grande 
plaine de l'Oum el-Ksob ouverte aux incursions du sud-ouest 
et les nomades pouvaient facilement tourner Capsa et se glisser 
vers le nord, entre Thélepte et Gemellae, sans que leur ap- 
proche ait été signalée à temps; pour remédier à cet incon- 
vénient, les Romains créÚrent de bonne heure le poste de 
Praesidium Diolele ^itué vraisemLlablement au-dessus de la 
haute vallée de To. El-Orchen, largement ouverte vers le sud, 
Ă  la cote 787 oĂč s'Ă©lĂšvent plusieurs tours ruinĂ©es*^. Il est mĂȘme 
probable que la « ville ruinée » de l'Oum el-Ksob, au nord 
dos défiUs tlu dj. Jellabia et du Seldja, s'est formée autour 
d'un poste construit Ă  cette Ă©poque, sur les voies nouvelles 
dfi Capsa Ă  Anolianum, par Cerva (Oglat Rh^nezelta) ou Bir 
Sbekia (LX milles) *. 

J* Cac>at, op^ cit., p. 57G-577. 

^L CAiiĂźf.^T, op, cii., j). 574, 578, n" 'i. — I.e camp d'AnoIianuiii icbta occupĂ© 
pcntidiit lu p<f'rlode la plus florijhante de IVnjpire. Notice deui^plhe de la 
Tunisie^ p. 137. 

3. CaĂŻ-naTh *tp. cil.j p. 578-579. Cet emplacement nous paraĂźt meilleur au point 
di* vm^ milßußrc que celui trop avancé de Bir Oued el-Orchon, donné par 
Tiç^ot au voiMnage du mausolée d'Urbanilla {op. cit., II, p. 680, n" 1). 

K TissoT, ttp. tlt.f 11, p. GSO, n" 1. — Tonwy^Aolesur les voies romaines, etc., 
p. 15, — KiJSuH, op. vil., XIX. 



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HISTOIRE MIIJTAIKE. 187 

Ces derniĂšres constructions n'Ă©taient probablement pas fer- 
niinées quand éclata, en 17 aprÚs Jésus-Christ, la révolte de 
Taefarinas, rinsurrection gétule la plus grave de toutes. Tac- 
farinas réussit à soulever contre Rome, du Hodna jusqu'iiu 
territoire desCinithii, voisins des Syrtes, tous les nomades du 
sud chassés par Toccupation romaine de leurs pùturages des 
Hauts Plateaux oĂč ils transhumaient pendant TĂ©tĂ© *. La pour- 
suite de ses bandes insaisissables qui se dérobaient et se ré- 
fugiaient à la premiÚre attaque sérieuse dans les vallées ßni- 
pénctrables de TAurÚs et les oasis plus lointaines du désert, 
obligea Rome à sept campagnes coûteuses (17 à 24>, et, pour 
combattre plus efficacement Tennemi, le proconsul Blaesus, 
instruit par Texpérience de ses prédécesseurs, partagea son 
armée eu plusieurs corps et colonnes volantes, composées de 
cavalerie et d'infanterie; la légicn IX Hispania, mieux pré- 
parée par son origine que la plupart des légions impériales 
au climat et aux nécessités de la guerre d'Afrique, fut cnvojéc 
en Numidie^, et du mĂȘme moment date Scins doute rĂ©<abli.S' 
sĂšment Ă  Anolianum de la cohorte P Chalcidenorum equĂź- 
tata \ 

A deux reprises, le théùtre piincipal de la guerre se trouva 
dans le sud de la Tunisie; aprĂšs la prise du fortiu de Pagida, 
prÚs de LambÚse, en 18, les Gétules de Tacfarinas, espérant se 
rendre maĂźtres aussi facilement de tous les postes de la fron- 
tiÚre, vinrent mettre le siÚge devant la place de Thala, située 
soit sur remplacement du village actuel de Thala, prĂšs de 
Haïdra, et occupée dans la premiÚre moitié du i" siÚcle, *soit 
plutĂŽt sur celui de Tancienne place forte de Jugurtha, Ă  l'ex- 
trémité orientale du bled Thala*, à une vingtaine de milles 

1. I,cs Cinithii sont nommés par : Tacite, II, lu; Pline, V, iv, lßO; PTOit^iûj 
IV, ni, 2, 27. Cagnat, op. cit., p. 15-16. Tacite, Ann., 111, 73. 

i. Mekcier, op. cit., p. U2-93. — Tissot, op. cit., p. 153, n" 3. — Cagnat, tjp riü.^ 
p. 7-21. — BoissiER, op. cit., p. 124-125. — Toutain, Le» citĂ©s romaines de ia 7'«- 
nisi^, p. 17. 

3. Cagnat, op. cit., p. 571. 

i. Corpus, VIU, p. m, n"* 5(^2, 503, 5(M. CACiNAT, p. 13, 11. — Sf^pm, 
p. 92-Ăźrj. 



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188 LA GAFSA ANCIKNNE ET MODERNE. 

en arriÚre de la ligne avancée de la voie romaine de Capsa à 
Tacape, dont les travaux de dĂ©fense n'Ă©taient peut-ĂȘtre pas 
encore achevés. Un détachement de 500 vétérans choisis 
les força Ă  lever le siĂšge, aprĂšs un combat oĂč se distingua le 
soldat Ilelvius Rufus, qui reçut du proconsul Apronius et de 
l'empereur TibÚre, en récompense de son courage, un collier, 
une lance d'honneur et une couronne civique*. Enfin Tacfa- 
rinas, encombré de bulin, fut une seconde fois battu dans le 
sud delĂ  Tunisie par une colonne volante que commandait le 
fils du proconsul Apronius Caesanius^. 

Ces troubles prolongés n'atteignirent pas directement Capsa 
protégée sans doute par une forte garnison, et éloignée de 
toute alliance de guerre avec les nomades par la crainte et 
l'intĂ©rĂȘt de ses habitants, cultivateurs sĂ©dentaires. Hais les 
mouvements continuels de troupes sur la voie romaine, les 
convois d'approvisionnement des colonnes qui opéraient 
dans le voisinage, peut-ĂȘtre le ravitaillement secret des ban- 
des révoltées de passage dans le bled Segui et le bled 
Tarfaoui, durent augmenter l'animation et le commerce de 
l'oasis. 

L'organisation militaire inaugurée à Capsa et dans le sud de 
la Tunisie sous le proconsulat de L. Asprenas, semble avoir 
subsisté jusqu'au début du \f siÚcle sans subir de grands chan- 
gements. Sous le rĂšgne de ('aligula (37 Ă  il), la plus grande 
partie de la Numidie et de laTripolitaiue passÚrent sousl'autorité 
d'un légat de l'empereur, chef et administrateur militaire dont 
les fonctions devaient ĂȘtre assez voisines de celles de nos gĂ©nĂ©- 
raux commandant les territoires militaires. Le proconsul de la 
Province d'Afrique continua cependant Ă  administrer direc- 
tement une partie du sud de la Tunisie, et peut-ĂȘtre, dĂšs cette 
époque, l'oasis de Capsa qui avait donné assez de gages de 
fidélité pour rester en territoire civil ''^. 

L Tactte, II, lu; III, xxi. — Cagnat, op. cU.^ p. 12-13. 

^. rAii^AT, op. ri7., p. IIM 1. Tacite, IV, xxiii. 

3. TiBsoT, op. cit., II, p. 31. — Cagnat, op. cit., p. 112. — Bwssier, op. ci/.. 



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HISTOIRE MILITAIRE. i89 

Cependant, à la suite d'expéditions contre les Nasamons et 
les Garamantes, les Romains se décidÚrent à porter au delà de 
TAurÚs et des chotts tunisiens leur ligne avancéede protection : 
les progrÚs de leur domination à l'intérieur de la Province, la 
sécurité et la prospérité de leurs établissements, permettaient 
d'éloigner leurs troupes et les invitaient à rejeter définitivement 
au désert les derniÚres tribus révoltées. Nerva (96-98 1» Trajan 
98 Ă  il7) entreprirent la construction d'une voie nouvelle dans 
le sud de la Tunisie, de Thevcste Ă  Ad Majores et Tarapp par 
le Djerid Cette voie portait au sud du grand chott la frontiĂšre 
de la Numidie et de la Province' ; reliée à Anolianum etTliélepte 
par la vallée de Toued El-Orchen, le poste nouveau df* Ad 
Praetorium (Bir 0. El-Orchen, ou les ruines de l'O. Krid, k la 
frontiÚre algérienne) et celui de Cerva (probablement les 
ruines voisines del'Oglat Rhenezetta), elle entrait Ă  Ad Turres 
Tamerza) dans la région de surveillance naturelle de Capsa^ 

En quittant Ad Turres, la voie romaine passait à Spéculum, 
ThigĂšs, Thisurus (Tozeur), Aggars en-Nepte (Nefta) et gagnait 
le Ncfzaoua et Tacape par les rives méridionales du chott El- 
Djerid. 

Tissot identifie Spéculum à Kosseir ech-Chems, à 18 minutes 
an delĂ  du village de Chebika, et ThigĂšs h Thagious dans Toasis 
d*El-Oudiane. La voie romaine aurait traversé entre cey deux 
points la plaine de l'oued Allenda et la partie orientale du 
chott Rharsa, suivant à peu prÚs le tracé de la piste d'hiver et 
de la piste d'été actuelles. Or, aucune de ces deux routes nVst 



p. Î)2-ÎK). — Corpus^ Vin, n*' 81, ÎW, 110. Sous Hadrion, Gafsa d«»peiulĂźiit fin |>ro- 
consul de Carthage. 

1. TissoT, op. cit.^ II, p. 30. — Gagnñt, op. cit., p. 31-39. — Corpu.^, VIU, n" 
‱2178. — E. Blanc, Position d^ Vancienne vUIp de Thif/ĂšSy R. Soc. GĂ©itf/r. I*ar'i*^ 
1897, II, p. 221. Los pistes de (iafsa vers le pays do Guemouda, Aquao Rp^Ăźao 
ot Carthage, et versThenae (Sfax), furent sans doute ani(^nagéos avant eott<> t'f to- 
que. Ce sont des voies naturelles do communication employées à touies W% 
Ă©poques et passant au voisinage d'un grand nombre do points d'oau et de ruines 
romaines et arabes. 

2. S. Reinach, Atlofi de la province Romaine d'Afrique, XIX, XX, XXĂŻI. Carte 
d'État-Major au 1 ^OO.OOO, Gafsa, Fîriana. 



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i90 LA G.VFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

praticable, mĂȘme daus la bonne saison, pour les caravanes 
lourdes et les convois et ne répond aux besoins d'une voie 
militaire *. 

D'ailleurs la découverte dans le bled Tarfaoui de ruines ro- 
maines nombreuses, particuliĂšrement au voisinage du puits de 
Goarhata et du Bordj Gouifla, et de deux inscriptions de TĂ©po- 
que de Nerva qui mentionnent Tune la cité et l'autre le « cas- 
tel lus » de ThigÚs, obligent à placer en dehors du Djerid, dans 
la vallée de TO. Melali, la cité romaine de la table de Peutinger 
duiit remplacement correspDud sans djute au puits de Gour- 
bata : c'est le pjint le plus resserré, le plus facile à défendre du 
bled Tarfaoji et de la route du Djerid, le plus facile Ă  secourir 
de GaFsa. « lien résulte, écrit M. Toutain, que la voie romaine en 
quiUaat la station de Ad Turres se dirigeait non pas vers Tesl- 
sud-est, mais droit Ă  Test, et que, pour gagner ThigĂšs, elle sui- 
vait le pied méridional de la ligne de hauteur qui deTamegbzi 
&Gaf^a domine au noi*dle chottRharsa. A ThigÚs la route s'inflé- 
chissait vers le sud-ouest pour atteindre Thusuros puis Neplc. » 
Clirrchant ensuite à localiser exactement le poste de Spéculum, 
M /ioutain cjnstite qull suffit, pour faire correspondre les 
chitTres d) la table de Peutiuger avec la distance réelle de Ad 
Turres (Tameghza) Ă  ThigĂšs (Gourbata), d'augmenter de X 
milles romains soit la distance de Ad Turres à Spéculum (XVIII 
ou XXVill milles), soit celle de Spéculum à ThigÚs (XXV ou XV 
milles); dans le premier cas, il faudrait placer Spéculum à 
lextrémité méridionale de la gorge du Seldja, probablement 
aux ruines de Metlaoni : ce dernier emplacement nous parait 
p/ctĂŽrable, en raison de sa valeur militaire mĂȘme, puisqu'il 
camniande les deux meilleures, pour ne pas dire les deux seules 
pistes qui traversent du sud au nord la chaĂźne du Seldja et per- 
mettent de tourner, par l'ouest, Gourbata et Gafsa (vallées de 
10. Seldja et de TO. Metlaoui)2. 

L Tis^soT, op. cit.j H, p. 3)-31, 6S2. Caßnat, op. cit , p. 38-39, 5!*»^. E. Blanc, 

FuKtHtiH de ^ancienne ville de ThigĂšSy Hall. S. GĂ©oi/r. Paris^ 181>7, II, p. tli. 

if. TiHTAiN, \(jle H ir les voies romaiti.'s^ etc., p. 7-8. — T. Hlanc, op cil., p. 



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HISTOIRE MILITAIRE. lOi 

Cet ensemble d'ouvrages militaires se trouvait renforcé en 
arriĂšre par le poste de THenchir Oued el-Karma (ou H. 
Kerma), sur le bord de la Garaat ed-Douza, et M. GagnĂąt croit 
avoir reconnu au Fedj Souatir, Ă  une quinzaine de milles au 
nord, les traces d'une voie romaine* qui aurait relié Capsa 
à Ras el-Aïoun et à la ville ruinée de TOum cl-Ksob, et per- 
mis de renforcer la garnison du Seldja rapidement et par des 
chemins sûrs. 

L'Ă©poque oĂč fut achevĂ©e la voie de ThigĂšs Ă  Tacape par le 
Djerid n'est pas connue; nous savons seulement que la sec- 
lion de cette route comprise entre Capsa et Tusuros fut ré- 
parée sous le rÚgne de Dioclétien, en 3022. D'ailleurs M. Privé 
a étudié toute une ligne de postes situés au nord du chott 
Djerid, à la sortie de tous les défilés de la chaßne du Cherb, 
à rentrée des triks qui traversent le chott et pouvaient livrer 
passage aux nomades du Nefzaoua : enceintes de Ksir Zitouua, 
au carrefour de pistes importantes vers Capsa, EUGuettar, 
Zelloudja (Thasarte), le Nefzaoua, le Djerid; fortins de Tllen- 
chir Rekeb, de THenchir Taferma, de Ksar el-Asker, des Oglet 
Sidi Ahmed, de Ksar el-Ahmeur, ruines de Biar BelouftĂźii et 
de rOued BesbĂšs, muraille de Bir Oum Ali^. Une in^^ciiption 
de répojue de Trajan (97j trouvée à Ksar el-Asker- indique 
que ces postes, reliés par une voie militaire, furent consti uits 
en mĂȘme temps que la voie de Ad Turres Ă  ThigĂšs. Aussi 



221-227. — L'inscription mentionnant la Civitas Thigensium a Ă©tĂ© trouvĂ©e pr^s 
(le Gourbati, celle qui mentionne le Castelius Thigensium prĂ©s de (ioui(hi(IlÉ- 
KON DE ViLLEFOssE, Ac I. et B.-L.f 1837, p. 2Ăź)3). Il est probable d'aillinirs que li*s 
ruines des AĂŻoun Arameur et l'Henchir Mzira ne sont pas les restes clMtabUs- 
sements agricoles mais de bordjs isolés. 

1. CaijNat, Exploration arch. et Ă©pig. en Tunisie^ III, p. 72. ‱ Au ĂŻ-'eclj es- 
Souatir, nous avons cru remarquer dos traces de voie romaine ; nous n'ose- 
rions cependant affirmer le fait. ‱ Id., Ibid., p. 73. 

2. Corpus, VIII, 10!J23, 1003!), 10331. — Galcklkr, Rapport Ă©piyr. iM\, flutL 
arch, c. Ir, hist, et se, 1897, p. 388-389. 

3. Privé, /Voies arch, sur le Chcrb., Bull. arch. c. tr. hist. et se, 189^, p* 7ß*- 
131. 

1. TouTAis, Note sur un3 inscription trouvée (tans le Dj. Asker, ißtttf. fttrh, 
c. tr. hist. et se, 19)3, p. 202-207, part. p. 'M\; 19 JC, p. 216-217. 



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J 



192 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

serions-nous trÚs disposé à voir dans cette route, ou plutÎt 
dans cette piste fortifiée du Cherb, la voie primitive de ThigÚs 
à Tacape qui aurait quitté la voie de Capsa à Tusuros par ThigÚs 
aux ruines du bordj Gouifla oĂč s'Ă©levait un poste fortifiĂ© de 
liaison dont nous avons parlé plus haut : le Casiellus Thi- 
gensium. Une voie semblable reliait Capsa au Ksar el-Asker 
en coupant le bled El-Atra et le haut bled Segui et gagnait 
le Nefzaoua (Turris Tamalleni en traversant le chott par le 
tiik de Seftimi, encore employé par les caravanes et les co- 
lonnes militaires ^ La voie de Tacape par le Djerid et le sud 
du chott n'aurait été aménagée, au delà de Tusuros et du 
Castra Ncptinana, qu'aprĂšs l'occupation du Nefzaoua, et aurait 
marqué la troisiÚme, non la seconde étape de la marche 
prudente et progressive des Romains vers le sud. 



Il est assez difficile de savoir comment furent construites 
les voies romaines qui n'ont guÚre laissé de traces visibles. 
Cependant les inscriptions de trois bornes militaires du bled 
Seßßui ßiidiquc^nt que sous le rÚgne des empereurs Maximin et 
Ma\iniej en 237, les ponts de la grande voie de Tacape Ă  
Thevesto furent reconstruits et que la roule fut remise en 
Ă©lat : V Pontes vetustate conlapsos et iler longa incuria per- 
dĂźtiun n*stiluorunt et pro sua infatigabile providentia pervium 
commeatibus redderunt. » Ce texte nous semble indiquer 
rexisfcnce non seulement de travaux d'art indispensables, 
ponts, citernes, puits, mais aussi, au moins Ă  certains passages 
difficiles, de remblais et chargements, analogues Ă  ceux des 
voies (lu nord de la Province^. Toutefois, il est bien probable 



1, Jli,es Ton mn\ XouvHIps découveries fur la voie de Capsa ù Tui^Hs Ta- 
maflrtii, lUtU, mch. corn. h\ hiM. et se, 1900, p. 212-250. 

2. Cttrftffs, VUr, n°* 10C»21, l</>25. — M. le capitaine Donaii lit ces inscri|v 
lions: ■ J'ontes ^i'tustate dilabsos et iter lon^^a incuvïn praeruptum... ‱ Toltain, 
Lti nfjn\YiiiiJ- tnilUaires^ p. 20, 2^, ÎIG, 5f). Caox at, La Tunisie Ă  VĂ©po(fue ntmaine, 
dims La Tunuiv au XX'^ si,^cle, p. 2^)9. 



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HISTOIRE MILITAIRE. i!)3 

que les voies du sud, particuliĂšrement celles du Cherb et de 
Tacape par le Djerid et les voies secondaires, restĂšrent Ă  TĂ©tat 
de pistes sur la plus grande partie de leur parcours. 

Le caractĂšre des travaux militaires de cette Ă©poque est au 
contraire assez facile à déterminer. Les archéologues ont, en 
eflet, découvert et examiné de nombreux postes ruinés des 
différentes lignes d'occupation successive : à Ksour el-Kraïb, 
prÚs de (iafsa, deux forlins carrés de 40 mÚtres de cÎté, cons- 
truits en moellons et blocage^ ; une enceinte de 25 mĂštres x 
18 mÚtres (El-Hannout^ et une tour carrée (au S.-S.-E. de Midas) 
dominant la vallée de TO. Frid, aux environs de Tamerza^; 
une tour de vigie surveillant la Chebket el-Kentas et construite 
un peu en avant du bras d'oued appelé Akhouar Kentas, en 
avant des ruines du Seldja et de Metlaoui (poste de Spéculum) ; 
dans le dĂ©BlĂ© du Seldja lui-mĂȘme dominant Toued de 100 
mĂštres Ă  pic, THenchir Edva et la tour de vigie du Hammam 
qui permettaient de rouler des pierres sur une troupe arrĂȘtĂ©e 
au fond de la gorge par le barrage de Ras el-AĂŻoun, et com- 
mandaient les sentiers de la montagne en arriÚre du défilé, 
le fort important du Kef Abd es-Semed qui constituait un 
nouvel obstacle, et, sur la piste de TO. Metlaoui qui tourne 
ce systÚme défensif et gagne THenchir Kerma, le poste de 
Metlaoui'^; à Ksar Zitouna, dans la vallée de l'O. Segui, trois 
oppida carrés de 30 à ïO mÚtres, enßourés de fossés dont les 
terres sont rejetées en avant, et situés sur des mamelons 
éloignés les uns des autres de 800 à l.OOO mÚtres; à THencbir 
Gmoudi, au Ksar el-Ahmeur, des fortins analogues de 40 et 
de 20 mÚtres de cÎté; à Ksar el-Asker enfin, une construction 
plus petite mais trÚs bien conservée, véritable bordj, spé- 



1. Ca<!Nat et Saladin, Mission Arch,^ arch. M. fc. et lill., 3" sério, XIII, 

p. uni, 

'Z. TissoT, op. cit., II, p. 082. — Caonat, Vanncc romaine d' A fritjue, p. diVl- 
5(i3. 

3. Cagnat, Explor. ai eh. et Ă©pif/r., III, p. 12. 

bv Paty de Clam, A/? hled Tarfaouiy BnlL (iĂšnr/r. Corn. tr. hist, et sr., 1807, 
p. li<)-lil. 



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\0't LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

cimcn caractéristique des ouvrages militaires romains dans le 
sud de la Tunisie : « C'est, écrit M. Privé, uq rectangle de 
13", 50 de cÎté, entouré d'un fossé de 4 mÚtres environ de lar- 
geur, avec les terres rejetées en avant; les murailles du fort 
sont en pierre de taille réguliÚre de couleur rougeùtre. On 
entrait dans la cour intérieure du fort par une porte pratiquée 
au coin sud-ouest; sur la cour donnaient les ouvertures des 
logemenls et des magasins, voûtés comme des casemates et 
cimentés à Tinlérieur; trois de ces voûtes existent encore sur 
la face est. Au-dessus de ces casemates Ă©tait la plaie-forme oĂč 
circulaient les veilleurs et oĂč se portaient les dĂ©fenseurs; enfin 
à rentrée du fort, j'ai remarqué les pierres munies de trous 
dans lesquels s'encastraient les battants de bois qui barrica- 
daient la porte à l'intérieur *, » 

Le nombre de ces petits postes disséminés dans la région 
de Gafsa ne doit pas nous faire exagérer l'importance des 
garnisons entretenues dans le pays : il nous semble bien pro- 
bable, étant donné l'effectif peu élevé des troupes romaines 
d'Afrique et la tranquillité du sud de la Tunisie sous l'Em- 
pire, que ces oppida, ces castella, ces Burgi- faciles à défen- 
dre, devaient servir surtout de gßtes d'étapes, occupés seule- 
ment par quelques soldats choisis et chargés d'assurer la 
police des marchés, la surveillance des nomades et la traos- 
inissioa tics nouvelles : la cohorte mixte d'Anolianum devait 
suffire Ă  l'escorte des convois, Ă  la relĂšve des postes, Ă  la 
constitution des réserves trÚs mobiles qui étaient installées dans 



1. l»mvK,oy>. cit., p. 02, 101-103, 104. 

:;. LiAHtMiiivUG et Saiülio, art. CmtfUitmy p. 937, t. 1, v. 2. ‱ Virgile (IV, 10) 
itil qu'on appelait burgus un castelliim de petite dimension : on fait dériver 
rt' Nuin du ^Tcc, TTupyo;. Nous ferons remarquer que d'autres mots analogues, 
le fiuftf ti+^s Allemands, notre bourg primitif et le bordj des Arabes, expriment 
MliNuliĂźiiit^ti! la mĂŽme chose. Les soldats et les indigĂšnes qui occupaient les 
terres voisines des burgi à charge de les défendre, les occupaient dans aes 
Gundition^ toutes spĂ©ciales ‱. 11 est probable que les Romains ont pris aux 
Barbares ce nom qu'ils donnaient aux fortins élevés sur leurs frontiÚres. Le 
mot se ■'«encontre avec cette signification de» le n* si'cie, dins hs inS(Tip- 
Ut»rßs,.. liKMtR, Inscr. df VAlyévie. 



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HISTOIRE MILITAIRE. 195 

les ceatpcs import ints, Ă  Aggarsel, Nepte (\eftai, et sans doute 
Ă  Capsa et Ă  ThĂ©le[)te, prĂȘles Ă  se porter rapidement sur les 
points menacés et à la poursuite des pillards* : organisation 
trĂšs voisine de celles de nos territoires militaires et particu- 
liĂšrement de la subdivision d*AĂŻa Sel'ra. 



A Tabri de ces lißjnes fortifiées Toasis de Capsa prospéra 
en toute sécurité et des cités nouvelles purent se fonder dans 
les plaines voisines qui se couvrir«»nt de cultures et d'établis- 
sement agricoles. Assurés du maintien de l'ordre et soucieux 
surtout du développement économique du pays, les Romains 
laissÚrent aux indigÚnes la liberté de s'administrer à leur 
guise. Capsa et probablement Thélepte, Ammaedara, T\u\- 
sarte, Silesua, TbigÚs, Tusuros et les cités voisines furent des 
communes autonomes, des naliones- administrées par dos 
sulfÚles ^ et l'élévation de Capsa au rang de municipe fut une 
distinction flatteuse accordée aux Capsitani pour récompenser 
leur tranquillité; les décurions* remplaciirent les suflV'te^ 
dans la gestion des intĂ©rĂȘts locaux; les Ksouriens prirent le 
titre de cit>yens romain s mais ils conservÚrent à leur ^ré 
lcur> rĂšgle;nents et leure coutumes religieuses et politi(iues 
particuliÚres, à rintéricui* de la cilé^. Ils témoignÚrent leur 
reconnaissance en Ă©levant un arc de triompbe, encore visible, 
Ă  l'empereur Hadriea, fondateur du municipe, avec rauturi- 
sation de leur puissant patron le proconsul de Carlhage^L 



1. CA«iNVT, (f/j. cil., p. IK), 101, lĂźi:{, 217, passim. La cohorte !‱ Chalcidcnorum 
e/aitafa (luixto) s'Ă©tablit Ă  Anolianuni on 1G3 : Boissiek, op. rit.^ j). WMF^ lit*- 
lu:;. 

2. Punk, V, iv. Toltais, Les cites rfHnain".s iVAfriquef p. 298. 

3. ToLTAi.N, op. cit. y p. 311-310, cl jiart. 315, et Inscription du dj. Askcr , hr. 
cit., p. 2(J3. 

4. Corpus, VlII. p. 22, n« ÎH. — Id., n"" 111, 820, S2ß», STiS; Suppl., n»* 1[>(2L 
l'^m, 11372, 11780, laTiSH, 155811. 

5. TouFAiN, Les citĂ©s romaiiws, j). 320-328, 33Ăź>. — Aulu-Geu.e, .\oct. AUic,^ 
XVI. 13. 

0. Corpus, YUI, n" ÎH. —Tour vin, op. rit., p. :J37, X)l), 30t). 



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100 LA r,\FSA ANCIENNE ET MODERNE. 

Quand Capsa devint colonie et fut soumise au droit romain, il 
est bien probable qu'elle conserva son autonomie administra- 
tive*. 

Les seules obligations que Rome lui imposa furent le paie- 
ment de TimpĂŽt'^ et le culte d'Auguste dont les flamines pcr- 
peiui sont mentionnés par plusieurs inscriptions de Capsn, et 
dont le lemple orné de marbres, de stntues et de portes d'ai- 
rain, fut élevé par souscription publique ou par ordre du 
municipe, « coemtis spatis », et inauguré au milieu de Testins et 
de jeux qui durĂšrent trois jours -^ L'impĂŽt tance de Capsa dut 
augmenter sans cesse sous Tempire romain et au vr siĂšcle, 
la cité mérita le surnom de Jnstiniana et devint, avec Leptis, 
la résidence du dux byzantin de la ByzacÚne '». 

Il est assez délicat de déterminer dans quelles limites ad- 
ministratives s'étendit le pouvoir des sufTÚtes et des décurions 
do Capsa, et se développa la vieille cité berbÚre sous la domi- 
nation romaine^ : nous en sommes réduits à des hypothÚses 
basées sur les conditions géographiques du pays et la réparti- 
tion des groupes agricoles et des Ă©tablissements hydrauliques 
ruinés et sur remplacement probable des cités voisines. 

C'est ainsi que le territoire de Capsa nous parait avoir été 
trĂšs Ă©tendu : il aurait compris Ă  notre avis toute la plaine de 
roiim i^l-Ksob et la plaine du Seldja jusqu'au dj. Zimra, et 
jiiM|n a lßi frontiÚre algérienne, qui coïncide avec une limite 
montagneuse naturelle, et au plateau de FĂ©riana, englobant le 

I, Tabli* 4c Peutingor; Corpm, VIII, p. 22. Capsa, Ă©crit M. CannĂąt {op. cit., 
p. Xi'.h, tlL'vĂŻnt colonio - peut-ĂȘtre ‱ sous Trajan en m^mc temps que Thamu- 
gB^h, [railJeitrs un ^rand nombre de cités d'Afrique reçurent le titre de colo- 
nie* il IM suit<^ de la lutte de Septime SĂ©vĂšre contre Prescenius Niger et Clodius 
Alliinns tl!»n'212) : peut-ĂȘtre Capsa fut-elle Ă©levĂ©e au rang de colonie Ă  cette 
<''poi|ue. La lable de Peutinger fut dressée par ordre de Théodose (ßß7ßVïßïr>). 
ToLTAts, p. :U0. — TouTAiN. op. cU., p. 32fls3:M. 

ti. TolTAl^, op. rit., p. 220. — Caonat, La Tunisie Ă  VĂ©poqtie romaine, p. 251. 

Il CutpuK, VIII, n" 1(X); n«* 11231, I123() (suppl.). — Cagnat, ExplorĂąt. Aixh. 
*^t Ă©phjr,, nu p. 6G, n- 10r>. — Id., /?m//. arch. c. ir. hist. el se, 1887. p. 2,%. — 
iV>iTviH, ftp. ni., p. 211. — Saclio et DAUEMBEitr., art. Flamen. 

t, (Vir//ir.s VIII, n" 101-102. 

Tu TniiMV, op. r;/., p. 311-317. 



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HISTOIRE MILITAIRE. 197 

bourg de Gemellae * (Sidi Aïch), « la ville ruinée » de TOum el- 
Ksob et tous les henchirs indiqués par la carte d'état-major 
de cette région. H se serait étendu à Test jusqu'au fond du 
bled SouenĂźa et du bled El-Hamra, au sud jusqu'Ă  El-Guettar, 
au dj. Berda, au dj. Sehib et aux terrasses de Thenchirlfel et 
du bled Amilcs-Stah. Cet ensemble de plaines fermées, toutes 
convergentes vers Gafsa, desservies par les voies militaires que 
nous avons indiquées plus haut-, et par les routes séculaires de 
Thenae (Sfax) et deSuffetula (Steitla), forme un tout homogĂšne 
dont Capsa était le centre et le marché naturel. 

La cité de Théleple, le bourg de Nara (Bir El-Hafey) et la 
cité d*Ammaedara bordaient au nord*ouest et au nord le ter- 
ritoire de Gafsa; la citĂ© de Thasarte et peut-ĂȘtre de 
Veresuos, Ă  Test, devaient comprendre tout le bled Segui et 
la vallée de l'oued BesbÚs, région géographique nettement 
circonscrite, peut-ĂȘtre aussi les ruines voisines du Thala et la 
rive septentrionale du Chott El-Fedjej. Enfin, au sud, la cité 
de ThigĂšs, s'Ă©lendant sans doute jusqu'aux Ksours Zitouna et 
El-Asker et jusqu'à Ad Turres (Tameghza), séparait Capsa des 
cités du Djerid. 

Il est d'ailleurs probable que la régiou montagneuse d'Kl- 
AyaĂŻcha, la rĂ©gion du djebel Sehib, oĂč l'on a relevĂ© peu de 
ruines, et les bords des garaats et des sebkhas étaient ré- 
servées en partie aux pasteurs nomades et placés sous Taulo- 
rité des Praefecti genlium dont les fonctions paraissent ana- 
logues Ă  celles de nos officiers des bureaux arabes et de nos 
contrĂŽleur civils 3. 

S'il est difficile d'établir d'une fa^-on précise ces divisicms 



1. Corpus, VUI, p. 28. 

2. Supra, p. 18-1 et sq. 

3. CAciXAT, op, cit., p. 328-;TO. — Corpus, YIII, KX^X), 9195 : des Piael'r. i i 
gentiuiii administraient la tribu des Cinithicns voisins des Syrtes, et une triliu 
des environs de Thysdrus (El-Djem). — Pellissier, Rev. d'Arch., 1847, p. iVL 
Est-il possible vraiment, dans l'inscription de Gafsa signalée par Pellis.sji^iv 
aprt>s sir Gren ville Temple {fLxrursious, H, p. 323. n" 8<j), de lire UlKiP : prae* 
feetus? 



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198 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

administratives et ces limites politiques dont Fensemble pa- 
rait correspondre Ă  nos anciens caldats de Gafsa, du Djebel 
et des Hamnoanoa Gr.ebala ^ il semble possible d'en affirmer 
l'adaptation aux nécessités économiques du pays et à l'esprit 
indépendant de ses habitants qui furent gagnés à la cause 
romaine au point de s'engager, au ii" siÚcle dans la légion 
III¼ Auguste '♩. Le bon fonctionnement des institutions auto- 
nomes de Capsa et de ses environs nous semble avoir large- 
ment contribuĂ© Ă  TachĂšvement, dans chaque bled, de l'Ɠuvre 
de police et de sécurité commencée par les militaires ^, au 
succÚs de la « pénétration pacifique » romaine, et au dé\e- 
loppement d'une sorte de fierté locale, de patriotisme com- 
munal, qui se perpĂ©tua dans les siĂšcles suivants, et empĂȘcha 
Capsa d'ĂȘtre complĂštement ruinĂ©e par la conquĂȘte vandale et 
Toccupation byzantine, et submergée dÚs le début par les 
invasions arabes. 

Les Vandales (4^39-53^* en effet rasĂšrent les fortifications du 
sud de la Tunisie comme toutes celk»s de l'Afrique du nord ^, 
et si Toasßs et la partie .«septentrionale du territoiic de Capsa 
ne furent pas trop atleinles par les pillages des nomades 
livrĂ©s Ă  eux-mĂȘmes, par les razzias de la remuante tribu des 
Frexes, d'Antalas, de labdas, deCoutsina, qui ne rencontraient 
plus devant eux les colonnes ni les castella romains, c'est Ă  la 
diplomatie et à l'énergie de son sénat, au courage et à Ten- 
tcnle de ses habitants qu'elle le dut sans doute ^ (534-5V8;. 

Les Byzantins comprirent d'ailleui*s trÚs vite la nécessité de 



1, htfra, p. 'Z'ti). 

^. Cannñt, op. t/V., oOl-on. Corpus, VllI, -JÔ^'m, un soldat oiigiiiahv do Tln'- 
U*\A\\ sur doux listos de 18 et 13 noms; 'SM)^ un de Tliélepte sur une liste de 
Ăź ijouis; tiOOr, un de SuiĂŻelula; 25<>S, deux deTliĂ©leple; ‱2.W.), un de SufĂšs. un 
do THLupe, un de Théleple, deux de Gafm : 0. Naevius Faustus, T. Flavius 
MaĂźtiijius, sur une liste de Hl noms dont 43 avec indication d'origine. 

-1, Î^E LA Bi.ANCHÈRE, op. cU., p. W. — Caunat, op. ctl ., p. ^^-337, r>ÏJ8-r>ll'J. — 
TijLTUM, op. cit., p. 30(>3C)8. 

L Marcis, Uiytoivc des WimUiles, p. 2(X>-201. — I)itiiL, LWfrique byzantine, 
p. VI 

î, DitiiL, ojt. cit., p. uO-1'3, 303-313, Ktti-l 10. — Toiiain, op. cit. y p. i^^vJ, 



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HISTOIRE MILITAIRE. 11)0 

relever les anciens ouvrages militaires romains, pour rétablir 
la paix dans le pays; Justinien et le magister niililuni So- 
lomon 539-543) firent reconstruire les murs de Capsa dont 
rimportance stratĂ©gique ne leur Ă©chappa pas; la citĂ© — nous 
l'avons indiquĂ© dĂ©jĂ  — prit le surnom de Justiniana et devint 
la résidence du gouverner. r militaire de la nouvelle province, 
le dux Byzaceuiae, puis le chef-lieu d'un commande mrnl spé- 
cial*. Un corps de troupes spécialement institué pour la dé- 
fense des frontiÚres, les limitanei, fut organisé en smalah et 
reçut la garde des burgi semblables aux anciens postes de 
TĂ©poque romaine 2 : Ksar el-Foul 1 enceinte de 22 mĂštres X 21), 
Henchir Bou Gineah (enceinte de 9°^,35 X 7ℱ,90), Sidi Aïch 
(tour), Henchir Medjen Oum el-Kesseub, Ksour el-KraĂŻb en- 
ceinte de 40 m. X 40 m.\ Henchir Mzira (qui formaient la 
frontiĂšre mĂ©ridionale de la ByzacĂšnc entre ThĂ©lepte, oĂč fut 
construite une forteresse importante, et Capsa, et devaient, 
en cas d'alerte, servir de refuge aux populations paisibles du 
bled); au delĂ  de Capsa le limes gagnait probablement Ksar 
Zitouna et la rive septentrionale du chott El-Djerid, laissant 
aux indigĂšnes et aux nomades le Djerid et le pays du Seldja ^. 
A Tabrides castclla et des citadelles reconstruits, les Ksou- 
liens purent reprendre en sécurité leur travail, régénérer 
leurs olivettes et leurs palmeraies *. 



En 647, Abdallah Ibn Saïd, gouverneur d'Egypte, reçut du 
khalife Othman la permission d'envahir avec 20.000 hommes 
« le lointain et perfide Maghreb ». Il ravagea la ByzacÚne, 
battit et tua à Akouba le patrice Grégoire et s'empara de 
SufTetula; les premiers cavaliers arabes firent leur apparition 

1. DiEHL, p. 110 117, 127-131, 470, 401, 535. — Tissot, op. cit., II, p. 50. -^ 
Corpus, VllI, 101. 

2. DiEHL, op. cit., p. 131, 210-233. 

3. DfEiii., op. cit., p. 3:50-337, 233, carte p. 272, 102, 337, :iOO, 
\. OiEiiL, op. cit. y p. 557-502, 



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200 I. \ GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

à Capsa et au Djerid, puis, leur razzia terminée, se retirÚrent 
1^1 Kiirjple avec le gros de leur armée *. 

Mais les Musulmans n'avaient pas vu impunément les riches 
plaines de la ByzacĂšne : en 669, Okba ben Nafa envahit de 
nouveau le pays avec 10.000 cavaliers d'Ă©lite, s'empara de 
CasUlia (Tozcur), de Kafsa, et, sans rencontrer aucune résis- 
tance, s'avança jusqu'Ă  Kairouan oĂč les Arabes s'Ă©tablirent 
définitivement 2. L'Afrique byzantine avait disparu presque 
sans combat. 

L'Afrique berbÚre se souleva : réunis sous rautorité de 
Koceilah puis de la Kahena, la prophétesse, les populations 
de la ByzacĂšne s'insurgĂšrent contre les nouveaux maĂźtres du 
pays; mais elles refusĂšrent de suivre le conseil de la Kahena, 
de détruire toutes les plantations ot leurs villes pour faire le 
dé?ert devant les envahisseurs ; elles préférÚrent la conver- 
sion Ă  la ruine. 

ApiÚs un siÚcle de troubles, la paix régna en Ifrikia, sous 
la domination des gouverneurs Aghlebites, des khalifes Fale- 
muh's et des premiers Zirides ; le sud de la Tunisie, sous une 
lulnnnistration tolérante, connut une grande prospérité; les 
lïalïitiints de Kafsa et de la région voisine conservÚrent 
avec leur vieux langage gréco-latin, leurs procédés agricoles 
pn-fectionnés, et restÚrent constitués en province autonome 
d(»n1 la puissance arrĂȘta longtemps les hordes arabes de l'in- 
vasion hilalienne (1053)'^. 

Kn ellet, « quand El-Moczz^ abandonna Kairouan et se ren- 
dit à El-Mehdïa, aprÚs avoir vu désorganiser son empire par 

L Umiii., op. cif.j p. 57(K»71. El-Hekri, p. H7. Hcilkde, CvHuve de VoUvkr, 

'*, LdTfi, Hhl. delĂ  Tunisie, p. 111-120. 

'A lil,. Ihid., p. 120-15!.— Supra, p. 8l-Se. 

Ăź rn^ tĂšmmc berbĂŽre d'une tribu do l'Aui-Ăšs, la Kaliena, cclĂšbi**^ par $on 
pouvoir de divinisation, se mit à la UHc do la révolte, battit plusieurs fois les 
Anvboßiet, pour lescbasser du pays, proposa de détruire les riches plantations 
qui W y attiraient. Un certain nombre do ses partisans l'abandonnĂšrent. Elle 
fut luĂȘe au siĂšge de ramphithĂ©Ăątre d'EI-Djem. 

L n Moozz ibn Badis, souverain ziride do Kairouan, 



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HISTOIRE MILITAIUK. 2Cfi 

rĂźnvasion des Arabes, la ville de Kafsa avait pour gouverneur 
un officier nommé par le gouvernement (Ziride) et appelé Ibn 
Abd Allah Ibn Mohammed Ibn er-Rend. Cet homme Ă©tait ori- 
ginaire de Djerba et sa famille, les BĂ©ni Sadghiau, habitait 
El-DjoueĂźn dans les pays des Nefzaoua. Selon Ibn Hakhil, il 
appartenait aux BĂ©ni Izmerten, famille maghraouienne. Abd 
Allah, ayant maintenu son autorité dans Kafsa, pourvut à la 
tranquillité du pays et à la sûreté des voyageurs au moyen 
d'un tribut payé aux Arabes. En Tan kïb (1053-54) il se dé- 
clara indépendant et reçut la soumission de Touzer, Neftn, 
Takïous, El-Hammat et d'autres localités de la province de 
Casiilia. Parvenu ainsi à un haut degré de puissance, il attira 
à sa cour les poÚtes et les hommes de lettres, tous empressés 
à célébrer ses louanges. Jusqu'à sa mort, il ne cessa de témoi- 
gner un profond respect pour les personnes qui s'adonnaient 
à la dévotion. Il mourut en 465 1072-1073) ». 

« Abou Omar el-Moyezz, son fils et successeur, s'étant assuré 
l'exercice du pouvoir et l'obéisscance du peuple, recueillit de 
fortes sommes d'argent provenant des impĂŽts, et gagna par 
ses Ubéralités tant de partisans qu'il se mit en état de soumettre 
Camouda, le dj. Hoouara, les autres villes de Castilia et 
toutes les dépendances de cette province. AprÚs une longue 
et heureuse administration, il perdit la vue, et comme son 
lßls Temin venait de mourir, il désigna pour successeur au 
trĂŽne son petit-fils Yahya Ibn Temin. Ce jeune homme parvint 
Ă  tenir son aĂŻeul en tutelle, mais leurs Ă©tats continuĂšrent 
néanmoins à jouir de la plus grande prospérité. En Tan 55V 
(1059) Abd el-Moumen * assiégea Kafsa, renversa la famille 
régnante et en envoya tous les membres à Bougie. El-Motlez 
mourut dans cette ville en l'an 557, Ă  TAge de cent quatorze 
ans, ou de quatre-vingt-dix d'aprÚs un autre récit. Son peti^ 
fils Yahya mourut peu de temps aprÚs^. » 
Cette expédition fut une conséquence de l'occupation du 

1. Promicr souverain des Alinohatles, Lnin, oy>. cil., p. IGO. 

2. Ibn Khai.doln, Hist. des lirrbhrs, II. p. %\-^{. 

LA GAFSJV ANCIKNNE. 14 



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202 LA GAFSA ANCIENNE ET MODEHNE. 

Sahcl et prol)ablemcnt de Kafsa* par Uoger II, roi des Nor- 
mauds de Sicile (1U6-1154), qui surveillait allentivc ment de- 
puis trente ans les mouvements des tribus arabes et berbĂšres, 
entretenait leurs rivalités, et força le dernier souverain ziride 
El Hassan à abandonner son royaume et à se réfugier à Bougie. 
Le chef de la secte des Almohades, Abd el-Houmen, profita 
de ces circonstances pour envahir le pays et y Ă©tablir son em- 
pire : il dut attacher un prix tout particulier Ă  la prise de 
Kafsa, siÚge d une puissante dynastie berbÚre, alliée peut-Úlre 
aux Normands qui s'en étaient emparés et qu'il assiégeait à 
ce moment dans Mehdia^. Mais il ne réussit pas à vaincre l'es- 
prit d'indépendance des gens de Kafsa. 

En effet « Abd el-Moumen confia le gouvernementale Kafsa 
Ă  NĂŽman Ibn Abd el-Hack, membre de la tribu des Hinlata ; et 
trois années plus tard il le remplaça par Heimoun Ibn Addjana, 
de la tribu des Guenfiça. Meimoun eut pour successeur Ems<in 
Ibn Mouça le Sanbadjan. Le nouveau gouverneur se conduisit 
d'une maniÚre si tyrannique que les habitants résolurent de 
lui enlever l'autorité. Ayant appris qu'un petit-fils d'El-Mottez, 
noniint* Ali Ibn el-Ezz, se trouvait Ă  Bougie dans un Ă©tat voi- 
mii de l'indigence, et exerçant le métier de tailleur, ils le 
firent venir à Kafsa, massacrÚrent Emsan Ibn Mouça, et char- 
gÚrent Irur protégé de régir l'état et de protéger le peuple. 
Kn l'an 563 (1167-1268), le Cid Abou Zekeria, fils d'Abd ei- 
Moumeii, mit le siĂšge devant Kafsa, d'aprĂšs les ordres de son 
frÚre Yoiiçof ; mais bien quil serrùt la ville de fort prÚs et 
qu'il abattit les dattiers dont elle était entourée, il fut obligé 
J*opérer sa retraite -K » 

Vers cotte Ă©poque probablement, Taventurier Ibrahin ben 
Ferakotini « alla sommer les Béni er-Rend, chefs de Kafsa. 
Ceux-ci lui livrĂšrent cette place avec d'autant plus d'empres- 

1. PiLi.isfïtEK, Ejploralion scientifif/ue de rAlgéne, Mém. historii^uat et gÚoyr., 
ilU |i, IM;\ Mauroy, Précis de l' histoire et du commerce dp VAfnque du \ord, 

2. LûTij, 1^'. ri7., p. i:.l-l,7.», 159-167. 

3. ias kiiALDOUN, op. cit., II, p. 34. 



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HISTOIRE MILITAIRK. 'Ml 

sĂšment qu'ils avaient de 1 eloignement pour les BĂ©ni AbJ **1- 
Moumen, et se sentaient plutÎt entraßnés vers les Abbassldcs et 
disposés à dire la Khoteba en leur faveur. Ibrahim fit son en- 
trée dans la ville et fit proclamer dans la priÚre solenni^lle le 
nom du khalife Abbasside,suivi de celui de Selahaddin, Ibra- 
him et ses partisans furent tués plus tard dans Kafsa, par hll- 
Hansour^. » 

Aussi dÚs (( Tan 576 (1180-1181), Youçof, fils d'Abd el Mou- 
men, vint en personne assiĂ©ger Kafsa, et, ayant forcĂ© Ibn „À- 
Ezz Ă  se rendre, il Tenvoya au Maroc avec sa famille et lui 
permit d'emporter ses trésors. Le prince détrÎné reçut du 
conquérant la place d'administrateur des impÎts à Salé et rem- 
plit les fonctions de cet office jusqu'Ă  sa mort. Avec lui finit la 
dynastie des Rend- ». 

L'esprit d'indépendance des gens de Kafsa ne disparut pas 
malgré Texil définitif de leurs chefs les plus célÚbres. Ilsprirent 
successivement parti pour Ibn GhanĂŻa, candidat almoravide au 
trÎne des Almohades (1185) ^ et furent assiégés par El-Man- 
sour qui fit raser les murs de la ville mais respecta la citadelle 
(1185)*. De puissantes familles fournirent des cheikhs culĂšbres 
Ă  Kafsa et aux oasis voisines'*, dont Thistoire, jusqu'Ă  Toccu- 
pation turque, n'est que le long récit des luttes des DJernans 
et des seigneurs locaux contre le pouvoir central des kha* 
lifes. 

« Depuis l'Ă©poque oĂč le partage de l'empire hafside en deux 
principautés, celle de Tunis et celle des provinces occidenta- 
les*'», eut empĂȘchĂ© l'autoritĂ© impĂ©riale d'Ă©tendre plus longtemps 
une ombre tulélaire sur le Djerid, les habitants de cette ré- 
gion se laissaient gouverner par une junte composée de leurs 



1. Et-Tiojam, p. Ui^-m\, 

2. Ibn Kiialdoln, op rit.. H, p. 31. 

lü. Pavy, Histoire de la Tunisie^ p. 'M7>-[]'iO. — Lotii, op cit., p. 1(j3-105<J* 

4. Pavy, Ibid. — TissoT, op cit.. H, p. 671. .Jean LĂ©on l'ÀFRtCAis, III. [kK^I 

5. Ibn Kiialdoln, op. rit,, III, p. 115, 501. 

6. LoTH, opcit., p. 173-171, Abou Zokeria II se rendit indépendant à la laveur 
de l'insurrection qui suivit la mort d'El-Mostancer, 1277-1284. 



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204 L\ G\FSA ANCIENNE ET MODERNE. 

cheikbs^.. A TĂ©poquc oĂč les localitĂ©s du Djerid passĂšrent 
sous l'administration de conseils indé|>endants, Ka&a avait déjà 
pour président Yahya Ibn Mohammed Ibn Ali Ibn Abd el-Dje- 
bil, membre de la famille Abed, une des premiĂšres maisons 
de la ville. Les Abed prétendent remonter à Bila (tribu hi- 
myerite descendue de Godàa) et avoir vécu en confédération 
avec plusieurs fractions de la grande tribu des Solein. On ne 
saurait préciser Tépoque de leur établissement à Kafsa, mais 
un sait qu*ils s'incorporĂšrent dans la population de cette ville 
et qu'ils y prirent rang avec les familles les plus puissantes, 
les Boni Abd es-Samed et les BĂ©ni Abi Zeid. Sous le rĂšgne 
d*Abou Zekeria- : 1** la présidence de Kafsa fut exercée par un 
membre de la famille Abou Zeid auquel le monarque avait 
confié la perception de TimpÎt dans le Djerid; accusé d'avoir 
détourné une partie de ces sommes... ce fonctionnaire perdit 
sa place et encourut une amende de plusieurs milliers de 
piÚces. AprÚs lui la présidence fut exercée tantÎt par Tune, 
tantÎt par Tautre de ces familles. Lors du rétablissement des 
conseils administratifs dans le Djerid, l'esprit d'indépendance 
renaquit Ă  Kafsa et comme les BĂ©ni Abed y formait le parti 
le plus puissant, leur chef, Yahya Ibn Ali, obtint la prési- 
dence ^ » 

Le souverain mcrinidede Fez, Abou '1-Hacen, avait envahi la 
Tunisie à la mort de son allié le hafside Abou Yahïa^ : « U am- 
bitionnait surtout l'honneur de soumettre le Djerid. En Tan 
735 (133'») il marcha sur Kafsa, ville dont Yahya Ibn Moham- 
med avait usurpé le commandement '\ Ce chef... gouvernait 

L lus KllAI.DULX, 0/J. ClL, m, p. l. 

2. xMjou Zekerial*", gouverneur hafside pour le khalife Alniohade, se déclara 
tiidi^ pendant en l'23(3, 10 ans avant la mort d'El-Mostancer son successeur, 
doTii h' tlécÚs amena le démembrement de l'empire hafside et ravÚnement de 
Vahya ibn Ali (Abed) à Kafsa. — Loth, op. ciL, 167-174. 

X \m\ Khaldoin, op. ri/., lll, p. 145. 

I. LnTH, op. rif., p. 175. Abou Yahïa avait réussi à rétablir l'unité de l'em- 
l^n^ hnl'side. 

r>. Les murs avaient sans doute été reconstruits, ou il s'agissait de la cita- 
delle. 



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t 



HISTOIRE MILITAIRE. 20o 

alors en maĂźtre. Le sultan livra plusieurs assauts Ă  Kafsa, et 
foudroya la place avec ses catapultes sans pouvoir s'en em- 
parer; mais ayant commence Ă  faire abattre les palmiers et 
arracher les plantations des alentours, il obligea les habitants 
à implorer sa miséricorde. Le peuple de Kafsa rentra de celte 
maniĂšre sous Tombre bienraisante du gouvernement hafside^, 
aprÚs avoir été pendant un temps au grand soleil de Tindé- 
pendance; ils reçurent du sultan un accueil plein de bonté et 
d^udulgence. Ce prince Ă©tendit sur eux le manteau de sa jus- 
tice et accorda Ă  leurs pauvres des portions de terre, soit en 
don, soit en fief. Il renouvela les édits impériaux qui avaient 
été promulgués en leur faveur et qu'ils avaient soigneusement 
conservĂ©s; il choisit mĂȘme leur ville pour la rĂ©sidence de son 
lils, l'émir Abou '1-Abbas, désigné plus tard comme son succes- 
seur au trĂŽne... 

« Il conseilla de traiter les habitants avec une grande bien- 
veillance 2. o 

Les gens de Kafsa n'apprĂ©ciĂšrent pas Ă  la mĂȘme valeur que 
l'historien Khaldoun « Tombre bienfaisante » du gouverne- 
ment d'Abou '1-Hacen et « le manteau de sa justice ». Us lui 
préférÚrent l'autorité de leurs cheikhs de la famille des Abed 
dont la domination ne devait pas ĂȘtre si ruineuse et si tyran- 
nique que le dit Thistorien arabe. Ils furent les premiers Ă  se 
révolter, à la mort de leur gouverneur en 747, contre le kha- 
life Abou 'l-Hacen qui fut bientÎt chassé de Tunisie par le haf- 
side El-Fadel. Les Abed revinrent de KabĂšs oĂč ils s'Ă©taient 
réfugiés, et Ahmed Ibn Omar Ibn el-Abed, prince simple, 
modeste et juste, devint président de la Djemaa de Kafsa ^. 

Le gouvernement de Ahmed Ibn el-Abed, prévoyant une 
prochaine expédition de Tunis, entra en relations avec les 
tribus nomades du voisinage et leur distribua des sommes 
considérables, se flattant qu'elles leur serviraient de rempart. 

1. Abou 'l-IIacen Ă©tait un prince mĂ©rinide do Fez. — Loth, <>//. ciL, p. 173. 

'l. Ibn Khaldoun, op. cit., Ill, p. 2. 

3. Ibn Khaldoln, op. cit., III, p. 146, 150. 



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206 LA GAFSÀ ANCIENNE ET MODERNE. 

Effectivement le sultan Abou 1-Abbas vint mettre le siĂšge de- 
vant Kafsa, et voyant qu'il ne pourrait avoir raison de la cité 
par les armes, il employa la seule taclique susceptible d'in- 
quiéter sérieusement les gens de Kafsa et de les séparer de 
leur cheikh : « // commença à faire abattre leurs dattiers. 
AussitĂŽt cette population de cultivateurs quitta ses demeures 
et passa du cÎté des Hafsides, en abandonnant son chef Ahmed 
Ibn el-Abed, vieillard dont Tesprit s'Ă©tait affaibli avec TĂąge 
(780, février-mars 1379) ^ » 

Le sultan laissa comme gouverneur Ă  Kafsa son propre fils 
Abou Bekr, remplacé Tannée suivante par un officier de rang- 
Ă©levĂ©, Abd Allah ct-Toreiki (782 Ă  791 — 1380-81 Ă  1391-92). 
Il compta sans Tesprit d'indépendance des gens de Kafsa et 
sans l'ambition de la famille des Abed chassés du pouvoir : 
« Ed-Doneiden n'avait pas été atteint par la proscription dont 
le sultan avait frappé la famille des Abed et, pour cette raison, 
il Ă©tait restĂ© Ă  Kafsa, oĂč il remplissait avec intelligence et pro- 
bité les fonctions de distributeur des eaux de la ville; il fit 
empoisonner le fils du gouverneur, chassa de la ville tous les 
Et-Toreiki, et confisqua leurs biens. Le sultan, voyant les 
Kafsiens persister dans leur égarement malgré ses remontran- 
ces et ses menaces, rassembla une armée, soudoya les Arabes 
et se mit en marche. Vers le milieu de Tan 795 (mai 1393), 
il campa sous les murs de Kafsa et, ayant reconnu que les 
habitants s'y étaient fortifiés, il les attaqua vigoureusement et 
leur fit éprouver des pertes considérables. Au moyen d'un 
blocus sévÚre, il leur coupa les vivres et ensuite il fit abattre 
leurs dattiers, afin de faciliter ses communications,,. Les assié- 
gés étaient réduits à la derniÚre extrémité quand leur cheikh, 
Ed-Doneiden, se rendit auprĂšs de lui afin de ratifier une capi- 
tulai ion qui devait assurer le salut de la ville et de ses habi- 
tants. En le voyant arriver le sultan trahit sa parole et le fit 
arrĂȘter, croyant hĂąter ainsi la reddition de la place... Quand 



1. hs Khaldoun, op, cit,, nu p. 150, p. 91-93. 



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HISTOIRE MILITAIRE. 207 

les notables de Kafsa apprirent la conduite déloyale du sul« 
tan, ils se ralliĂšrent Ă  Omar (membre de la famille des Abed 
emprisonné par Ed-Doneiden) et lui confiÚrent le commande^ 
ment. Ensuite ils cherchÚrent à exciter la commisération des 
tribus arabes et, pour les toucher davantage, ils leur firent 
passer de l'argent avec le conseil de ne pas risquer la perte 
des trésors qu'elles avaient déposés dans la ville. Soula Ibn 
Khaled répondit à leur appel et, profitant de Téloignement 
des Arabes, alliés du sultan, lesquels s'étaient répandus dans 
les environs pour faire paßtre leurs chameaux, il déploya ses 
Ă©tendards Ă  Timproviste et parut Ă  la tĂšle de son peuple les 
Oulad Abi '1-Leil » ; le sultan fut obligé de se retirer. Mais une 
discorde Ă©clata entre les vainqueurs : Omar assassina Ed-Do- 
neiden et la population mécontente de cet acte de perfidie fit 
sa soumission au sultan^. Kafsa perdit définitivement son in* 
dépendance et la lutte sécuLairc de la Djemaa et des grandes 
familles cafsiennes contre les khalifes de Tunis se termina 
trente ans seulement avant Toccupation turque, non par l'Ă©- 
puisement, mais Ă  cause des dissensions des Ksouriens de 
Kafsa. 

11 est assez facile d'entrevoir les causes Ă©conomiques de la 
résistance des gens de Kafsa et de se représenter leur organisa- 
tion militaire, sans qu'il soit possible de discerner exactement 
si l'ardeur du particularisme religieux des Kafsiens- s'ajoutait 
à l'ambition de leurs chefs pour surexciter leur esprit d'indé- 
pendance et éveiller contre eux les susceptibilités des khalifes. 
TrÚs prospÚre et comprenant « plus de 200 ksours^ » au 
xi*^ siÚcle, située au centre d'une région naturelle dont les pro- 
ductions variées pouvaient suffire à la nourriture et aux be- 
soins essentiels de ses habitants, l'oasis de Kafsa n'avait pas 
besoin pour vivre des secours Ă©trangers ni des subventions du 
gouvernement de Tunis : dÚs lors les prétentions fiscales et 

1. Ibn Khaldol'n, op. cit., III, p. 110-121. 

2. Supra, p. 167 el sq. 

3. El-Bekri, p. 114. 



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208 r.A GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

centralisatrices excessives et inutiles de celui-ci devaient pa- 
raĂźtre vexatoires, et son Ă©loignement devait encourager Tan- 
tique palrioiisme communal des maraßchers de Kafsa, flxés au 
sol par des siĂšcles d'Ă pre culture et par rattachement Ă  leurs 
sources, cette forme africaine de l'attachement Ă  la glĂšbe, 
presque incapables de concevoir une forme politique diffé- 
rente de celle oĂč s'Ă©tait dĂ©veloppĂ©e depuis des siĂšcles leur 
mentalité. 

Quand Tarmée du khalife était signalée, les habitants quit- 
taient leurs jardins pour quelques semaines; ils se réfugiaient 
dans leurs villages fortifiés, El-Ksar, le Ksar Kalla, le Ksar 
Sidi Mansour, Ksour Naata, Sidi Ahmed Zarroung, le Ksar Kafsa, 
d'autres encore, disséminés dans Toasis jadis plus étendue. 
GrAce Ă  leurs silos soigneusement remplis, grĂące Ă  leurs puits 
et à leurs sources situés à Fintérieur des murs, ils pouvaient ré- 
sister longtemps; parles fossés d'irrigation, derriÚre les levées 
de terre de la palmeraie, ils pouvaient se glisser jusqu'Ă  l'en- 
nemi hésitant à s'engager dans le dédale des plantations, 
tandis que les nomades du voisinage, leurs alliés, pouvaient 
harceler les assiégeants, couper leurs convois, enlever leurs 
chameaux ; la Kasbah de Kafsa, oĂč se trouve luie source jaillis- 
sante^, offrait aux plus tenaces dans la résistance un dernier 
refuge considéré à juste titre comme imprenable. Les Ksou- 
riens ne s'Ă©mouvaient que quand leur richesse et leur subsis- 
tance mĂȘme se trouvaient menacĂ©es par la destruction des 
palmiers : ils se soumettaient pour sauver leurs dattiers; mais 
Ă  peine le vainqueur avait-il disparu, la Djemaa et ses chefs 
reprenaient leur indépendance; si bien que la succession de 
toutes les luttes, de tous les siĂšges de Kafsa, ne doit pas nous 
apparaßtre comme une série de crises graves, mais comme 
l'état politique permanent et nécessaire du pays. 

Un dicton du Djerid a conservé le souvenir populaire de l'ar- 
rogance des gens de Kafsa : 

l. Supra, p. 27 et sq. 



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HISTOIRE MILITAIRE. 209 

« KaPsa est misérable ; 



SoD eau est du sang ; 
Son air est du poison ; 
Tu y resterais cent ans, 
Sans t'y faire un ami *. >» 



Autant qu-il nous est possible d'en juger par les documenta 
bien incomplets que nous possédons sur rétablissement 1519- 
1574.) et les cent cinquante premiÚres années de la domination 
turque, les kafsiens restĂšrent calmes et soumis, comme s'ils 
eussent été épuisés par leurs luttes récentes, et incapables de 
lutter efficacement contre le pouvoir central de Sinanc Paclia, 
des deys IsmaĂŻl, Moussa, Othman et Youssef (157'*-1637) et 
des Beys Hamouda et Mourad (1637-1672 2). 

Mais dÚs que des difficultés extérieures ou intérieures sur- 
gissent pour le gouvernement de Tunis, Tautorité turque 
semble affaiblie « au Djerid », ce qui signifie, dans le langage 
de l'Ă©poque, Ă  Kafsa et dans les oasis du DjeriJ propre. L'aiio 
nymede 1703 rapporte en effet qu'une expédition fut dirigée 
contre les habitants du Djerid par le « Bey Morat «^ que Ton 
peut identifier soit Ă  Mourad I, bey sous le rĂšgne de Youshcf 
Dey (1610-1637) et vaincu par les Algériens, soit à Mourad Key 
(1663-1672) dont le rÚgne fut trÚs troublé*. Le 12 décembre 
1755, le consul de France Ă  Tunis, de Sulauze, Ă©crit Ă  Machault 
que « Ton ne s'occupe plus à Tunis que des préparatifs de la 
guerre contre les Algériens... le bey et Sidi Mamet doivent 
partir sous peu avec 1.000 ou 1.200 hommes pour le Camp 
d'hiver etTun d'eux ira jusqu'au Djerid ou l'on prétend que 



l. TissoT, op. cit., II, p. G71. 

t. LoTH, op. cit., p. 18011I, part 181, 187, ^03, Zm. 

3. Éfat d^s royaumes de Barbarie^ Tripoly, Tunis et .l/^er. Anonyme, Rouen. 
1703, p. 150 et sq. 

4. LoTH, op. cil., p. -^2-203, -m-ni-K 



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210 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

les arabes d'Alger ont déjà fait des incursions ' » ; et Mo- 
hammed Segnir bcn Youssef signale la marche d'Ali Pacha 
(1740-1756) qui entre Ă  Kafsa et Ă  El-Ilamma, bat les Hammama 
et fait sentir partout son autorité de la façon la plus dure * ». 

Ces expéditions montrent que Kafsa n'avait pas pei-du toute 
importance politique au xvii" et au xviir siĂšcles. Elle conserva 
mĂȘme une certaine renommĂ©e intellectuelle prĂšs de trois siĂš- 
cles aprĂšs la disparition de ses princes, les Abed, puisque Hus- 
seĂŻn bey (1705-1740) y lit construire une medersa ^. 

D*ailleurs jusqu'à l'occupation française, le gouvernement 
bcylical se crut obligé d'organiser chaque année une prome- 
nade militaire Ă  Kafsa et au Djcrid, pour lever des contribu- 
tions « dont le montant n'équivalait pas aux dépenses occa- 
sionnées par le camp turc ». C'est dire le prix qu'il attachait à 
la tranquillité des populations de la région. En effet, écrit en 
1826 le vice-consul de France, Marcschau, qui accompagna le 
camp turc : « Le but réel est de montrer tant aux populations 
de l'intérieur et des frontiÚres qu'aux peuplades voisines un 
des princes Ă  la tĂȘte d'une forte armĂ©e, et de consolider l'auto- 
rité de la famille régnante par la distribution de la justice cl 
des emplois, car, durant la campagne, MustafaBey exerce réel- 
lement par délégation une souveraineté pléniÚre. La levée 
des daltes est non seulement un prétexte périodique et qui 
n'éveille aucune inquiétude, mais encore elle est un appùt sans 
lequel il serait peut-ĂȘtre difficile de rĂ©unir sous les drapeaux 
les conlingents des diverses tribus nomades qui, dans l'inté- 
rieur, occupent presque tout l'espace compris entre Tunis et 
Tojßfiur ^ » 



l. Eut'tßïiP Plantet, Correspondance des beya de Tunis, II, p. UKß, piÚco KW. 
:!. LoTĂźt. op. cit.f p. '^'2t\. Mohammed Seomr uen Youssek de Beja, (yO ans d'his- 
tohr dr hi Tunisie, II. Tun., 1Hλ8, p. 170. 
;i. \jir\Uop. rit., p. 2I1>. Mohammed Se. .MU ben Yolssef, o;*. cit.yli. Tun.^ I81»Î, 

p. \m. 

L MAMtsiHAU, Voyage dans le sud de la Tunisie, lettres au Miiiisti"o des 
Affaires i^trangùres, II. Tun., IÎM)1, p. 14ü>155. 
Tr*=soT ar:compagna le camp Uirc en 1857. f)j). cil,, II, p. 247. 



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HISTOIRE MIIJTAÏRE. 211 

Ces maairestatioDS du pouvoir central, dirigées surtout 
contre les nomades, étaient d*autant plus nécessaires, au 
xix** siĂšcle, que la garnison de Gafsa Ă©tait trĂšs faible : t Les 
bastions ne m'ont pas été montrés, écrit Guérin en 1862. Le 
mieux armé, appelé Bordj el-Medaja (la tour des canons), est 
défendu, m'a-t-on dit, par neuf grosses piÚces; mais les canon - 
niers manquent et, sauf quelques gardiens, cette Kasbah ne 
contient pas actuellement de garnison*. » 

En réalité les nomades du voisinage, les llammama, étaient 
les maĂźtres de Gafsa : infiniment plus courageux que les cul- 
tivateurs ksouriens assagis par deux siĂšcles de ruine et 
d'oppression militaire et fiscale, les Hammama interdisaient 
aux Gafsiens de dépasser le col de FAssalali, à i kilomÚtres 
au nord de leur citĂ©, sous peine d'ĂȘtre dĂ©valisĂ©s, et considĂ©- 
raient comme un droit imprescriptible la liberté de leurs 
razzias et de leurs pillages ^ Us se disaient les fidĂšles sujets 
du bey, mais pour aller piller en son nom. Le jour mĂȘme de 
sa naissance, chaque enfant mùle était posé par son pÚre sur 
un cheval tout harnaché et salué par deux vers traditionnels : 

« La selle el la bride ; 
Et la vie sur Flslain! » 

« C'est-à-dire que l'enfant n'aurait pour tout héritage 
qu'un cheval et des armes; à lui de se conquérir la vie de 
chaque jour par la maraude sur ses frÚres les musulmans. » 

« Tous ces pauvres villages, écrit Duveyrier, en parlant de 
Gafsa et des oasis voisines, sont dans la main de la tribu 
voisine et trÚs turbulente des Hammama, sinon peuplés par 
elle... Us ont assez de bon sens pour entrevoir les avantages 
beaucoup plus grands que leur assurerait un Ă©tat de choses 
plus régulier. Le 24 mars 1860, les notables du village d'El- 
Guettar, réunis dans la maison du cheikh, et s'adressant à 



1. GuĂ©rin, voyaye dans la rĂ©yence de Tunitt, 1, p. ‱27<». 

2. E. Reçus, Géof/r. f/énét\, t. XI. p. m. 



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212 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

nous, dirent, en levant les mains au ciel : « Mon Dieu ! mon 
« Dieu! combien nous voudrions que les Français fussent 
« maßtres de ce pays! » Ce n'était certes pas notre trÚs modeste 
Irainde voyage ni nos largesses qui pouvaient leur en imposer 
et leur dicter un aveu aussi inattendu '. » 

GuĂ©rin, visitant Ă  la mĂȘme Ă©poque la prison de Gafsa pleine 
de malheureux qui n'avaient pu acquitter entre les mains 
de leur CaĂŻd TimpĂŽt beylical des 36 piastres^, entendit les 
mĂȘmes plaintes : Tun des dĂ©tenus, l'ayant reconnu pour 
Français, s'écria : « Pourquoi tes compatriotes ne viennent-ils 
point s'emparer de ce pays, afin de nous gouverner plus jus- 
tement que ceux qui nous régissent et nous délivrer des im- 
pÎts qui nous écrasent-^? » 

La tyrannie des nomades et de l'impĂŽt furent les deux 
grands ennemis de Gafsa : ils la ruinĂšrent peu Ă  peu et la 
réduisirent à l'état de décadence ou elle se trouvait au moment 
de l'occupation française*. 



Deux mois aprÚs le traité de Kassar-Saïd (12 mai 1881)^ et 
rétablissement du Protectorat français en Tunisie, l'attention 
Tut littirée sur la remuante tribu des Hammama qui faisait par- 
Lie de l'ancien çof des Ahsinia, défenseurs du Bey^, et sur 
l'oasis de Gafsa. 

Deux dĂ©pĂȘches de Tunis, datĂ©es du 18 et du 24 juillet, 
signalaient en effet la marche de 1.500 cavaliers hammama sur 
Kaii'ouan, Tinsécurité absolue delà route de Gafsa et du DjCrid, 
intestée de maraudeurs, et les eltbrts violents mais impuissants 
faits par les Hammama pour décider les paisibles ksouriens 



L Dlveyuier, La Tunisie, p. 97 -UW. 
2. Probablement la Medjba, impĂŽt do capitation. 
X (JuÉKix, op. ril.f I, p. -iTC». 
L Supra, p. 81 et sq. 
Ti. LoTH, op, cil. y p. 270. 

<j. Tirant et Rebatel, op. cit., Tour du Monde, 1875, I, p. 300. — Anonyme, 
H. Af, Frajiçaise, VI, 1888, p. 188 à 190. 



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HISTOmK MILITAIRE. 213 

de Tozeur Ă  faire cause commune avec l'insurrection. En 
mĂȘme temps, TidĂ©e Ă©tait Ă©mise que l'envoi d'une colonne dans 
cette région pourrait en assurer la pacification en ralliant 
à la cause française plusieurs tribus fatiguées des obsessions 
et des exigences des insurgés*. 

De nouveaux mouvements des Hammama Ă©taient connus 
le 22 aoĂ»t et le 9 septembre. Une dĂ©pĂȘche du 5 septembre 
annonçait qu'une troupe de :!00 habitants de Gafsa, armés 
mais paisibles, avait été attaquée par erreur à sa sortie de 
Tunis; Ă  cette date leur tribu Ă©laĂźt du reste encore insoumise. 
A la fin de septembre, aucune tribu importante du Djerid 
n'avait encore fait parvenir Ă  Tunis sa soumission 2. 

Dans les premiers jours d'octobre, la nouvelle s'étant répan- 
due parmi les indigÚnes, que Gafsa était occupée par une co- 
lonne française, plusieurs tribus effrayées voulurent se sou- 
mettre 3. 

En réalité, la brigade Forgeniol, chargée d'occuper Gafsa, ne 
quitta Kairouan que le 11 novembre *, douze jours aprĂšs la 
prise de cetie ville, et entra Ă  Gafsa le 20, sous le commande- 
ment du gĂ©nĂ©ral Saussier, aprĂšs avoir enlevĂ© 15.000 tĂȘtes do 
bétail aux environs de Toued Djilnia, et sans rencontrer aucune 
résistance. Les nomades s'étaient réfugiés au sud duchott sans 
accepter le combat : des reconnaissances furent envoyées à El- 
Guettar, Ă  Oum Ali et Ă  El-AyaĂŻcha dont les habitants furent ca- 
nonnéspar le général de Gislain et firent leur soumission ; elles 
constatĂšrent la fuite des nomades, relevĂšrent les traces de 
leur passage, se mirent en relations avec la brigade Logerot 
(GabĂšs) et rentrĂšrent Ă  Gafsa le 29 5. 

Pendant ce temps, la colonne Jacob, partie d'Algérie, occu- 

I. Le Tempif, 20 et :i6 juillet 1881. 

i. Le Temps, l iioût, 7 et II septoiiibrc 1881 ; '28 soptoiiibre 1881, lottro do Sousso 
flatéc (lu 18. 

3. Le Temps, 5 octobre 1881, dÎpt^che de Tunis datée du V\ 

1. L'expĂ©diiion de Tunisie, p. 9U. — La Tiniiniey p. HTi. — La Tunisie fixe au 
10 novembre le départ de Kairouan. 

5. L'expédition de Ttoiisif*, p. ß»2-9l. La Ttttiisie, p. !{15. 



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214 L\ (;AFSA ANCIENNfc: KT MODERNt:. 

pait Tamcg-hza le 20, rejoignait Ă  Gafsa la brigade Forgemol 
et la colonne Le Noble, venue du sud, occupait Nefta le 24, 
Tozeur le 27, désarmait le Djerid et rentrait à Debila le 1" dé- 
cembre ^ 

Rassuré par la tranquillité du pays, le général Saossier se 
retira le 4 décembre avec la colonne Forgemol, laissant à Gafsa, 
dont il appréciait Fimportance stratégique, k bataillons d'in- 
fanterie, 2 escadrons de cavalerie et 2 sections d'artillerie, 
sous les ordres du colonel Jacob qui reçut la mission délicate 
de « contenir les rebelles au delĂ  des cbotls et de les empĂȘ- 
cher de revenir dans leurs terrains de labour jusqu'Ă  ce qu'ils 
eussent fait leur soumission ». L'effet de ce déploiement de 
forces et de ces instructions fut presque immédiat : à la fin de 
décembre les principales tribus avaient demandé Faman^. 

Le 28 janvier 1882, le général Philebert reçut à Djilma l'or- 
dre de venir relever la garnison de (iafsa avec la moitié de sa 
brigade 'K 11 envoya en avant-garde, le 5 février, un bataillon 
avec son artillerie, ses bagages et ses bĂȘtes de somme *, et 
partit lui-mĂȘme le 8 avec 3 bataillons d'infanterie et 2 esca- 
drons de cavalerie, laissant Ă  Djilma le lieutenant-colonel 
Freyermuth avec une réserve de 3 bataillons '». Le 14, il fit son 
entrée à Gafsa et fut reçu par le colonel Jacob et les autorités 
indigùnes *‱. 

tt Cette réception, écrit avec enthousiasme le général Phile- 
bert, eut un éclat considérable. On en parla longtemps dans 
les tribus, et elle eut une influence plus grande qu'on ne se le 
figure sur Fobéissance, la soumission et le respect des indi- 
gÚnes. C'est un vrai sultan qui est entré à Gafsa, disaient les 



1. UexpĂšdiCwndc Tuniaie, p. 1)1. Jm TKnisie^ p. ;U5. 

■Jk lyxpĂ©dilum de Tunisie, p. ÎU. 

-», liéiiéral Philebekt, L<i sixif'me hviijndf eu Tunisie^ p. ßK). 

L \iV (le li^no. ITt^ hommos, lir» rliovaiix, :KM> imilots, Xi() chamoaiix, 4 ca- 
nons, l.'i voitures, 2.') arabas. 

Tk 01- ot IKr (le ligne, 27" cliass(nii's Ă  pied, - 0' liussanls. l.ĂŽ<X) hommes, 
ny clievaux, 112 muleU, lOG chameaux, — 1.900 hommes de rĂ©serve. 

0. i&.yibid., p. 109-112. 



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histoire: MILITAlRt:. 215 

bédouins; ou lui a rendu autant d'honneurs que si le Bey lui- 
mĂȘme Ă©tait venu. Et il connaĂźt nos usages, c'est lui-mĂȘme qui 
a réglé lesTzagritsdes femmes, la place des drapeaux, les jeux 
dos cavaliers, des hommes Ă  pied. 11 a fait la part des Arabes, 
des Geldia (gens de la ville), des juifs, etc. Personne n'a pu s'y 
soustraire, ni les ordres religieux, ni le cadi; il a exigé de tous 
hommages et manifestations respectueuses. Il a lui-mĂȘme pen- 
dant son entrée, sur sa jument noire qui aime la poudre, rec- 
tifié, approuvé ou blùmé dans notre langue, et tout le monde 
le comprenait et obéissait en silence. Et ses soldats, dans quel 
ordre ils sont entrés! Ils ne faisaient qu'un avec lui. Avec 
quelle facilité il se faisait comprendre! Sans aucune peine il 
paßt cette foule d'hommes, tous récoutent et comprennent ses 
moindres signes. Et les vieux répétaient en branlant leur 
tĂȘte blanchie : Oui, mes enfants le roumi est un chef, et pre- 
nez garde, il faudra obéir *. » 

Le général Philebert était un nouveau Marius, mais pacifique 
et libérateur. 

Il se mit en rapport avec la population de Gafsaet s'efforça 
tout d'abord de s'assurer définitivement sa fidélité. Il y avait 
à Gafsa une compagnie de l'armée beylicale; son capitaine 
Si Hassetn el-Longo était dévoué à la cause française, mais ses 
hommes lui faisaient une opposition d'autant plus dangereuse 
qu' « une partie de la population » de Gafsa nous était hostile; 
le centre de la résistance était dans les zaouias des Rahmania 
et des Kadrïa ^ ; le caïd, homme « fort important, faisait 
partie du çof uni aux llammama révoltés ». 

1. <iém*ral Puii.ebeut, oji. cil., p. ll:Ml I. 

2, La secte des Kadrïa, fondée au xr siÚcle à Hagdad par Si Ahd el-Kador 
ol-Djilani, trÚs puissante au Soudan (le nialidi), compte de nombreux adhérents 
à Xefta. au Djerid et à Tamerza sous l'autorité de leur marabout de Nefta. 

La secte des Rahmania, fondée à la (indu xui" siÚcle, est trÚs puissante dans 
la Djurdjura et Ă  Xefta; ces deux sectes sont trĂšs ardentes. Cependant les ?ens 
de Gafsa ont la rĂ©putation d'ĂȘtre de mauvais musulmans. Cf. supra, p. 81 
et Ă«9. DrvEYRiER, La Tunisie, p. :W et 39. Folknek, La Tunisie. — La Tunisie, 
p. 89. — Blanc, op. cil.j p. 10. — Dt Patv de Clam, Étude sur le Djerid, 
p. 312. 



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21(5 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

Le gĂ©nĂ©ral Phileberl fit arrĂȘter 10 de ces soldats, leur tint 
un langage Ă©nergique qui fit impression sur le peuple et les 
envoya en exil au delĂ  des chotts *. 

Puis il prit des mesures uliles Ă  la dignitĂ©, au bien-ĂȘtre et 
à la sûreté de ses officiers et de ses troupes. Il fit aménager 
la Kasbah, le Dar el-Bey, logea son Ă©tat-major dans la maison 
fortifiée et entourée de jardins du Caïd des Hammama, amé- 
liora les campements de ses hommes aux postes 1 et 3, et les 
locaux sanitaires *. 

Le ravitaillement de la garnison se faisait depuis le début 
de Toccupation par la route de Fériana et TAlgérie; il mettait 
en mouvement 2.000 chameaux par mois et coûtait trÚs cher 
à rintendance : les indigÚnes dont les animaux étaient réqui- 
sitionnés se plaignaient et Torge revenait à 12 francs le sac, 
plus 20 francs de transport par sac. Le général et Tintendant 
militaire Garrig se déclarÚrent acheteurs, sur le marché de 
Gafsa, Ă  25 francs le sac de toute Torge qu'on leur offrirait; 
les indigÚnes demandaient 30 francs; ils résistÚrent quelques 
jours, puis une foule considérable vint de tout le pays vendre 
sa récolte et ses réserves au prix offert et le ravitaillement des 
troupes en grains fut assuré 3. 

Des corvées approvisionnÚrent la garnison en bois coupé 
dans les maquis des plaines et des montagnes gafsiennes^. Un 
service de convois réguliers s'établit peu à peu avec GabÚs 
pour ravitailler en Ă©quipements et en habits les troupes dont 
les effets de drap étaient usés par huit mois de campagne'^. 



L i»ĂȘn(''ral Piiilkkekt, (tp.cil., j). 11(3-117. 

^. TrĂ©nĂ©ral Piiii.edkht, op. cil., p. I19-I2:{. — Cependant malgrĂ© ses efforts la 
ilipjjli-rie se répandit dans la garnison : « Il ne se passait pas de jour sans 
l'ulfi'i* Ă  rhĂŽpital et sortie pour le cimetiĂšre -, c^crit le sergent-major CĂ©alis 
ilu balaillon Pédoya (18'), arrivé le IGjuin 1882 àCiafsa; les ophtalmies étaient 
frĂ©quentes ; il y eut Ă  l'hĂŽpital jusqu'Ă  3(K) malades surĂźi.UÏ) hommes et l'on 
<hil détacher à Lalla une i)artie des troupes. Ckai.is, /V Somse à Oafsa, p. ir>l, 

KĂźi, m. 

'S. r;énéral Philereut, op. rii., p. 120-127. 

L Supra, p. 3<». 

&, riénéral Philereut. ap. cil., p. 1*21»-131. Enlin, comme les envois d'argent 



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HISTOIRE MILITAIRE. 217 

Cependant une certaine effervescence régnait daas le pays à 
la suite des événements d'Egypte; le sultan, disait-on, devait 
envahir le sud de la Tunisie avec une armée; des dissidents 
Fraichich et Hammama, ayant passé le chott, parurent entre To- 
zeur et Nefta. Le général Philebert prit des mesures en consé- 
quence : le 27* chasseurs fut envoyé à Fcriana pour escorter 
un convoi de 2.000 chameaux ^ Puis, pour Ă©toigner les dissi- 
dents et punir les gens de Sened et Hadjourah qui leur 
fournissaient des vivres et leur donnaient un asile et une base 
d'opérations vers le nord, trois colonnes légÚres furent formées 
en mars 1883 : Tune^, partie de Djilma, devait atteindre Ha- 
djourah le 18 par Bir Safia et TOglat Sidi H'hamet; les deux 
autres devaient se réunir à Sened le 18, Tune^ en passant par 
El-Guettar et les Oulad Bou Saad, Tautre en passant par TOuni 
el-Alleg. L'expédition devait se terminer par Tassaut de Mech 
et la traversée du bled Thala^. C'était presque une nouvelle 
marche de MĂ©tellus sur Thala. 

Au moment du départ, le général Philebert reçut l'ordre 
d'envahir en masse le Nefzaoua. H appela à la hùte la réserve 
du colonel Freyermuth campée à Djilma, laissa à Gafsa un ba- 
taillon qui s'y fortifia, et se dirigea vers le chott Djerid par Bir 
Marbot et le bled Segui. 11 fit habiller les hommes en bourge- 
ron, Ă  cause de la chaleur, et, comme on manquait de cha- 
meaux pour les transports, il réquisitionna des ùnes dont la 



subissaient des retards, le général fut autoris<s sur sa demande, par M. de 
Piennes et la commission financiĂšre, Ă  faire percevoir les impĂŽts parle payeur 
do la garnison qui délivra aux caïds des mandats sur le payeur général de Tu- 
nis, acceptés comme argent par la commission : il évita ainsi les tranùporU 
perpétuels de fonds en espÚces entre Gafsa et Tunis, allégea d'autant le ser- 
vice des convois et des escortes et réduisit encore les frais d'occupation par 
cette nouvelle et ingénieuse combinaison. 
Général Phu^ebert, op. cit., p. 127-128. 

1. Général Philebert, o/>. cil,y p. 131-135. 

2. Sous les ordres du commandant Forget (3 compagnies du 33" de ligne» 
2 pelotons de hussards, 30 goumiers). 

3. Sous les ordres du commandant Malaper (3 compagnies du 27* de chasseurs* 
1 peloton de hussards. — 1 compagnie du 27% l peloton hussards, goumicrïa). 

4. Général Philebert, op. cit., p. 136-137. 

L\ C\FSA ANCIENNE. 15 



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218 LA GAFSA ANCIEiNiNE ET MODERNE. 

docilité et rcndnrance facililÚrenl la marche de sa brigade*. 

A son retour du Nefzaoua, le général laissa un bataillon à 
Seftimi pour surveiller les routes du chott et protéger, comme 
les anciens castella romains du Cherb et du Nefzaoua, la route 
de GabÚs à Gafsa et le sud de la ByzacÚne. Il créa un poste 
permanent Ă  El-AyaĂŻcha, afin d'y Ă©tablir noire domination 
d'une façon définitive; et, peu de. temps aprÚs, ce poste fut 
transféré à El-Harey, non loin de l'ancien poste romain de 
Thasarte (Bir Zelloudja). Il fit construire Ă  El-Guettar une 
redoute oĂč il laissa un bataillon d'infanterie, et Ă©leva Ă  Gour- 
bata sur remplacement de l'ancienne ThigĂšs un grand bordj 
qui fut occupé par un bataillon d'infanterie. Le capitaine 
Déporter fut détaché à Tozeur 2. Le reste de la brigade fut 
concentré à Gafsa. 

La piste « carrossable » de GabÚs à Gafsa, aménagée à cette 
époque, suit, aprÚs Oudref, le tracé de l'ancienne voie romaine 
de Tacape, et ses gĂźtes d'Ă©tapes coĂŻncidaient presque avec les 
anciens postes romains, Ă©tablis jadis aux mĂȘmes points d'eau 
ou autour de puits peu éloignés, aujourd'hui comblés : 

GabĂšs (ancienne Tacape) . 

Oudref 47 kilomĂštres. 

Oglet Fedjej (Ă  10 kilomĂštres de Tan- 

cienne Silesua) 2i - 

Wehamla 31 — 

Zelloudja (ancienne Tharsale) 10 — 

bir Marbot (ancienne Veresuos) 22 — 

El-Gueltar 18 — 

Gafsa 19 — 

Ul kilomĂštres 3. 

Plus tard un poste de douaniers fut installé sur l'emplace- 
ment des ruines de Ras el-Âïoun, puis de la ville de l'Oum el- 
Ksob oĂč il existe encore ^. 

1. n. nHÏLEBEKT, op. cil.. p. 137, 138 ct sq. 

'2- (i. PiĂźiLEBKRT, Op. cU., j). '201) ct SQ. Caonat ot Saladix, o/>. Cit., Touv du 
AhmiU\ iw^s 11, p. lĂźK>. 

3. lUïßéf fifres miliiahrs, p. 107. 

4. In'J.imk'nr tunisicnj VJOĂŽ, p. KK). 



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HISTOIRE MILITAIRE. 219 

Âiosi les gĂ©nĂ©raux français se trouvant aux prises avec les 
mĂȘmes difficultĂ©s que les Romains dix-neuf siĂšcles auparavant, 
furent obligés de prendre des mesures militaires presque 
semblables : les nécessités géographiques du pays les y con- 
traignirent. 



GrĂące Ă  cet ensemble de mesures militaires, la paix et la 
sécurité furent rétablies dans le pays de Gafsa. Peu à peu les 
populations s'accoutumÚrent à notre présence et en comprirent 
les avantages : Tintégrité et Ténergie des caïds, le rétablis- 
sement de la justice dans la perception des impĂŽts, la diminu- 
tion des taxes, la création du contrÎle civil qui permit à l'ad- 
ministration du protectorat de surveiller le pays sans blesser 
les habitudes ni porter atteinte aux institutions locales et aux 
croyances des habitants, contribuĂšrent Ă  rassurer les indigĂšnes^ 

La création des tribunaux régionaux leur fournit une justice 
à la fois rapide et entourée de toutes les garanties 2. La situa- 
tion du pays est aujourd'hui satisfaisante. La diminution du 
nombre des affaires civiles et pénales jugées chaque année 
en est la meilleure preuve ^, 



1. Indicateur tunisien. Conférences sur les administrations tunisiennes. 

2. En Tunisie les questions de statut personnel et les questions immobiliĂšres 
sont jugées par le tribunal religieux du Chara pour les musulmans, par le 
tribunal rabbinique pour les Israélites. Avant le décret du 18 mars 1896 les 
afTaires civiles et pénales étaient toutes soumises à la juridiction du Bcy à 
Tunis (tribunal deTOuzara); l'expédition des affaires était trÚs lente. Les tri- 
bunaux régionaux créés pour remédiera cette situation sont composés de trois 
juges; les jugements sont rendus en public et doivent ĂȘtre motivĂ©s. Les jus- 
ticiables ont le droit d'appel auprĂšs du tribunal de TOuzara dans un grand 
nombre d'affaires. Le tribunal de TOuzara, outre les appels, ne connaĂźt plus 
que lesaffaires personnelles et mobiliĂšres au-dessus de 1.200 francs et les crimes. 
Indicateur tunisien, p. 102 et sq. Rapport au Président de la République, 
1896, p. 40-41. 

3. Le mouvement des affaires civiles entrées au tribunal de Gafsa est passé 
de 1.338 affaires en 1899 à 825 en 1905; le mouvement des affaires pénales de 
1.060 Ă  781 en lOai et 1.125 (chiffre exceptionnel) en 1905; le nombre des appels 
est infime. 



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220 LA GAFSA ANCIENNE ET MODERNE. 

Le souci de leurs cultures, de leur Ă©levage, de leurs industries 
remporte chez les indigÚnes sur toute autre préoccupation. 
GrĂące Ă  cette situation, le nombre des caldats a pu ĂȘtre ramenĂ© 
Ă  trois *, la garnison de Gafsa a pu ĂȘtre progressivement 
réduite : aujourd'hui quelques gendarmes, quelques cavaliers 
du contrĂŽle civil, ^quelques cavaliers de Toudjak^, quelques 
spahis sufQsent Ă  assurer dans Toasis et dans le pays de Gafsa le 
rÚgne de la paix française ^. 

Rapports au Président de la République, liX>3, p. 460 et sq. ; lO'^l p. 5iß) et sq. ; 
1ÎK>5, p. ÏAO et sq. 

1. CaĂŻdats de Ciafsa, de Tozcur, des Ilatnmama. Indicateur tunisien, 10(l5, 
p. m et sq.; Rapport au Président, 18ß)7, p. 98. R. Tun., 1896, p. 445. 

x\ Cavaliers au service des caĂŻds. 

',). Une compagnie de discipline tient (Ă©galement garnison Ă  Gafsa. La Tunisie, 
p. l-^.). Indicateur tunisien, p. 405. A la suite de rixes sanglantes et mortelles 
qui eurent lieu Ă  Motlaoui, entre les ouvriers de la compagnie des phosphates, 
en ißK)7, le gouvernemont tunisien songea à rétablir une garnison à Gafsa. A 
la fin de juin dernier le gouvernement français envoya à Gafsa les 000 soldats 
du 17« régiment d'infanterie qui s'étaient mutinés à Agde et à Béziers pen- 
dant les troul>les qui accompagnĂšrent dans le midi la crise viticole. Mais ces 
intentions et ces mesures n'étaient nullement nécessaires pour assurer la tran- 
quillité des populations agricoles, nomades et sédentaii^es, de Gafsa et du sud 
de la Tunisie. 



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BIBLIOGRAPHIE 



ABRiVIATIONS. 

Afas. = Comptes rendus do l'Association française pour l'Avancemonl il^^s 
Sciences. 

Anthrop. = L'Anthropologie. 

Arch. Miss. ic. et lill. = Achives des Missions scientifiques et littéraiies. 

Bull. arch. Comm. tr. hisl. et se. = Bulletin archéologique du Comité iWu ira- 
vaux historiques et scientifiques. 

Hull. dir. agr. el comm. = Bulletin de la direction de TAgriculture et du Com- 
merce de la régence de Tunis. 

C. R. Ac. S. = Comptes rendus de l'Académie des Sciences. 

R. GĂ©ogr. = Revue de GĂ©ographie. 

R. GĂ©ogr. comm. = Revue de GĂ©ographie Commerciale. 

R. Se. = Revue Scientifique. 

/?. Titn. = Revue de Tunis. 



AUTEURS ANGISNS. 

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Didot, 1812. 
> iltRODOTE. — Risloires, trad. Giguet, 1 vol. in-18, Hachette, l8ü^3. 
4" ScYLAX. — PĂ©riple, dans Geographia gracci Minores, Paris, Firmiu-mdoT, 

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Slaiiïs)a4i GiJyard. 3 vol. in-4», Paris, Imprimerie Nationale, 1843-18-83. 
2"^ Ei.'liÊKRi. — Descnplion de l'Afrique septentrionale, traduite de l'arabe par 

5L Mac fïUDkin de Slane. 1 vol. in-12% Paris, Imprimerie Impériale, 1859. 
i^ EL-Ei>ais[. — GĂ©ographie, traduite de l'arabe en français par M. AmĂ©di'C 

Jaubert. 2 vol. in-4", Paris, Imprimerie Royale, 1836-10. 
4'^ Ibw IlAUKAt.^ — Description de l'Afrique, traduite par M. de Slane. Journal 

Asiatique, H- série, t. XllI, 1842 11, p. 153-193, 209-258. 
r*" Inn Khujjoln. — Histoire des Berbùres et des dynasties musulmanes de VA- 

frrqtte sfptfiitrionale, traduite de Tarabe par M. de Slane. 4 vol. in-8*, Alger, 

Int(>Hmorle du Gouvernement, 1852-54-56. 
fr' MojuitKKii Segmr BEN YoussKF DE Beja. — Soixante ans d'histoire de la Tu- 

nisief ilOTi-ilsry. Traduction de MM. Victor Serres et Mohammed Lassan. /?. 

Tun,. ÏM1&-II6-97-98-99. 
7" ET-'nDj\Ni- — Voyage dans la rĂ©gence de Tunis, traduit par M. Alphonse 

Rousseau- Journal Asiatique, 4* série, t. XX, 1852, II, p. 57-208; 5* série, 1. 1, 

i^m, ].. 3D4-425. 



PUBLICATIONS OFFICIELLES FRANÇAISES. 

ĂŻ* MinktĂčre de la Guerre. — État-major gĂ©nĂ©ral, service gĂ©ographique. — 

fUnéroire^ en Tunisie, 2« partie, 1881-82. 1 vol. in-4*», Paris, Baudoin, 1882." 
2« 14. Notice descriptive et itinéraires de la Tunisie, région Sud, 1884-85. 1 vol. 

in-l'J, long. Imprimerie Nationale, 1886. 
3" MitiiißßĂȘre des Affaires ÉtrangĂšres. — Rapports au PrĂ©sident de la RĂ©publique 

sur La situation de la Tunisie. 1 vol. in-S*, Tunis, Imprimerie Rapide, annuel, 

lB82-iĂźW>ri. 



PUBLICATIONS OFFICIELLES DE LA RÉGENCES DE 
TUNIS. — PROTECTORAT FRANÇAIS. 

1* Protra verbaux de la confĂ©rence consultative. — 1 ou 2 vol. annuels in-8«», 
TurĂ a, iujjfrimerie centi-ale. 

2'' St'crĂ©tiirifjl gĂ©nĂ©ral. — Direction des renseignements et des contrĂŽles civils. 
— StaiiiitĂźqiie gĂ©nĂ©rale de la Tunisie, 1881-92. 1 vol. grand in-8*, Tunis, Im- 
(iriiiif^rie Rapide, 1803. 

3" Dirtciion gĂ©nĂ©rale des travaux publics. — Travaux statistiques au 1" jan- 
vier K)ï.ia. 1 br. in-8'', Tunis, Imprimerie Générale, 1904. 

4* Id. — Les travaux publics du protectorat français en Tunisie. 2 vol. grand 
ßtt-8, Tunis, Imprimerie Générale, 1900. 

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etc. 



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Rapide, 1900. 

8« Id. — - Les produits tunisiens sur le marchĂ© de Paris. 1 br. in-18, Paris. 
1900. 

9» Direction gĂ©nĂ©rale de l' Enseignement. — - ConfĂ©rences sur les administrations 
tunisiennes par MM. de Danious, Serres, Padoux, Berge, Anterrieu, Dubour- 
dieu. Marcassin, Ilugon, de Pages, Gauckler, Cheylus, Versini, Boulle. 1 vol. 
in-S», 2' édit. 1902, Sousse, Imprimerie Française. 



OUVRAGES EN COLLABORATION. 

1Ÿ La Tunisie, /ievue générale des Scienresy 30 nov., 15 décembre 189(j. 

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Gaston Deschamps. — Vue gĂ©nĂ©rale de la Tunisie, p. 1009-1037. 

D' A. Loir. — Les conditions sanitaires et l'hygiùne en Tunisie, p. 1038-1010. 

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R. GagnĂąt. — Les mines et les carriĂšres de la Tunisie dans l'antiquitĂ©, p. 1054- 

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E. DE Pages. — Exploitation des mines cl des carriùres en Tunisie, p. 105G- 

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M. Cornu. — L'. AcclimatĂąt ion vĂ©gĂ©tale en Tunisie, p. 1080-1086. 
L. Grandeau. — Les besoins gĂ©nĂ©raux de l' Agriculture en Tunisie; la culture 

des céréales et l'élÚve du bétail, p. 1087-1101. 
Paul BouRDK. — La viticulture en Tunisie, p. 1101-1101. 

De l'Espinasse de Langeac. — La culture de l'olivier en Tunisie, p. 1105-1110 
Joseph Chailley-Bert. — Les conditions Ă©conomiques et sociales de la colonisa- 
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V. Fleury. — Les industries des indigùnes en Tunisie, p. 1118-1127. 
X. RocQUEs. — Les industries des europĂ©ens en Tunisie, p. 1 128-1 K^. 
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2« LĂ©opold Baraban. — A travers la Tunisie : Étude sur les oasis, les dunes, les 

forÎts, la flore. 1 vol. in 8», Paris, Rothschild, 1887. 
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p. ri66-579. 
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i4i3i'tt\ Publication de la direction des antiquités et des Beaux-Arts. Tunis, Ira- 

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118-125. 



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TABLE DES GRAVURES 



Pages. 

Planche I. — I. Dans le Bled (zone pierreuse). 

II. Pentes ravinées (massif du Seldja} 20 

Planche II. — III. Dans le Bled Tarfaoui (zone des touffes) 30 

Planche III. — IV. La vĂ©gĂ©tation dans les jardins de Gafsa. 

V. La végétation dans la corbeille de Nefta 40 

Planche IV. — VI. La vĂ©gĂ©tation Ă  l'entrĂ©e de Toasis d'El Hamma. 

VII. La végétation dans la palmeraie deTozeur. . . 54 

Planche V. — VIII. Un barrage dans Toasis 80 

Planche VI. — IX. Le retour des jardins 94 

Planche VII. — X. Moutons. 

XI. Douar nomade à rentrée d'une olivette 100 

Planche VIII. — XII. Pileuse gafsienne 110 

Planche IX. - XIII-XIV. Le marché 124 

Planche X. — XV. Types de femmes et d'enfants nomades dans 

un douar (environs de Gafsa) 171 

Planche XI. — XVI-XVII. BƓufs et chameau au labour dans une 

olivette 220 



LA CAI'SA ANCIEN» E. 16 



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TABLE DES MATIÈRES 



CHAPITRE PREMIER 

GÉOGRAPHIE PHTSIOUE 



Position de l'oasis de Gafsa. — GĂ©ologie de la rĂ©gion Ă©tudiĂ©e. — ChaĂźnes 
secondaires, terrains tertiaires, phosphates, plaines quaternaires. 

Orographie. -^ SystĂšme orographique gĂ©nĂ©ral du sud de la Tunisie. — 
Chaßnes et plaines fermées. 

Les vents. — Le vent du nord-est et les vents de mer. — Les vents de 
terre. — Leur rĂ©gime. — Les pluies : moyennes annuelles, moyennes 
par .saisons. — IrrĂ©gularitĂ© du rĂ©gime, maxima et minima. — Le 
nombre des jours de pluie et la forme de prĂ©cipitation de Teau. — RĂ©- 
partition topographique des pluies. — Le siroco. 

Hydrographie. — Le ruissellement et TĂ©rosion. — L'infiltration et TĂ©va- 
poration. — DĂ©bit temporaire des oueds. — Chotts et sebkhas. — Ma- 
rĂ©cages, sources, affleurements, redirs, daĂŻas. — RĂ©partition et dĂ©bit 
des sources. — Nature de Teau, les eaux thermales. 

Moyenne annuelle et moyenne par saison de la tempĂ©rature. — Écarts, 
maxima et minima. ~ Influence du climat sur le sol. 

lA Flore. — Influence du climat sur la vĂ©gĂ©tation. — Influence delĂ  com- 
position du sol et de la chute des pluies. — RĂ©partition de la vĂ©gĂ©tation, 
spéciÚs différents. 

La Faune sauvage et la Faune domestique. — L'homme : l'indigùne et 
l'Européen. 

GĂ©ographie comparĂ©e. — Le systĂšme hydrographique du Triton : lĂ©gende 
etgĂ©ographie. — La flore et la faune susceptibles d'exister dans le sud 
de la Tunisie. — L'olivette romaine et le parcours arabe 11 



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236 TABLE DES MATIÈRES. 

CHAPITRE II 

HISTOIRE ÉGONOMiaUE 

Capsa avant l'arrivĂ©e de Mari us. — Capsa Ă  rarrivĂ©e de Marius (107 av. 
J.-C). 

I/utilisation du pays Ă  l'Ă©poque do la domination romaine. — L'alimen- 
tation en eau de l'oasis et de la ville de Capsa. 

Dans le bled : les travaux romains de préservation contre le^ eaux de 
pluie, les réserves d'eau ; leur répartition topographique, les conditions 
gĂ©ographiques de formation des groupes agricoles, les henchirs. — Les 
cultures d'irrigation et les cultures de terre sùche. — Les nomades. — 
Influence du travail humain et des cultures sur le climat et le régime 
des eaux. — Les industries locales : les poteries. — Le commerce. — 
La prospĂ©ritĂ© de Capsa. — Los monuments, les maisons particuliĂšres, 
les tombeaux. 

Gafsasous la domination vandale et byzantine. — Diminution de l'Ă©ten- 
due cultivĂ©e, progrĂšs du noniadismo. — Gafsa sous la domination arabe 
du x« au XIV siĂšcle, d'aprĂšs les gĂ©ographes arabes. — ProspĂ©ritĂ© de 
l'oasis jusqu'au xu* siùcle : les cultures, leur superficie, leur nature. — 
Les villages voisins de Kafsa. — L'approvisionnement de Kairouan, le 
marchĂ© aux pistaches. — Le tissage. — DĂ©cadence de Kafsa aprĂšs le 
xn« siĂšcle. — ProgrĂšs de l'insĂ©curitĂ© et de l'anarchie. — Les guerres. — 
Les nomades. — Kafsa sous l'occupation turque du xvr au xu* siùcle. 55 

CHAPITRE IIÏ 

GÉOGRAPHIE ÉGONOBOQUE 

L'oasis. 

L'ensablomont, l'irrigation . 

Les (Miltures alimentaires : le palmier, les arbres fruitiers, les légumes, 
les cĂ©rĂ©ales. — La main-d'Ɠuvre, les progrĂšs de la culture. 

Les oliviers, l'huile. 

Le bled. 

Le nomadisme : l'Ă©levage, le mouton et la chĂšvre, les pĂąturages, les cul- 
tures de cĂ©rĂ©ales. — L^autonomie Ă©conomique de la rĂ©gion et le marchĂ© 
de Oafsa. — AmĂ©lioration de la race ovine, les points d'eau. 

Le centre de Maknassy : la culture industrielle de l'olivier, le capital et la 
niiiin-d'Ɠuvro. — Les Ă©tendues cultivables. — Los travaux hydrauli- 
ques. — L'olivette et le parcours nomade. 

L'exploitation de l'alfa. 



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TABLE DES MATIÈRES. 237 

I^s induslrios locales : la tannerie, la poterie. — La filature et lo tissage 
de la laine, matiĂšre premiĂšre, main-d'ƓuvTe, procĂ©dĂ©s, .produits et 
débouchés. 

Les moyens de communication, les pistes, le chemin de fer. 

Les propre» du commerce (exportation et importation) et l'autonomie 
économique de la région de Gafsa 85 



CHAPITRE IV 

L'EXPLOITATION DES PHOSPHATES. - LE CHEMIN DE FER 

La dĂ©couverte des gisements. — La convention du 15 aoĂ»t 18U6. — La 
Compagnie des Phosphates et du chemin de fer de Gafsa. — Le che- 
min de fer, construction et exploitation. — L'exploitation des gise- 
ments du Seidja (Lousif, Jaatcha, Metlaoui). — I^s gisements du Re- 
deyeff. — La concession d'AĂŻn MoularĂ©s 1*25 



APPENDICE 



LA POPULATION. 

Les stations paléolithiques de Gafsa. 

Les habitants primitifs : le type dolichocéphale du Djerid à Gafsa, son 
origine. — Le type dolichocĂ©phale de la Medjerda Ă  Lalla, son ori- 
gine. — Les mĂ©tis, le type biachycĂ©phale de Gerba, son origine. 

Acclimatement, unions, résistance ethnique de ces types primitifs ber- 
bĂšres. — Fond de la population gafsienne. — Absorption des Ă©lĂ©ments 
Ă©trangers. — Intelligence des intĂ©rĂȘts. 

Migrations de populations orientales et expéditions pharaoniques dans 
le sud de la Tunisie. — L'occupation de Nefta, de Gafsa. — L'hercule 
libyen. — Les peuples de la mer et les PhĂ©niciens Ă  Gafsa. — Carac- 
tĂšres de l'occupation romaine, origine africaine des cultivateurs de la 
Byzacùne et des Capsitains. -— Les Vandales, les Byzantins. — Les 
uttes religieuses et la vie locale. 

L'invasion arabe, les Hammama. — La religion musulmane et les vieilles 
coutumes : les tombes, la cynophagie. Nomades et sédentaires, ouvriers 
de Metlaoui. — Les Turcs, les Juifs, les Italiens, les Français. 

Statistique U7 



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238 TABLE DES MATIÈRES. 

II 

GÉOGRAPHIE ET HISTOIRE MILITAIRES ET POUnaUES 

Importance stratĂ©giquo et politique de Gafsa. — Occupation de Kaphsa 
par les Égyptiens et les Carthaginois. — Capsa trĂ©sor de Jugurtha. — 
Occupation de Thala par MĂ©tellus, marche de Mari us sur Capsa. 

Capsa sous l'empire romain. — ExpĂ©ditions contre les GĂ©tules, insurrec- 
tion de Tacfarinas. — La voie romaine de The veste à Tacape par Capsa 
et le systĂšme de dĂ©fense du sud de la Tunisie au i*' siĂšcle. — Le sys- 
tÚme de défense au ii* siÚcßo, la voie de Theveste à Tacape par le Djerid, 
les voies secondaires. — L'autonomie communale de Capsa et des citĂ©s 
voisines, leurs limites. — Les nomades. — Le culte deTempereur et la 
‱< paix romaine ‱. — L'invasion vandale et l'occupation byzantine. 

La premiùre invasion arabe, prise de Kafsa. — Le gouvernement de 
Kafsa. — La deuxiùme invasion, la dynastie gafsienne des Rend, les 
Ab:*d, l'agitation politique jusqu'à l'occupation turque. — Vie locale et 
gouvernement central, siÚges successifs de Kafsa, procédés de guerre, 
destruction des palmiers. 

L'occupation turque et Tinsécuritc jusqu'à l'occupation française. 

L'occupation française et - la paix française ‱ 177 



III 

Bibliographie 221 

Table des gravures . . / 233 



Vu ET ADMIS A SOUTEIIANCB, 
le 14 mai 1907. 

Le Doyen de la Faculté des Lettres 
de VUniversité de Paris, 

A. GROISET. 



Vu ET PERMIS d'imprimer, 

le Vice- Recteur de l'Académie de Paris, 
L. LIARD. 



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P.Bodereau. 







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